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Torch Song – Ptoma & James Ellroy (éditions Emmanuel Proust, 2004)

Torch Song - Ptoma & James Ellroy (éditions Emmanuel Proust, 2004) dans Chroniques BD 9782848100630

Spade Hearns, un ancien flic du LAPD, qui se défini comme fort, idéaliste et violent, ne supporte plus d’enquêter sur des meurtres ignobles de jeunes et belles femmes. Il se recycle alors comme détective privé, engagé pour surveiller une certaine Maggie Cordova, chanteuse de cabaret de seconde zone, témoin important d’un braquage.

Une chanson va alors tout changer et faire remonter à sa mémoire le souvenir de son ancien amour Lorna, disparu sans laisser de trace. Comment se fait –il que cette Maggie Cordova interprète cette chanson spécialement écrite pour lui par son ancien amour ? Commence alors pour Spade un voyage dans son passé, qui mettra en exergue sa violence refoulée, détruisant tous ceux qui s’interposeront sur son passage, tant son obsession le rend incapable de toute maitrise…

En adaptant James Ellroy, Ptoma se trouve dans son élément. Ambiance polar hard-boiled des années 50, des personnages torturés, déchainés, en quête constante de rédemption, enquêtant autant sur des meurtres sanglants de belles femmes, que sur les traces d’un passé révolu, qu’il serait préférable de ne jamais déterrer…

Ptoma est cette fois-ci passé à la couleur. Ce qui, comparativement à son Réminiscences, donne un rendu moins contrasté, sans atténuer pour autant la puissance de son trait, ni la violence des scènes décrites. Au contraire, le sang est plus visible… On retrouve ici son graphisme charnel, tout en rondeur, d’un réalisme parfois excessif dans les proportions mais jamais outrancier. Sa mise en page est des plus classiques, enchainant les séquences sans effets inutiles ou trop cinématographiques, comme aurait pu l’imposer une adaptation de ce genre. Au final, la rencontre organisée par l’éditeur Emmanuel Proust est plutôt réussie, l’esthétique de Ptoma collant plutôt bien à l’univers dérangé d’Ellroy.

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Noirs Desseins

Réminiscences – Ptoma (éditions Emmanuel Proust, 1999)

Réminiscences - Ptoma (éditions Emmanuel Proust, 1999) dans Chroniques BD ptoma

Réminiscences est un drame en cinq actes, racontant le parcours de Phoenix, boxeur et grosse frappe, vivant dans le Chicago de 1930 à 1949. Du ring à la fusillade… Un prologue muet, montrant la « bête » Phoénix dans toute son horreur. La deuxième partie s’ouvre sur une scène de cauchemar. Phoénix est hanté par de nombreux démons. C’est à ce moment qu’il commettra l’irréparable. S’ensuit alors sa quête de rédemption. Mais pourra-t-il se racheter ? Difficile quand on ne respecte pas le contrat et qu’on bute les hommes de main du boss… Chaque chapitre commence par une citation (de Michel Bataille, Gall, James Ellroy (qu’il a adapté à plusieurs reprises), Batavia et Barjavel) qui annonce la couleur : « Le « monstre » est une anomalie effroyable mais il est aussi peut-être, celui qui doit exister » (Michel Bataille in « Gilles de Rais »)

« Chicago, années 30. Un tueur sans morale qui idéalise la violence prendra conscience trop tard de sa pitoyable destinée. Quelles indéchiffrables motivations le poussent sur la voie du crime ? Et que signifie ce rêve étrange, qui ne lui laisse aucun répit, mettant en scène un épouvantail et un petit garçon bien seul pour l’affronter ? »

« Ptoma : sous ce pseudonyme se cache un auteur belge de 27 ans adepte de la « ligne sombre ». En trois bandes – six cases par planche -, sa narration va à l’essentiel, donnant du rythme et du suspense à cette hallucinante descente aux enfers. » (Quatrième de couverture)

Au première abord, on a comme une impression de déjà vu, entre les graphismes de Jack Davis (contes de la crypte), Burns, Mezzo, mais surtout Miller… Phoenix ressemble physiquement (et moralement) à Marv… Mais si Miller dessine à la machette (aux traits tranchants), Ptoma use plutôt de la faucille, générant des formes plus rondes. Cependant, ils partagent le même traitement du noir et blanc sans concessions, aux ombres incisives, aux contrastes puissants. Une maitrise digne de gravures expressionnistes du début du 20ème siècle.

Ptoma possède un style à la limite du réalisme, dont les proportions et attitudes des personnages sont excessives. Ces formes vous percutent. Les scènes de baston sont d’une efficacité redoutable, on ressent la violence des coups portés.

Une mise en scène vive, aux effets maitrisés, bien que chaque page contienne chacune six cases de tailles identiques. Cette structure en gaufrier est une véritable cage, retenant une bête qui ne demande qu’à se jeter sur vous ! Une fois encore, une contrainte peut devenir un atout. Pas de mise en page de dingue donc, pas de planche déchainées, déstructurées façon Kirby ou Mc Farlane. Il se dégage un certain classicisme dans l’enchainement des séquences, qui évoque le rythme des vieux films policiers…

Réminiscences est un bon premier album, aux influences marquées mais assumées, qui annonce un auteur prometteur (content de voir dans la revue Kramix qu’il évolue plutôt bien, et en couleur…), à l’univers singulier, qui le rapproche de nombreux auteurs de Comics et Graphic Novel. Ce n’est donc pas un hasard s’il est édité dans la collection Petits Meutres des éditions Emmanuel Proust qui, par exemple, diffuse actuellement la série The Last Days of American Crime.

reminiscencespl dans Chroniques BD

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