Résultats de la recherche pour ' peur art '



Crrisp ! Collectif (l’employé du Moi, 2008)

crrisp

Crrisp ! est un ouvrage collectif réalisé à l’initiative de la maison d’édition l’employé du Moi. Ce livre rassemble une sélection d’histoires proposées sur le portail web Grandpapier.org. Les auteurs ont répondu à une invitation lancée par l’employé du Moi fin 2007 à produire sur le site un récit d’horreur, d’angoisse ou même éventuellement, à donner très franchement dans le gore.

Ça fait quelques années maintenant que je me balade régulièrement sur cette plate forme. J’y ai découvert d’excellents auteurs, que je retrouve ici avec grand plaisir, tels que Morgan Navarro, Joseph Falzon ou Guillaume Benoit.

Crrisp ! Collectif (l'employé du Moi, 2008) dans Chroniques BD swamp27-b74b4

Joanna Lorho, Eleni

Le thème n’est pas très original en soi, il est cependant assez vaste pour favoriser l’expérimentation et permettre à certains auteurs d’y glisser une bonne dose de peurs intimes et d’angoisses refoulées. L’horreur est ici présentée sous toutes les coutures : primaire, viscérale, psychologique, irrationnelle, quotidienne…

Un ouvrage généreux (400 pages), qui fait la part belle au graphisme pur, à toute la diversité du dessin crayonné. De l’épure d’un Bapton à « l’esthétique de la surcharge » d’un David Libens, du style humoristique d’un Jean Bourguignon au réalisme symbolique d’une Joanna Lorho, de traits façon gravure d’un Jeffrey Brown aux formes abstraites saisissantes d’un Bert, Crrisp ! est une belle réussite, donnant un aperçu plus que convainquant d’une génération de dessinateurs « indébandants ».

bert

Bert, Fleurs

Crrisp !

15 jours avant la fin du monde – LL de Mars (6 pieds sous terre, 2005)

15 jours avant la fin du monde - LL de Mars   (6 pieds sous terre, 2005) dans Chroniques BD 15joursavantlafindumond

15 jours avant la fin du monde est une bande dessinée plutôt originale, venant d’un artiste polymorphe qui ne l’est pas moins : photographe, écrivain, musicien, dessinateur, poète, éditeur, chroniqueur… (voir sa bio)

On assiste durant toute cette histoire à la séance de musculation des deux personnages principaux. Deux quadra habillés de la même manière (t-shirt « marcel » noir, short et baskets blanches) que l’on distingue uniquement par la calvitie un peu plus avancé de l’un sur l’autre. A part ce léger signe distinctif, ces futurs vieux-beaux sont identiques et interchangeables, passant d’un exercice à l’autre (rameur, altères…) et d’un sujet de conversation à l’autre (la famille, le racisme, la télévision…) avec la même dextérité.

Deux clones qui enchainent des propos réactionnaires (voire fascisant), qu’on a plutôt l’habitude d’entendre au bar « chez francisque » de Lindingre et Larcenet que dans une salle de fitness (en même temps je ne sais pas, je n’y ai jamais mis les pieds). Car pour résumer, selon eux : « tous des cons sauf nous ». Leur femme, leurs enfants, leurs collègues de boulot ou les étrangers (mais ils ne sont pas racistes, bien entendu), tous sont des incapables qui dans le fond ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont de les côtoyer…

Les repères spatio-temporels sont totalement brouiller. Comme nous l’indique le titre, cette histoire se déroule sur 15 jours (chaque double-page est titrée par un J-x (de J-15 à J-1), alors qu’aucun signe du temps qui passe n’apparaît sur les personnages (qui gardent la même tenue). Toute cette discussion pourrait se dérouler dans la même journée. Aucun repère spatial non plus, pas de décors, ni même de cases (donc pas d’espaces inter-iconiques), les personnages semblent flotter dans l’espace de la page. Il y a cependant du séquentiel dans la narration, imposé par le rythme des dialogues.

Le graphisme de LL de Mars est à la fois brut par le trait et les contrastes, mais très précis dans les mouvements et attitudes des deux cons. Son humour froid comme l’acide convient parfaitement pour dénoncer sans faire du rentre dedans. C’est bien plus subtil que ça.

Ne pas pouvoir distinguer ces personnages illustre parfaitement cette notion de pensée unique dont souffre bon nombre de nos concitoyens. Les idées de ces personnages sont à l’image de leurs exercices de musculation : ce sont les mêmes pour tous, imposant le canon-type de ce à quoi chacun doit ressembler, et penser. Un esprit sain dans un corps sain… Ca fait peur. Heureusement que LL de Mars est là pour dénoncer cette absurdité.

15jours01 dans Chroniques BD

LL de Mars sur 6 pieds sous terre

LL de Mars sur Sitaudis.fr

La peur du rouge – Fred Neidhardt (Delcourt Shampooing, 2010)

La peur du rouge - Fred Neidhardt (Delcourt Shampooing, 2010) dans Chroniques BD 9782756020839fs

Fred Neidhardt (que je connais par sa série Mr Tue-Tout dans le Psiko, ou pour ses impostures loufdingues dans l’Echo des savanes) nous raconte son voyage scolaire organisé à Berlin en 1981. Ville de tous les contrastes, Berlin Est est une ville de façade, sous le joug de la répression stalinienne, où la misère se voit (et se vit) à chaque coin de rue. Berlin Ouest est la ville de la liberté, de l’opulence occidentale, des surplus militaires, des Marlboro et de la pornographie accessible.

lpdr1 dans Chroniques BD

Le récit se divise également en deux parties. Dans la première, Fred nous raconte les relations puériles et impitoyables d’une bande de boutonneux pré-pubères qui s’amusent d’un rien (sauf lorsqu’ils visitent le « Mémorial de toutes les victimes du fascisme et du militarisme »), obnubilés par la déconnade, le flirt et la masturbation… Le récit bascule ensuite dans le tragique, lorsque Fred décide de faire le mur et partir seul dans Berlin Ouest, à la recherche de Christiane F, afin de la sortir de sa misère. Car dans son livre, Fred y a vu un signe du destin : la première fois qu’elle s’est défoncée à l’héro, c’était le jour même de son dixième anniversaire. Cette errance sur les traces de son « héroine » l’amènera dans le quartier des drogués et des prostitués, dans lequel il sera à deux doigts de se faire agresser. Heureusement qu’une bonne âme lui vient en aide. Suite à cette rencontre, Fred vivra sa première expérience sexuelle, mais pas du tout comme il l’avait imaginé…

lpdr2

Cette deuxième partie rend plutôt mal à l’aise. On se dit que Fred aurait pu garder cela pour lui. Mais en fait, il parait après coup normal, dans la logique du récit, qu’il aborde cet épisode plutôt traumatisant. Ce périple en « terre rouge » aura été une sorte de rite de passage, marquant pour lui la fin de l’innocence infantile, pour entrer de plein pied dans l’univers impitoyable des adultes. Un monde où la réalité bouffe littéralement l’insouciance et les illusions de la jeunesse. Si la « peur du rouge » sous entend la peur du communisme (tel que peut l’imaginer un jeune pré-ado dans le contexte de la guerre froide), cela peut également être interprété comme la peur du Désir, de la sexualité génitale.

lpdr3

Neidhardt sait parfaitement retranscrire cette atmosphère fin 70-début 80 (voir son Pattes d’eph et col roulé) en usant judicieusement de références vestimentaires et culturelles de l’époque. Bien qu’un peu plus jeune que lui, j’ai également vécu mon enfance durant cette période. Aussi, je ne peux m’empêcher de voir en son style animalier un clin d’œil aux bandes dessinées de Pif gadget, le journal « coco » pour la jeunesse (avec certes, un trait plus expressif et un sens du détail plutôt réaliste au niveau des décors). Ce choix est cependant judicieux pour ne pas sombrer dans le pathétique et garder une distance humoristique salutaire vis-à-vis de cette deuxième partie du récit plutôt glauque. Au final, La peur du rouge est un album sensible, juste et sans concessions, que ne regretteront pas d’avoir lu ceux qui auront été jusqu’au bout… A ranger aux cotés de Pourquoi j’ai tué pierre ou Les pilules bleues.

lpdr4

Blues By Night – Filips (éditions Art Moderne, 1987)

Blues By Night - Filips (éditions Art Moderne, 1987) dans Chroniques BD bbny

Ce Blues By Night nous emmène à la découverte de la vie nocturne new-yorkaise des années 80. Un New-York fantasmé (remplie de belles Cadillac et autres Pontiac), dans lequel la musique tiens le premier rôle. Logique, venant d’un passionné de musique Jazz, Funk ou Hip Hop. Filips fut dessinateur à rock & folk dans les années 80, illustrateur pour MC Solar (le 45 tours bouge de là), et a récemment participé à un album sur le Funkadelic de Clinton, aux éditions Nocturne. Lou Reed, Michel Jonasz, Tom Waits, Talking Heads, Level 42, sans oublier le be-bop ou le hip hop, la bande son de cet album fleure bon les folles eighties et le revival fifties.

Entre blocs d’immeubles et murs de briques tagués, Filips nous ballade dans les rues de la grande pomme, sur les traces de personnes interlopes, des musiciens de jazz insomniaques, des artistes branchés, des détectives privés « débranchés », des losers qui cherchent à en finir… Une faune sous influence, entre musique, alcool et déprime, qui nous entraine en errance dans le milieu de la nuit, des quartiers sombres, des métros tagués, des tripots enfumées et des bars aux ambiances rétro.

bbn3 dans Chroniques BD

Sept histoires courtes entrecoupées d’illustrations de grande classe composent ce petit album de belle facture. Foutus dimanches à la con nous apprend qu’après une nuit blanche de biture noire, il n’y a rien de bon à rester gamberger entre quatre murs. I need some money est ce que se répète le personnage, bien décidé à aller jusqu’au bout. Blues By Night nous narre les dérives nocturnes d’un homme qui vient de se faire larguer, sur un air des Talking Heads… Dans Beat-Streets, deux rappeurs se languissent d’être trop jeunes pour goûter aux nuits chaudes des boites privées. Mais que fait le privé ? Où Jo le détective décide de rester chez lui aujourd’hui. Les hors-la-loi de tout poil peuvent courir le monde… Coup mou chez les durs nous fera côtoyer la vie mouvementée d’Hugues-Hubert, peintre branché et  jet-seteur de première. La boite de Jazz est l’adaptation de la chanson de Jonasz.

Filips s’attache à retranscrire l’atmosphère générale d’une ville, d’une époque, plutôt que dresser des portraits « psychologisant » de ses personnages. Son style rond et coloré contraste fortement avec les thèmes de ses histoires. Les ambiances nocturnes sont remarquables (le bleu nuit domine, normal). Ce graphisme aux formes stylisées, cubistes, aux couleurs vives en aplats, est fortement inspiré par la ligne claire d’un Joost Swarte. A ce titre, le nom des éditions : Art Moderne, peut être vu comme un clin d’œil à l’album éponyme de Swarte. Une esthétique très référencée, mais qui vieillie plutôt bien, grâce notamment aux superbes couleurs réalisées par le dessinateur lui-même.

bbn4

La boîte de Jazz…

Pilules Bleues – Frederik Peeters (Atrabile, 2001)

Pilules Bleues - Frederik Peeters (Atrabile, 2001) dans Chroniques BD pilulesbleuesco

En une petite vingtaine d’albums sur quinze ans, Frederik Peeters est devenu un des auteurs les plus intéressants de sa génération. Un auteur complet (dessinateur, scénariste, coloriste…) qui développe un univers pictural des plus singuliers, mille fois copié… A l’aise dans de nombreux registre (fantastique, autobiographique, polar, dramatique ou fantaisiste), il sait adapter son graphisme (qui évolue au fil des productions) aux besoins de ses projets.

 pilu2 dans Chroniques BD

Pilules bleues fait parti de ces quelques bande dessinées qui ont fait grandir le médium, l’emmenant vers des territoires qui ne semblait pas le concerner (récit dramatique à la première personne, abordant des thèmes de société …). On pourrait le définir comme un roman graphique car c’est un récit long, autobiographique et réalisé en noir et blanc. Mais ce n’est pas suffisant pour le qualifier ainsi. Pour moi, Pilules bleues est une bande dessinée des plus traditionnelle : les séquences sont fluides, clairement enchainées, même si Peeters use parfois d’ellipses et de cadrages décalés. Ses dessins ne sont pas qu’illustrations, ils évoquent parfois ses divagations mentales (avec la présence pachydermique de rhinocéros et de mammouths). Son style semi-réaliste et sa maitrise du noir et blanc contrasté apportent une légèreté qui convient à merveille pour « dédramatiser » le récit.

pilu1

Raconter la maladie n’est jamais évident, surtout par le biais d’un médium qui n’a que rarement permit d’aborder ce genre de thématique. Pilules bleues est un album sensible, qui aborde un thème grave (le sida), sans jamais sombrer dans le pathos. La mort est à peine évoquée, seule la peur de la contamination préoccupe le couple. Un récit émouvant qui prône l’espoir, la victoire de la vie sur la maladie. Peeters a fait le choix de nous raconter son histoire par le petit bout de la lorgnette, privilégiant la subjectivité de son point de vue. Il croit en son récit, et nous aussi pour le coup (j’avoue avoir eu quelques aprioris sur cette Bd qui se sont vite dissipés… Un bien bel album.

pil3

http://frederik.peeters.free.fr/

123456...8

Visiteurs

Il y a 1 visiteur en ligne

Expo

Expo

Du beau, du bon, des bds…

Du beau, du bon, des bds…

Mag’ & revues disponibles…

Mag’ & revues disponibles…


DuffDes!gn |
Le peuple des couleurs |
ateliers enfants |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | axecreations
| ART'S DATING - DJO CAFÉ-ARTS -
| Electivo Fotografía