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Spaghetti Brothers Vol.2 – Mandrafina & Trillo (Vents d’Ouest, 1995)

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La bande dessinée argentine est aussi vieille que ces consœurs américaines et européennes, leurs parcours sont similaires et contemporains. D’un simple divertissement diffusé dans la presse quotidienne et hebdomadaire du début du vingtième siècle, elle prend de l’importance aux yeux des lecteurs d’après guerre, au point de posséder ses propres revues spécialisées, et d’être enseignée dans les écoles (avec Hugo Pratt ou Alberto Breccia comme professeurs à la fameuse Escuela Panamericana de Arte). De grands maîtres du neuvième sont argentins, des humoristiques (Quino, Copi, Mordillo…) aux réalistes (Breccia et Oesterheld, Salinas…). Sans oublier des francs-tireurs comme Munoz et Sampayo. Trillo et Mandrafina assurent magistralement la relève.

Spaghetti Brothers, un titre plutôt caricatural et réducteur. Car au-delà du clin d’œil à cette spécialité culinaire qui précise l’origine des protagonistes (surnom péjoratif répandu à l’époque), c’est oublier que la famille est plus large et comprend également deux sœurs (Caterina et Carmela) et un neveu (James), qui ont toute leur importance dans l’histoire.

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Après, il est vrai que cette saga – une suite de petites histoires qui s’entrecroisent et dressent un panorama plutôt savoureux des drames vécus par une famille italienne installée à New York – met principalement en scène les trois frangins, représentant chacun les trois pouvoirs de la cité : L’ainé, Amérigo Centobucchi, est un gangster patriarche, craint et réputé. Tony le benjamin est policier, plutôt loser. Quant à Frank, qui régule et tempère les situations, pas étonnant qu’il soit curé. Il est la caution morale face aux dérives des membres de sa famille.

Mandrafina perpétue cette manière de faire si caractéristique de l’école argentine : une rapidité d’exécution (issue du rythme soutenu des publications périodiques), un trait nerveux qui va à l’essentiel. Une mise en scène dynamique, d’une grande lisibilité. Les visages sont expressifs, racontant en un coup d’œil les émotions vives des personnages. Le noir et blanc est strict (pas de gris) et contrasté.

Un graphisme dit réaliste, mais qui à bien y regarder, oscille entre une représentation quasi hyper-réaliste (pour les décors ou les postures) ou caricaturale – pour mettre en exergue les situations extrêmes ou en accentuer le côté burlesque.

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Le rythme de la narration est l’un des atouts de cette série. Prenant le temps de développer les situations et la psychologie (plutôt agités) des personnages, tout en apportant un découpage elliptique qui renforce la dimension feuilletonnesque de l’ensemble. Sur fond de règlement de compte mafieux avec le clan des irlandais, ce deuxième volume de Spaghetti Brothers raconte avant tout un drame fraternel : deux frères sont amoureux de la même femme, qui décide de se marier avec le plus fortuné, Amerigo, plutôt qu’avec celui qu’elle aime, Tony.

Une série dont le contexte (le milieu mafieux des années trente aux USA), la forme très théâtrale (avec cette succession de scénettes) et le ton tragi-comique n’est pas sans m’évoquer le génial Torpedo. D’ailleurs, Trillo a collaboré régulièrement avec Bernet. On ne serait pas étonné de voir Torpedo travailler pour Amerigo…

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Chronique K.BD – Le revue dessinée

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La bande dessinée de reportage est à l’honneur ce mois ci sur K.BD. Et quoi de mieux pour commencer que d’aborder La revue dessinée, un projet qui réunit journalistes et auteurs. Ces deux premiers numéros confirment la neuvième chose comme un moyen d’information sérieux et pertinent.

Extrait : On ne sera donc pas étonné de voir à l’origine du projet principalement un auteur de bandes dessinées (Frank Bourgeron) et une équipe d’auteurs proches fraîchement sensibilisés (Jouvray, Kris, Ollagnier, Ricard) ainsi qu’un journaliste (Servenay). Le but de ces acteurs est de pouvoir analyser et communiquer graphiquement le monde qui nous entoure ainsi que son actualité. Il faut croire que cette approche répondait à une attente du public. En effet, comme le mentionne Mo’, l’équipe est passée par une phase d’appel au financement (crowdfunding) sur le site Ulule. Le succès fût plus qu’au rendez-vous car le projet a récolté 6 fois plus d’argent qu’escompté !

Une synthèse du camarade Legof.

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Lire l’article 

Mon Lapin (L’Association, 2013)

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On l’attendais avec impatience, la nouvelle Association ressort enfin son Lapin. Changement de format (plus grand), de pagination (36 pages, plus facile à tenir) et de fréquence (dorénavant mensuel) pour cette revue historique et inaltérable. Si j’ai une petite préférence pour l’ancienne nouvelle version (du n°37 au 44) qui retrouvait sa forme et ses intentions initiales, je ne peux que me réjouir de l’originalité formelle et éditoriale de Mon Lapin, qui fait rebondir la bête de belle manière.

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Changement de ligne éditoriale donc. Alors que l’ancienne mouture nous proposait une succession de numéros qui, avec le recul, dégage une certaine homogénéité, Mon lapin joue la carte de la diversité formelle et thématique, en désignant un nouveau rédacteur en chef à chaque fois. D’où le « mon » on ne peut plus justifié du titre. De fait, l’ensemble (trois pour l’instant, quatre autres sont annoncés) est plutôt disparate et varie en fonction de l’implication et des choix (thème, participants…) du rédacteur en chef. Toutefois la qualité est toujours au rendez-vous et mon Lapin conserve cette volonté de bousculer le langage de la neuvième chose.

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François Ayroles ouvre la bal. Pour le premier numéro, il propose à ses collaborateurs de plancher sur le thème d’Angoulême. Une thématique éculée (marronnier on dit), revenant sans cesse au rythme du festival. L’idée de proposer aux auteurs de raconter des anecdotes en strips me fait fortement penser à la « Critique de la dédicace » de L’Éprouvette n°1 ou « Le petit Théâtre d’Angoulême » du Jade 606u. Malgré cette impression de déjà-vu, c’est toujours plaisant de retrouver de bons auteurs « maisons » ou voisins, excellant tous dans l’exercice du gag en strip. Belle brochette avec Texier, Besseron, Morvandiau, Killoffer, Big Ben, Thiriet, Malher ou Baladi…

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 Baladi (n°2)

… que l’on retrouve rédac’ chef du deuxième volet. Il invite, entre autres, ses complices de la Fabrique de Fanzines (Kündig, Novello et Levasseur) pour un numéro sans thématique apparente, enchaînement de récits dessinés – certains de formes traditionnelles (structures en gaufrier), d’autres plus aventureux graphiquement parlant. Cependant l’ensemble trouve une cohérence dans la démarche des auteurs, ce « fait main » authentique car sincère, chère à Baladi et ses compères. Plus proche de l’esprit initial du Lapin, je découvre ici quelques auteurs qui ne me laissent pas indifférents. Harrisson & Sara Atka (superbe double planche), Birgit Stark & Arnaud Robin, Ducatez (qui nous raconte une anecdote troublante intitulée Progrom) sans oublier Mister Baladi himself qui, tranquillement, trace et laisse sa trace dans les contrées illimités de la narration dessinée.

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Nicolas Nadé (n°3)

Avec Jochen Gerner, on est sûr de voir le vocabulaire de la neuvième chose mis dans ses inépuisables retranchements (pfff, ça claque comme formule!). Le thème en est le bois. Les rapports que l’homme (l’humanité, l’individu, l’artiste, le poète) peut entretenir avec le bois. Pour une revue en papier, c’est tout à fait logique. Un numéro ambitieux graphiquement, qui flirt davantage vers le dessin contemporain (à voir les variations abstraites de Laurence Lagier, les « maisons modules » d’Aurélien Débat, les « structures végétatives et mécaniques de la forêt » de Bettina Henni ou « l’Architecture noire » de Vanessa Dziuba) que la pure bande dessinée qui, si elle n’est pas en reste, s’en trouve fortement bousculée avec les planches abstraites de Nicolas Nadé, minimalistes de Laurent Cilluffo. Sans oublier les histoires « naïvement » dessinée de Gala Vanson ou Simon Poussin. Mention spéciale à Kevin Lucbert pour ses remarquables planches de « L’Accident » (ci dessous).

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A suivre jusqu’en avril : Étienne Lécroart, Lisa Mandel, Matt Konture et Killoffer. Mmmmh…

Philémon et le naufragé du « A » – Fred (Dargaud, 1972)

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On retrouve dans ce premier acte de l’incroyable odyssée de Philémon tous les ingrédients qui témoignent du génie de Fred et feront le succès de cette saga. Philémon est certainement le personnage de Fred qui se rapproche le plus du héros traditionnel de bande dessinée. Cependant, ce dernier ne peut s’empêcher d’en pervertir la forme classique pour l’emmener vers une direction inédite, stimulant notre imaginaire à chaque page.

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Dès la première page, Fred nous implique directement dans le processus de narration, nous reprenant sur notre manière de lire l’histoire. Car le gredin s’amuse avec les focales, comme un cinéaste pourrait le faire. Sauf qu’ici les plans sont fixes. Il se moque gentiment de nous, nous demandant de prendre la bonne distance pour regarder les images (comme un photographe nous demanderait de reculer), alors que nous n’avons aucun moyen de contrôler les angles de vues. Si c’est la seule fois dans cet album que Fred nous parle directement, il ne cessera de jouer avec nous, nous laissant croire que notre manière de lire influe sur le déroulement de l’histoire (est-ce parce que les cases changent de sens que nous retournons le livre, ou l’inverse ?).

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C’est à travers ce jeu permanent de l’espace et du temps que Fred nous démontre la richesse insoupçonnée du médium. En bon démiurge qui se respecte, il balade ses personnages (et ses lecteurs) dans un méandre de dimensions parallèles, où les puits donnent accès à l’Océan Atlantique, les cabanes poussent comme des plantes et les bateaux naviguent dans des bouteilles.

Dans cet univers voisin du Pays des Merveilles de Lewis Carroll ou du Slumberland de Winsor Mc Cay, les lois de la physique sont chamboulées (l’eau stagne au plafond, le lit d’une rivière sert de route pour voyageurs dans le temps…). On y découvre une faune et une flore inédites, faites d’objets-plantes de toutes sortes (des arbres à bouteilles, des lampes naufrageuses, des pots de fleurs sur pattes…), un centaure (qui s’appelle Vendredi), une licorne ou des animaux de bois sculptés. Ce petit monde évolue dans un décorum pour le moins surréaliste, jalonné de nombreux symboles : la ligne d’horizon de la plage de sable évoque les déserts de Tanguy, l’horloge-plante qui pousse et se fane revoie aux montres molles de Dali. Clin d’oeil également au Radeau de la Méduse de Géricault… Niveau référence, n’oublions pas la principale, à savoir le Robinson Crusoé de Daniel Defoe (qui est d’ailleurs cité dans l’album).

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Et l’histoire dans tout ça me direz-vous ? C’est en allant chercher de l’eau au puits que Philémon tombe dedans, se perd dans un tourbillon et se retrouve échoué sur une plage. Alors qu’il déambule dans cet environnement bizarre (il y a deux soleils !), il rencontre Barthélémy, un homme qui n’est autre que le puisatier de la légende, disparu quarante ans plus tôt. Ce dernier lui annonce qu’ils se trouvent sur l’ile du A. Le A du mot Atlantique, inscrit sur toutes les cartes du monde… Au-delà de l’aspect loufoque du récit, prétexte aux divagations les plus folles, la recherche du puisatier amène à un éternel retour aux sources. D’où ces perpétuels effets de boucles, l’histoire tournant sur elle-même tel un escargot dans sa coquille…

Cet album (et par extension la série) dégage une poésie du verbe et du trait unique, rarement égalée depuis. Richement référencé, l’univers de Philémon est devenu au fil du temps un mètre-étalon du neuvième art, à l’influence inaltérable.

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40 days dans le Désert B – Jean Giraud Moebius (Edition Stardom – Moebius Production, 1999)

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Il est des ouvrages difficiles à raconter, d’en faire la présentation pertinente et juste par rapport à nos émotions. 40 days dans le désert B est de cette trempe. L’œuvre majeure d’un artiste qui n’en manque pas. Moebius restera pour toujours un monstre du neuvième art, car durant sa longue et prolifique carrière, il n’a jamais perdu cette puissance graphique, cet esprit d’explorateur de mondes imaginaires et du vocabulaire même de la bande dessinée.

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Moebius transcende le réel, s’appuyant sur des événements personnels pour en tirer quelque chose d’universel, susceptible de toucher la sensibilité de chacun. Selon Thierry Groensteen, Moebius aurait conçu ces dessins durant une période de sevrage de fumage d’herbe : «  …le désormais fameux ‘Désert B’ qui, depuis les 40 Days, est cette étendue vierge où l’imaginaire moebiusien se déploie et vient peupler le vide, où les plus improbables chimères reçoivent par le dessin une manière d’accréditation. [...] Désert B / désherber : le sens de ce jeu de mots est moins univoque qu’il n’y paraît. […] s’il est un sol qu’aucun jardinier n’a besoin de désherber, c’est bien celui, aride, du désert ».

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Les pages de ce recueil sont à voir comme autant de fenêtres ouvertes sur un monde imaginaire et halluciné, d’où foisonnent une multitude de détails, de portraits et de symboles (archers, lignes d’horizon, crânes, monolithes… ). Une succession d’angles et de points de vue (du très gros plan aux vues d’ensemble) qui forment la cartographie d’une dimension nouvelle.

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Un ‘espace/temps’ mental (comme en attestent ces nombreux objets flottants non-identifiés), où les lois de la physique sont bien différentes de celles que l’on connaît (la pesanteur ne semble pas exister).

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 40 days dans le désert B est bien plus qu’un simple recueil d’illustrations diverses de l’auteur. Il doit être lu comme autant de clichés d’un monde irréel mais ô combien cohérent. Chaque case-monde, d’une richesse incroyable, suffirait à poser les jalons d’un univers à part entière.

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Moebius reproduit des formes et des figures (et use parfois d’itérations iconiques), conférant ainsi une dimension séquentielle à la lecture. Son trait minutieux lui permet de charger ses compositions d’une multitudes de détails et de matières (chairs, textiles, minéraux…), sans jamais tomber dans la saturation.

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Si l’ensemble raconte une histoire dont le sens nous échappe constamment, chaque tableau (épuré ou surchargé) est un arrêt sur image invitant à imaginer l’ailleurs, l’avant et l’après. Tout se joue dans le ‘hors-cadre’…

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Je ne connais pas encore toute son Œuvre, mais ce livre (reproduction au format original du carnet de l’auteur) est pour moi ce qu’il a fait de mieux… Magique, astral, magistral…

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