Je découvre tardivement la série de pure science fiction de Fabrice Neaud. On le sais à la lecture de son journal (le coffret est encore disponible chez Ego comme X) qu’il est un passionné du genre, et travaillait déjà sur un projet SF, avant de se lancer dans son œuvre autobiographique qui demeure la référence ultime en la matière. Un sacré grand écart ! Mais à bien y regarder, on retrouve ses préoccupations politiques (dénonciation des discriminations), ses obsessions métaphysiques (l’homme et les nouvelles technologies) et ses figures de sur-hommes bodybuildés.
Nu-men est du genre anticipation tendance Uchronie. Au milieu du XXIème siècle, suite à d’importantes catastrophes naturelles, les Etats Unis ne sont plus et l’Afrique se meurt du Sida. L’ordre mondial s’en trouve chamboulé, l’Europe et l’Asie devant faire face à d’importants flux migratoires venants de ces continents désolés. Une situation géo-politique qui ne peut que générer le replis identitaire et les idées fascisantes, incarnées par le front européen.
Anton Csymanovski est sergent de l’armée régulière européenne. Lors d’une violente émeute, en périphérie d’une grande ville à la veille d’une élection, il se retrouve coincé sous un immeuble vétuste qui s’effondre sur lui et la petite fille qu’il voulait sauver. Simultanément, tous deux sont témoins d’un étrange flash de lumière… Dégagé peu après des décombres, miraculeusement indemne, Anton passe pour un héros au micro de médias empressés et avides de sensations. Cependant, la sécurité intérieure confisque d’autorité la scène de sauvetage qu’une collègue d’Anton avait filmée. La petite fille, une réfugiée en situation irrégulière, disparaît aussi soudainement de l’hôpital où on la tenait en observation. Anton fait certes partie des forces de l’ordre, mais tout le pousse à penser que cette agitation cache une étrange affaire, dans laquelle il va devoir plonger… (note de l’éditeur)
Ce premier épisode plante le décors, installe les nombreux personnages et enjeux d’une histoire pour le moins complexe (qui n’est pas sans évoquer Akira). Cependant, la maîtrise narrative de Neaud – tant au niveau du graphisme que du découpage ou des dialogues – et son sens de l’action suscite l’adhésion et nous entraîne sans retenue dans ce qui s’annonce être une passionnante saga de science fiction moderne.
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