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Méta Mune Comix – Jean Christophe Menu (L’Apocalypse, 2014)

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Cet ouvrage prend la forme d’un recueil de six comics, dont on ne sait s’ils existent indépendamment les uns des autres. La numérotation commençant à partir du n° 111, Menu brouille les pistes et laisse supposer que d’autres comics antérieurs à ceux-ci existeraient. Encore et toujours cette volonté d’inscrire ses albums dans une généalogie particulière, de susciter de vieux souvenirs à ses lecteurs (quand on découvrait l’existence d’autres volumes d’une série ou les numéros d’un magazine qu’on venait de terminer…), nous amenant à imaginer le contenu d’anciens comics qui n’existent sûrement pas (à part les 5 tomes de Mune Comix sortis chez Cornelius entre 1993 et 1994). De cette manière, Menu installe une agréable complicité.

Il revisite cette bande dessinée traditionnelle, qu’il inscrit dans une forme de nostalgie de ses lectures d’enfance, tout en ouvrant sur de nouvelles perspectives : autobiographie et reportage, chroniques culturelles (le n°112 est un « spécial Rock’n'Roll »), mais aussi récits métaphysiques, voire pataphysiques, s’appuyant sur des souvenirs diffus, des délires(rium!)… Ce Méta Mune Comix est un condensé, un concentré de toute ses approches et obsessions. On y retrouve du Lock Groove, du Mont Vérité, du Meder, du Livret de phamille, des réflexions théoriques, des expérimentations oubapiennes, et bien entendu du Mune Comix…

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Description d’une réalité ou transcription d’un univers mental, Menu s’aventure entre ces deux pôles d’attraction avec une formidable liberté créative. Influencé par les avant-gardes littéraires et artistiques du vingtième siècle, en particulier le surréalisme, on pourrait supposer qu’il n’est pas indifférent à la psychanalyse. Bien que cela ne semble pas être une référence volontaire de sa part, et sans tomber dans les écueils réducteurs de l’analyse de comptoir (le symbole de la Mune n’indiquerait-il pas que Menu est un garçon lunaire et lunatique?), il est possible de visiter son œuvre par le prisme d’une approche analytique. Au delà de l’aspect cathartique de certaines de ses planches (dans lesquelles il se livre sans tabous sur ses névroses, ses addictions), on observe dans sa production de nombreux thèmes propres à la discipline : interprétation des rêves, libération de la parole et affirmation du moi, expression de l’inconscient (parfois collectif)…

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Il n’est pas simple de raconter un rêve, même par la bande. Possédant sa propre logique, il est impossible d’en retranscrire le déroulement avec des codes narratifs stricts et limités. Plutôt que d’en raconter le contenu précis et tenter d’interpréter pour en dégager du sens, Menu s’attache à retranscrire cet enchaînement incontrôlable de scènes propre au déroulé d’un rêve. Une écriture automatique qui évoque parfaitement cette impression diffuse et résiduelle (faite de fascination mêlée d’appréhension) que l’on conserve au réveil. Rêves absurdes ou cauchemars, Menu excelle dans l’exercice et sème ces comptes rendus tout au long de ces six numéros.

Menu prône une autobiographie sans mensonges ni tabous. Ce qui pose le problème de la représentation des personnes qui l’entourent. Car poser sur papier imprimé, donc susceptible d’être lu de tous, des éléments concernant la vie privée de vraies personnes n’est pas sans conséquences liées au droit à l’image, et peut faire apparaître la pratique autobiographique comme un manque de courage flagrant, l’auteur préférant dire ce qu’il pense de quelqu’un par l’intermédiaire du médium. Est-ce pour ces raisons que les récits autobio de Menu présents ici abordent essentiellement son entourage professionnel, ses rencontres musicales ou ses déboires existentiels mais, à l’exception de sa mère (et de sa 4L), ne concernent plus les membres de sa famille…

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S’il cite volontiers des figures et des formes connues de la bande dessinée (l’équipe d’Hara-Kiri, le chronoscaphe de Black et Mortimer, le Z de Zorglub…), Menu s’amuse surtout avec ses codes narratifs, des plus traditionnels (principe du « à suivre », personnages récurrents, sens de la mise en page, art du lettrage) aux plus expérimentaux (les formes abstraites de Mollux, les planches métaphysiques de L’Autre], la pataphysique du Mont Vérité…). Une autre manière de créer la complicité avec ses lecteurs, puisant dans un « back ground » commun à tout amateur de la neuvième chose.

JC Menu bouscule les rapports entre fond et forme (ses textes sont souvent en décalage par rapport à ses images), signifiant et signifié (à l’image de son Meder qui s’exprime dans un langage incompréhensible, mais pas insensé) et circule parmi toutes ces dimensions avec une dextérité et un sens de l’a propos qui en font un auteur toujours passionnant, traçant ainsi une impressionnante « méta œuvre », qui va bien au-delà du simple divertissement en bande dessinée.

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LOCK GROOVE COMIX – JC Menu (2008/09 l’Association Mimolette)

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Les passerelles entre le Rock et la Bande Dessinée existent depuis quelques décennies maintenant, grâce surtout à Metal Hurlant. Ses hors séries « Spécial Rock » concoctés par Manoeuvre, la collection Speed 17 des Humanos, avec des ouvrages sur le Punk, les Sex Pistols… Dans son Rock-City, Serge Clerc utilise les membres de groupes connus (Les Cramps, Dr Feelgood…) comme des héros de BD. Franck Margerin lui, intègre ses personnages dans un univers rock et invente le groupe Ricky Banlieue et ses Riverains… 

Cette alliance Rock-BD peut prendre différentes formes. Des dessinateurs qui font de la musique (Denis Twist, Thiriet, Winshluss, Carali et Pixel vengeur…), des musiciens qui se lancent dans la BD, tel Kent. Des dessinateurs qui nous parlent musique (Thierry Guitard, Menu, Luz…), des musiciens qui collaborent avec des dessinateurs (Arthur H et Blain, Dutronc père et fils, l’un avec Fred, l’autre avec une kyrielle de dessinateurs), etc.

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Dans la rubrique Mes Disques à Moi du Rock & Folk de juin 2008, JC Menu répond à la question : pourquoi Rock et BD sont-ils fait pour s’entendre ? « Les deux s’appellent contre-culture tout simplement, il faut les découvrir par soi-même. Ces deux sphères m’intéressent. Parfois, elles se rejoignent comme chez Tramber et Jano à l’époque de Métal Hurlant. Si on écoute « In The Flat Field » de Bauhaus et qu’on découvre Elles Sont De Sortie [fanzine Art & BD des années fin 70], il n’y a pas vraiment d’interaction, mais les influences, les images, les atmosphères qui circulent sont les mêmes. A chaque étape de la musique, il y a un renouveau graphique qui fait sens avec tout ça ».

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Lock Groove s’inscrit donc dans cette continuité. JC Menu doit pas mal à ces auteurs, ils font parti de la même famille. C’est aussi en celà que l’Association est l’héritière directe des Humanoides Associés !

Menu explique aussi dans Rock & Folk qu’il est copain avec Les Satellites. Il a été chanteur dans une première mouture du groupe, mais n’était pas assez mure pour assumer le rock’n’roll way of life. Il dessinera leurs pochettes ainsi que leur logo. Autre exemple de complémentarité entre Rock et BD.

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Ces deux numéros de Lock Groove nous racontent ses souvenirs liés à la musique, ses premiers émois rock (avec les Beatles). Comme son ami Luz et son Claudiquant sur le Dance-Floor, Menu nous propose des chroniques d’albums cultes, des comptes rendus de concert ou de festivals. Mais surtout, il nous fait découvrir ce qu’est le locked groove, le dernier sillon (sans fin) d’un vinyl, qui empêche la tête de lecture de se crasher sur le rond central du disque. Beaucoup de disques en possède, mais peu d’artistes y ont enregistré quelque chose. Les premiers à avoir incéré un locked groove sonore sont les Beatles sur Sergent Pepper. On en trouve aussi sur des disques de Lee Ranaldo (des Sonic Youth) ou des labels Sub Pop et RRRecords. A notre époque du numérique et des mp3, collectionner des vinyls de locked grooves peut paraître un peu snob. C’est aussi une forme de rébellion, venant d’un punk notoire…

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Je retrouve avec plaisir la patte si particulière de Menu : son style expressionniste inimitable, un noir et blanc contrasté, son sens aigu des détails, ses reproductions d’après nature (ici, bien évidemment, des pochettes de disques et des chanteurs). Surtout cette sensibilité, authentiquement naïve, du vrai collectionneur passionné ! Menu excelle dans ce genre « carnet d’impressions et de souvenirs »…

Première contribution de Menu à la collection Mimolette, Lock Groove Comix devrait sortir tout les 6 mois (le numéro 3 en mai prochain ?).

 

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