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Brèves de chroniques #6

Wimbledon Green – Seth (Seuil, 2006)

Wimbledon-Green

Mais qui est ce mystérieux Wimbledon Green ? Le plus grand collectionneur de comics ou un simple usurpateur ? Un vrai passionné ou un spéculateur ? C’est l’intrigue principale de cet album qui fleure bon l’enquête policière à l’ancienne (façon Agatha Christie) avec ces fausses pistes et faux semblants. Le récit repose sur de nombreux témoignages (de personnes l’ayant connu ou colportant les rumeurs le concernant) et des souvenirs de l’intéressé qui nous apportent, au fil de la lecture, des éléments de réponse.

Seth est un perfectionniste et on ne peut qu’apprécier les qualités formelles de ce petit ouvrage : couverture cartonnée toilée avec lettrage doré, belle couleur verte et coins arrondis. Un auteur qui maîtrise toute les composantes de son médium (structure en gaufrier qui apporte un rythme soutenu, formes stylisées parfaitement lisibles, couleurs sépia aux effets rétro, importance du détail…). Il ne faut pas se fier à cette apparente simplicité, Wimbledon Green est un album dense, une subtile mise en abîme sur le monde des collectionneurs de comics.

La Régression – François Olislaeger & William Henne (La Cinquième Couche, 2005)

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Un gérant de magasin de sport qui vit chez sa mère veuve, un groupe de jeunes délinquants, des policiers et un juge dans l’exercice de leurs fonctions, La Régression nous raconte l’histoire de plusieurs destins qui se croisent, sans jamais se rencontrer. Alors qu’il vient porter plainte pour le vol d’une paire de baskets qu’il avait lui même tenté de voler (un comble!), un jeune de banlieue se retrouve en garde à vue qui amènera, suite à l’enquète, à l’arrestation de certains de ses complices pour recèle de téléphones portables.

Une tranche de vie de quartier comme on en lit souvent dans les journaux. Sauf qu’ici, c’est plus l’incommunicabilité entre les êtres que ce simple fait divers qui intéresse William Henne. Entre narration séquentielle et texte illustré, les auteurs ont trouvé la forme idéale pour ce récit choral, dans lequel les personnages secondaires ont toute leur importance. Olislaeger nous démontre ici qu’il a plusieurs cordes à son arc, abandonnant son graphisme stylisé pour un trait brut plus réaliste, qui convient parfaitement à cette chronique urbaine.

Grotesk, retour à l’anormal – Olivier Texier (Même Pas Mal, 2013)

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Olivier Texier est un cas à part. Découvert dans les pages du Psikopat, je n’ai pas de suite adhéré à son univers déviant qui semble relever du cas clinique. Sondeur de nos angoisses les plus profondes et nos obsessions les plus inavouables, lire du Texier n’est pas sans conséquences. Toutefois, c’est en cela que les artistes de cette trempe sont indispensables : il nous mettent dans nos retranchements, nous obligent à sortir de notre zone de confort. Et c’est tout ce qu’on mérite.

Son humour noir et sans tabous ne flirte pas avec le mauvais goût, il y plonge carrément, jusqu’à l’absurde. Avec son réalisme tremblotant et son noir et blanc tranchant, Texier dresse un improbable bestiaire qui évolue dans des décors minimalistes. Un monde étrange qui dans le fond, n’est pas si éloigné du nôtre… En un gag de quatre cases par page, Grotesk, sous titré « retour à l’anormal », est un concentré de son art déjanté. A consommer avec modération.

Trois fois rien – Petra Mrzyk & Jean-François Moriceau (Les Requins Marteaux, 2006)

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Trois fois rien de Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau, ouvrage composé uniquement de dessins sans aucuns textes, corrobore une idée que beaucoup ne partagent pas : lire du dessin n’est pas si simple qu’il n’y parait et demande un certain apprentissage. Un ensemble d’images ne fonctionne pas comme un ensemble de mots. Si dans un texte chaque mot n’a d’utilité que si on le relit aux autres – il en est de même pour une planche de bande dessinée, chaque case n’ayant de sens qu’en la resituant dans la temporalité de celles qui les entourent – le recueil de dessins lui, nécessite une autre approche. Le travail de Mrzyk et Moriceau nous confronte à cela.

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Nous devons lire chacun de leurs dessins indépendamment des autres, tout en les reliant, non pas aux seuls précédents et suivants, mais à un ensemble plus vaste. Un réseau de signifiants se dévoile au fil de la lecture et des thématiques apparaissent, des effets de matières se répondent, des figures se font échos… Flammes, poils, végétaux… solides, liquides… visages, morceaux d’anatomie, transformations corporelles… notre rapport à la sexualité, la nourriture, le temps, la mort… sans oublier les figures mythiques modernes (le Bibendum Michelin, Mickael Myers, Ernest & Bart, Yoda…). L’air de rien, les auteurs dressent un sacré panorama de nos vices et obsessions. Un univers que n’aurait renié un Roland Topor.

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L’espace de la feuille, ouvrant sur deux dimensions, s’en trouve ici illimité, avec cette profondeur de champ que créé ce noir et blanc strict. Les auteurs se jouent du cadre, décalant un dessin dans un coin de page, au point de laisser les trois quart de la feuille blanche. A l’inverse, ils n’hésitent pas à surcharger l’espace de compositions qui flirtent avec le cadavre exquis. Contraste entre ses formes simples, aux traits vifs et un travail méticuleux sur les textures (dentelles, textiles, plumages…). Contraste aussi entre dessins à l’humour absurde (voir ces formes rondes changées en carrés) ou salace (avec ces mains qui courent après des nichons ou des doigts après des nez…) et concepts philosophiques (ne sommes nous pas tous des cadres sans images ?)

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Poussant leur collaboration plus loin encore que Dupuy et Berberian ou Ruppert et Mulot, il est quasiment impossible de savoir qui fait quoi. Bien malins ceux qui les distingueraient. Entre cadavres exquis et écriture automatique, les auteurs jonglent avec les styles, les genres et les focales sans jamais perdre en cohérence, tant ils vont au bout de leur démarche à chaque fois. Trois fois rien est une expérience de lecture unique et brillante. 

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Trois fois rien

Les nouveaux Mystères – Jake Raynal (Audie, 2015)

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Je lis Jake Raynal depuis ses débuts dans Psikopat et Fluide, soit depuis une bonne vingtaine d’années. J’ai de suite apprécié son graphisme hyperréaliste et contrasté, plutôt éloigné du style humoristique des périodiques d’ « Umour et Bandessinées » sus-cités. Maître incontesté du noir et blanc stricte, le passage à la couleur n’enlève rien à la puissance de ses compositions. Il est aussi le scénariste du strip « Francis le blaireau » avec Claire Bouilhac aux dessins, un summum de l’humour noir et sans concessions. Attiré par les mystères de notre monde, qu’il scrute de son regard acéré pour mieux en souligner les absurdités (Combustion spontanée, Esprit frappeur…), Raynal compile dans cet album des dossiers récemment pré-publiés et nous offre d’autres inédits.

Lors d’un échange/dédicace, il m’explique qu’il est arrivé dans l’équipe de Fluide tel un ovni. Ses influences au sein de la rédaction se limitent à Goossens et Foerster (et bien entendu Maître Gotlib), avouant peu connaître les autres. Son back-ground lui vient des auteurs anglo-saxons, Kirby, Miller, Campbell et surtout Mignola, entre autres. Sans oublier les argentins et les italiens… Il dessine essentiellement d’après photos d’archives, ce qui lui demande un vrai travail de documentation. Et cela se ressent dans son traitement réaliste et hyper précis, qui apporte un contre point sérieux à une approche pour le moins loufoques. Cet humour froid et distancié sied à merveille pour dénoncer et dédramatiser les dérives de notre temps : hystéries collectives, théories du complot, effets de la mondialisation…

Les thèmes et théories scientifiques, économiques ou climatologiques auxquelles se réfère Raynal sont authentiques et vérifiables. C’est le ton sarcastique (avec des chutes souvent connes) et son sens de la synthèse – appuyé par une parfaite maîtrise de l’ellipse – qui génère cette dimension absurde et apporte un intérêt certain à des concepts pour le moins abscons. Merci Monsieur Raynal de nous apporter la lumière sur ces forces obscures qui nous gouvernent.

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Rencontres…

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Une belle moisson de dédicaces en cette année 2015. Je précise une nouvelle fois que ce sont les occasions qui ont fait le larron. Et je ne peux que remercier mes camarades libraires pour leurs bonnes initiatives et leurs bons goûts !

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Ça commence mal fin février, Fred du Grand nulle part et Mickael du Rêve de l’escalier invitent Eric Salch un jour où je ne suis pas disponible. Tant pis. Du coup, j’écris un article sur son superbe Les meufs cool et inaugure une nouvelle pratique, la dédicace par procuration. C’est Fred qui a fait le lien avec le sieur Salch et l’en remercie encore… J’avoue apprécier grandement son commentaire car oui, je suis fan!

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C’est le Dominique A écrivain que nous croisons avec des amis après une belle conférence à l’Armitière, lors d’une petite séance de dédicace bien sympathique. Je le remercie pour ce qu’il m’apporte et lui demande si on pourrait se boire un verre avec l’ami Jeff après le concert. Ça aurait été avec plaisir, mais ils repartaient la nuit en bus pour Bruxelles. Pas grave, ce sera pour la prochaine fois ! Lors de sa tribune, Dominique nous raconte une anecdote. Alors qu’il rejoignait un animateur qui œuvrai sur une adaptation chorégraphique de ses chansons avec un groupe d’ados, il est fasciné de voir ces jeunes improviser une danse libre et virtuose. Il leur explique qu’il est surpris de les voir en transe sur sa musique. Ces derniers lui répondent que ce n’est pas sur sa musique qu’ils dansent, mais sur ses mots. Une révélation. Depuis, il se considère comme auteur plutôt que musicien. A la lecture de Regarder l’Océan, cela ne fait aucun doute.

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Le havrais Sirou expose à Rouen de manière confidentielle. Heureusement que Fred et Olivier ont mis une affiche chez eux, sinon je serai passé à coté. Comme je l’ai déjà dit, j’aime ce que fait Sirou. Du coup je vais voir l’expo le dernier jour, organisée par l’association « Collectif d’en face » qui a bien fait les choses. Je ne l’ai donc pas croisé, dommage… Mais l’un des organisateurs me propose de lui laisser mon album Presqu’ïle (dans lequel il relate son aventure rouennaise), ce qui me permet d’effectuer une deuxième dédicace par procuration. Je suis prêt à accepter de te confier mon apparte Sirou, après en avoir parlé avec ma femme…

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Pierre-Julien de la librairie Funambules a eu la bonne idée d’inviter trois auteurs incontournables de Fluide Glacial, histoire de marquer le coup pour les 40ans de la revue de Marcel. L’occasion pour moi de rencontrer enfin Maître Léandri (dont la prose m’influence encore et toujours) et me faire dédicacer son superbe ouvrage « On enterre bien les Dinky Toys ». J’en profite pour lui dire tout le bien que je pense de lui (il est mon nouvelliste préféré avec Olivier Ka) et me procure la suite de ses mémoires « Nous nous sommes tant marrés », que j’ai dévoré d’une traite. Je n’ai pas eu de gribouille du sieur Mo/Cdm (trop de monde), mais je suis bien content d’avoir pu discuter avec Jake Raynal, un dessinateur que j’apprécie depuis des lustres. En particulier cette dernière série des « Nouveaux Mystères », un pic de l’humour noir absurde et distancié ! Je n’avais pas le temps de leur proposer d’aller boire un verre après la séance, tant pis, ce sera pour une prochaine fois… Il y aura d’autres occasions, c’est sûr.

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La vie de Mahomet – Charb & Zineb (Les Echappés-Charlie Hebdo, 2013)

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S’il est évident que Charb et Zineb nous propose un formidable travail de vulgarisation, La vie de Mahomet n’en est pour autant pas un livre vulgaire. En guise d’article, je vous incite fortement à lire ce formidable avant-propos de Zineb El Rhazoui. Un texte magnifique qui possède dorénavant une consonance bien particulière.

Croyants et profanes s’accordent au moins sur un fait : Mahomet était un homme. Sceau des prophètes ou imposteur, pacifiste ou guerrier, mystique ou assoiffé de pouvoir, âme charitable ou tyran, ascète ou amateur de femmes, la personnalité d’al-Amîn, l’Honnête, l’ultime messager d’Allah, suscite maints questionnements et nourrit tous les fantasmes. Contrairement à celle de Jésus et de Moïse, qui ont bercé l’imaginaire occidental, son histoire a souffert d’un manque de pédagogie. Plus que les enseignements religieux destinés à ses ouailles, son parcours terrestre mériterait d’être connu par tous. C’est justement l’ambition de ce présent travail. Contrairement aux apparences, il s’agit d’un livre très sérieux, qui a nécessité de longs mois de recherches afin d’illustrer le parcours d’un homme, Muhammad, tel que décrit dans les sources islamiques elles-mêmes. D’abord publié en deux tomes comme hors-série de Charlie Hebdo, cet album livre la version intégrale, enrichie de passages inédits sur la vie du « meilleur des hommes ». Mis à part la forme innovante, cet ouvrage n’invente rien sur la vie du messager d’Allah. Il n’a pas de prétention historique ou scientifique, puisqu’il ne fait que compiler des brides de la sîra, cette chronique prolifique et diffuse qui a consigné les moindres détails de la vie du prophète. Chaque anecdotes, chaque phrase mise dans la bouche de Muhammad est annotée, et renvoie à des références bibliographiques dont les plus rigoureux oulémas de l’islam ne contesteront pas l’authenticité. Rédigées dans un arabe ancien, souvent contradictoires, ces ommahât al-massâdir (« sources mères ») constituent la vulgate canonique exclusive -en plus du texte coranique – dans laquelle les musulmans puisent la sagesse de leur prophète. La sîra alépine d’Ibn Sayyid an-Nâs, la sîra d’Ibn Hichâm, le Livre des grandes classes d’Ibn Sâad, et bien d’autres sources islamiques ont permis de tisser la trame de ce récit.

Oui, mais… Le dessiner, pourquoi le dessiner ? Parce qu’il est inacceptable que les vies soient menacées car une plume, quelque part sur terre, esquisse le turban du prophète. Parce que le caricaturiste qui a fait de l’irrévérence un sacerdoce se doit de repousser les limites de la censure là où elles étranglent sa liberté. D’ailleurs, le tome 1 de la vie de Mahomet, publié en hors-série de Charlie Hebdo, bien qu’il ait fait couler beaucoup d’encre, n’a pas fait verser une seule goutte de sang. Ceux qui tuent à Islamabad ou à Tripoli au nom du choc des civilisations n’ont pas attendu que l’on profane leur sacré pour faire leur besogne. Alors, pourquoi le pinceau ne colorerait-il pas la barbe du prophète ? Toutefois, cet ouvrage n’est pas non plus une suite d’anecdotes nées de l’imagination profane d’un dessinateur impie. Ici, Muhammad n’est pas représenté, il n’est pas caricaturé. Son personnage, le petit bonhomme jaune de Charb, est une métaphore. Soyons sérieux, qui pourrait prétendre que Mahomet était ainsi, sous les traits que lui attribue ce livre ? Dans les sources islamiques précitées, il existe des descriptions détaillées du prophète. Grand de taille, blanc de peau, les sourcils denses et joints, les yeux noircis de khôl, le nez long et fin, la barbe tentée au henné, la bouche généreuse et les dents espacées, tels étaient les attributs physiques de Muhammad. Fallait-il que le dessin s’y conforme ? Cela aurait-il changé quelque chose s’il avait été remplacé par une bulle vide, un turban ou un point d’interrogation ? Telle n’est pas notre démarche, puisque c’est justement cela, la plus risible des caricatures.

Doit-on entériner l’obligation morale, réclamée par les plus fanatiques de ses fidèles, de respecter Muhammad ? Pas plus que l’on ne doit se conformer à celle de respecter Jésus ou Moïse. Non, les mêmes qui, en France, pensent qu’en dessinant de prophète de l’islam on pousse le bouchon trop loin sont ceux qui, dans une complaisance qui frise le mépris , sont convaincus que cette religion est loin, très loin derrière les Lumières. Ils caressent dans le sens du poil les plus ignorants parmi les musulmans, ceux qui, non conscients d’être infantilisés, nourrissent à tort l’espoir que pour leur seul bonheur le blasphème soit un jour proscrit en France. Ce n’est pas à ceux-là que nous nous adressons, mais aux autres, plus nombreux, plus discrets, qui n’ont pas troqué leur sens de l’humour contre le ridicule grincheux des clercs autoproclamés, prêts à s’insurger contre une loi écrite nulle part. L’islam n’est-il pas une religion de l’écrit ? Lançons ici le défi ! Que celui qui trouve dans le Coran ou la sunna le moindre texte interdisant de représenter Mahomet, ou qui que ce soit d’autre, nous jette la première pierre. Non que nous ayons le souci de nous conformer au préceptes de l’islam, mais, pour avoir passé au peigne fin ses sources, il s’avère que le tabou le plus tenace de la religion musulmane, celui pour lequel les foules s’insurgent et tant de crimes sont commis, ne se fonde sur rien, dans une religion où seul l’écrit scelle les enseignements d’Allah. D’ailleurs, ce pour quoi on nous vouerait aux flammes de l’enfer, les musulmans chiites le font depuis toujours. Que d’enluminures persanes représentent un Mahomet enturbanné, assis en tailleur et dispensant ses enseignements…

En France, cette France qui bouffait du curé il n’y a pas si longtemps, ne pas se plier à une prétendue interdiction religieuse est toujours un acte de subversion, voilà le constat. Parce qu’il est important pour le profane de connaître la vie d’un homme qui a changé le cours de l’Histoire, voici la vie de Muhammad, telle que rapportée par ses fidèles.

 Zineb (sociologue des religions)

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