La bande dessinée peut avoir des vertus thérapeutiques pour ceux qui la pratique. Comme tout Art, la bande dessinée est un moyen d’expression privilégié qui peut servir de défouloir, d’exutoire et apporter du mieux être (mais je suppose aussi beaucoup de souffrance lors de la réalisation) à celui ou celle qui produit une oeuvre. De là à dire que tous les artistes (donc les auteurs de BD) sont de gros névrosés, ou carrément de vrais malades mentaux, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. Ils ne le sont pas plus que ceux qui admirent leurs oeuvres.
Par contre, quand je lis ce Mauvais Rêves d’Imagex, je ne peux m’empêcher de penser qu’il a été écrit et réalisé par quelqu’un de plutôt perturbé. Cet album a dû être une véritable catharsis, tant l’auteur y exprime des angoisses profondes, infantiles (plus encore que Burns et son Black Hole). Mauvais Rêves où la bande dessinée à visées thérapeutiques…
Edité chez Artefact (ancienne maison de bonne facture au catalogue underground : Shelton, Crumb, Volny, Schlingo…), Mauvais Rêves nous présente sept récits (dont certains furent publiés dans la revue Viper), racontés chacun du point de vue d’un enfant victime, qui subit les événements.
La première histoire se passe dans un hôpital psychiatrique. Julien (dans La vie débile) entend la voix de sa grande sœur, qui l’incite à faire ce qu’elle veut. Et cela se termine mal, mais pour un des deux seulement… La deuxième (Le vélo) nous raconte une histoire de vol de vélo qui ne dérange pas tant que ça la victime. La troisième (Dans les tours) où des enfants apprennent à leur dépend que la gourmandise est un vilain défaut. La quatrième (Grand père est mort) nous parle d’enfants battus, d’inceste… La cinquième (Papa Goldorak), où un enfant croit être sauvé par Goldorak, qui est en fait un braqueur déguisé. La sixième (Le cri) nous parle d’un enfant séquestré dans un placard par ses parents qui se promet que la prochaine fois, il criera ! Et la dernière (Mauvais rêves), l’histoire d’un gamin persuadé que ses parents sont des extra-terrestres… Entre cas cliniques et situations fantastiques, ce recueil peut paraître sordide ou glauque. Heureusement, il contient d’une bonne dose humour noir.
En quoi cet album est bon ? Par le fait que tout les éléments qui le composent (histoires, dialogues, graphisme, couleurs, mises en pages, etc.) se complètent parfaitement autour de la thématique centrale. Imagex possède un trait « amateur » très dynamique et pas vraiment académique. Il utilise la bichromie, dont le contraste chaud-froid (rouge-bleu) est dominant. Ces ambiances bleu-nuit sont remarquables. Il joue beaucoup avec les effets de trame.
Il n’y a quasiment aucune info de dispo sur Imagex, si ce n’est ce texte de Philippe Annocque : Et à propos de rêves, ou plutôt de cauchemars, le mot de la fin ce sera pour Imagex. Imagex, je n’ai jamais su si c’était un homme ou une femme qui signait comme ça ; j’ai souvent pensé que c’était une femme. Dans quelques numéros d’ (A suivre) (qui pour le coup ne se suivaient pas), il y a une histoire étrange (achevée ? je ne m’en souviens pas), Colonie de vacances racontée par une petite fille, dans son journal intime plein de fautes. La colonie est au bord de la mer. Il y a deux garçons de son âge avec elle. Les autres enfants, les monos, tout le monde a disparu. Disparu il y a tellement longtemps que les enfants depuis le temps auraient dû grandir. Au lieu de grandir, une queue leur pousse, et ils apprennent à voler. Sauf un des garçons, mais lui il peut faire tomber les avions de guerre qui passent dans le ciel.Je sais qu’Imagex a publié sous ce nom un autre album, Mauvais rêves, chez Artefact (je le sais parce que je l’ai). Mais je ne sais rien de plus.
Imagex n’aurait à priori sorti que ces deux albums (Mauvais Rêves et Colonie de Vacanse)…
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