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MAUVAIS REVES – Imagex (Artefact, 1983)

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La bande dessinée peut avoir des vertus thérapeutiques pour ceux qui la pratique. Comme tout Art, la bande dessinée est un moyen d’expression privilégié qui peut servir de défouloir, d’exutoire et apporter du mieux être (mais je suppose aussi beaucoup de souffrance lors de la réalisation) à celui ou celle qui produit une oeuvre. De là à dire que tous les artistes (donc les auteurs de BD) sont de gros névrosés, ou carrément de vrais malades mentaux, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas. Ils ne le sont pas plus que ceux qui admirent leurs oeuvres.

Par contre, quand je lis ce Mauvais Rêves d’Imagex, je ne peux m’empêcher de penser qu’il a été écrit et réalisé par quelqu’un de plutôt perturbé. Cet album a dû être une véritable catharsis, tant l’auteur y exprime des angoisses profondes, infantiles (plus encore que Burns et son Black Hole)Mauvais Rêves où la bande dessinée à visées thérapeutiques… 

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Edité chez Artefact (ancienne maison de bonne facture au catalogue underground : Shelton, Crumb, Volny, Schlingo…), Mauvais Rêves nous présente sept récits (dont certains furent publiés dans la revue Viper), racontés chacun du point de vue d’un enfant victime, qui subit les événements.

La première histoire se passe dans un hôpital psychiatrique. Julien (dans La vie débile) entend la voix de sa grande sœur, qui l’incite à faire ce qu’elle veut. Et cela se termine mal, mais pour un des deux seulement… La deuxième (Le vélo) nous raconte une histoire de vol de vélo qui ne dérange pas tant que ça la victime. La troisième (Dans les tours) où des enfants apprennent à leur dépend que la gourmandise est un vilain défaut. La quatrième (Grand père est mort) nous parle d’enfants battus, d’inceste… La cinquième (Papa Goldorak), où un enfant croit être sauvé par Goldorak, qui est en fait un braqueur déguisé. La sixième (Le cri) nous parle d’un enfant séquestré dans un placard par ses parents qui se promet que la prochaine fois, il criera ! Et la dernière (Mauvais rêves), l’histoire d’un gamin persuadé que ses parents sont des extra-terrestres… Entre cas cliniques et situations fantastiques, ce recueil peut paraître sordide ou glauque. Heureusement, il contient d’une bonne dose humour noir. 

En quoi cet album est bon ? Par le fait que tout les éléments qui le composent (histoires, dialogues, graphisme, couleurs, mises en pages, etc.) se complètent parfaitement autour de la thématique centrale. Imagex possède un trait « amateur » très dynamique et pas vraiment académique. Il utilise la bichromie, dont le contraste chaud-froid (rouge-bleu) est dominant. Ces ambiances bleu-nuit sont remarquables. Il joue beaucoup avec les effets de trame.

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Il n’y a quasiment aucune info de dispo sur Imagex, si ce n’est ce texte de Philippe Annocque : Et à propos de rêves, ou plutôt de cauchemars, le mot de la fin ce sera pour Imagex. Imagex, je n’ai jamais su si c’était un homme ou une femme qui signait comme ça ; j’ai souvent pensé que c’était une femme. Dans quelques numéros d’ (A suivre) (qui pour le coup ne se suivaient pas), il y a une histoire étrange (achevée ? je ne m’en souviens pas), Colonie de vacances racontée par une petite fille, dans son journal intime plein de fautes. La colonie est au bord de la mer. Il y a deux garçons de son âge avec elle. Les autres enfants, les monos, tout le monde a disparu. Disparu il y a tellement longtemps que les enfants depuis le temps auraient dû grandir. Au lieu de grandir, une queue leur pousse, et ils apprennent à voler. Sauf un des garçons, mais lui il peut faire tomber les avions de guerre qui passent dans le ciel.Je sais qu’Imagex a publié sous ce nom un autre album, Mauvais rêves, chez Artefact (je le sais parce que je l’ai). Mais je ne sais rien de plus.  

Imagex n’aurait à priori sorti que ces deux albums (Mauvais Rêves et Colonie de Vacanse)…

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Le retour de Dieu – Collectif (Histoires graphiques, éditions Autrement, 1994)

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Mathieu.

Une bande dessinée qui aborde le thème du retour de Dieu peut paraître, au premier abord, un coup marketing de la part de certains cultes religieux. Pour un athée comme moi, voir son médium préféré utilisé à des fins prosélytes a de quoi agacer au plus haut point. Mais quand je lis le nom des auteurs qui ont planché sur le sujet, me voilà rassuré. Je saute dessus les yeux fermés (pas trop quand même car pour lire, c’est un peu embêtant).

Superman est mort. Et si Dieu revenait ? Du God’s club de Gotlib à Sacré Jesus de Tronchet, la bande dessinée n’a pas toujours montré beaucoup de révérence pour le divin. D’aucuns n’auraient sans doute pas hésité à intituler ce livre de manière plus hollywoodienne : Dieu, le retour. (Thierry Groenstreen en préface)

David B nous raconte l’histoire du Messie discret. Le messie juif plus précisément qui, rencontré dans une bijouterie, lui répare sa montre. S’en suit une discussion dans laquelle on en apprend un peu sur la religion juive, ses mythes fondateurs… Athée, David B nous raconte aussi quelques anecdotes qu’il a pu vivre avec des personnes de confession juive.

François Ayroles, dont c’est une de ses premières publications, aborde avec un humour absurde le thème des sectes et de la télé-évangélisation. Une bande que n’aurai pas renier un Goossens, ni dans sa forme, ni dans son contenu. On y reconnaît déjà le style particulier (mais pas encore abouti) de l’auteur d’Incertain Silence.

JC Menu nous entraîne lui dans le monastère perdu du Mont-Vérité et pose la question fondamentale (qui est le fil rouge de cet album) : si Dieu revenait parmi nous, le reconnaîtrions-nous ? Si jeune Mabuse, c’est la première excursion de Menu au Mont-Vérité. Il y retournera souvent (encore l’année dernière pour une Patte de Mouche).

Mattotti nous propose une histoire intitulée Stigmates, qui nous raconte les déboires d’un clochard alcoolique qui se retrouve un beau jour avec deux des cinq stigmates christiques sur les mains. Cette nouvelle peut être vue comme une ébauche de l’album éponyme qu’il sortira en 1998 avec la complicité de l’écrivain Claudio Piersanti.

Marc-Antoine Mathieu (le seul que je ne connaissais pas) nous présente L’ascension, une histoire inspirée d’une nouvelle de Jorge Luis Borges L’Approche d’Almothasim. Un homme (qui n’a pas de nom) travaillant à l’enfer – le lieu où sont brûlés les livres apocryphes, erronés ou blasphématoires - cherche à atteindre le niveau le plus élevé de la cathédrale, afin de se rapprocher de Dieu. Une allégorie sur la quête spirituelle.

Toutes ces histoires sont en noir et blanc, du plus épuré (Ayroles) au plus contrasté (Mathieu, Menu, David B) en passant par le trait expressif de Mattotti. Un beau recueil. 

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David B.

L’ART MODERNE – Joost Swarte (Les Humanoïdes Associés, 1980)

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Joost Swarte, le hollandais sous influences, est un artiste complet. Auteur et dessinateur, il possède une exigence éditoriale sans pareil. Il conçoit lui-même toutes les phases de la création d’un album : dessins et scénarii bien sur, mais aussi la typographie, les mises en page, les couleurs (ses tons pastels sont magnifiques).

Un théoricien, créateur des concepts de la Ligne claire, qui applique les principes de l’école de Bruxelles (Hergé et Jacob) et du Style atome, se référant à l’école de Marcinelle (Jijé et Franquin).

Un esthète, comme le qualifie très bien Florence Cestac. Il serait aussi exigeant qu’ Etienne Robial. Pas étonnant alors que Swarte ait essentiellement édité chez Futuropolis ou Les Humanoïdes Associés (pas ceux de maintenant bien sur).

Ce retour à la Ligne Claire au début des années 80 – dans les pages de Métal Hurlant avec entres autres les « modernes » Yves Chaland, Ted Benoit ou Serge Clerc – paraissait devoir vieillir trop vite (comparé à Druillet ou Moebius), mais a su se bonifier. Le temps l’a rendu intemporel et il parait maintenant beaucoup moins daté que la Ligne crasse, l’autre courant graphique du journal (cela dit, un dessinateur comme Charlie Schlingo revient en force).

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L’Art Moderne est un ouvrage dont le titre parait un peu prétentieux, mais qui dans le fond ne pouvait s’appeler autrement. L’influence des Avant-gardes artistiques (entre le Cubisme, le Bauhaus ou le Pop Art) se fait bien ressentir. Joost Swarte a su renouveler un style un peu vieillot, qui évoque surtout l’age d’or des périodiques pour la jeunesse. Il utilise tous les préceptes de la Ligne claire : un trait noir régulier soulignant les formes, des couleurs pastels en aplat (sans effet de matière), pas d’ombres…

Un style plus symbolique que réaliste. Archétypal. Un style enfantin qui contraste avec des histoires d’adultes, nous racontant les déboires de zonards urbains (des camés, des malades mentaux, des suicidaires, des artistes fous…

D’une manière générale (et chacun à leur manière), les hollandais, ces flamands irrévérencieux, font dans l’humour absurde et trash, toujours provoquant, parfois dérangeant : Willem en tête (qui a scénarisé et traduit certaines histoires de cet album), Kamagurka et Herr Seele avec leur Cowboy Jean (qu’on retrouve parfois dans les pages du Psiko) ou le scatologique Léon la Terreur de Van Den Boogaard…

Joost Swarte n’échappe pas à la règle. Voir ces scènes gores sous les traits d’un Hergé ou d’un St Ogan crée un décalage plutôt hallucinant et franchement génial !

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(4 de couv’ de l’édition Futuropolis)

Joost Swarte revient au premier plan avec l’ouverture du Musée Hergé (dont il est le concepteur graphique) ainsi que  l’exposition  « A la recherche du Style Atome », à Bruxelles. Denoel Graphic prévoit de rééditer ses albums (dont cet Art Moderne) pour 2010.

LE MONDE EST FLOU – Clarke (Dupuis, 2009)

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Cinquième volume de la série Histoires à Lunettes, apparue dans les pages de Spirou Magazine, Le Monde est Flou est une succession de gags en une page, plus loufoques et absurdes les uns que les autres, avec une bonne dose d’humour noir. Comme le nom l’indique, la particularité de cette série est de nous présenter des personnages qui portent tous des lunettes. Et avoir des lunettes ne garantie pas d’y voir net, de bien cerner les choses, au contraire ! Tous ces personnages (des explorateurs, des chirurgiens, des retraités, des naufragés, des amnésiques…) sont en décalage constant par rapport aux situations qu’ils vivent.

D’une série commencée avec son comparse Midam au scénario, Clarke signe seul ce numéro 5. Dessinateur fluidien (Château Montrachet, Cosa Nostra…), spécialiste de l’humour nonsensique, on retrouve ici son style original, son trait dynamique, très anglo-saxon (il me fait penser à Wallace Wood de Mad Magazine).

De par son format et son contenu, Le monde est flou est un petit album bien sympathique, qui se termine par une parodie de magazine people avec fausses interviews des auteurs et photomontages… C’est con comme j’aime !

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DESSINS POLITIQUES – Siné (J.J.Pauvert éditeur, 1965)

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Siné est depuis toujours –et pour toujours- non pas un « anti-tout » comme certains aiment à le réduire, mais un anti-cons (au pluriel). Il s’attaque surtout à la connerie institutionnalisée : l’armée, la religion, les politiques colonialistes, le capitalisme, la bourgeoisie…

Pour lutter, il a su créer une forme d’humour particulier. Dans le fond, Siné a toujours conservé sa ligne de pensée : insoumis et sans concessions. Son champ d’action n’a pas changé non plus. C’est un activiste du dessin d’humour, domaine qu’il n’a cessé d’explorer avec jubilation (du moins pour ses lecteurs), pour dénoncer les abus de pouvoirs et les répressions de tout ordre, le plus efficacement possible.

Ce beau livre (petit format original et couverture en papier kraft) regroupe ses dessins politiques réalisés entre 1958 et 1965 (publiés à l’époque dans une dizaine de journaux, dont Siné-Massacre). Les thèmes abordés ne sont plus d’actualité (quoique), mais cinquante ans après, ces dessins restent pertinents et percutants. Comme quoi, l’époque change mais certaines choses demeurent… C’est pourquoi Siné l’enragé est toujours là, avec son style impérissable…

Siné utilise le procédé classique du dessin humoristique : un dessin unique avec le texte en dessous. Sauf qu’il est aux antipodes de l’humour potache de l’époque (calembours et amants dans l’armoire). Ses dessins sont engagés. Ils dénoncent. Son humour est noir, grinçant (il a remporté le Grand Prix de l’Humour Noir en 1955). Cette manière particulière (et depuis longtemps imitée) qu’il a de commenter l’actualité en intégrant des extraits d’articles de journaux dans ses dessins ou en diffusant ses lettres adressées à ses détracteurs (par exemple, au juge d’instruction suite à une inculpation pour « insultes publiques envers l’armée », en 1960).

S’il était moderne à l’époque, on ne peut pas dire qu’il soit dépassé aujourd’hui, au contraire. Resté fidèle à sa ligne de conduite, son style est toujours aussi percutant et dérangeant (les exemples récents ne manquent pas). La création de Siné Hebdo nous démontre qu’il est toujours aussi « vert » à 80 balais ! Un modèle. Santé Siné !

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L’ennemi intime…

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