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Les nouveaux Mystères – Jake Raynal (Audie, 2015)

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Je lis Jake Raynal depuis ses débuts dans Psikopat et Fluide, soit depuis une bonne vingtaine d’années. J’ai de suite apprécié son graphisme hyperréaliste et contrasté, plutôt éloigné du style humoristique des périodiques d’ « Umour et Bandessinées » sus-cités. Maître incontesté du noir et blanc stricte, le passage à la couleur n’enlève rien à la puissance de ses compositions. Il est aussi le scénariste du strip « Francis le blaireau » avec Claire Bouilhac aux dessins, un summum de l’humour noir et sans concessions. Attiré par les mystères de notre monde, qu’il scrute de son regard acéré pour mieux en souligner les absurdités (Combustion spontanée, Esprit frappeur…), Raynal compile dans cet album des dossiers récemment pré-publiés et nous offre d’autres inédits.

Lors d’un échange/dédicace, il m’explique qu’il est arrivé dans l’équipe de Fluide tel un ovni. Ses influences au sein de la rédaction se limitent à Goossens et Foerster (et bien entendu Maître Gotlib), avouant peu connaître les autres. Son back-ground lui vient des auteurs anglo-saxons, Kirby, Miller, Campbell et surtout Mignola, entre autres. Sans oublier les argentins et les italiens… Il dessine essentiellement d’après photos d’archives, ce qui lui demande un vrai travail de documentation. Et cela se ressent dans son traitement réaliste et hyper précis, qui apporte un contre point sérieux à une approche pour le moins loufoques. Cet humour froid et distancié sied à merveille pour dénoncer et dédramatiser les dérives de notre temps : hystéries collectives, théories du complot, effets de la mondialisation…

Les thèmes et théories scientifiques, économiques ou climatologiques auxquelles se réfère Raynal sont authentiques et vérifiables. C’est le ton sarcastique (avec des chutes souvent connes) et son sens de la synthèse – appuyé par une parfaite maîtrise de l’ellipse – qui génère cette dimension absurde et apporte un intérêt certain à des concepts pour le moins abscons. Merci Monsieur Raynal de nous apporter la lumière sur ces forces obscures qui nous gouvernent.

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Le Rock et si je ne m’abuse le Roll – Killoffer (L’Association, 2006)

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J’avoue peu connaître l’œuvre de Killoffer. Auteur multiforme et singulier, il s’est au fil du temps éloigné de la bande dessinée pour s’aventurer vers le récit illustré, l’illustration de presse et le dessin contemporain (voire ses abstraction en noir et blanc), des domaines qui lui apportent surement plus de liberté.

Cependant, Le Rock et si je ne m’abuse le Roll qui date de 2006, marque son retour aux affaires. Comme il l’explique, cette histoire – qui lui est venue d’un rêve – l’a incité à refaire de la BD. Killoffer use à merveille des potentialités du format Patte de mouche. Une histoire courte mais intense (à plusieurs niveaux de lecture), un graphisme lisible et contrasté, un découpage fluide et linéaire. Sa ligne claire souple et vive amène de légères déformations qui renforcent la dimension onirique de ces planches. Ces visages stylisés et légèrement caricaturaux cernent parfaitement les expressions des protagonistes.

Killoffer explose les barrières et ouvre les vannes de son inconscient. On retrouve son attrait pour l’onirisme, racontant ses rêves débiles sans aucun tabou. Entre récit autobiographique, réalité romancée, rêves qui virent aux cauchemars, délires éthyliques et fantasmes sexués, le déroulé de ses pérégrinations reste cohérent de bout en bout et jamais ne s’égare. Il brouille les pistes sans pour autant nous perdre en route.

Le prologue de trois pages décrit la dure réalité d’un dessinateur, qui cherche l’inspiration en jouant de la guitare. Le corps du récit (que l’on suppose être le contenu des planches sur lesquels il travaille) nous raconte les coulisses d’un concert de son groupe, les Pood Ass Death. Killoffer se pointe à la bourre attifé d’une tenue digne des grandes heures du glam-rock, alors que ses camarades sont tous habillés en pull marin (sûrement une idée de Menu). N’ayant pas ramené sa nouvelle tenue de scène, c’est Ydobon, un fan du groupe, qui lui prête son pull… L’épilogue nous emmène dans un autre de ses rêves (dont les éléments sont issus de cette folle journée, en particulier la présence d’Ydobon) duquel il sort en tombant de son lit, à la manière de Little Nemo. Une belle manière de retomber sur ses pattes et revenir à la réalité, aussi surprenante soit-elle. Plus dure sera la chute !

Cette fiction plutôt loufoque peut se lire comme une métaphore à peine voilée des relations qu’il entretenait alors avec ses potes de l’Association. Killoffer n’adhère pas forcément aux nouveaux choix esthétiques du groupe (faut dire qu’il va rarement aux réunions), mais suit tout de même le mouvement. Son implication dans le groupe est à l’image de celle qu’il a au sein de l’Association : distanciée.

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Rasta – Ucciani & Mouchenik (Artefact, 1983)

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A l’opposé des albums distrayants et grands publics, les éditions Artefact prônent une bande dessinée différente, inscrite dans le réel, qui témoigne de son temps ainsi que des diverses tendances du médium. Durant ses dix années d’existence (entre 1977 et 1986), les tauliers d’Artefact n’auront de cesse d’étoffer un catalogue conséquent en matière de bande dessinée « autre », qui influencera la génération des Association et consœurs. Une sorte d’Internationale Underground qui, comme en témoignent les différentes collections, rend compte de toute la diversité de la bd alternative et fanzinesque mondiale de son époque : Etats unis avec Crumb et Shelton, Pays-Bas avec Evert Geradts, Italie avec Mattoti et Jacovitti ou même le Japon avec Tatsumi…). Sans oublier ce qui se passe en France avec les confirmés Carali, Volny, Schlingo, Solé, Poïvet ou les jeunes Imagex, Rita Mercedes ou Filipandré. Pour ne citer qu’eux…

Rasta est un album représentatif des éditions Artefact. D’un coté, c’est de la bédé normale : ça raconte une histoire, des histoires… Le principe du héros dont on suit les aventures est respecté. Il y a de la séquence, du découpage, un graphisme lisible et des figures reconnaissables… D’un autre coté, ça change des bédés classiques : chronique sociale urbaine, témoignage de mœurs du milieu de la drogue et des squats du Marseille des années 80. Rasta n’est pas qu’un divertissement et fait trace d’une époque pas si éloignée. Ucciani et Mouchenik possèdent (tout comme leur confrères) une forte personnalité qui transparaît dans leur production. Cet album supporte le passage du temps et conserve toute sa pertinence et son impertinence.

Rasta est un jeune métis dont on ne connais que le surnom. Un étranger comme il se présente, pourtant bien connu des marginaux et autres caïds de la cité phocéenne. C’est surtout de sa propre vie qu’il est étranger, détaché de tout affect (il est souvent stone, ça aide), vivant au jour le jour de petits larcins (trafics, vols…), ballotté au fil des rencontres interlopes, il suit le mouvement (en passant par la case prison) sans rien maîtriser. Cependant, le récit de Mouchenik ne tombe jamais dans le glauque ou le Pathos. Rasta raconte la crise existentielle d’un loser qui, à l’instar des clochards célestes de Bukowski ou Fante, suscite la sympathie.

Jean Michel Ucciani (qui est maintenant à son compte comme dessinateur de communication pour les entreprises) possède ici un style réaliste légèrement maladroit qui ne manque pas de personnalité. C’est ce qui caractérise les auteurs « Artefact », ils ne font pas dans le joli mais dans l’efficace. Étonnamment, son trait dynamique est bien plus efficace dans les plans fixes que durant les scènes d’action. Son noir et blanc contrasté génère une ambiance nocturne sèche qui décrit parfaitement « …ces rues puantes et sales […] entre la Canebière et la Porte d’Aix… ».

Feu de Paille – Adrien Demont (6 Pieds sous Terre, 2015)

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Il est rare de sortir d’une lecture avec un sentiment de jamais lu. Feu de Paille est un album de bande dessinée qui ne ressemble à aucun autre. L’auteur s’amuse à brouiller les pistes et les genres avec une étonnante fluidité, entre des éléments fantastiques qui s’immiscent dans le quotidien, vieilles légendes et science-fiction, chronique familiale et récit sur l’enfance. Bien sûr, cet univers clos et l’ambiance étrange (et légèrement flippante) qui s’en dégage ne sont pas sans rappeler certains épisodes de la Quatrième Dimension ou des Contes de la Crypte. Ces personnages aux formes longilignes et au yeux vides m’évoque ceux d’un Jason. Cependant, dans l’ensemble, on ne ressent aucune références flagrantes.

Une famille de citadins abandonne son ancienne vie pour s’installer à la campagne, dans le village d’enfance du père. On comprend rapidement que, suite à un grave accident, ce dernier a subit une lourde opération du cœur qui a profondément modifié son rapport au monde. Ce retour au source ravivera en lui de vieux souvenirs (son amitié avec Hugo, un camarade plus que troublant) et le confrontera à d’anciennes légendes oubliées (en particulier celle de l’homme-paille). De son coté, son fils unique découvre un nouvel environnement, dans lequel il semble parfaitement à l’aise.

Le fond et la forme sont indissociables. Il est indiqué en 4ème de couv’ : « Il arrive qu’un événement bouscule l’ordre établi et provoque de graves interférence capables de bouleverser notre perception de la réalité ». C’est ce que fait Adrien Demont avec son récit. Entre séquences oniriques, souvenirs, hallucinations ou réalité, il nous entraîne dans une succession de scènes (aux époques diverses et multiples protagonistes) qu’il nous faut resituer dans leur temporalité. Deux récits principaux se font échos et semble se répéter : la jeunesse du père et le présent de son fils. Au delà de ce décorum fantastique, Feu de paille aborde les thèmes de la transmission, du temps qui passe, de la fin de l’insouciance…

Adrien Demont ne cache pas les artifices. Il aime les décors de carton-pâte très théâtraux, qui sentent la mise en scène, le fictif. Outre le père qui fut réparé comme une vulgaire machine (il possède un cœur artificiel), certains personnages-automates répètent leurs textes de façon mécanique (tel le facteur-robot), sans âme. Les décors en sont plus pourvus que les personnages. Les chimères plus vivantes que les vivants…

Ses choix esthétiques et narratifs sont judicieux. Son noir & blanc contrasté, riche de gris, ce graphisme stylisé au trait fin et précis soulignent parfaitement ces formes et figures bizarres (son bestiaire est formidable, en particulier le chien-niche). Sa mise en page est relativement classique, linéaire. Ce sont les contenus de chaque cases qui apportent du dynamisme. Champs contre-champs, plongée contre-plongée, cadre hors-cadre, intérieur-extérieur… Demont se joue de l’espace avec une remarquable dextérité. La gravité ne semble pas exister, les personnages ou les objets flottent comme en apesanteur.

L’étrangeté diffuse qui persiste tout au long de la lecture vient aussi du fait qu’on ne sait à quoi s’attendre à chaque nouvelle page, comment finira ce récit à tiroirs, aux multiples ramifications. Le mieux est de lâcher prise… Feu de Paille est un livre qu’on garde longtemps en soi, qui amènera quelques relectures…

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Adrien Demont

Gorgonzola n°20 – (l’Égouttoir – Déc 2014)

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Comment ça vous n’avez pas encore le dernier Gorgonzola !? Mais il faut vous le procurer de suite ! Pour ceux qui l’ignorent encore, Gorgonzola est le fanzine des éditions de l’Égouttoir, chapeauté par le sieur Maël Rannou. Alors bon, quand on dit fanzine, faut pas toujours s’attendre à du papier photocopié au noir et blanc baveux. Gorgonzola est beau, solide, coloré, généreux. La revue d’un fan, réalisée de manière professionnelle (en gros, un prozine), qui met tout en œuvre pour offrir aux auteurs invités un espace de diffusion respectueux de leur travail.

Vingt numéros en dix ans d’existence, c’est une belle évolution pour une revue auto-produite. Rannou a réussi à contacter et convaincre une kyrielle de bons dessinateurs pour participer à l’aventure. Au fil du temps, il s’est constitué un noyau dur d’auteurs réguliers, tout en laissant la porte ouverte à de nouvelles recrues. Maël nous l’explique : « … contrairement à beaucoup d’autres fanzines, nous ne sommes pas nés d’une bande d’école ou de vieux amis. Dès l’origine, il s’agissait avant tout de réunir des auteurs divers, inconnu ou non, de différents pays et styles, pour peu qu’ils aient une démarche d’auteur reconnaissable permettant de donner un aperçu de la diversité de la bande dessinée alternative ».

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Pour ce vingtième numéro, pas de célébration particulière ni d’auto-satisfaction démesurée. Seulement un contenu de qualité. Et il a raison, c’est ce qu’il fait de mieux. En regardant le menu dans le détail, la diversité des formes et des propos est bien là. Entre le minimalisme assumé de Tony et les récits sensibles de Simon Hureau, l’autobiographie sociale de Jean Bourguignon et les mondes absurdes d’Olivier Texier, les gaufriers expressionnistes de Vincent Lefèbvre et l’onirisme old school de Léo Quivreux, les planches quasi abstraites d’Alex Chauvel ou le superbe graphisme d’Yvang qui, avec ces effets de trame et ces textes en cartouches (en fait d’anciennes « rubriques de chiens écrasés »), évoquent les périodiques du début XXème… Le tout dans un noir et blanc riche de gris, sur du beau papier glacé. 192 pages au format A5 de belle facture (10euros seulement) ! Si vous le trouvez en librairie, retenez l’adresse, c’est une bonne librairie. Sinon, on peut se le (les) procurer chez l’Egouttoir.

Depuis le n°18, Maël y joint un dossier complet, focalisant sur un acteur essentiel de bande dessinée « autre ». Après la revue Viper et le dessinateur Poirier, c’est au tour de trois auteurs-créateurs de fanzines (Filipandré, Gerbaud et El Chico Solo) d’être mis en lumière. Des interviews qui retracent leurs riches parcours et nous permettent de cerner trois générations (70′, 80′ et 90′) de fanzinat. Petite info du chef, le prochain dossier concernera les éditions Artefact, une bonne idée.

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