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Les Gardes-Fous – Frédéric Bézian (Delcourt, 2007)

Les Gardes-Fous - Frédéric Bézian (Delcourt, 2007) dans Chroniques BD gardefous

Je commence par une longue citation d’un article de Thierry Groensteen, paru sur son blog en avril dernier, à propos de l’influence d’Egon Schiele sur un certain nombre de dessinateur contemporain, Bézian en particulier. Encore une fois, un texte de haute volée pour nous aider à cerner le graphisme de Frédéric Bézian : « Certaines sensibilités peuvent, sans doute, être réfractaires aux aspects morbides, convulsifs ou provocants des œuvres de Schiele. Mais je ne vois pas comment un amoureux du dessin pourrait ne pas être saisi d’admiration devant l’extraordinaire sûreté de son trait aigu et sa façon unique de traiter l’anatomie du corps humain en usant d’angles inédits, de postures insolites, en faisant saillir les muscles sous la peau et le squelette sous les muscles, en jouant de la maigreur, du regard et de la carnation (qu’il traite souvent dans une gamme de jaune, rouge et vert) pour exprimer le tragique de l’homme jeté nu dans le monde, aux prises avec le désir, la folie et la mort. » [...] « Toutefois, c’est sans doute Frédéric Bézian qui paraît son héritier le plus direct, non parce qu’il le copie, mais parce que son tempérament expressionniste le conduit, lui aussi (notamment dans la trilogie d’Adam Sarlech et dans Chien rouge chien noir), à désarticuler les corps, à en faire des sortes de marionnettes électrisées. On peut se sentir vrillé par son dessin comme par celui de Schiele, le ressentir physiquement, nerveusement, presque comme s’il s’agissait d’incisions pratiquées dans notre propre chair. L’œuvre de Schiele semble nourrie de la prémonition de cette mort qui allait l’emporter à l’âge de vingt-huit ans. Grand dessinateur et remarquable metteur en espace, Bézian sait, lui aussi, nous emporter dans sa danse macabre et proposer des images qui fascinent autant qu’elles inquiètent. »

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L’exagération des formes propre à l’expressionnisme renforce l’intensité dramatique des situations et colle au plus prêt de la psychologie torturée des personnages. Ses couleurs non-réalistes s’inscrivent pleinement dans les codes du genre, cependant, il se dégage de cet album une grande classe, une esthétique raffinée. L’expressionnisme de Bézian est moins « sale » que celui de Schiele…

La forme correspond ici parfaitement avec le fond. Personne ne semble très net dans cette histoire. Dans cette pseudo-chasse au sérial killer, tous paraissent suspects, et le dénouement de l’intrigue ne change en rien les suspicions que l’on peut nourrir envers les personnages. L’éditeur plutôt apathique qui ne semble pas en mesure de maitriser certaines pulsions destructrices. Sa femme plutôt effacée, qui semble subir les événements. Ce policier qui suspecte tout le monde mais dont on ne sait pas vraiment ce qui le motive. Le père énigmatique, un homme des bois qui l’est tout autant. Et cette apparition du sérial killer plutôt impromptue (et peu convaincante)… Bref, rien ne colle vraiment dans cette histoire. Qui est vraiment le tueur en série ? Qui jette le cendrier contre le miroir dans la scène d’ouverture ?

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Un récit qui évoque David Lynch (Lost Highway ou Mulholland Drive) avec cette manière de brouiller les pistes, cette difficulté à distinguer où se situe la réalité, le rêve, l’hallucination ou l’allégorie… Cette représentation de la villa, tout en perspectives, en obliques, sans aucuns angles droits – alors que son architecture est d’un grand classicisme, avec ses horizontales et ses verticales hors-normes – renforce cet aspect labyrinthique. On ne peut en situer les limites et bien qu’elle possède les qualités d’une forteresse, dont on accède uniquement par voie d’eau, ou par un tunnel que l’on entre-aperçoit qu’une fois, les personnages semblent aller et venir à leur guise. Cette villa peut être vue comme une sorte d’huis-clos mental, dans lequel les protagonistes représenteraient les différentes facettes d’une personnalité complexe.  Cette histoire illustrerait en fait les délires schizophréniques du narrateur. D’où ce titre de « Gardes fous » ?!

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Autre piste : tous ces personnages ne seraient en fait que les créations de l’esprit d’un écrivain cherchant l’inspiration (le fait que les protagonistes travaillent dans le monde de l’édition n’est certainement pas anodin). Cet album serait en fin de compte une épopée démiurgique dans laquelle Bezian nous entraine et réussi à nous perdre. Les écrivains (et par extension les scénaristes) qui gardent en eux les personnages qu’ils créent, possédant le droit de vie ou de mort sur eux, ne seraient-ils pas, d’une certaine manière, comparables à des schizophrènes ou des tueurs en série ? Le tueur fou de l’histoire, c’est Bézian…

Image de prévisualisation YouTube

trailer de l’adaptation scénique et multimédia

Bézian sur bedetheque et BD selection

Pilules Bleues – Frederik Peeters (Atrabile, 2001)

Pilules Bleues - Frederik Peeters (Atrabile, 2001) dans Chroniques BD pilulesbleuesco

En une petite vingtaine d’albums sur quinze ans, Frederik Peeters est devenu un des auteurs les plus intéressants de sa génération. Un auteur complet (dessinateur, scénariste, coloriste…) qui développe un univers pictural des plus singuliers, mille fois copié… A l’aise dans de nombreux registre (fantastique, autobiographique, polar, dramatique ou fantaisiste), il sait adapter son graphisme (qui évolue au fil des productions) aux besoins de ses projets.

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Pilules bleues fait parti de ces quelques bande dessinées qui ont fait grandir le médium, l’emmenant vers des territoires qui ne semblait pas le concerner (récit dramatique à la première personne, abordant des thèmes de société …). On pourrait le définir comme un roman graphique car c’est un récit long, autobiographique et réalisé en noir et blanc. Mais ce n’est pas suffisant pour le qualifier ainsi. Pour moi, Pilules bleues est une bande dessinée des plus traditionnelle : les séquences sont fluides, clairement enchainées, même si Peeters use parfois d’ellipses et de cadrages décalés. Ses dessins ne sont pas qu’illustrations, ils évoquent parfois ses divagations mentales (avec la présence pachydermique de rhinocéros et de mammouths). Son style semi-réaliste et sa maitrise du noir et blanc contrasté apportent une légèreté qui convient à merveille pour « dédramatiser » le récit.

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Raconter la maladie n’est jamais évident, surtout par le biais d’un médium qui n’a que rarement permit d’aborder ce genre de thématique. Pilules bleues est un album sensible, qui aborde un thème grave (le sida), sans jamais sombrer dans le pathos. La mort est à peine évoquée, seule la peur de la contamination préoccupe le couple. Un récit émouvant qui prône l’espoir, la victoire de la vie sur la maladie. Peeters a fait le choix de nous raconter son histoire par le petit bout de la lorgnette, privilégiant la subjectivité de son point de vue. Il croit en son récit, et nous aussi pour le coup (j’avoue avoir eu quelques aprioris sur cette Bd qui se sont vite dissipés… Un bien bel album.

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http://frederik.peeters.free.fr/

Meurtres et Chatiments – Carlos Nine (L’echo des savanes/Albin Michel, 1991)

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Les dessins de Carlos Nine nous donne une petite idée de ce que produirait un croisement contre nature entre les délires visuels d’un Tex Avery et l’univers Dantesque d’un Jérôme Bosch. Le tout situé dans une ambiance Polar année 50… Une vraie cour des miracles, qui nous rappelle le Freaks de Tod Browning. Une succession de personnages monstrueux, exécutés avec une finesse et une sensibilité plastique qui contraste fortement avec les sujets et les thèmes abordés. Ses difformités en arrivent à dégager assez de sensualité (par un subtil travail des couleurs réalisé par l’auteur lui même) pour devenir supportables, attirantes, fascinantes…

Je cite le texte de FredGri, tiré du très bon site sceneario.com, qui a su trouver les mots justes pour commenter cette œuvre hors-normes : « Parker, Pirker et Babously sont trois détectives habitués aux affaires de famille. Retrouver une fille fugueuse, une femme infidèle c’est leur quotidien. Mais dans ce monde très bizarre le moindre suspect prend des figures de héros de dessins animés et les fantasmes prennent de droles de visages. Nos trois détectives vont alors devoir plonger en plein délire toonesque. »

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« Le monde de Carlos Nine est tout de suite très particulier.
Tout d’abord son sens de la narration est complètement décalé, il oblige le lecteur à se laisser mener par le bout du nez dans ces pages complètement hallucinantes, il n’y a pas de cases à proprement dit, parfois meme il illustre littéralement telle ou telle expression. C’est un voyage dans un monde qui se balance entre le non-sens, les polars et les références aux dessins animés de notre enfance, le tout avec une pointe de cruauté.
Mais ce qui est le plus poignant, le plus envoutant c’est la richesse et la beauté du graphisme de Nine. Ici tout, ou presque, est expérimentation au service d’un nouveau langage plus ludique, plus fou. Les personnages et les objets se déforment, on flotte dans l’aquarelle la plus pur puis on passe de temps à autre à du crayon. Là, plus de références figuratives, plus de repère, dans ce chef d’œuvre passé complètement inaperçu (Nine explique qu’en fait les libraire ne savaient pas ou le ranger, du coup il s’est vite retrouvé dans les bacs des soldeurs) nous rencontrons un artiste explorateur anti conventionnel !
Bien évidemment cet album demande aux lecteurs de jouer le jeu, mais là aucune démarche intellectuelle, aucune prétention de cracher sur le passé, non juste un auteur qui s’amuse, c’est un plaisir à chaque page, une vraie explosion graphique. C’est en tout cas avec cet album que j’ai découvert une école plus personnelle d’artiste, ce Sud-Américain n’a pas fini de faire parler de lui, soyez en sur !
Alors surveillez bien vos bouquinistes, ca en vaut le coup.
 » (FredGri, avril 2003)

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Entre rééditions et créations, Nine est toujours prolifique. Voir sur son site carlosnine.com/

Carlos Nine sur bedetheque et sur Stuart Ng Books


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