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Walking Dead – Robert Kirkman

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Inconditionnel de Romero, la plupart des films de zombie sont incohérents par rapport à l’univers matriciel de maitre Georges, à l’exception notable des formidables Dellamorte Dellamore, Shaun of the dead, les 28 jours/semaines ou Zombiland), On connaît la bourde de Romero qui, à l’époque, n’avait pas protégé ses droits d’auteur, laissant sa nuit des mort-vivants tomber dans le domaine public et ainsi récupéré par de trop nombreux tacherons.

Romero n’a pas inventé la (dé)figure du Zombie, qui remonte au très fond de la culture Vaudou. Il a cependant posé les jalons du mort-vivant moderne. Les morts reprennent vie sans raison clairement définie (phénomène scientifique, nucléaire, naturel, climatique, viral, évolutif, biblique.. ?) et errent sur la surface de la terre dans un seul but, manger ce qui est vivant. Surtout bipède (certains peuvent dévorer des animaux, s’ils arrivent à les attraper…).

Chez Romero, les zombies sont la métaphore d’une nouvelle évolution, dans laquelle l’homme n’est plus en haut de la chaine alimentaire… Une parabole sur la bestialité de l’humanité, obligeant les survivants à « se nourrir sur le cadavre du vieux monde » (dixit Papagallo dans Mad Max 2). Une situation qui met en exergue les comportements les plus primaires…

Bien que le postulat soit purement fantastique, les attitudes et réactions des personnages sont tout à fait réalistes. C’est la force du cinéma de Romero.

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L’engouement pour les zombies dans le milieu de la bédé m’a jusqu’alors laissé indifférent. Le nombre de séries qui pullulent depuis quelques années me laissent perplexe quant à leur pertinence. Phénomène de mode auprès d’un public jeune, le zombie a plus de gueule que le vampire ou le loup-garou. Cependant, à force de tirer sur les grosses ficelles, les Zombies perdent de leurs forces d’évocation.

Aussi, lorsque le comics Walking Dead est sorti en 2007 chez Delcourt, je reconnais avoir fait preuve de préjugés, me disant que cette série devait être, comme beaucoup d’autres, bien décevante. Puis, l’adaptation en série TV, faisant l’unanimité pour ses qualités, m’a incité à lire le comics. Je voulais découvrir l’œuvre originale avant de voir l’adaptation. Et je dois reconnaître qu’il aurait été dommage de passer à coté d’une série de cette qualité.

Tout d’abord, que ce soit pour la série, le comics ou même le livre (L’ascension du Gouverneur), les codes « romériens » sont plus que respectés. Ce qui crée une complicité avec le lecteur-spectateur-amateur du genre. Kirkman explique (dans le volume  2) : « Pour moi, les meilleurs films de zombies ne sont pas les plus gores et les plus violents, ou ceux joués par des personnages abrutis et caricaturaux. Les bons films de zombies nous révèlent à quel point nous pouvons être déséquilibrés… ainsi que la situation de détresse dans laquelle se trouve notre société aujourd’hui. Bien sûr, ils amènent également leur dose de gore, de violence et pas mal d’autres choses fun… Mais il y a toujours en arrière-plan cette critique sociale. C’est pourquoi je préfère, et de loin, Zombie (Dawn of the Dead de Romero) au Retour des morts-vivant (Return of the Living Dead de Dan O’Bannon). »

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Une comparaison s’impose alors entre le comics et l’adaptation télé. Cependant, chacun doit s’apprécier à sa juste valeur, en fonction de ses qualités intrinsèques. La série doit se voir comme une version alternative, une autre manière de raconter la même histoire.

Les tenants et aboutissants sont globalement les mêmes, mais mélangés, croisés… Telle situation ne se déroule pas de la même manière, ni avec les mêmes personnages. Les protagonistes diffèrent : il en manque certains (Allen, Ben et Billy) et de nouveaux apparaissent (Daryl, T-Dog). Certains conservent leur importance (Rick et sa famille), d’autres deviennent plus anecdotique (Andrea), quand d’autres sont plus présents dans la série (Shane). Des situations du comics sont oubliées dans la série (le passage du Wiltshire Estates dans le volume 2) alors que d’autres n’y apparaissent pas (l’épisode du labo en fin de première saison).

Pour le comics, la narration est plus linéaire, usant d’ellipses nous laissant toute latitude pour combler les manques. Alors que la série joue de flash-back nous racontant l’avant, expliquant des choses qui sont laissées en suspend dans le comics (tel que la contamination ou le phénomène des hordes). La série tv explique là ou le comics suggère…

Au niveau graphisme, Tony Moore ouvre la série avec un style maitrisé, un peu trop humoristique à mon goût. Je préfère le noir et blanc expressionniste et crade de Charlie Adlard qui, à mon sens, sied bien mieux à l’univers nihiliste de Kirkman.

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La psychologie des personnages est plus aboutie dans la série. C’est le point faible du comics, les personnages ne sont pas assez incarnés, pas assez vivants, trop figés. On les découvre au fil des événements qui s’accumulent et montent crescendo. La série s’arrête sur la personnalité (souvent complexe) des personnages, dressant les portraits dès  l’introduction de chaque épisode.

Cependant, dans l’une ou l’autre version, les protagonistes sont constamment confrontés à des choix difficiles pour leur survie, et de ce fait, perdent de plus en plus de leur humanité. Car dans ce monde de chaos, où les vivants sont plus dangereux que les zombies, il est impossible de se rattacher à ses anciennes valeurs, de s’attacher à l’autre sans peur de le perdre.

Bien que ne lésinant pas sur les passages gores (zombies obligent), la série est plus politiquement correcte, moins nihiliste. Il y a plus d’espoir… Le rôle de Carl est à ce titre significatif. Il aurait été impossible, même dans une série pour adultes, de représenter tel quel ce qu’il vit et fait dans le comics…

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Le Gouverneur

Au final, un comics réussi donne naissance à une série réussie ! Les scénaristes (Kirkman est crédité au générique) ont sût renouveler cette histoire, en garder les grandes lignes dramaturgiques, tout en créant quelque chose de neuf, qui ne donne pas l’impression de déjà-vu !

Et la série télé risque de durer, puisqu’à la fin de la saison 2, l’histoire n’en est arrivée qu’au début du volume 3 du comics, qui en compte 15 pour l’instant… Kirkman le précise : « L’idée directrice de Walkind Dead est de rester proche des personnages et en particulier de Rick Grimes, aussi longtemps que cela sera humainement possible. Je vois Walking Dead comme la chronique de l’existence de Rick. On ne se demandera JAMAIS ce qu’il est arrivé ensuite à Rick, on y assistera. Walking Dead sera un film de zombie qui ne connaîtra pas de fin. Enfin… Pas avant un bon moment du moins. »

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Walking Dead sur bedetheque

http://walking.dead.free.fr/

Invitation à la Danse – Danijel Zezelj (Mosquito,1999)

Invitation à la Danse - Danijel Zezelj (Mosquito,1999) dans Chroniques BD 76149477

S’il faut citer de grands maitres du noir et blanc en bande dessinée, on pense aux brillantes figures du genre, tels que Hugo Pratt, Will Eisner, Alberto Breccia, Georges Pichard, Edmond Baudoin, Frank Miller, Jacques Tardi… Mais il ne faut pas être dupes, il en est d’aussi indispensables qui restent malheureusement dans l’ombre. Zezelj est clairement de ceux-là !

Ce sont deux articles (12) de Jean-Pierre Dionnet (sur son blog, qu’il n’a plus alimenté depuis un an, depuis la sortie du premier volume de sa saga Des dieux et des hommes !) qui m’ont attiré l’œil sur ce dessinateur exceptionnel.  Il n’est donc pas surprenant de voir Zezelj dessiner le troisième volume Des dieux et des hommes, qui vient de sortir chez Dargaud.

« Zezelj est encore un secret bien gardé, il oeuvra pendant le millénaire précédent mais il, on peut l’espérer, va enfin être révélé car il correspond pile aux temps passionnants que nous vivons désormais : il n’était par exemple pas dans les indispensables de l’année à Angoulême et il est édité depuis des années par ce formidable éditeur qu’est Mosquito.

Ce n’est certes pas un gamin. Il est né à Zagreb, en Croatie, dans une période troublée, et a été publié dès la fin des années 80. Là-bas d’abord, puis ensuite en Italie où il travailla pour Amnesty International et pour la télévision italienne et Federico Fellini que je cite, le remarqua immédiatement : « je suis fasciné par les perspectives menaçantes et fantomatiques de Zezelj et par la manière dont il utilise les histoires et les personnages pour exprimer une mélancolie générale et une destinée forcément fatale pour les personnages ».

Son dessin élégant, minimaliste, est digne des grands argentins des années 80, d’Alberto Breccia surtout, mais il est définitivement du troisième millénaire car il raconte, en nous faisant croire que c’est de la science fiction, ce qui se passe tous les jours, dans notre monde explosé. » (Dionnet, mars 2010)

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Cet Invitation à la danse, recueil de quatre nouvelles, constitue une très bonne porte d’entrée à l’univers de Zezelj, dont les références sont clairement affichées (Octavio Paz, Pasolini et Kafka). La puissance de son graphisme ne peut laisser indifférent. Ce contraste entre noirs intenses, parfois charbonneux, et blanc léger nous percute littéralement. Rarement la symbolique de ces non-couleurs n’aura été si subtilement employée : matière-lumière, présence-absence, Eros-Thanatos…

Zezelj joue sur les focales, entre des gros plans qui virent à l’abstraction, et des cadrages très cinématographiques, traités de manière quasi hyperréaliste. Son découpage vif apporte un rythme soutenu à des histoires urgentes.

El Sud, c’est l’histoire d’un déserteur qui sait à la veille de son exécution, grâce à la présence de sa bien-aimée, que la mort n’existe pas. Remarquable d’intensité, la véracité des scènes de combats se confronte à l’onirisme des sentiments partagés entre les amants.

Dans Le bouquet bleu (d’après une nouvelle d’Octavio Paz), Zezelj nous démontre toute sa virtuosité narrative. Un sombre quiproquo – un homme s’en sort in extremis, parce qu’il a la chance de ne pas avoir les yeux bleus ! – nous est raconté par une alternance de cases dessinées et de ‘cases textes’. Des doubles pages aux allures de damiers d’échiquier… Sur la dernière planche, un travelling avant nous emmène littéralement dans le papier, jusqu’au noir…

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Un attaquant de foot ne marque pas de but, car ça ne l’intéresse pas. Trois mafieux fomentent un mauvais coup. Deux marionnettes blaguent entre-elles. Un boxeur et son coach parlent métaphysique au coin d’un ring. Le parrain attend un message important. Un cartomancien reçoit une visite attendue. Un chat court jusqu’à 6, deux amants se disent au revoir dans un terrain vague. Un avion balance des poèmes… Il Volo – hommage à Pier Paolo Pasolini, est une succession de scènes magnifiques, sans liens, apparemment…

Un médecin de campagne est l’adaptation de la terrible nouvelle de Franz Kafka. Zezelj use d’une narration séquentielle plus linéaire, dans un genre expressionniste tranchant, qui sied à merveilles pour donner corps à l’univers absurde et fantastique de l’écrivain pragois.

Pour conclure sur cet ouvrage, une citation de Kafka lui-même, convenant parfaitement : « Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire  (…) Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois. » (Lettre de Kafka à son ami Oskar Pollak en 1904.)

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Ciné-concert John Carpenter (Le 12 février 2011 à l’Omnia)

Ciné-concert John Carpenter (Le 12 février 2011 à l'Omnia) dans Evenements culturels lbdc85584167e402cb3c90f

Soirée spéciale John Carpenter organisée par le cinéma Omnia et Le 106, ce samedi dernier. Une superbe occasion de voir The Fog et New York 1997 sur grand écran et dans leur jus, avec craquements, bandes qui sautent et une bande son qui parfois déraille. Apres visionnage de ces deux films, la soirée se poursuit par la projection du court-métrage qui sert d’introduction à la prestation du groupe Zombie Zombie. Un duo (claviers et batterie) qui revisite à la sauce « krautrock » la musique de Carpenter. Une musique électronique minimaliste dont l’intensité monte crescendo, reposant sur quelques accords répétitifs et la superposition de boucles rythmiques. Halloween, The Fog, New York 1997, Christine… Même The Thing, dont la BO n’est pas de Carpenter mais d’Ennio Morricone, est revisité par le groupe, dans le cadre du court métrage d’animation absolument génial : Driving this road until death sets you free, un remake de The Thing fait avec des GI Joe !

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La séance débute donc avec The Fog, troisième film du réalisateur, sorti en 1980. Un film « mineur » dans sa filmographie, mais qui concentre tout le savoir faire du Maitre : éléments fantastiques qui s’immiscent dans un quotidien des plus banal, ambiance oppressante qui monte crescendo, réalisation sobre, aux effets maitrisés. Film d’un grand classicisme (aucun second degré), tant dans sa forme que son contenu. Cette histoire de fantômes pirates, venus récupérer leur or volé cent ans auparavant par les descendant de la communauté d’Antonio Bay, s’inscrit dans la grande tradition de la littérature fantastique du 19ème siècle, avec les thèmes classiques de la trahison, du complot, du crime odieux, de la vengeance d’outre tombe… Le film s’ouvre d’ailleurs sur une citation d’Edgar Alan Poe. Le brouillard est ici un personnage à part entière, dont les apparitions rendent le climat de plus en plus intense, oppressant. Un film à l’esthétique vraiment superbe.

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New York 1997 est rapidement devenu un film culte, un des meilleurs dans le genre anticipation « post-apocalyptique », sorti à cette époque post-punk (1981), dont l’attitude nihiliste de Snake Plissken reflète parfaitement l’esprit. Dans ce film, Carpenter fait cette fois preuve d’ironie, de dérision. Une référence clairement affichée au Western, par la présence de Lee Van Cleef. Snake est l’archétype même de l’antihéros, individualiste, qui n’agit que dans son propre intérêt, ou sous contraintes. Le discours politique que sous-tend le film reste d’une effrayante actualité. Comment ne pas voir en ces prisonniers reclus sur l’île-prison une allusion directe aux exclus et aux opprimés de nos sociétés modernes. Sans parler de l’aspect « prémonitoire » de la scène d’ouverture où des terroristes détournent l’avion présidentiel pour s’écraser sur une tour. Un film fort, sans concessions, dont les ambiances nocturnes servent parfaitement la dimension « crépusculaire » du récit… 

Avec le temps, il s’avère que le cinéma de Carpenter, qui était à l’époque un cinéma de genre, est devenu un cinéma « classique », prisé par les intellectuels. Alors que ses intentions premières n’étaient certainement pas de devenir un artiste incontournable du 7ème art, mais un artisan produisant des œuvres honnêtes et efficaces. Mais l’un n’empêche pas l’autre et il est clair que « Big John » a permis d’apporter ses lettres de noblesses au genre fantastique, et influencera encore de nouvelles générations d’artistes…

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HERGE (2ème partie) – Pierre Assouline (Folio Gallimard, 1998)

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Je referme cette riche biographie avec le sentiment d’avoir enfin découvert Hergé. Un homme avec ses qualités (patient, candide, affable, modeste, fidèle en amitié…) et ses défauts (orgueilleux, égocentrique, puritain, colérique, fuyant les conflits, maniaque…). Un personnage ambigu dans ses relations aux autres mais pourtant très clair vis à vis de lui même. Un angoissé, qui dans le fond n’aura qu’une obsession, atteindre la sagesse et la pleinitude. Il deviendra au fil du temps un érudit en matière de philosophie orientale (le Taoisme en particulier), d’ésotérisme et de parapsychologie (grâce à sa rencontre avec Jacques Bergier, co-auteur du livre Le Matin des Magiciens, et de la revue Planète). Un artiste qui tentera d’autres expériences (la peinture, le cinéma en cherchant à adapter Tintin…) mais qui reviendra toujours à la bande dessinée, car en bon perfectionniste qui se respecte, il se rend compte que c’est véritablement dans ce domaine qu’il excèle.

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 Hergé par Jacobs

J’ai appris également qu’Hergé n’était pas un dessinateur isolé dans une tour d’ivoire, mais un amateur éclairé qui; à la fin de sa vie, s’intéresse grandement à ce qui se fait dans la bande dessinée moderne. Il est très ouvert d’esprit et apprécie à leur juste valeur les productions de la nouvelle génération, des auteurs qui se situent pourtant aux antipodes de son oeuvre. Pierre Assouline nous raconte : « Il tiens Sempé pour le La Bruyère du XXème siècle, et sous la plume de cet honnête homme, il n’est pas de plus beau compliment. Les planches des Frustrés de Claire Bretécher sont d’une férocité et d’un pathétique qui l’enchantent et lui procurent un vrai bonheur de lecture, qu’il s’agissent des dessins ou des dialogues. En dehors d’hommes comme Jacobs, Cuvelier, Schulz ou Johnny Hart, qu’il considère déjà comme des classiques ,Hergé loue volontierles qualités d’artistes tels que Jean Giraud dit Gir dit Moebius, Hermann, Gébé (« qui n’a que du talent »), Franquin (« prodigieux dessinateur »), Gotlib ou Raymond Macherot, le créateur d’Anthracite et de Chlorophylle, qu’il juge l’égal de Walt Disney dans sa manière de camper le caractère des animaux. Il lit d’une traite Les Six Voyages de Lone Sloane, un héros auprès duquel Tintin lui paraît excessivement bourgeois et raisonnable. Son auteur Philippe Druillet est un des rares, selon lui, à donner une dimension nouvelle à la BD, plus proche de l’onirisme que du fantastique. Il se délecte de ses grandes images « à la fois précises, minutieuses et fulgurantes où tout fuse et explose dans une sorte de délire graphique ». Quant à Jean-Claude Mézières, qu’il peut se flatter d’avoir repéré dès l’âge de 15 ans, Hergé se dit impressionné par se capacité d’invention et sa puissance de composition. Après avoir lu L’Ambassadeur des ombres, les Oiseaux du maitre, Le pays sans étoiles ou l’Empire des mille plamètes, il va même jusqu’à évoquer Jérôme Bosch et Gustave Doré, c’est dire !

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Tintin par Moebius

Mais à ses yeux, Fred, pilier de Pilote où il dessine Philémon et scénarise Timoléon, demeure largement au-dessus du lot. Pour sa faculté à se dégager de l’influence américaine. Pour la dimension poétique et la lisibilité de son dessin. Pour son irrespect à l’endroit des institutions. Pour sa faculté de faire croire à l’incroyable. Et pour ce mélange de surréalisme, de loufoque, d’inquiétude, d’absurde, de logique qui n’appartiennent qu’à lui.
Pour être ouvert à la culture d’une autre génération de dessinateurs, Hergé n’est pas pour autant prêt à accepter n’importe quoi. Ni jeuniste, ni démagogue, il met un frein à ses enthousiasmes. Peu lui chaut de passer pour conservateur. Il distinguera toujours les créateurs des fabriquants. Et les artistes du reste des fournisseurs. En fait, seuls la vulgarité, la confusion et le travail bâclé le choquent vraiment. Ainsi, en découvrant un paquet de bandes dessinées underground expédié d’Amsterdam, il ne le récuse pas globalement. Il apprécie les dessins de Robert Crumb et parvient même à trouver « intéressantes » les bandes les plus pornographiques tant leur agressivité, leur bonne humeur et leur exagérations les rendent finalement comiques ».
Ces attraits pour les auteurs modernes nous en apprend bien plus sur lui, sa personnalité, son ouverture d’esprit… Bien plus qu’une enième analyse.

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Hommage de Tibet

Mister Moebius et Docteur Gir – Numa Sadoul (Albin Michel, 1976)

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Coté pile, Jean Giraud, dessinateur prodige qui a dépassé le maitre Jijé dans le genre Western. Coté face, Moebius, montrueux artiste visionnaire et illuminé. Coté « tranche », Gir, qui apparait aussi bien au bas de certaines planches de Blueberry, que d’autres plus fantastiques de Moebius. Jean Giraud semble avoir maintenant abandonné Gir pour ne plus vivre que la « saine » et prolifique dualité Giraud-Moebius (en témoigne l’apparition de Blueberry aux cotés d’Arzack dans son Inside Moebius). Et s’il y a une constance dans toute son oeuvre, une obsession, un symbole que l’on retrouve quasiment partout, c’est le désert (comme par hasard, une de ses dernières créations s’intitule 40 Days dans le Désert B , qu’il signe d’ailleurs Jean Giraud/Moebius !).

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Photo de famille…

Ce recueil d’entretiens, comme toujours parfaitement menés par Numa Sadoul, a été réalisé en 1974. On a donc affaire à un Moebius qui, bien que venant de rencontrer Jodorowsky, n’a pas encore véçu l’échec du projet Dune, ni même produit le culte Incal. Le Moebius des années 60 – début 70 n’oeuvre pas encore dans la science fiction et l’ésotérisme. Parues à l’époque dans Hara-kiri, ses planches sont plutôt humoristiques et absurdes (flirtant tout de même avec le fantastique), très influencées par l’école Mad et en particulier Wallace Wood. C’est à partir de son Bandard fou (ouvrage porno mais graphique !), suivi de La Déviation (considéré comme la première grande oeuvre de Moebius, bien qu’elle soit signée Gir) et surtout Arzack, publié dans les premières pages de Métal Hurlant, que Moebius entre de plein pied dans les visions magiques et hallucinées de la Science Fiction.

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Tome comprenant les premières planches de Moebius…

Cet ouvrage vaut aussi pour les nombreuses illustrations, souvent inédites, qui jalonnent ces comptes rendus dans lesquels Giraud reviens sur son parcours, parle sans tabous de la marijuana (ainsi que de ses trips chamaniques à base de peyotl) et aborde ses projets futurs, qui pour nous, magie de la temporalité, sont passés (on sait par exemple que le projet Dune n’aboutira jamais, mais qu’il bossera sur Alien, Tron, Willow ou plus récemment Le cinquième élément). Ce décalage n’est pas gênant car ses propos sont toujours percutants. On retrouve dans ces entretiens le dessinateur qu’on connais encore maintenant. Un Artiste entretenant une part de mystère, qui se cherche à travers son oeuvre et établi de constant va-et-vient entre le style structuré et référencé de Giraud, et celui plus instinctif et spontané de Moebius.

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Ce livre m’a paru s’imposer pour trois raisons. Primo, Jean Giraud est l’un des plus grands dessinateurs du monde, pour ne pas dire le plus grand. Secundo, c’est aussi un raconteur d’histoires, un inventeur de monde, bien que cette activité parraisse moins évidente que la première. Tertio, Giraud est probablement à un tournant de sa carrière : commençant à faire du cinéma – Dune, avec Alexandro Jodorowsky -, il se met un peu en « vacance » de la BD. Le moment est donc particulièrement opportun pour tenter de dresser une sorte de bilan de vingt ans de carrière. La nature de Jean Giraud est double. Qu’on me pardonne de faire appel une fois encore au mythe (bien complaisant !) de Jeckyll/hyde mais il y a beaucoup de cette dualité chez lui. D’un côté, Mister Moebius, face originelle et naturelle du personnage ; de l’autre côté, Docteur Gir, masque habilement placé pour des histoires western, mais aujourd’hui en passe de tomber complétement, au profit du vrai visage. Je vais vous emmener promener à travers ces deux mondes complémentaires et parfois divergents, en commençant toutefois par le docteur Gir car celui-ci est le « double », c’est à dire le moins authentique témoignage de l’art de Jean Giraud. Un mot encore. Cet auteur est avant tout un graphiste ; il est donc bien normal de faire ici la part belle à l’image et de remiser au vestiaire l’analyse (et/ou) le bavardage. Veinards que vous êtes, on ne vous infligera pour une fois pas trop de texte !… Je vous souhaite de vous en mettre plein la vue. (Numa Sadoul en préface).

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