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Top, Or…

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C’est vrai qu’il est régulièrement réédité le bougre. Et à chaque fois, j’ai l’impression d’une nouvelle rencontre. Normal me direz vous, puisse qu’il est multiple et a œuvré dans d’innombrables champs. On en découvre encore. Un dingue indomptable, qui ne supporte aucunes barrières. Qui grave les mots et les formes avec la même désinvolture. Qui laisse dans le marbre les traces de son incompréhension du monde. Qui sublime l’horreur pour mieux la dénoncer…

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Les éditions Wombat continuent leur superbe travail de réédition des œuvres de Roland. Après La plus belle paire de seins du monde en début d’année, ils s’attellent cette fois ci à un aspect peu connu de l’artiste : auteur de bande dessinée. Strips panique regroupe toutes ses histoires par la bande (dont l’intégrale de La vérité sur Max Lampin), qu’il a semé tout au long de sa prolifique carrière (de 1962 à 1996). Étonnant pour quelqu’un qui, de son propre aveux, n’a jamais vraiment été attiré par la neuvième chose. Ses histoires ont plutôt la forme des illustrés d’antan (texte en cartouche sous le dessin ou format strip des quotidiens presse) que des planches BD modernes. A l’exception notable de P’tite Mort, diffusée dans le premier numéro du Psikopat. Comme s’il associait le neuvième art à ses lectures d’enfances, et ne le considérait pas comme un mode d’expression important. Dommage pour les fans comme moué, ils nous restent à imaginer ce qu’aurait pu donner un roman graphique de Topor…

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Autre aspect plus connu, mais qui méritait bien une anthologie d’au moins 360 pages, c’est le Topor dessinateur de presse. Depuis son premier dessin publié en couverture de la revue Bizarre en 1958, puis dès 1961 dans Hara-Kiri, on sait le Roland fidèle à cette discipline, dans laquelle il est rapidement devenu un maître de l’humour noir et surréaliste. Un espace très codifié (lien avec l’actualité, parfaite lisibilité…) qu’il pervertit de l’intérieur en y injectant une forte dose d’obsessions et fantasmes. De grands « coups de poings dans la gueule » comme le dit Jacques Vallet en préface. Un magnifique ouvrage des Cahiers Dessinés.

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Le romancier et critique littéraire Salim Jay dit Merci Roland Topor. Merci à l’ami, à l’homme, à l’artiste. Un récit de prime abord décousu, reposant sur une succession de souvenirs et de thèmes sans rapport apparent (Topor face à Dieu, la Belgique, la philosophie, Godard et Duras, le Mexique…) mais qui dans le fond, dresse un panorama plutôt complet de l’artiste. Souvenirs de lecture des œuvres de Roland, souvenirs de personnes l’ayant rencontré ou écrit sur lui, Salin Jay convoque un casting aussi improbable que celui des Mémoires d’un vieux con, dressant ainsi ce qu’on pourrait nommer un « réseau Topor ». Salim ne cache pas son admiration (partagée) et rétabli quelques contre-vérités, le tout dans un style tendre et franc. Une écriture confidente qui rend la lecture passionnante.

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Chronique K.BD – Moi René Tardi, Prisonnier du Stalag IIB

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Qu’elle soit le sujet principal ou la toile de fond de ses récits, la Der des Ders hante Jacques Tardi depuis des lustres, de Brindavoine à C’était la guerre des tranchée, sans oublier les deux volumes de Putain de guerre ! Si au fil du temps, Tardi est devenu un spécialiste en la matière, on ne peut réduire son œuvre à cela et occulter tous les autres aspects de son incroyable production (adaptations littéraires, saga feuilletonesque, récits fantastiques, illustrations… Nous ne sommes pas étonnés de le voir enfin s’attaquer à la Seconde Guerre mondiale. Et quel meilleur prétexte pour aborder la « 39-45 » que de raconter le vécu de son propre père. Un travail de mémoire, toujours, mais également un travail de réhabilitation, de compréhension. Comprendre enfin ce qui a pu rendre ce père si aigri envers ses semblables, si haineux de la nation.

A la différence de ses autres récits de guerre, celui-ci l’implique directement, puisqu’il concerne son père, à qui il a demandé de raconter son expérience de prisonnier de guerre. « J’ai lu ces trois cahiers d’écolier couverts d’une écriture fine, quelquefois difficile à déchiffrer, avec des croquis explicatifs pour combler ce que les mots laissent d’imprécis et que seul le dessin pouvait rendre évident. J’ai lu ces trois cahiers, les ai rangés dans une boite avec des photos qui avaient un rapport avec cette époque. Je me suis dit qu’un jour j’en ferais quelque chose, que je raconterais tout ça en mettant des images sur son texte… »
L’ouvrage ne s’appuie pas que sur un travail de recherche (domaine dans lequel il excelle), il se rapproche plus du témoignage direct illustré. Il évite ainsi l’écueil du documentaire en y induisant une dimension romanesque.

Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag II B est un récit de guerre, mais aussi un récit du monde carcéral, vu de l’intérieur. C’est pourquoi il trouve sa place dans cette thématique de mai. L’humiliation, le confinement, la routine, la misère, la faim, les maladies, les souffrances de l’enfermement, l’espoir de la fuite… les conditions de vie d’un camp de prisonniers sont authentiquement décrites. Un témoignage précieux, emprunt d’émotions graves, qui ne manque pas de drôlerie pour autant. Zaelle apprécie le ton parfois léger du récit, quand par exemple « René Tardi raconte les mille et une petites choses que les prisonniers de guerre avaient imaginé pour rendre fous leurs gardiens ». Lunch a raison : « le récit ne se veut pas défaitiste, volontiers amer et rancunier certes, mais il entretient toujours une notion d’espoir et de lucidité sans s’apitoyer sur des conditions de vie déplorables ».

Les choix narratifs de Tardi soulignent cette dimension émotionnelle et intime, lui permettant de mettre en scène un dialogue filial qui n’a jamais eu lieu. Il s’implique directement dans l’histoire, se représentant sous les traits du jeune homme qu’il était à l’âge où il se posait ces questions, qu’il n’a jamais eu l’occasion d’aborder avec son géniteur. Une posture de Candide qui l’autorise à des propos naïfs, appelant un char un tank, insistant lourdement sur l’hypothétique évasion du paternel…

Cet échange père-fils comme principe de narration est le seul point de cet album qui ne fasse pas l’unanimité. Zaelle et moi-même trouvons cette approche riche et originale, Badelel est admirative devant ce joli tour de passe-passe qui nous sauve d’une voix off qui aurait pu être plate. Yvan et Legof eux, n’ont pas accroché et ont préféré la deuxième partie du récit, plus descriptive. Lunch trouve ce dialogue post-mortem plutôt troublant.

De cette manière, Tardi installe une distance juste et confortable pour raconter dans les détails les conditions d’incarcérations de ces nombreux prisonniers. Yvan souligne qu’à la différence de ses autres récits de guerre, il nous met ici dans une posture de spectateur plutôt appréciable. Nous sommes les témoins indirects des événements décrits, sans induire de phénomène d’identification forte au personnage principal. Même si Legof a raison d’évoquer de fait qu’il est fort possible qu’au moins un membre de notre famille ait connu cela sans qu’on ne le sache vraiment.

Cette mise en page stricte de trois cases panoramiques par planche me semble une bonne idée. Car cette contrainte l’oblige à jouer sur les focales (plan d’ensemble, plan américain, gros plan…), ce qui rend la lecture fluide et dynamique. A l’inverse, Badelel considère que « le découpage systématique en trois bandes par page assez habituel chez Tardi maintient un côté statique et documentaire à l’ensemble qui n’aide pas intégrer la dimension émotive du discours ». Il se dégage une impression de succession de photos d’époque. Impression d’autant plus renforcée par le choix d’une coloration (réalisée par sa fille Rachel) faite de marron-gris et d’ocres, conférant un aspect sépia, vieillot et sombre qui colle parfaitement à l’époque.

Graphiquement parlant, Tardi a depuis longtemps abouti à son vocabulaire pictural. Cette ligne claire qui s’attarde sur les sombres aspects de l’âme humaine. Même si ici, il focalise peu sur les horreurs et s’intéresse plus aux vivants. Car nous connaissons le dénouement de l’histoire, nous savons que son père s’en sortira. Mais à quel prix ? Seul Tardi et les siens le savent réellement. Et nous surement, dans le deuxième volume en préparation. Car en effet, comme l’évoquent très justement Lunch et Badelel, c’est seulement à la dernière case que l’on prend connaissance d’une suite, qui n’a été annoncée ni par l’auteur, ni par l’éditeur.

Si, au niveau de la forme et des choix narratifs de Tardi, les avis divergent, nous sommes tous d’accord pour dire que cet album est un témoignage précieux, sortant de l’oubli un pan peu glorieux de notre histoire moderne.

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 Lire l’article sur K.BD

Megaskull – Kyle Platts (Nobrow, 2012)

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Durant les années 60-70, bon nombre de dessinateurs undergrounds ont expérimenté la bande dessinée sous prise d’acides (relire d’anciens numéros d’Actuel). C’était la grande époque du psychédélisme et des fanzines marginaux (aux Etats Unis et en Europe). Le résultat était la plupart du temps illisible, tant au niveau de la forme (planches totalement déstructurées, des formes et des figures improbables) que de la narration, qui se perd dans une succession incohérente de scènes ne répondant à aucune logique, si ce n’est celle du trip de l’auteur. De fait, la plupart de ces productions n’ont d’intérêt que comme « performances », à resituer dans leur contexte (même celles de Crumb).

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Le Megaskull de Kyle Platts évoque à plus d’un titre cette BD sous stupéfiants. Avec ces couleurs flashy et acidulées qui ne respectent rien, ces compositions hyper saturées (aucun espaces, aucun blancs), ces figures toutes droites sorties d’un cerveau déjanté (avec ces gueules improbables à la dissymétrie dérangeante). Mais là où s’arrête la comparaison, c’est dans la maitrise du médium. Car Kyle Platts sait parfaitement ce qu’il fait. Certes ses histoires et ses personnages sont plutôt perturbés et perturbants, ils n’en demeurent pas moins cohérents. Un univers qui se suffit à lui-même, entre autofiction et science-fiction, abordant par l’absurde les thèmes graves de l’aliénation, du temps qui passe, de la mort…

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« Un amoureux transi aux yeux puants, un Forrest Gump du cyclisme, une tragédie à l’ANPE de l’espace, la véritable histoire de la conquête de l’Ouest américain (en juste 5 pages!), plusieurs opérations chirurgicales de l’extrême, et 22 façons pour un hamster d’en finir avec la vie. » (Site de l’éditeur). Ces courtes histoires « qui tuent » – mettant en scène des losers, déviants, freaks et autres extraterrestres – passent au crible nos comportements de primates conditionnés. Platts use de ce graphisme « maladivement » enfantin (qui m’évoque des dessinateurs du Psiko tels qu’Ivars, Caritte, Texier ou Sirou) et de cet humour noir « so british » (très distancié), pour nous jeter en pleine face toute la laideur de notre monde moderne.

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Spaghetti Brothers Vol.2 – Mandrafina & Trillo (Vents d’Ouest, 1995)

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La bande dessinée argentine est aussi vieille que ces consœurs américaines et européennes, leurs parcours sont similaires et contemporains. D’un simple divertissement diffusé dans la presse quotidienne et hebdomadaire du début du vingtième siècle, elle prend de l’importance aux yeux des lecteurs d’après guerre, au point de posséder ses propres revues spécialisées, et d’être enseignée dans les écoles (avec Hugo Pratt ou Alberto Breccia comme professeurs à la fameuse Escuela Panamericana de Arte). De grands maîtres du neuvième sont argentins, des humoristiques (Quino, Copi, Mordillo…) aux réalistes (Breccia et Oesterheld, Salinas…). Sans oublier des francs-tireurs comme Munoz et Sampayo. Trillo et Mandrafina assurent magistralement la relève.

Spaghetti Brothers, un titre plutôt caricatural et réducteur. Car au-delà du clin d’œil à cette spécialité culinaire qui précise l’origine des protagonistes (surnom péjoratif répandu à l’époque), c’est oublier que la famille est plus large et comprend également deux sœurs (Caterina et Carmela) et un neveu (James), qui ont toute leur importance dans l’histoire.

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Après, il est vrai que cette saga – une suite de petites histoires qui s’entrecroisent et dressent un panorama plutôt savoureux des drames vécus par une famille italienne installée à New York – met principalement en scène les trois frangins, représentant chacun les trois pouvoirs de la cité : L’ainé, Amérigo Centobucchi, est un gangster patriarche, craint et réputé. Tony le benjamin est policier, plutôt loser. Quant à Frank, qui régule et tempère les situations, pas étonnant qu’il soit curé. Il est la caution morale face aux dérives des membres de sa famille.

Mandrafina perpétue cette manière de faire si caractéristique de l’école argentine : une rapidité d’exécution (issue du rythme soutenu des publications périodiques), un trait nerveux qui va à l’essentiel. Une mise en scène dynamique, d’une grande lisibilité. Les visages sont expressifs, racontant en un coup d’œil les émotions vives des personnages. Le noir et blanc est strict (pas de gris) et contrasté.

Un graphisme dit réaliste, mais qui à bien y regarder, oscille entre une représentation quasi hyper-réaliste (pour les décors ou les postures) ou caricaturale – pour mettre en exergue les situations extrêmes ou en accentuer le côté burlesque.

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Le rythme de la narration est l’un des atouts de cette série. Prenant le temps de développer les situations et la psychologie (plutôt agités) des personnages, tout en apportant un découpage elliptique qui renforce la dimension feuilletonnesque de l’ensemble. Sur fond de règlement de compte mafieux avec le clan des irlandais, ce deuxième volume de Spaghetti Brothers raconte avant tout un drame fraternel : deux frères sont amoureux de la même femme, qui décide de se marier avec le plus fortuné, Amerigo, plutôt qu’avec celui qu’elle aime, Tony.

Une série dont le contexte (le milieu mafieux des années trente aux USA), la forme très théâtrale (avec cette succession de scénettes) et le ton tragi-comique n’est pas sans m’évoquer le génial Torpedo. D’ailleurs, Trillo a collaboré régulièrement avec Bernet. On ne serait pas étonné de voir Torpedo travailler pour Amerigo…

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Brèves de chroniques #2

Un petit tour vers l’OuBaPo fait toujours du bien. Par ces contraintes les plus inventives et loufoques, on s’amuse (auteurs et lecteurs) des possibilités infinies du médium.

Mon Lapin n°4 (L’Association, janvier 2014)

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Étienne Lécroart prend les rênes du Lapin de janvier et propose à ses camarades (32 pour ce numéro) l’exercice de l’aveuglette. Une pratique qui consiste à réaliser une planche dont la structure et les situations de chaque case sont précisément décrites, sans pour autant raconter l’essentiel. S’appuyant sur une planche de Reiser, il dresse le mode d’emploi en quatrième de couv’. Pas sûr que tous les invités ne connaissent la planche originale, ce qui rend l’exercice d’autant plus intéressant. Une riche variété de styles et de thématiques. Si certains s’amusent de la consigne de Lécroart (Michel Galvin, Ibn Al Rabin) et se mettent en scène en train de réaliser la planche que nous lisons (Bruno Heitz, Marc Antoine Mathieu), la grande majorité des participants s’appuient sur le canevas imposé pour partir dans des délires narratifs et visuels (Benoît Jacques, Morvandiau, Mathieu Blanchin, Philippe Coudray, Jochen Gerner, Valoni…). L’Association vient également de publier les derniers travaux collectifs de l’OuBaPo avec Le Journal directeur

Wallstrip – Rapport d’activité (Onapratut, 2010)

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Wallstrip est un ouvrage collectif qui compile un ensemble de strips réalisés lors de divers atelier-performances initiés par l’association Y’en A (créée par Stephane Girod). Le principe est de soumettre aux participants un strip-vierge, composé de trois cases, de silhouettes et de bulles vides. A chacun de le compléter en ajoutant des visages, des décors, des textes. Le but est de réaliser un gag avec, si possible, une chute. Y’en A et les éditions Onapratut ont sélectionnés pour l’occasion plus de 200 strips parmi les quelques 2000 réalisés au total. Si pour certains, on retrouve la structure imposée du strip original, d’autres la transforment totalement, au point de devoir chercher les traces de la trame d’origine. On y retrouve des auteurs confirmés (Frèd, Pochep…) et adeptes des expérimentations oubapiennes (Baladi, Lécroart…), ainsi que des amateurs et des visiteurs. L’ensemble est plutôt variés, allant du plus banal au plus impressionnant (mention spéciale à André H. Pistego). Trois sortes de strip-vierges sont proposés dans cet ouvrage. Trois autres sont à télécharger sur le site Y’en A.

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Le pays du silence – Tony (L’Egouttoir, 2011)

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Moins collectif mais tout autant oubapien est Le pays du silence de Tony, réalisé lors des 24 heures de la bande dessinée de Grandpapier et des 9ème rencontres Periscopages (mai 2010). Au delà de réaliser 24 planches en 24 heures, l’autre contrainte était de s’appuyer sur un extrait sonore (qu’on ne peut malheureusement plus écouter sur le Blog de Grandpapier). D’où la présence de notes de musique dès la couverture. Ce n’est pas un problème de ne pas connaître l’illustration sonore, les dessins se suffisent à eux même pour évoquer la musicalité des choses. Avec son graphisme pictogrammique, aux figures empruntées aux panneaux signalétiques, Tony crée sa petite musique au tempo varié. Il perturbe la temporalité du récit et nous amène à réfléchir sur le processus de narration (sens de la lecture, rétroactivité…), la structure de la planche (séquentialité…). Cinq scénettes qui luttent contre la standardisation des comportement. Bruyant et brillant !

L’Egouttoir

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Du beau, du bon, des bds…

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