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J’aime pas… (éditions Hoëbeke)

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La sympathique collection J’aime pas des éditions Hoëbeke donne carte blanche aux auteurs pour se lacher sur un sujet qui les insupporte.

On le sait depuis son claudiquant sur le dance floor, Luz n’aime pas n’importe quelle musique. Il n’aime surtout pas la chanson française. Non pas ses grands classiques qui, de Gainsbarre à Brassens, jusqu’à Dominique A ou Arthur H, méritent notre estime. Non, plutôt cette « nouvelle nouvelle chanson française », incarnée par le plus insupportable de tous : Vincent Delerme, le chantre de l’insignifiant, qui nous assène à longueur d’albums sa litanie des petites préoccupations de l’intime. Les scènes de dialogues entre Delerme et son nombril Bibile sont, à ce titre, fort savoureuses. Benabar, Biolay, Cali, Obispo, Raphael, Aubert, Renaud, mais aussi Yvette Horner, tous en prennent pour leur grade. Que du bonheur…

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Florence Cestac n’aime pas les gens qui se la pêtent et se prennent pour ce qu’il ne sont pas. Le mari parfait, la psy de service, l’adolescente blessée, l’écolo modèle, le grand artiste, le détenteur du bon goût français… Avec son humour gentillement mordant (et son inimitable style « gros nez »), Cestac nous venge de tous ceux qui nous pourrissent la vie au quotidien. Ces insupportables qu’on aimerai remettre à leur place, mais nos bonnes manières (plus surement notre manque de courage) nous en empêche.

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Alévêque et Large eux, n’aime pas la crise. Comme tout le monde me direz-vous. Cependant, les textes d’Alévêque nous confortent dans l’idée que ce n’est pas la crise pour tout le monde, que certains s’en goinfrent royalement, que les plus touchés sont encore et toujours les plus démunis.

S’il pensait nous faire rire, c’est plutôt raté. Non pas qu’Alévêque soit mauvais, au contraire, il est actuellement l’un des meilleurs humoristes politiques engagés (avec Didier Porte et Thierry Rocher), usant de cette prose redoutablement lucide et de ce sens aigu de la chute qui, pour nous faire sourir, nous renvoie à notre condition de pauvre (con). Ce sont les thèmes qu’il aborde qui ne prêtent pas à rire. Heureusement que Large apporte un peu de couleurs à cette grisaille.

Alévêque n’invente rien. Il fait des liens, met en corrélation des informations pour nous éclairer sur les réels enjeux de cette crise, pointant les aberrations de nos classes dirigeantes (politique, finance), dénonçant les dérives du système libéral. On peut ne pas être d’accord, dire qu’il fait des raccourcis. Perso, j’adhère pleinement à sa manière de présenter les choses. Alévêque est un véritable humoriste, espèce rare. Il ne nous brosse pas dans le sens du poil, il nous colle un bon coup de pied au cul !

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Nenette cherche un sens – Catherine Genest (Mécanique générale, 2006)

Nenette cherche un sens - Catherine Genest (Mécanique générale, 2006) dans Chroniques BD nenetteimg1

Dans sa forme, qu’est ce qui distingue une bande dessinée d’un autre livre ? Un format standard (le fameux 48cc) ? Des pages qui sont des agencements de cases ? Des dessins associés à des mots ? Des personnages qui s’expriment dans des phylactères ? Un graphisme lisible et compréhensible pour tous..?

Au premier coup d’œil, excepté de par son format (21×29 broché), cet album ne ressemble pas à une bande dessinée. Point de cases, ni de phylactères. Un seul dessin en pleine page, quelques mots qui s’incrustent dans des images aux couleurs criardes et baveuses… Par facilité, on dirait « roman graphique ». Ou récit illustré, plutôt que narration séquentielle.
Pourtant, elle est présente, la séquence. Suffisamment pour générer un fil conducteur cohérent entre les pages…

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Le graphisme aux motifs exagérés et aux hachures excessives raconte bien mieux que des mots le mal-être de l’héroïne, dont on ne sait de quelle mal elle souffre. Un style expressionniste, qui en dit long sur le personnage principal et sa perception du monde.

Tout en impressions, sans aucun pathos mais non sans malaise, on accompagne Nenette dans une succession de tranches de vie (à l’hôpital, dans un bar, une galerie d’art, le supermarché, chez le docteur, à la bibliothèque, au concert…) qui recèlent bien plus de richesse que ne semble le croire l’héroïne. Catherine Genest n’explique rien et nous laisse toute latitude pour interpréter les sentiments de Nenette.

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Petite, pâle et chétive, avec de grands yeux tristes et profonds, Nenette ne respire pas la joie de vivre et semble absorber tout le spleen de la ville. Elle s’arrête sur des détails qui nous sembleraient insignifiants. Par exemple, elle voit la ville qui fatigue « car ses couleurs s’exilent vers les égouts ». Comme elle le dit, elle cherche peut-être un peu trop profondément, au risque de se perdre. Étrangère à ce(ux) qui l’entoure(nt) – sentiment admirablement retranscrit, en représentant toutes les personnes que Nenette croise en silhouettes sans visages – elle erre dans sa vi(ll)e à la recherche de quelque chose qui semble constamment lui échapper.

Comme le titre l’indique, Nenette cherche un sens à sa vie, une réponse à son mal-être. Du moins, en donne t-elle l’impression. Mais le sait-elle vraiment ? Car la seule chose qu’elle verbalise, c’est la « recherche de la légèreté dans le métal » ! C’est peut-être pour cela qu’elle apprécie le concert des Electre Me, qui la met dans un état de plénitude, voire de béatitude… Le récit se termine d’ailleurs sur le portrait de Nenette en gros plan, les yeux fermés… A-t-elle enfin trouvé ? On reste perplexe…

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Une manière très personnelle de raconter en traits et en couleurs un récit sur la maladie, l’isolement, le mal-être. Catherine Genest s’est totalement appropriée l’outil bande dessinée pour le pervertir de l’intérieur, le pousser dans ses limites, dérangeant ainsi le lecteur dans ses habitudes. Elle bouscule les frontières entre fond et forme, dessin et écriture, art graphique et art plastique, sobriété et expressivité, chronique urbaine et journal intime…

Un album remarquable en tout point (papier de belle qualité, rendu superbe des couleurs…), édité par Jimmy Beaulieu et sa Mécanique Générale, qui nous propose une approche riche et différente de l’art neuvième, imposant le Québec comme un territoire incontournable de l’expression « par la bande » (après avoir lu cet article convainquant, j’éviterai dorénavant d’employer le terme « bédéesque »).

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http://cgenest.com/portfolio/

Mécanique générale

Le grand pouvoir du Chninkel – Rosinski & Van Hamme (Casterman, 1988)

Le grand pouvoir du Chninkel - Rosinski & Van Hamme (Casterman, 1988) dans Chroniques BD grandpouvoirchninkel01

Au début des années 90, tout amateur de bande dessinée se devait d’avoir lu le Chninkel. A peine sorti en 1988 que cet album est devenu culte, incontournable. Pour ma part, j’ai du me forcer à l’époque pour entrer dans cette aventure car, d’une part, je n’ai jamais été attiré par Thorgal de Van Hamme et Rosinski et, d’autre part, je n’aime pas l’Héroic Fantasy ! Ca fait beaucoup de réticences à découvrir le Chninkel. Mais j’ai franchit le cap, ai laissé de côté mes aprioris et suis entré de pleins pieds dans les pas de J’on ! Sans regretter une seconde car, à peine commencé ce « one-shot », on ne peut plus le lâcher.

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Dans cette épopée, Van Hamme à créé un univers, une atmosphère et des personnages hors du commun. Une sorte de syncrétisme scénaristique, qui réuni des références archétypales et immédiatement identifiables : la Bible bien sur, les mondes fantastiques de Tolkien ou l’Odyssée de l’Espace de Kubrick.

Ainsi en J’on, on retrouve le Christ, mais aussi Frodon. En Ar’th, Juda. « Les immortels », les chevaliers de l’Apocalypse. Nous retrouvons le monde des fées, de la divination et de la magie avec Volga, des lutins avec les Kolds et des amazones. Enfin U’n, le créateur des mondes est représenté sous la forme du grand monolithe noir. Ces emprunts sont parfaitement digérés et n’entravent en rien la force et la cohérence de cette épopée, portée par la personnalité sympathique du pauvre J’on qui doit, bien malgré lui, sauver le monde.

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Rosinski use d’un noir et blanc contrasté (entre noirs intenses et blanc immaculé) apportant du relief à ses paysages majestueux et ses personnages tous plus surprenants les uns que les autres. La précision de son trait, son sens du détail pour les décors, la profondeur des yeux de ses personnages nous étonne à chaque nouvelle page. Preuve de sa maîtrise – au cas où l’on en douterait encore – il mélange allégrement des scènes de grand angle où se mêlent de nombreux personnages dans des décors très complexes, avec des scènes très épurées où le vide est employé avec justesse. Bien que la mise en page soit on ne peut plus classique, le découpage apporte un rythme soutenu qui ne retombe jamais. Tout comme J’on lui-même, on est pris dans un tourbillon d’événements incroyables et de rencontres hallucinantes.

Le grand pouvoir du Chninkel nous démontre le savoir faire évident de Van Hamme et Rosinski pour emmener leurs lecteurs dans des univers totalement dépaysant, tout en y insérant des éléments familiers. Une alchimie qui fonctionne ici parfaitement.

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Invitation à la Danse – Danijel Zezelj (Mosquito,1999)

Invitation à la Danse - Danijel Zezelj (Mosquito,1999) dans Chroniques BD 76149477

S’il faut citer de grands maitres du noir et blanc en bande dessinée, on pense aux brillantes figures du genre, tels que Hugo Pratt, Will Eisner, Alberto Breccia, Georges Pichard, Edmond Baudoin, Frank Miller, Jacques Tardi… Mais il ne faut pas être dupes, il en est d’aussi indispensables qui restent malheureusement dans l’ombre. Zezelj est clairement de ceux-là !

Ce sont deux articles (12) de Jean-Pierre Dionnet (sur son blog, qu’il n’a plus alimenté depuis un an, depuis la sortie du premier volume de sa saga Des dieux et des hommes !) qui m’ont attiré l’œil sur ce dessinateur exceptionnel.  Il n’est donc pas surprenant de voir Zezelj dessiner le troisième volume Des dieux et des hommes, qui vient de sortir chez Dargaud.

« Zezelj est encore un secret bien gardé, il oeuvra pendant le millénaire précédent mais il, on peut l’espérer, va enfin être révélé car il correspond pile aux temps passionnants que nous vivons désormais : il n’était par exemple pas dans les indispensables de l’année à Angoulême et il est édité depuis des années par ce formidable éditeur qu’est Mosquito.

Ce n’est certes pas un gamin. Il est né à Zagreb, en Croatie, dans une période troublée, et a été publié dès la fin des années 80. Là-bas d’abord, puis ensuite en Italie où il travailla pour Amnesty International et pour la télévision italienne et Federico Fellini que je cite, le remarqua immédiatement : « je suis fasciné par les perspectives menaçantes et fantomatiques de Zezelj et par la manière dont il utilise les histoires et les personnages pour exprimer une mélancolie générale et une destinée forcément fatale pour les personnages ».

Son dessin élégant, minimaliste, est digne des grands argentins des années 80, d’Alberto Breccia surtout, mais il est définitivement du troisième millénaire car il raconte, en nous faisant croire que c’est de la science fiction, ce qui se passe tous les jours, dans notre monde explosé. » (Dionnet, mars 2010)

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Cet Invitation à la danse, recueil de quatre nouvelles, constitue une très bonne porte d’entrée à l’univers de Zezelj, dont les références sont clairement affichées (Octavio Paz, Pasolini et Kafka). La puissance de son graphisme ne peut laisser indifférent. Ce contraste entre noirs intenses, parfois charbonneux, et blanc léger nous percute littéralement. Rarement la symbolique de ces non-couleurs n’aura été si subtilement employée : matière-lumière, présence-absence, Eros-Thanatos…

Zezelj joue sur les focales, entre des gros plans qui virent à l’abstraction, et des cadrages très cinématographiques, traités de manière quasi hyperréaliste. Son découpage vif apporte un rythme soutenu à des histoires urgentes.

El Sud, c’est l’histoire d’un déserteur qui sait à la veille de son exécution, grâce à la présence de sa bien-aimée, que la mort n’existe pas. Remarquable d’intensité, la véracité des scènes de combats se confronte à l’onirisme des sentiments partagés entre les amants.

Dans Le bouquet bleu (d’après une nouvelle d’Octavio Paz), Zezelj nous démontre toute sa virtuosité narrative. Un sombre quiproquo – un homme s’en sort in extremis, parce qu’il a la chance de ne pas avoir les yeux bleus ! – nous est raconté par une alternance de cases dessinées et de ‘cases textes’. Des doubles pages aux allures de damiers d’échiquier… Sur la dernière planche, un travelling avant nous emmène littéralement dans le papier, jusqu’au noir…

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Un attaquant de foot ne marque pas de but, car ça ne l’intéresse pas. Trois mafieux fomentent un mauvais coup. Deux marionnettes blaguent entre-elles. Un boxeur et son coach parlent métaphysique au coin d’un ring. Le parrain attend un message important. Un cartomancien reçoit une visite attendue. Un chat court jusqu’à 6, deux amants se disent au revoir dans un terrain vague. Un avion balance des poèmes… Il Volo – hommage à Pier Paolo Pasolini, est une succession de scènes magnifiques, sans liens, apparemment…

Un médecin de campagne est l’adaptation de la terrible nouvelle de Franz Kafka. Zezelj use d’une narration séquentielle plus linéaire, dans un genre expressionniste tranchant, qui sied à merveilles pour donner corps à l’univers absurde et fantastique de l’écrivain pragois.

Pour conclure sur cet ouvrage, une citation de Kafka lui-même, convenant parfaitement : « Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire  (…) Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois. » (Lettre de Kafka à son ami Oskar Pollak en 1904.)

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Ciboire de criss ! – Julie Doucet (L’Association, 1996)

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Julie Doucet se met en scène pour nous raconter des histoires perturbées, et pour le moins perturbantes. Des anecdotes vécues, des souvenirs, des rêves débiles, expressions de ses angoisses, de ses phantasmes. Sans honte ni tabous, Doucet se met à nu et dévoile des éléments très personnels, ce qui peut parfois nous mettre mal à l’aise. Cette forme d’autobiographie intime, proche de la ‘confidence psy’ est assez rare dans le monde de la BD. Et à ce titre, ses alter-égos seraient Mattt Konture et Joe Matt.

Trash et sans concessions, Ciboire de Criss (que l’on peut traduire par « put… de bor… de mer… ») ne nous épargne pas et nous balance en pleine face toute la virtuosité graphique de Doucet. Son trait d’une efficacité redoutable n’appartient à aucun genre précis. Un graphisme possédant ses propres codes, qu’aucun autre auteur ne peut utiliser. C’est ce que j’aime chez les dessinateurs dit alternatifs : ils n’appartiennent à aucune école et développent leur propre vocabulaire pictural. Doucet est une référence incontournable en la matière.

Une esthétique punk ‘humoristico-expressionniste’ qui relève d’une grande maitrise (du noir et blanc hachuré en particulier). Des miniatures dans lesquels foisonnent une multitude de détails. Il nous faut scruter chaque case dans les moindres recoins pour en saisir toute la richesse graphique, mais aussi narrative, tant chaque dessin raconte à lui seul beaucoup de chose.

« Les thématiques liées à certaines de ses histoires autobiographiques sont bien loin du socialement correct. Elles nous changent de l’éternel garçon obsédé sexuel type Robert Crumb, par ailleurs sa principale influence graphique. Julie Doucet rêve régulièrement de voir pousser un pénis entre ses jambes, ou bien que ses règles deviennent si abondantes qu’elles engloutissent la ville toute entière sous un gigantesque flot de sang noir. Les rêves sont annotés, datés, et représentés le plus fidèlement possible, comme une sorte d’auto-analyse. Même en littérature, on avait rarement vu ça. » (Vincent barrière in Qu’est-ce que la BD aujourd’hui ? Hors-série Beaux Art Magazine, 2003)

Véritable cour des miracles, Doucet représente comme personne la monstruosité de ses contemporains, dressant des portraits tous plus hideux les uns les autres. Ce qui en dit long sur sa considération envers ses semblables, et elle-même… Heureusement, même si elle nous raconte crûment des choses vraies, elle y incère une fine couche d’humour noir salutaire, qui permet de nous distancier. Ciboire de Criss n’est pas qu’une « bonne bédé », c’est une expérience de lecture unique en son genre…

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