Archives pour la catégorie Plein les ouies



Philippe Katerine (2010)

 

Philippe Katerine (2010) dans Plein les ouies katerine031010

Katerine a depuis ses débuts développé un univers particulier, où l’absurdité de ses textes côtoie des arrangements « variété-rock » de très bonne facture. Sa musique fait un grand écart réussi entre alternatif et commercial. De Je Vous Emmerde à Parlez-Vous Anglais Mr Katerine ?, de Luxor J’Adore à Poulet n° 728120, ses chansons sont de véritables perles d’absurdité, dont on ne sait s’il faut les prendre au premier, deuxième ou trente-sixième degré.

Dans ce dernier album, il pousse l’absurdité au summum et frôle le conceptuel, tendance Dada et Art Naïf. Les mots ne sont plus essentiels pour dire des choses. Il signifie beaucoup par ces textes minimalistes : Bla Bla Bla est une ode à ceux qui parlent pour ne rien dire, Moustache aborde les thèmes du désir et de la frustration qui en découle, Musique D’Ordinateur nous rappelle que nous sommes envahis et conditionnés par les nouvelles technologies, etc.

Il s’amuse avec le rythme des phrases (La Banane), des mots (Philippe), des syllabes (Le Rêve), des lettres (Les Derniers Seront Toujours Les Premiers), du souffle (Moustache), des accords (La Musique)… Katerine fait même de la politique avec La Reine d’Angleterre, Liberté ou Juifs Arabes.

La forme est en parfaite adéquation avec le fond, à l’image de Bien Mal qui ne pouvait mieux convenir qu’avec cette musique tantôt rythmée, tantôt neurasthénique « à la Pink Floyd ». La qualité des arrangements et la richesse des mélodies ont de quoi rendre jaloux bon nombre de chanteurs et chanteuses de la scène française actuelle…

Mais j’arrête là, car l’erreur serait d’intellectualiser un album d’une grande sensibilité – qui n’a pas besoin d’explication de texte pour être apprécié à sa juste valeur – ou de chercher les motivations d’un artiste qui a simplement beaucoup d’humour et de talent. Salutaire !

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Katerine Website

The King Of Limbs – Radiohead (2011)

The King Of Limbs - Radiohead (2011) dans Plein les ouies 59668b86f3

Bon, The King of Limbs est à peine sorti qu’il fait déjà polémique. Bon album ou attrape-couillons ? Innovant ou réchauffé ? Il est vrai qu’à la première écoute, l’album déroute. On n’y sent pas de morceau fort. On se dit même qu’ils ne se sont pas foulés. Pas de chanson, peu d’instruments organiques (où est passé Phil Selway ? Ils ont enregistré les morceaux pendant qu’il travaillait sur son album solo ou bien ?) Un album qui semble plus dans la continuité de The Eraser que de In Rainbows. Après le figuratif (du « pompier » Creap à « l’impressionniste » Nude), Radiohead œuvre pleinement dans l’abstraction. Ce qui n’est pas pour me déplaire.

J’aime être bousculé dans mes habitudes d’auditeur et cet album ne m’a pas épargné. J’y ressens ce même mélange d’impressions, entre fascination et déception, que j’avais ressenti à la première écoute de Kid A. je me rappelle même avoir été plus déçu en découvrant Hail to the Thief que ce King Of Limbs

J’apprécie ces boucles rythmiques, ces superpositions décalés qui trouvent le sens que l’on veut bien leur donner. Il n’y a plus ces figures imposées du format chanson, mais un travail méticuleux sur la texture, les tessitures. Plus encore que sur leurs derniers albums, ils privilégient la forme. Et malgré les apparences, pas au détriment du fond. Car après plusieurs écoutes, on s’aperçoit qu’il y a des chansons derrière cet habillage sonore plutôt dépouillé et déroutant. De bonnes chansons d’ailleurs (Give up the Ghost, Lotus Flower, Codex, Morning Mr Magpie, Separator…)

Il est clair que ceux qui supportent mal les jérémiades du chanteur Yorke, ainsi que ces bidouillages de voix passerons leur chemin en courant. Les autres auront peut-être comme une impression de déjà entendu. Bien que Thom Yorke s’aventure ici vers des territoires peu visités jusqu’alors, tels que le gospel (Give up the Ghost) ou le chant classique (Feral), il ne peut non plus réinventer sa manière de chanter à chaque album. Il semble ici libéré de toute contrainte et n’avoir plus rien à prouver. Simplement chanter comme il l’entend.

Un album qui ne se laisse pas conter et qu’il faudra apprivoiser. Je me suis demandé sur le coup (comme certains sur les forums spécialisés) s’ils n’auraient pas d’abord diffusé l’album bis, composé de faces b et autres morceaux des sessions d’enregistrements (une pratique ancienne chez les gars d’Oxford, générant une riche discographie parallèle) avant de dévoiler le véritable album sur disque au mois de mars. Mais en l’état, ce dernier album me convient parfaitement et à le réécouter, je suis convaincu que c’est bien l’album principal. Un très bon album.

Reconnaissons à Radiohead ce talent (ce génie ?) de défricheur, permettant à un public rock « mainstream » de découvrir des univers musicaux très confidentiels. Un rôle de passeur que je trouve salutaire de leur part. Un immense groupe de rock se transformant en un curieux groupe d’abstract électro. Beau parcours, qui les rend à mes yeux toujours aussi intéressant et précieux.

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radiohead.fr

Chroniques des Inrocks

Cup Of Tea – A Compilation (Cup of Tea, 1996)

Cup Of Tea - A Compilation (Cup of Tea, 1996) dans Plein les ouies coverqe

Cette compilation des premiers travaux du label Cup Of Tea est sortie en 1996. La plupart de ces morceaux ont été produit à une époque (entre 1992 et1996) où le terme Trip-hop n’avait pas encore été inventé par les journalistes pour désigner cette musique hybride, entre froide mélancolie et rythmes chauds, venant du sud de l’Angleterre, Londres et surtout Bristol, ville de la Wild Bunch d’où sortirons Massive Attack, Portishead ou Tricky.

J’écoutais en boucle cet album à l’époque, puis l’ère des cassettes audio étant révolue, je n’en avais plus de trace… Je l’ai redécouvert très récemment et je dois dire que la magie de ce son est toujours intacte. Si certains morceaux ont un peu vieilli, d’autre ont conservé toute leur originalité. En particulier le premier morceau, Love Anybody de Barcode, le premier produit par le label en 1992. On était à l’époque loin du terme même de trip-hop et seul Blue Lines, le premier album de Massive Attack, était sorti en 1991. Une chanson au format pop-rock (couplet-pont-refrain), une rythmique funk-rap, une ligne de basse plutôt reggae –dub, des claviers atmosphériques, un habillage sonore très électro, une voix éthérée, encore marquée par les voix chaudes du funk, des ruptures de rythme, d’ambiances…

Le reste de la compilation est très bon, cohérent et varié, comprenant d’autres perles, en particulier les morceaux de Monk & Canatella, les seuls artistes de cette compil’ qui ont fait ce qu’on pourrait appeler une carrière, bien que restée assez confidentielle. Ce qui est plutôt incompréhensible tant la qualité de leur musique est indéniable. Entre pop, rock, jazz, funk et classique, leur univers est d’une incroyable richesse sonore, alliage parfait de tessitures électroniques et organiques, et d’une formidable cohérence esthétique. Quelle voix du chanteur ! Un groupe qui aurait largement mérité le succès d’un Morcheeba ou d’un Archive…

Le trip-hop est un melting-pot de références, dont les artistes majeurs – DJ Shadow, Kruder and Dorfmeister, Thievery Corporation, Fila Brazilla, U.N.K.L.E ou Alpha – ont su transcender toutes ces influences (et bien d’autres encore, telle que les musiques de film, les musiques ethniques…) pour créer un son « nouveau ». Parfaite bande sonore de cette fin de siècle passé.

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Tout et son contraire – Philippe Vandel (France Info)

Tout et son contraire - Philippe Vandel (France Info) dans Plein les ouies 350pxphilippevandel

Tout et son contraire est l’émission quotidienne de Philippe Vandel. Découpée en 3 ou 4 parties, réparties tout aux long de la journée dans la grille des programmes de France Info, l’émission nous permet d’entendre bon nombre de gens (artistes, journalistes, musiciens, hommes politiques…) qui ne jouissent pas d’une grande couverture médiatique. En particulier des auteurs de bandes dessinées (certes, les plus connus tels que Wolinski, Cabu, Dionnet, Algoud, Binet, Margerin, Zep, Gotlib, Petillon, Moebius, Sfar…), qu’il est toujours bien sympa d’entendre sur les ondes…

J’aime bien sa manière candide de poser des questions qui, l’air de rien, sont toujours pertinentes et judicieusement enchainées. Ce qui favorise la complicité, la confidence… De plus, et ce n’est pas négligeable, Vandel connait très bien ses sujets. Il n’est jamais approximatif. La qualité des réponses, sans langue de bois, nous le confirme. Un ton qui nous change de la plupart des interviews télévisées… Je vous incite fortement à découvrir la page web de l’émission – bien foutu, avec à chaque fois une présentation claire et succincte de l’invité – et piocher dans la longue liste des interviewés, sur le site de France Info.

 

TNT – Tortoise (Thrill Jockey, 1998)

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J’avoue être passé à côté de cet album lors de sa sortie en 1998. Je n’accrochais pas à ce que les journalistes appellaient alors le Post-rock : un rock instrumental, expérimental et planant, un peu trop jazzy et intello pour moi. Disons que je n’étais pas assez mûr pour prendre le rythme de cette tortue… Mais depuis, est sorti le dyptique Kid A/Amnesiac qui m’a sensibilisé à cette approche musical. Alors, quand je me me suis plongé dans ce TNT, j’ai rapidement été pris dans les mailles de ses filets. Tortoise produit un rock instrumental, effectivement influencé par les structures jazz (« Swung from the gutters », « In Sarah, Mencken, Christ… »), mais aussi par les musiques de films, entre Western et Fantastique (« The Equator », « I set my face to the hillside »ou bien « Ten-day interval » et « Four-day interval » qui paraissent venir d’une B.O. de John Carpenter !). Cependant, ce n’est pas aussi cérébral que je ne le pensais. Leur musique est très sensible, sensuelle…

Bien qu’il s’aventure parfois vers les sonorités froides et inquiétantes de la musique électronique, des productions du label Warp en particulier (« A simple way to go fast », »Almost always is nearly enough », « Jetty »), TNT est un album chaleureux et paisible. L’influence des rythmes latinos et caribéens y contribue fortement. De superbes ambiances rock (« TNT », « The suspension bridge at Iguazu falls » ou « Everglade ») qui m’emmènent en ballade mentale vers les grandes étendues d’une Amérique imaginaire… Un univers musical proche de ce que je peux trouver chez Calexico, Pavement ou Broken Social Scene, les lyrics en moins… Leur album précédent, « Million now living will never die » (sorti en 1996) est tout aussi bon ! Moins électro et plutôt influencé par le Krautrock. On y retrouve ces riches ambiances… Tortoise est un groupe qui compte !

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