18ème édition du festival normand de la bande dessinée, je m’y suis rendu afin de rencontrer trois auteurs que j’apprécie particulièrement.
Terreur Graphique, un régulier des périodiques Jade ou Fluide Glacial, au style humoristique trash et déjanté. Mais c’est son remarquable album Rorschach qui m’a réellement bluffé. Dans cet ouvrage, Terreur se livre sans tabou et aborde le décès de sa mère de manière quasi autobiographique. Il m’explique qu’il s’est appuyé sur son propre vécu pour le transcender en une histoire où les délires narratifs rivalisent avec cette outrance graphique incroyable. Pour lui, la forme a naturellement découlé du fond. Il n’a pas cherché à faire « expressionniste », c’est le sujet qui l’y a amené.
Il est sensible au fait que je lui parle de cet album, la plupart des gens qu’il rencontre ne connaissent que l’aspect humoristique de son travail. Il est temps pour eux de réparer cette erreur…
Lionel Richerand, que je connais pour ses illustrations et son « work in progress » disponibles sur son site. Comme il me le confie, Dans la forêt est son premier livre de « pure » bande dessinée, dans lequel il s’est pleinement confronté aux contraintes de la discipline : cases, planches, séquences, narration… Nous avons ensuite échangé sur nos découvertes musicales du moment, ses lectures (il lit actuellement Le monstre dans l’art occidental de Gilbert Lascault) et bien sur, de dessin. Je lui demandais s’il en jetait souvent, ceux dont il n’était pas satisfait. Il m’explique que du fait de dessiner sur cahier (que je feuillette, admiratif), il garde les ratés, les mets de côté et y reviens plus tard pour retravailler dessus et repartir sur une autre idée. Du coup, rien n’est perdu et des accidents peuvent l’amener à trouver d’autres chemins, d’autres formes…
La prochaine fois Lionel, on prendra le temps de boire un verre et continuer la discussion…
Anthony Pastor, à qui je n’ai pas manqué de dire à quel point j’ai apprécié son Las Rosas. Nous avons bien sur discuté de la genèse, du fait qu’il ait centré son travail sur la juste articulation entre les divers récits et personnages de cet album choral. C’est en voyant un reportage sur un village africain, uniquement composé de femmes rejetées de diverses tribus, qu’il a eu l’idée de cette ville, croisement de divers destins et véritable personnage central de l’histoire. Plus que le dessin ou les dialogues, c’est l’enchaînement des diverses séquences qui a attiré son attention, de manière à rendre crédible l’ensemble, tout en prenant le temps de développer la personnalité de chaque protagoniste.
Son Castilla Drive est de la même trempe. Passant cette fois ci à la couleur, Anthony conserve cette faculté à rendre attachant ces personnages de papier…
Trois belles rencontres, riches d’échanges sympathiques, au ton juste, qui m’auront permis de mettre un visage sur ces noms. Eux aussi d’ailleurs, car tous trois connaissaient mon modeste blog et j’avoue en tirer une jolie satisfaction.
Bien entendu, je reparlerai plus en détail de ces trois albums…
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