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Archives pour novembre 2015

Walking Dead T.22/23 – Kirkman & Adlard (Delcourt, 2015)

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Les morts qui marchent continuent leur bonhomme de chemin. Kirkman et Adlard tiennent la longueur et arrivent encore à nous surprendre. La présence de nouveaux collaborateurs (Gaudiano et Rathburn) y est sûrement pour beaucoup. Si certains épisodes ronronnaient et dégageaient une impression de déjà-vu (Negan pouvant être vu comme un Gouverneur bis), le récit trouve un nouveau souffle à partir du numéro 22 (133 en version US), judicieusement intitulé « Une autre vie ».

Quelques années ont passé. La guerre avec Negan est terminée, Rick est devenu le sage patriarche d’Alexandria, respecté de tous. Maggie a pris les rennes de la Colline et Carl s’émancipe. La vie prospère et tout à l’air d’aller pour le mieux dans le pire des mondes. Sauf qu’une nouvelle menace extérieure apparaît, plus pernicieuse que les zombis eux-mêmes. A moins que le danger ne viennent, une fois encore, d’entre les vivants…

Comme toujours, le rythme est soutenu, comprenant son lots de rebondissements, d’épilogues (avec Negan) et d’ouverture vers de nouvelles intrigues (avec ceux qui murmurent). La narration conserve cet équilibre entre temps calmes (les protagonistes redécouvrent les joies des petits tracas familiaux) et morceaux de bravoures (et ses scènes gores).

Cette absence de manichéisme fait la richesse de Walking Dead. Les vivants sont potentiellement tous dangereux et prêts à tout pour survivre, à l’image de Rick Grimes lui-même. Le monde ne se divise pas bêtement entre les vivants et les morts. C’est plus subtil que ça. On distingue plusieurs catégories d’individus : les morts-morts (soit des vivants qui sont morts et non revenus ou des zombies mis hors d’état de nuire), les morts-vivants (postulat et seul élément fantastique de l’histoire), les vivants-morts (correspondant à la majorité des survivants, bon nombre d’entre eux sont psychologiquement morts, d’autres agissent en fonction de leurs pulsions de mort, d’autres encore se comportent comme les zombies…) et les vivants-vivants (ceux qui s’accrochent encore aux valeurs du vieux monde ne font pas long feu. Rick l’a bien compris et tente de préserver ce qui lui reste d’humanité).

Cette saga ne semble pas prête de s’arrêter, et c’est tant mieux. Tant que ses qualités narratives et esthétiques perdurent, on en redemande.

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Zaï Zaï Zaï Zaï – Fabcaro (6 Pieds Sous Terre, 2015)

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L’unanime engouement pour ce « Zaï Zaï Zaï Zaï » nous ferait presque oublier que Fabcaro n’est pas un perdreau de l’année, et trace son chemin dans la bandessinée d’umour depuis une bonne dizaine d’année maintenant. Et quel chemin parcouru depuis son Steak haché de Damoclès. Alors qu’il aurai pu s’enfermer dans le genre «déboires-existentiels d’un-dessinateur-de-seconde-zone», il a su se renouveler et aborder différentes formes d’humour, du détournement absurde (La Bredoute, une parodie bien déjantée du fameux catalogue) aux strips humoristiques à la con (avec son Jean-Louis) ou grinçant (avec Parapléjak), de courts récits autobiographiques (On n’est pas là pour réussir) au faux récit de voyage (Carnet du Pérou), sans oublier divers scénarios pour ses camarades (Amour, passion et CX diesel, Achille Talon…), ainsi qu’un roman. Prolifique et varié, on retrouve sa signature dans les pages de nombreux magazines et fanzines : L’Echo des Savanne, Zoo, Fluide Glacial, Psikopat, Jade, Alimentation Générale

Avec Zaï Zaï Zaï Zaï , il ne se limite pas à une seule forme d’humour et fusionne les procédés : comique de répétition (avec ces moult itérations), satirique, de par son thème principal et même de gestes, bien que les mouvements de ce soi-disant « road movie » sont plutôt figés (à l’image du salto avant de la Clio!). Il aime avant tout faire évoluer ses personnages dans des situations incongrues… Il sait mettre de côté ce trait hachuré qu’on lui connaît (avec ces nez en U) pour un graphisme plus réaliste, dont les visages quasi abstraits rappellent ceux de Ruppert & Mulot.

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Là où il est fort et mérite d’être encensé, c’est pour cette précision quasi chirurgicale. L’humour ne supporte pas l’à-peu-près et Fabcaro l’a bien compris. Il fait preuve ici d’une parfaite minutie dans les plans, les cadrages, les attitudes, les dialogues… Un rythme théâtral, avec peu de mouvement et de nombreux plans fixes. Il enchaîne les gags à chaque page (voire à chaque case) sans se répéter et réinvente l’art de la chute par la roulade arrière. Chaque réplique est vectrice de gag, misant sur un constant décalage avec les images.

Comment ne pas voir dans cette histoire d’oubli de carte de fidélité une métaphore à peine voilée de la situation malheureusement bien réelle des sans-papiers. Il pousse à l’extrême ce bon gros délire paranoïaque pour dénoncer les dérives sécuritaires de notre époque. Il accentue à peine la dimension ubuesque du système, qui transforme chaque drame humain en un spectacle malsain. Il évoque également la précarité dans laquelle vivent les auteurs de bd en particulier, par extension toutes les personnes socialement fragiles qui peuvent en un instant devenir des parias. Pas très joyeux tout ça. C’est pourquoi les humoristes de cette trempe sont nécessaires. Ils apportent une juste distanciation sur ces thèmes graves et déclenchent en nous ce rire ravageur salutaire. 

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