Découvert également dans le Lapin troisième version, j’ai de suite adhéré à la sensibilité de Simon Hureau, à son graphisme semi-réaliste contrasté (les décors et objets sont précis et détaillés alors que ses figures sont légèrement caricaturales). Un dessinateur-bourlingueur qui nous raconte par l’anecdote ses divers voyages et rencontres (au Burkina Faso, Togo, Florence, Casablanca, Reims…). De courtes histoires réalisées sur une dizaine d’année (parues entre autres dans Ego comme X ou Gorgonzola) dans lesquelles il se met en scène, carnet à la main. Dessiner lui permet d’installer une distance sur les choses qu’il vit. Même si parfois, cela attire les regards et lui fait perdre sa tranquillité.
Mille parages est un ouvrage à la forme particulière : à la fois récit d’aventure en bande dessinée s’appuyant sur une découpage séquentiel plutôt classique, carnet de voyages avec ces dessins faits sur le vif, ou BD de reportage avec un point de vue subjectif assumé sur les mœurs et coutumes des pays qu’il visite. Moins introspectif et nombriliste qu’un Craig Thompson, Simon Hureau s’attache à retranscrire ce qu’il découvre, en y insufflant une bonne dose de poésie, sans pour autant se « confesser » sur ce qu’il ressent. Il fourni un vrai travail d’observation, ayant une attirance certaine pour les insectes, l’inscrivant dans la lignée des dessinateurs naturalistes d’antan.
Son dessin n’est pas au service d’une histoire, il est au cœur même de sa narration, rendant ainsi compte de son propre processus créatif, tant les sujets qu’il croise (personnes, animaux, végétaux, objets…) ne semblent pour lui que des motifs à croquer. Seul ou accompagné, il aime partir à l’aventure (dormir à la belle étoile ou marcher dans des contrées inconnues) pour découvrir, trouver de la matière à dessiner et ainsi s’approprier ce qui l’entoure. De fait, grâce au dessin, il n’est jamais vraiment perdu ou déboussolé, toujours un peu partout chez lui.
Simon Hureau nous démontre ici que l’exercice du carnet de voyage n’a pas fini d’être subtilement exploré. On attend la suite avec impatience…
je l’ai emprunté et lu sur tes conseils, je n’ai rien à rajouter à cette belle chronique. Un vrai coup de coeur, d’autant plus que je ne connaissais pas Simon Hureau, encore un auteur à suivre de près.
Dernière publication sur carnet à dessins : Voyage voyages
Heureux de voir que je ne suis pas trompé, je savais que cet ouvrage te plairait!