Eric Salch a la cote et c’est tant mieux. Découvert dans la revue Street life stories, il a depuis épuré son graphisme pour aboutir à ce minimalisme qui n’est pas sans rappeler Reiser. En quelques traits, il va à l’essentiel pour retranscrire efficacement les expressions et attitudes de ses personnages. Son découpage vif et son sens du dialogue apportent un rythme soutenu à l’ensemble, accentué par l’usage de bulles jaunes, de petits cœurs rouges et de graphèmes (types gouttes de sueur et tirets de regards). A l’instar d’un Fifi avec ses Chroniques Wallonnes, Salch développe un langage graphique qui lui est propre. Une écriture particulière. L’intérêt ne réside pas tant dans ce qu’il raconte que dans sa manière de le raconter. Une authentique démarche d’auteur.
Autobiographique et auto-parodique, Les Meufs Cool aborde les difficultés de la relation amoureuse. Divorcé après dix ans de mariage, Salch redécouvre les joies du célibat et de la rencontre des meufs cool. Sauf qu’il est difficile de garder son indépendance et ne pas retomber dans la routine conjugale. Aucune réflexions sexistes de sa part, Salch est bien plus critique vis à vis de lui même que des filles qu’il rencontre. Il ne se montre pas à son avantage, et n’hésite pas à dévoiler des aspects peu glorieux de sa personnalité : il est peu sûr de lui, dépressif, pleurnicheur, parfois lâche et légèrement feignant. Comme tout le monde en fait. C’est pourquoi on s’identifie facilement.
Son humour n’est pas si ravageur que son graphisme pourrait le laisser penser. Eric Salch est un grand sensible, voire « fleur-bleue ». Comme il le dit lui même dans le strip Mon cœur saigne : « écrire sur « les Meufs Cool » quand on est tombé amoureux, ça devient un peu plus compliqué… ». Il est constamment tiraillé entre ce qu’il est (un sentimental qui doute) et celui qu’il aimerait être (un mec cool sûr de lui), entre le fantasme de la relation amoureuse et la dure réalité d’une vie de couple. Mais bien heureusement, on en rigole avec lui. C’est le principal.
Édité en Hors Collection chez Les Rêveurs, ce format atypique et plutôt maniable (semblable au Microcosme de Larcenet) est idéal pour mettre en valeur cette succession de strips, à raison d’un par page. Le livre original d’un auteur qui l’est tout autant.
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