Paul part à la campagne avec sa femme et sa fille, rejoignant ainsi son père dans la maison de vacance familiale. Ce périple sera pour lui l’occasion de se remémorer des événements survenues durant ses jeunes années. Par un effet madeleine, revenir dans sa maison de campagne ravive de vieux souvenirs, qu’il semble avoir vécu la veille. Un récit aigre-doux, s’appuyant sur des flash-back de souvenirs tendres, parfois dramatiques, et toujours justes. Souvenirs d’enfance et récit sur l’enfance, l’autobiographie de Rabagliata est légèrement nostalgique et donne toute son importance à l’anecdote, aux petits événements qui s’oublient vite, mais forgent à jamais une personnalité. Il s’arrête sur cette période charnière de la fin de l’enfance, entre joyeuse insouciance et découverte les dures réalités de la vie (la mort, la séparation…).
Le graphisme stylisé de Rabagliati évoque celui de Dupuy et Berberian ou de son compatriote Seth. Sauf qu’il semble moins préoccupé par le style que par la force d’évocation du trait. Le fait de ne pas distinguer graphiquement les différentes époques de son récit, de passer en une case du Paul enfant au Paul adulte est une manière subtile d’affirmer que ce dernier est toujours le même, qu’il a conservé sa sensibilité, son regard sur les choses. C’est vrai qu’on ne change pas vraiment. Dans le fond, devenir adulte, c’est une vue de l’esprit…
Ne nous fions pas à ce petit format. Bien que possédant peu de pages, Paul à la campagne est un album dense, riche, qui même s’il se lit rapidement, laisse sa trace longtemps après lecture. Yves Frémion a raison, Rabagliati est une très bon artisan de la BD : « Un grand auteur qui, s’il ne fera pas mode, restera. »
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