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Archives pour septembre 2014

Les nouvelles aventures du chat botté / Tome 1. La montagne en marche – Nancy Peña (6 Pieds sous Terre, 2006)

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Dans ce premier volume des nouvelles aventures du chat botté, Nancy Peña imagine la suite du conte de Perrault. Après avoir mangé l’Ogre qu’il avait convaincu de se transformer en souris (récupérant ainsi son château et ses terres pour son maître le marquis de Carabas), la Montagne, mère de l’Ogre en question (« parce que les montagnes accouchent parfois d’une souris ») se met en marche pour avoir la peau du chat. S’en suit alors une course contre la montre, obligeant le matou à fomenter un incroyable plan d’action. Plus proche de Machiavel que de D’Artagnan, le chat botté est un fin stratège qui utilise les autres à leur insu, prêt à les sacrifier pour sa propre survie. La souris Patience, Némée le lion ou l’Ogre du château des Six-roses du Foy en feront les frais.

Ce n’est pas un exercice facile que d’utiliser des personnages déjà existant, de surcroît des héros de contes connus de tous. Mais Peña s’en sort plutôt bien, puisant dans le bagage commun de nos lectures d’enfance, convoquant sans complexes (et avec à propos) La Fontaine, Perrault ou Rabelais.

Espiègle et manipulateur, le chat botté interpelle directement ses lecteurs, comme s’il avait conscience de n’être qu’une création littéraire appartenant au patrimoine culturel français. Avec la complicité de Nancy Peña, ils s’amusent des codes de la neuvième chose, modifiant le traditionnel sens de lecture, jouant avec la temporalité du récit et la possible rétroactivité de la lecture (quand, par exemple, la souris Palmyre recherche la boite au lettre de l’auteure qui se trouve en dernière page). Aux antipodes d’un classique conte illustré, le récit et la mise en page sont du même acabit : insolents et riches en rebondissements.

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Brèves de chroniques #4

The End of the Fucking World (L’employé du Moi, 2014)

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Avec cet album, Charles Forsman prolonge sa thématique de l’adolescence paumée, déjà abordée dans son Celebrated Summer. Sauf qu’ici, James est bien plus antipathique et sociopathe que ne l’est Wolf. Agressivité, mutilation, apathie, clochardisation, James est un jeune homme borderline, à deux doigts (!) de sombrer dans la psychopathie. Seul l’attachement pour Alyssa semble l’en empêcher, jusqu’à ce qu’elle prenne une part active dans ses passages à l’acte… Un road-movie fait de rencontres interlopes et d’actes criminels, qui ne pouvait que finir tragiquement… Récit sans concession, mise en scène minimaliste, dialogues laconiques, Forsman excelle dans l’art de raconter (sans jugements ni pathos) l’errance existentielle et la folie ordinaire d’une génération plus que perdue.

Punk Rock Jesus (Vertigo, 2013)

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« Dans un futur proche, la maison de production OPHIS tient le sujet de son prochain programme de télé-réalité : filmer la vie de Jesus Christ. Recréé génétiquement à partir des traces d’ADN du suaire de Turin, le clone du Messie grandit sous le regard avide des caméras et d’une Amérique subjuguée par ce qu’elle pense être la troisième Venue du Christ. Quelques années plus tard, l’expérience tourne court lorsque l’adolescent entre en révolte totale contre le système et devient le prophète d’une autre Amérique. » (quat’ de couv’). Dérives de la trashTV, fanatisme religieux, intégrisme politique, toute puissance scientifique, avec ce scénario improbable mais parfaitement maîtrisé, Sean Murphy dresse un portrait peu flatteur mais bien réel de l’actuel USA. Ça part dans tous les sens, avec une kyrielle de personnages et de rebondissements et pourtant, tout est cohérent. Ça tient la route et tous les éléments exposés (même suggérés) sont développés. Avec cette histoire improbable, Murphy nous propose une critique acerbe et jubilatoire de notre société, maladivement de consommation et du spectacle.

Franky et Nicole (Les Requins Marteaux, 2014)

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Franky Baloney, l’ancien rédacteur en chef de Ferraille Illustré reprend du service et s’associe avec Nicole de chez Cornelius pour nous proposer une nouvelle revue, logiquement appelée Franky et Nicole. Prônant la théorie du genre, chaque numéro changera de sexe et sortira en alternance chez l’un et l’autre. Ce premier opus venant des Requins, Cornelius devrait assurer la sortie du deuxième cet hiver. Cette revue n’est à priori pas destinée à la prépublication, mais compile des récits inédits, prévus pour l’occasion. On y retrouve de nombreux auteurs connus et reconnus (la liste est longue!) et d’autres beaucoup moins (la liste est assez longue aussi!). Bien sur, tous gravitent dans le milieu des indépendants. Plus petit et plus épais, Franky n’a rien à voir avec Ferraille. L’ensemble est plus disparate et manque cruellement d’éditorial. Mais dans le fond, le principal est de pouvoir lire de la bonne bédé, et Franky n’en manque pas !

La chute vers le haut – Mokeït (The Hoochie Coochie, 2014)

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Alors qu’il se rend à un entretien d’embauche d’un pas léger, notre héros se rendra vite compte que ce n’est pas qu’une impression. Il devient de plus en plus léger, au point de se retrouver en apesanteur. Obligé dans un premier temps de se lester pour rester sur terre, il fini par réorganiser son intérieur, le plafond devenant son nouveau sol. Ne pouvant plus sortir, tant il perd de la masse, il se retrouve prisonnier chez lui, résistant difficilement à la pression générée par son nouvel état…

Mokeït renouvelle l’art de la chute. Cette inversion des lois de la physique (lourd-léger, haut-bas) apporte une dimension absurde au quotidien plutôt banal du personnage qui, malheureusement pour lui, virera au tragique. En effet, poussée à l’extrême, cette situation surréaliste se transforme en un véritable cauchemar kafkaïen, le personnage devenant prisonnier d’un processus qui lui échappe totalement.

Ce récit sans concessions, raconté en voix off à la première personne, permet de multiples interprétations : soit tout ce qui lui arrive est réel, et dans ce cas on est dans le pur fantastique. Soit tout cela ne se passe que dans sa tête, et là, on a affaire à un cas clinique (dans ce cas, la chute peut être vue comme un dur retour à la réalité). Mais peut-être que cette histoire n’est qu’une parabole sur notre société urbaine, impitoyable pour ceux qui sortent des normes. Un monde dont les valeurs s’inversent, passant insidieusement de la solidarité à l’individualisme, tout comme le narrateur passe de l’embonpoint au rachitisme. Isolé de tous et sans emploi, c’est une fois mort que les gens s’intéressent à lui, seulement parce qu’il dérange leur train-train quotidien (comme on peut le voir en comparant la deuxième et la dernière page).

Son graphisme proche de la gravure restitue parfaitement cette impression d’enfermement. Une variété d’angles de vue qui ne focalisent que sur cet espace intérieur (le hors-cadre est à peine suggéré). Mokeït exploite toutes les potentialités esthétiques fournies par cette inversion spatiale. Une étrange poésie se dégage de ces images. Citons Étienne Robial en préface, qui cite Jean Marc Thévenet : « Je suis sur le cul ! Un Upside down dans le texte ! Jamais vu ici ! Un trait gris en valeur, une texture veinée façon bois, des cadrages parfaits ! Du beau travail ! Ce Mokeït avait déjà du talent, un génie précisément ! »

Merci au édition Hoochie Coochie d’avoir rééditer ce petit chef d’œuvre (à un prix dérisoire), initialement sorti en 1987 dans la collection X chez Futuro. Cette « chute vers le haut » est la seule bande dessinée que Mokeït ait réalisé, préférant s’aventurer vers l’illustration et la peinture. Dommage qu’il n’ai donné suite à ce coup de maître… 

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