Dans ce premier volume des nouvelles aventures du chat botté, Nancy Peña imagine la suite du conte de Perrault. Après avoir mangé l’Ogre qu’il avait convaincu de se transformer en souris (récupérant ainsi son château et ses terres pour son maître le marquis de Carabas), la Montagne, mère de l’Ogre en question (« parce que les montagnes accouchent parfois d’une souris ») se met en marche pour avoir la peau du chat. S’en suit alors une course contre la montre, obligeant le matou à fomenter un incroyable plan d’action. Plus proche de Machiavel que de D’Artagnan, le chat botté est un fin stratège qui utilise les autres à leur insu, prêt à les sacrifier pour sa propre survie. La souris Patience, Némée le lion ou l’Ogre du château des Six-roses du Foy en feront les frais.
Ce n’est pas un exercice facile que d’utiliser des personnages déjà existant, de surcroît des héros de contes connus de tous. Mais Peña s’en sort plutôt bien, puisant dans le bagage commun de nos lectures d’enfance, convoquant sans complexes (et avec à propos) La Fontaine, Perrault ou Rabelais.
Espiègle et manipulateur, le chat botté interpelle directement ses lecteurs, comme s’il avait conscience de n’être qu’une création littéraire appartenant au patrimoine culturel français. Avec la complicité de Nancy Peña, ils s’amusent des codes de la neuvième chose, modifiant le traditionnel sens de lecture, jouant avec la temporalité du récit et la possible rétroactivité de la lecture (quand, par exemple, la souris Palmyre recherche la boite au lettre de l’auteure qui se trouve en dernière page). Aux antipodes d’un classique conte illustré, le récit et la mise en page sont du même acabit : insolents et riches en rebondissements.
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