A défaut de satisfaire ses employés et ses usagers, la SNCF comblera les fans de polars et de bandes dessinées. Pour cette nouvelle période estivale, les petits Polars (édités en partenariat avec le Monde) fleuriront encore sur les rayons des buralistes et autres kiosques à journaux (de gare, ça va de soit).
Après cinq nouvelles illustrées au casting alléchant (Loustal, Berberian, Le Roy & Götting, Slocombe & JC Denis…), c’est Anthony Pastor qui se charge (scénario et dessin) de la première bande dessinée de la saison. Un petit polar de 40 pages qui condense tout le savoir faire de l’auteur.
En quelques traits expressifs et contrastés, Anthony dessine des personnages attachants, portant sur eux tout le poids de leur existence. Des personnes ordinaires, auxquelles on s’identifie fortement, tant leurs failles font écho aux nôtres.
Une narration fluide et concise, qui prend le temps d’installer un climat aussi étrange que familier. Pas d’héroïsme superflu ni situations abracadabrantes, Le cri de la fiancée nous raconte un sordide drame familial (ah, la jalousie d’une mère !), révélant ainsi une terrible vérité : nous ne connaissons jamais vraiment ceux qui nous entourent.
C’est l’amère constat que fera Julien qui, installé dans son chalet de montagne, entendra des cris répétés venant de la maison des Anthonioz. Ce qu’il découvrira sur place n’a pas fini de le hanter, devenant ainsi le témoin impuissant d’un drame intime qu’il n’avait à priori aucune raison de connaitre. Un récit sans concessions, d’une noirceur implacable, qui aborde les thèmes de l’isolement affectif, de l’incommunicabilité dévastatrice entre les êtres, qu’il soit parents ou voisins.
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