Le cœur de la bibliothèque est tout en bas à gauche…
Philippe Annocque m’a fait le plaisir de répondre à ce questionnaire. C’est après s’être découvert un intérêt commun pour la revue (A suivre) et ses auteurs (dont Imagex qui décidément, réunit les hommes), que j’ai découvert son blog hublots, dans lequel il s’exprime sur ce qu’il aime, mais pas que. Écrivain, c’est pour lui un espace de création littéraire et poétique, un véritable « work in progress » qui ne se réduit pas à de la prépublication, mais est considéré comme un support de diffusion à part entière. A ce titre, son travail autour de son jeune grand père est remarquable et prend tout son sens dans ce type de format. Il ne me reste plus qu’à me procurer son roman « Monsieur Le Comte au pied de la lettre » dont il parle ici. Ce sera je pense une très bonne entrée en matière. Merci Philippe.
1) Quelle place prend ta bibliothèque chez toi ? 2) Quelle est sa configuration (en un seul bloc, en plusieurs parties, dans différentes pièces…) ? Difficile pour moi de séparer les deux questions. Tous les livres ou presque sont rangés dans une seule pièce qui leur est consacrée. J’ai du mal avec l’idée que tout un chacun en entrant chez moi puisse voir mes livres, ça fait vraiment partie de mon intimité. J’ai d’ailleurs exploité ce sentiment en le poussant jusqu’au burlesque dans un de mes livres, Monsieur Le Comte au pied de la lettre, dans lequel l’un des personnages installe ses toilettes au centre de la plus grande pièce de sa maison à l’étage, tout l’espace autour du trône étant réservé aux livres.
3) Possèdes-tu un classement particulier (si oui lequel) ? En changes-tu souvent ? J’ai mis en place il y a longtemps un classement particulièrement inefficace, mais je n’ai pas le courage de le bouleverser. Les livres (ceux de littérature, les plus nombreux) sont classés d’abord selon la langue dans laquelle ils ont été écrits ; et à l’intérieur de chaque langue, selon un ordre strictement chronologique (c’est la date de naissance de l’auteur qui prime, et à l’intérieur de l’œuvre de chaque auteur la date de publication de chaque livre). Pour les auteurs anciens, ça va encore. Quand on arrive au XXe siècle, ça devient vite ingérable : les auteurs sont de plus en plus nombreux et ils vivent de plus en plus longtemps. C’est une catastrophe.
4) Que contient-elle essentiellement ? Littérature, Art, Histoire, science, fiction, science-fiction, fantastique, auto, biographique, bande dessinée, essai, roman..? La littérature (poésie et théâtre compris) est très largement majoritaire. La BD est aussi bien représentée – surtout celle des années 80. Beaucoup de livres aussi autour, disons des sciences naturelles : botanique, zoologie, mycologie, théorie de l’évolution. Beaucoup de livres de linguistique, aussi. En fait tout cela correspond à des périodes différentes de la vie. Ça se complète. Il y manque la science-fiction – j’en ai beaucoup lu, mais c’était plus jeune, dans la bibliothèque paternelle. Et des livres d’art aussi, oui.
5) Quelle est la proportion entre livres avec images et sans images ? Difficile à dire, d’autant plus qu’il y a aussi des livres avec peu d’images mais un peu quand même. Je dirais trois quarts sans, un quart avec. Le déséquilibre est peut-être plus important encore. Pourtant j’aime beaucoup les livres avec des images. J’ai d’ailleurs des projets personnels de livres avec des images.
6) Tes ouvrages sont-ils plutôt rangés à l’horizontale ou la verticale ? A la verticale. L’horizontale, c’est quand vraiment la place manque – et elle manque. Du coup beaucoup de livres sont en double épaisseur. C’est un problème.
7) Et tes nouvelles acquisitions ? Les ranges-tu à part ou trouvent-elles de suite leur place définitive ? Avant ou après leur lecture ? En effet, j’ai une petite bibliothèque spécifique où attendent des livres récemment acquis et en attente de lecture. C’est surtout de la littérature contemporaine.
8) Es-tu globalement satisfait de ta bibliothèque ? Non. C’est un crève-cœur. Je me dis tout le temps que je devrais tout revoir, tout changer, et je n’ai pas le courage de m’y mettre. Je sais bien que de toute façon la place manquera toujours.
9) Qu’y manquerait-il ? C’est surtout la place qui manque. En même temps cette place qui manque est la représentation physique du temps qui me manque aussi pour lire tout ce que je voudrais lire. Au fond ce questionnaire nous renvoie à notre mort prochaine. C’est affreux.
10) Comment la vois-tu évoluer ? Oh la la.
[Entretien réalisé par courrier électronique le 1er Mai 2014]
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