Un petit tour vers l’OuBaPo fait toujours du bien. Par ces contraintes les plus inventives et loufoques, on s’amuse (auteurs et lecteurs) des possibilités infinies du médium.
Mon Lapin n°4 (L’Association, janvier 2014)
Étienne Lécroart prend les rênes du Lapin de janvier et propose à ses camarades (32 pour ce numéro) l’exercice de l’aveuglette. Une pratique qui consiste à réaliser une planche dont la structure et les situations de chaque case sont précisément décrites, sans pour autant raconter l’essentiel. S’appuyant sur une planche de Reiser, il dresse le mode d’emploi en quatrième de couv’. Pas sûr que tous les invités ne connaissent la planche originale, ce qui rend l’exercice d’autant plus intéressant. Une riche variété de styles et de thématiques. Si certains s’amusent de la consigne de Lécroart (Michel Galvin, Ibn Al Rabin) et se mettent en scène en train de réaliser la planche que nous lisons (Bruno Heitz, Marc Antoine Mathieu), la grande majorité des participants s’appuient sur le canevas imposé pour partir dans des délires narratifs et visuels (Benoît Jacques, Morvandiau, Mathieu Blanchin, Philippe Coudray, Jochen Gerner, Valoni…). L’Association vient également de publier les derniers travaux collectifs de l’OuBaPo avec Le Journal directeur
Wallstrip – Rapport d’activité (Onapratut, 2010)
Wallstrip est un ouvrage collectif qui compile un ensemble de strips réalisés lors de divers atelier-performances initiés par l’association Y’en A (créée par Stephane Girod). Le principe est de soumettre aux participants un strip-vierge, composé de trois cases, de silhouettes et de bulles vides. A chacun de le compléter en ajoutant des visages, des décors, des textes. Le but est de réaliser un gag avec, si possible, une chute. Y’en A et les éditions Onapratut ont sélectionnés pour l’occasion plus de 200 strips parmi les quelques 2000 réalisés au total. Si pour certains, on retrouve la structure imposée du strip original, d’autres la transforment totalement, au point de devoir chercher les traces de la trame d’origine. On y retrouve des auteurs confirmés (Frèd, Pochep…) et adeptes des expérimentations oubapiennes (Baladi, Lécroart…), ainsi que des amateurs et des visiteurs. L’ensemble est plutôt variés, allant du plus banal au plus impressionnant (mention spéciale à André H. Pistego). Trois sortes de strip-vierges sont proposés dans cet ouvrage. Trois autres sont à télécharger sur le site Y’en A.
Le pays du silence – Tony (L’Egouttoir, 2011)
Moins collectif mais tout autant oubapien est Le pays du silence de Tony, réalisé lors des 24 heures de la bande dessinée de Grandpapier et des 9ème rencontres Periscopages (mai 2010). Au delà de réaliser 24 planches en 24 heures, l’autre contrainte était de s’appuyer sur un extrait sonore (qu’on ne peut malheureusement plus écouter sur le Blog de Grandpapier). D’où la présence de notes de musique dès la couverture. Ce n’est pas un problème de ne pas connaître l’illustration sonore, les dessins se suffisent à eux même pour évoquer la musicalité des choses. Avec son graphisme pictogrammique, aux figures empruntées aux panneaux signalétiques, Tony crée sa petite musique au tempo varié. Il perturbe la temporalité du récit et nous amène à réfléchir sur le processus de narration (sens de la lecture, rétroactivité…), la structure de la planche (séquentialité…). Cinq scénettes qui luttent contre la standardisation des comportement. Bruyant et brillant !
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