Sirou nous invite à prendre l’air sur la plage de son Havre natal. Et on aurait bien tord de ne pas plonger dans ce carnet de voyage immobile, où de majestueux bateaux de toutes les tailles et toutes les formes défilent à l’horizon. On découvre la plage havraise dans toute sa splendeur, avec ses galets, ses mouettes, ses photographes (de vagues, de coucher de soleil, de digue…), ses baigneurs et baigneuses de quatre saisons, ses cerfs-volants… Comme tout bon havrais qui se respecte (wôdaye !), Sirou collectionne les galets qu’il échange avec d’autres amateurs.
Sirou sait croquer avec précision les gestes et postures de ses contemporains. En quelques traits fins, tout en arabesque, il rend parfaitement la grâce d’un sky-surfer ou la disgrâce d’un planchiste. Ses portraits ne sont pas toujours flatteurs, mais tous ses personnages sont attachants, car on se reconnais en eux. Qui n’a jamais eu l’air tarte avec son bob sur la tête et sa bedaine qui dépasse de la serviette… Sirou utilise l’espace de la planche, soit pour dresser un tableau d’ensemble des plagistes, soit pour décomposer les mouvements d’un surfer, d’une voile dans le vent. Ses hachures sont parfaitement maîtrisées (belles intensités des noirs et gris) et confèrent une dimension gravure sur bois de très bon aloi.
L ‘air de rien, la légèreté et la virtuosité de son dessin le rapproche de Dubout. Ils partagent également ce regard lucide, parfois moqueur mais souvent tendre envers leurs semblables.
Une petite merveille, auto-produite aux éditions Jusqu’à l’os.
Commentaires récents