Je remercie les camarades de k.bd qui m’amènent parfois à lire des bandes dessinées que je n’aurais à priori aucunes raisons de cotoyer. Ce genre de bédé classique (à papa !) n’est pas trop ma tasse de thé – bon, ok, aussi parce que c’est édité chez Soleil, mais je ne peux que reconnaître, après le superbe Derniers des Mohicans de Cromwell, qu’ils font une fois encore du beau boulot -, j’avoue m’être laisser tenté par les incroyables pérégrinations des sieurs Humphrey Van Weyden et Loup Larsen.
Ce qui m’a surtout attiré dans cet ouvrage, c’est le graphisme vif et précis de Riff Reb’s, ce style expressionniste proche des gravures d’époques. Changer de couleurs à chaque chapitre est un choix odacieux qui fonctionne. Chaque dominante illustre et contribue à l’ambiance de la situation : couleurs chaudes pour les scènes en huis-clos, froides pour les extérieures de chasses ou de bastons, rouge pour la colère, vert pour la peur…
Riff Reb’s a trouvé le ton juste entre la puissante précision des illustrations d’antan et la modernité d’une narration bédé plutôt traditionnelle. Je me rend compte qu’il est un formidable raconteur d’histoire. Classique dans sa manière d’installer le récit, Riff Reb’s évite l’eccueil de l’adaptation littéraire pompeuse et prétentieuse et puise librement dans l’oeuvre de Jack London, sans pour autant la dénaturer ou l’utiliser pour combler des vides scénaristiques. Il enchaine les évenements à un rythme soutenu, tout en prenant le temps de développer les thèmes ‘Londoniens’ de la survie de l’homme face à la nature, de l’âme, de la loyauté, de la folie…
Deux destins se font face, se respectent et s’insupportent. Le premier commente et écrit l’Aventure, le second la vit. L’un croit en l’homme et à la grandeur de l’âme, l’autre ne croit qu’en la sélection naturelle, la loi du plus fort. Tous deux lisent… Ces deux pôles s’attirent et se repoussent, livrant un incroyable combat idéologique, ayant pour toile de fond une impitoyable chasse aux phoques sur une mer déchaînée. On est littéralement embarqué, pris au piège par cette lecture, tout comme l’est Humphrey par le loup des mers Larsen.
ben tu vois, quand tu veux…
oui, comme quoi je ne suis pas bêtement réfractaire aux éditions Soleil !
j’adore ton blog, merci pour l’article sur Leon la came!
Merci, ça fait plaisir de savoir mes articles appréciés !!