A l’instar du Lapin de l’Association, Bile Noire est la revue phare des éditions suisses Atrabile. D’excellente facture, cette revue possède de nombreuses qualités, aussi bien formelles qu’éditoriales. On retrouve dans ce numéro 14 (de 2004) des auteurs helvètes (Baladi, Peeters, Wazem, Ibn Al Rabin…) et d’autres d’horizons plus lointains (Big Ben, Guy Delisle, Ruppert & Mulot, Robert Goodin…
Un sommaire varié, entre récits autobiographiques des plus réalistes (Tom Tirabosco) au plus humoristiques (Wazem), des planches à l’humour absurde (Olislaeger, Chaumaz…), un fanzine d’Alex Baladi (on retrouve d’ailleurs la clique de la fabrique de fanzine) le projet Gaz de France (une sorte de journal dans le journal, dont le mode de lecture bouscule les habitudes) et le concept de bande dessinée abstraite initié par Ibn Al Rabin
Un concept plutôt récent (les premières bds abstraites seraient Cidre et Schaps d’Ibn al rabin en 2000 et Bleu de Trondheim, estampillé Oubapo, en 2002), dont on peut craindre qu’il tourne vite en rond. Mais il n’en est rien. Les potentialités de la bd abstraites sont étonnamment riches et infinies. Comme le définit Andréas Kündig : « Dans notre cas, certains « axiomes » doivent être postulés pour qu’on puisse parler de bande dessinée : les cases représentent un déroulement dans le temps, il faut les lire dans un ordre défini, une forme reconnaissable dans deux cases symbolise la même forme ; il y en a peut-être d’autres… On peut rajouter des axiomes à sa guise. On pourrait postuler que le « niveau d’abstraction » est moins élevé plus il y a d’axiomes ».
Un résultat allant du « presqu’abstrait » de Delisle ou Peeters (on décèle encore quelque formes), à la pure abstraction de Jessie Bi ou Marc Staff Brandl (qui arrivent à créer des séquences de…rien !). La palme revient à Kündig avec son carré de Malévitch fait du ski , où tout est dans la suggestion… Une démarche remarquable et non dénuée d’humour.
Pas de nouveau numéro prévu pour l’instant (le dernier date de février 2011), mais gageons qu’Atrabile ne nous serve bientôt de sa Bile Noire…
Nestor rêve de poneys, Baladi
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