Archives pour avril 2013

Jade 354u, revue de la bande dessinée moderne (6 pieds sous terre, Hiver 2013)

Jade 354u, revue de la bande dessinée moderne (6 pieds sous terre, Hiver 2013) dans Presse et Revues jade354u

La revue de la bande dessinée moderne consacre son numéro annuel à nos indispensables libraires. Vous savez, ces personnes un peu étranges qui vivent entourés de plusieurs tonnes de papiers imprimés, ne sortant de derrière leur comptoir que pour recevoir de nouvelles livraisons (quasi quotidiennes). Une espèce en voie de disparition, qui nous est pourtant nécessaire. En effet, comment pourrions nous nous y retrouver dans cette pléthorique production de petit mickeys (ou livres sans images, quelle drôle d’idée). Nous avons besoin de ces êtres grincheux, vivant la moitié de leur temps reclus dans l’obscurité de leurs réserves, n’en sortant que pour prodiguer de précieux conseils à des clients exigeants ou indécis (chiants, quoi). Sans oublier la participation à (voire l’organisation de) divers festivals ou manifestations ponctuelles. Un maillon indispensable de la chaîne du livre, un acteur culturel essentiel.

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Anouk Ricard

Cet échange entre libraires indépendants (n’appartenant pas à un quelconque groupe de divertissement culturel) est bien pensé, loin de la forme classique du « questions-réponses ». Plutôt le compte rendu de la discussion ouverte entre cinq passionnés, bien plus ancrés dans la réalité que ne pourrait le laisser penser leur profession (la tête dans les livres, mais les pieds sur terre !). Sont abordés les thèmes de la transmission (et la formation des apprentis), de l’accompagnement du lecteur-client (de l’influence du libraire dans le cheminement du lecteur), de la situation éditoriale actuelle, de l’éternel débat « indé contre mainstream », de la concurrence de la vente en ligne… Comme à l’accoutumé, une belle brochette d’auteurs est invité à s’exprimer sur le sujet (on retrouve Baladi, Fabcaro, Terreur graphique, Ambre, B-gnet, Fafé, Gilles Rochier…)

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 Nicolas André

Extrait de l’édito de June « Julien » Misserey, ex-libraire responsable de cette thématique : « Des collègues, il y en a de très bons, et d’autres qui feraient d’aussi bonnes ventes de chaussettes ou de yaourts, mais c’est un autre débat. Pour ce numéro de Jade tourné vers les libraires et vers leurs librairies, mon idée est d’essayer d’échanger avec des gens que je sais être assez francs dans leurs propos (et dans leur manière d’envisager le métier), tout en essayant de ne pas partir dans les considérations passablement auto-centrées ; je doute que nous y soyons totalement arrivés, mais j’aime à croire que lorsqu’on est attaché au livre, à la lecture, alors peut-être que l’on peut apprécier d’en savoir un peu plus sur ces satanés bonhommes qui sont réputés pour faire la gueule lorsqu’on leur demande un conseil concernant un bouquin qu’ils n’aiment pas. Les fumiers. »

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Tony Papin

http://www.pastis.org/jade/2013-01-07/jade354U.htm

http://www.pastis.org/jade/prom/dp/jade354U.pdf

Chronique K.BD – Léon la came

Chronique K.BD - Léon la came dans Chroniques K.BD entete-leonlacame

En ce mois d’avril, k.bd prend un coup de vieux. Et question coups, on est servi avec Léon la Came. Rebelle, vicelard, indépendant, irrespectueux, Léonce est un centenaire qui restera dans nos mémoires, grâce à un dernier baroud d’honneur pour le moins admirable. Tout à la fois critique sociale contre le capitalisme et ode à la vieillesse, qui n’est pas automatiquement synonyme de décrépitude et d’inadaptation…

Une synthèse du camarade Champi !

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Les métiers secrets de la bande dessinée – J.L. Coudray & E. Reuzé (La boîte à bulles, 2013)

Les métiers secrets de la bande dessinée - J.L. Coudray & E. Reuzé (La boîte à bulles, 2013) metiers-secrets-232x300

Heureusement que l’on peut compter sur Jean Luc Coudray et Emmanuel Reuzé pour nous dévoiler ces dorénavant accessibles secrets de la bande dessiné. Sinon nous resterions de pauvres ignares en la matière. Moi qui croyait qu’un album de bédé était le fruit du travail d’un dessinateur, un scénariste, un encreur, un coloriste, un éditeur, un imprimeur, un distributeur, un vendeur et un lecteur (barrer les mentions inutiles)… je me rend compte grâce à eux qu’il existe une multitude de métiers participant à la confection de ces ouvrages illustrés : placeur de bulles, bruiteur, testeur de gag, évaluateur du prix, dessinateur de brouillon, complexificateur de scénario… Bien sur, nous autre lecteur de bédé, n’avions pas connaissance de ces métiers insolites et inimaginables, ô combien indispensables à l’assouvissement de notre inavouable péché.

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Ces métiers de l’ombre sont enfin mis à la lumière grâce à un remarquable travail d’investigation de Coudray, parfaitement mis en image par le ‘photographe manuel’ Reuzé. Pour ceux qui connaissent le mensuel de Carali (justement remercié par les auteurs), ces deux hurluberlus ne leur seront pas inconnus. Coudray est un pilier porteur du psiko, nous émoustillant intellectuellement de ses textes philosophiques engagés et dérangeants, d’une logique implacable.

Mister Reuzé (que je confonds parfois avec Mister Raynal, sûrement à cause de cette loufoquerie ambiante qui se dégage de leurs planches noires et blanches à l’absurde réalisme), est un dessinateur imparable, sûrement le seul de l’équipe du psiko à savoir réellement « bien dessiner » (avec Raynal justement). Ce qui ne veut rien dire, mais je le dis quand même…

Sorti dans la collection contre pied de La boite à bulles (qui a fêté ses dix ans), les métiers secrets de la bande dessinée sont accessibles à tous pour la modique somme de 1 euro (non vous ne rêvez pas !). A ce prix là, faut pas se priver.

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Jean Luc Coudray

Emmanuel Reuzé

Léon la came – De Crecy & Chomet (Casterman, 1995)

 

Léon la came - De Crecy & Chomet (Casterman, 1995) dans Chroniques BD leonlacame01-222x300

Après une absence de trente ans, Léonce, un pépé bientôt centenaire, revient auprès des siens. Et ce ne sera pas sans conséquences, car Léon le rouge (communiste de la première heure) bouscule le train-train bien rodé de la famille Houx-Wardiougue (pour le plus grand plaisir de son petit-fils Géraldo-Georges) et risque d’en compromettre l’avenir. Au grand dam de son fils Aymard, le nouveau patriarche de l’entreprise familiale de cosmétique, qui fera tout pour le mettre au placard, après avoir essayé de l’utiliser pour amadouer de potentiels actionnaires nippons. Mais en vain, il ne pourra rien contre cet électron libre (plutôt vicelard), qui tirera sa révérence par un dernier pieds de nez des plus remarquable, sonnant ainsi le glas des affaires familiales.

Entre satire politique et chronique familiale, Léon la came est une farce burlesque qui traite des thèmes de la filiation (ses mythes, ses secrets, ses membres), une critique acide de la haute bourgeoisie industrielle, du monde des affaires, de la lutte des classes. C’est surtout une ode à la vieillesse, qui n’est pas automatiquement synonyme de décrépitude et d’inadaptation. Qui ne souhaiterait pas vieillir comme Léon, conserver cet esprit indépendant, rebelle, fantaisiste ?..

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La narration parcellaire de Chomet met en exergue la dimension satirique du récit, et bouscule les habitudes. Dans sa dernière partie, les personnages interpellent directement le lecteur, afin de commenter les événements de leurs points de vue, bien différents les uns des autres. L’histoire nous est contée par Gégé, le petit fils de Léon (leur relation permettra au premier de s’émanciper du joug paternaliste), jusqu’à ce que son frère ne lui coupe la parole pour raconter à sa façon la suite des événements… Une manière non-conventionnelle de raconter une histoire. A l’image du personnage principal.

Entre caricature et réalisme excessif, De Crecy est un physionomiste hors pair. En quelques traits vifs, fauves, percutants, il dit beaucoup sur la personnalité complexe de ses protagonistes. Regards perçants, faciès improbables, attitudes flirtant avec le Slapstick et la pantomime… De la bonhomie de Gégé au visage sillonné de Léon, chaque portrait raconte le personnage. On lit en eux comme dans un livre ouvert.

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Rien n’est lisse, rien n’est droit. Un dessin à la limite de l’approximatif, une succession de trait qui laisse libre court à chacun de cerner les formes comme il l’entend (les voit, plutôt). Ce qui fait de De Crecy l’un des rares à se situer dans cet entre-deux de l’exagération et du quasi hyperréalisme (n’oublions pas Blutch).

Le traitement de la couleur est pour le moins expressionniste, en ce sens où celle-ci accompagne ou accentue l’état d’esprit des personnages, l’humeur des situations. Dans Léon la came, le rouge orangé peut être glauque et le vert pâle chaleureux. Une esthétique proche d’un Ensor, en particulier lors de la séquence de délire de Léon…

Bien qu’étant d’un esprit de contradiction, ayant toujours un doute lorsqu’une œuvre ou un artiste ne fasse l’unanimité, je ne peux qu’être totalement d’accord en ce qui concerne De Crecy. Je le considère comme le meilleur dessinateur de bande dessinée contemporaine.

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Le Tampographe Sardon (L’Association, 2012)

 Le Tampographe Sardon (L'Association, 2012) tampographe2-235x300

Prenant la forme d’un journal de bord, cet ouvrage est une succession chronologique d’articles de diverses natures, illustrés, datés et commentés. Une sorte de « work in Progress » étalé sur quatre ans (du 11 septembre 2007 au 20 août 2011).

« La vérité, c’est que je sais pas pourquoi je fais des tampons. C’est venu comme ça. Ça a poussé tout seul, ça a pris presque toute la place, ça a réduit en poussière tout ce que je faisais d’autre. J’étais dessinateur, avant ça. Pour des journaux sérieux, pour des revues de bande dessinée exigeantes. Plus rien à foutre. Comme ça, brutalement, un jour, j’ai plus pu. Je pouvais plus les blairer : les journaux, les auteurs, leurs gnagnagnas étalés sur des pages et des pages. Je me suis enfermé et j’ai créé le Tampographe. Je n’ai pas d’anecdote significative à raconter, pas de cause première. Je peux juste constater que le Tampographe a tout envahi comme une ronce, tout bouffé, qu’il ne reste que des trognons de mes aspirations premières et de mon goût pour le dessin. J’aimerais bien avoir une belle anecdote bien fondatrice. Mais non. » (extrait de la préface)

En introduction, Vincent Sardon nous présente le matériel nécessaire et le mode opératoire pour réaliser ses tampons. D’une activité ludique commencée en 1993, Sardon s’est lancé pleinement dans cette discipline (qui pue le caoutchouc) durant les années 2000, faisant de lui le seul et unique artiste Tampographe.

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Le Tampographe est sous-commisaire des tampons du collège de pataphysique. D’où ses régulières références à Monsieuye Ubu. Le décalage, le détournement et l’absurde sont récurrents dans son œuvre qui, loin de se réduire à la conception de tampons, s’ouvre sur une multitude de champs.

Le Tampographe était un dessinateur de bande dessinée et illustrateur pour la presse. Il n’en garde d’ailleurs pas de bons souvenirs et ne se gêne pas pour cracher son venin sur les auteurs de « bédé autobio » (en particulier les éditions Ego comme x avec lesquels il a collaboré) ou les journalistes de Libération. Il ne mâche pas ses mots, emprunts de rancœur mais non dénués d’humour.
Bande dessinée et « tampographie » sont des pratiques pas si éloignées que ça : reproductibilité (lien avec l’imprimerie), absence de notion d’œuvre originale (le tampon n’a aucun sens en soi, si on ne l’utilise pas), successions des motifs… les points communs sont nombreux et touchent à l’essence même de ces deux disciplines.

Le Tampographe est un bon pointilliste. Ayant édité un ouvrage à ce sujet, il nous présente ici les bons points qu’il a transformé en tampon, histoire de les cumuler à l’infini.

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Le Tampographe est un accumulateur d’objets insolites servant à la fabrication de ses tampons (boites d’emballages, sacs de nouvelles montures, produits toxiques) et un collectionneur de choses plus immatérielles (vielles photos de photomaton ou clichés pornographiques en argentiques récupérés auprès d’un ancien employé de la fnac).

Le Tampographe est aussi photographe, rendant compte ainsi de ses divers déplacements, prenant des clichés pseudo-artistiques dans lesquels s’y trouve inséré son nom. Il s’est fait une spécialité des safaris-photos organisés lors de manifestations (politiques ou artistiques), afin de chasser les beaux spécimens de colliers de barbe ou de mèche-visières cachant les calvities. Une pratique dangereuse (comme en atteste ses commentaires), mais le résultat vaut bien toutes les prises de risques. Une démarche qui frôle le burlesque et confirme l’idée que le beau est en toute chose, il suffit seulement de savoir quel angle choisir pour le percevoir et le mettre en valeur (voir le portrait d’endives cuites !). Et Sardon ne manque pas de points de vues.

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Le Tampographe est un faussaire, permettant de (re)produire des œuvres d’artistes reconnus (Yves Klein, Ben, Dubuffet, Gaston Chaissac, Bernard Buffet…), au résultat souvent bluffant, pour un prix bien plus attractif qu’un original.

Le Tampographe est un grossier polyglotte, qui s’amuse à fabriquer des tampons vulgaires dans toutes les langues (français, anglais, allemand, roumain, japonais, argentin, russe…).

Le Tampographe est tricoteur, créant ainsi des doudous à l’effigie du père Ubu ou d’Adolf Hitler.

Le Tampographe est pâtissier, confectionnant des gaufrettes déprimantes qui « feront merveilles les lundis matins de rentrée, auprès de vos amis dépressifs qui se cherchent encore une bonne raison de passer à l’acte ».

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Le Tampographe serait un garçon un peu dépressif. Mais ça, on s’en tamponne (je prends des risques, car il n’aime pas non plus les jeux de mots foireux!)…

Le Tampographe fait de la politique. Et pour ceux qui se demanderaient si l’art doit être politique, ils trouveront une réponse dans ce magnifique ouvrage, le plus beau que j’ai pu lire venant de l’Association (qui n’en manque pas).

Le Tampographe est un agent provocateur, et c’est tant mieux pour nous. Pour lui aussi : « Je fabrique des tampons, je les vends et avec les sous je m’achète à boire ».

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Le Tampographe Sardon

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