Quand le Street Art s’immisce dans le neuvième, le pervertit de l’intérieur en dynamitant les codes, cela donne Street life stories, revue éphémère du début des années 2000. Extrait du premier édito qui annonce les intentions de la rédaction : « Où est passée la BD qui colle à l’actualité, qui raconte des histoires qui traitent du quotidien, qui reflète l’univers dont elle est issue. Un journal de BD qui réunirait des artistes issus de la culture urbaine peut-il toucher un vaste public ? Se référant à feu Métal Hurlant, magazine mythique des années 80 et à son succès à l’époque, nous pensons que oui. »
Sous la houlette du scénariste El Diablo (le créateur de la série d’animation Les Lascars), les auteurs enchaînent de courtes histoires drôles, parfois dramatiques, racontant les préoccupations d’une génération de jeunes urbains (draguer, s’éclater, taguer…), mais dans lesquels tout le monde peut se reconnaître.
L’équipe (dont certains membres font parti du collectif Kourtrajmé) fait preuve d’une incroyable inventivité formelle, tant narrative qu’esthétique, rarement vue dans une revue de bande dessinée. Le graphisme vif et puissant du tag s’adapte très bien au langage BD et apporte un rythme soutenu au découpage séquentiel de l’action.
La diversité des matières et des formes nous permet de prendre la pleine mesure de la richesse du Street Art. Graphisme stylisé propre aux tags de rue, style humoristique crade de Salch (façon Vuillemin), couleurs expressives (gouaches, pastels, feutres, numérisées) ou noir et blanc tranchant, romans photos déjantés… A l’image de PSAI, qui dans sa bande « Mon pote Francis » change de technique à chaque double page, de photos de sujets en pâte à modeler au dessin, en passant par le graffiti.
Dommage que cette revue n’ai pas durée plus de trois numéros. Peut-être n’a-t-elle pas su trouver son public. Car bien que la bande dessinée et les arts de la rue soient « amis » (le groupe Bazooka se situe entre les deux disciplines ; des artistes tels Basquia, Keith Haring ou Miss.tic se réfèrent beaucoup à la bande dessinée), proches de par leurs préoccupations esthétiques et leur dimension « populaire », il semblerait qu’ils possèdent chacun leur public. Et que ces derniers aient peu en commun…
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