Un des événements culturels marquants de cette année. Dominique A est un artiste essentiel, aussi incontournable que discret, qu’il faut avoir vu au moins une fois en concert.
Dans une configuration rock classique, comprenant un batteur (Sébastien Buffet), un bassiste (Jeff Hallam), un guitariste (Thomas Poli), un clavier (David Euverte) et lui-même (chant et guitare, qu’il n’a pas changé durant tout le concert), Dominique A et ses amis nous ont gratifiés de plus de deux heures d’un concert d’une classe folle. Généreux (Dominique est à l’aise, concentré tout en sachant blaguer avec nous), virtuoses (le bassiste est incroyable, jonglant avec la même dextérité entre une Gretch, une Fender et une contrebasse), intimiste, bruitiste, poétique… Un concert riche en émotions.
Cette formation rock lui permet de revisiter ses anciennes chansons et ainsi leur apporter un souffle nouveau. Bien sur, des morceaux tels que Le courage des Oiseaux, 22 bar, Pour la Peau ou Le Sens se suffisent à eux-mêmes. Mais c’est en cela que Dominique est un grand, il ne rejoue jamais ses chansons de la même manière. Eternel insatisfait ou chercheur d’absolu ? Il semble constamment retravailler ses chansons, les triturer jusqu’à l’os, chercher ce qu’elles auraient encore à dévoiler. C’est surtout significatif au chant, tant Dominique bouscule la mélodie, jusqu’à la limite du reconnaissable, s’amusant avec le rythme des phrases, les changements de tempo.
Dominique est un adepte du sampler, jouant en premier lieu une phrase rythmique, qu’il enregistre et passe en boucle, puis y superpose des accords mélodiques. Un procédé qu’il utilise presque comme un instrument à part entière, tant il arrive à en dégager bien plus qu’une simple somme d’accords.
La set-list, qui revisite parfaitement sa discographie :
- Plaine des sables
- Contre un arbre
- Sarah, Bristol
- L’amour
- Le sens
- Le commerce de l’eau
- Les menteurs (chanson en colère !)
- Vers le bleu
- Ce geste absent (un slow !)
- Dobranoc
- Le courage des oiseaux (celle par qui tout à commencé !)
- Bowling
- Close West
- Par l’Ouest
- Parfois j’entends des cris
- Hasta que el cuerpo aguante
- Rendez nous la lumière
- Le métier de faussaire
- L’horizon
1er Rappel :
- Les hommes entre eux
- Hôtel Congress
- Pour la peau
- Twenty-two bar (Jeff remplaçant Françoise Breut)
- Par les lueurs
2ème rappel
- En secret
- Le convoi
- Les hauts quartiers de peine
Au fil de cette formidable prestation, j’ai un déclic ! Pour comparer à ce qui peut l’être, je dirai que Dominique A est le chainon manquant entre Léo Ferré et Sonic Youth. Un mariage quelque peu contre nature, mais ô combien cohérent et évident chez lui (ce sont des références qu’il cite volontiers). Alliance magique entre la fragilité des mélodies et de l’interprétation, la force d’évocation des mots et la puissance des ambiances noïsy répétitives.
Force et fragilité, tels sont les deux pôles entre lesquels Dominique avance en funambule depuis plus de vingt ans. Pour notre plus grand bonheur ! Merci Messieurs !
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