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Archives pour novembre 2012

Tout pour Topor…

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Trois maisons d’éditions rééditent les œuvres écrites de Maître Roland, et ce de manière fort judicieuse et complémentaire (je suppose que son fils Nicolas y est pour quelque chose !). Ces rééditions ne se marchent pas sur les pieds, pour le plus grand plaisir des aficionados de ce génie de l’humour noir grinçant. Maitre du grotesque, clinicien de l’absurde, toujours sur le fil entre tendresse et cruauté, confrontant sans relâche le métaphysique et l’insignifiant. Romans, nouvelles, aphorismes… Il excellait dans tous les formats.

Libretto réédite ses romans. Après Le Locataire Chimérique (le premier, de 1964, son plus célèbre) sorti l’année dernière, ils viennent de publier La Princesse Angine, deuxième roman qui date de 1967. En toute logique, ils devrait continuer avec Erika (1968).

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Wombat se spécialise plutôt dans les formats courts, entre recueils de nouvelles (Vaches Noires, son dernier livre) et mémoires (d’un vieux con) sortis l’année dernière. La maison vient de rééditer son fameux Café Panique, suivi de Taxi Stories, dans lesquels Topor dégueule littéralement son urbanité maladive.

JC Menu lui, n’a pas attendu longtemps avant de nous proposer les aphorismes et autres « bêtes pensées » du « touche à tout extrêmement brimé », comme Topor se définissait lui-même. Troisième ouvrage de la jeune l’Apocalyspe, je souhaite ardemment que d’autres suivent, puisse que L’Apo est faite pour perdurer (et pourquoi pas ses Dessins Paniques ?)…

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Outre leurs qualités formelles respectives, le point commun dans la manière de faire de ces trois maisons est l’incrustation de dessins de l’auteur entre les pages et les lignes. Car Topor dessinait comme il écrivait, et écrivait comme il dessinait : d’un même geste, sur le vif, dans l’urgence. Sans se fourvoyer dans une quelconque préoccupation de style ou pis, chercher à « faire joli ». Au contraire… C’est pourquoi je l’aime.
Continuez Messieurs Dames à nous offrir les écrits de Roland. Car on se rend compte à la (re)lecture de ses ouvrages que Topor n’a pas fini de nous devancer…

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Nenette cherche un sens – Catherine Genest (Mécanique générale, 2006)

Nenette cherche un sens - Catherine Genest (Mécanique générale, 2006) dans Chroniques BD nenetteimg1

Dans sa forme, qu’est ce qui distingue une bande dessinée d’un autre livre ? Un format standard (le fameux 48cc) ? Des pages qui soient des agencements de cases ? Des dessins associés à des mots ? Des personnages qui s’expriment dans des phylactères ? Un graphisme lisible et compréhensible pour tous..?

Au premier coup d’œil, excepté de par son format (21×29 broché), cet album ne ressemble pas à une bande dessinée. Point de cases, ni de phylactères. Un seul dessin en pleine page, quelques mots qui s’incrustent dans des images aux couleurs criardes et baveuses… Par facilité, on dirait « roman graphique ». Ou récit illustré, plutôt que narration séquentielle.
Pourtant, elle est présente, la séquence. Suffisamment pour générer un fil conducteur cohérent entre les pages…

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Le graphisme aux motifs exagérés et aux hachures excessives raconte bien mieux que des mots le mal-être de l’héroïne, dont on ne sait de quelle mal elle souffre. Un style expressionniste, qui en dit long sur le personnage principal et sa perception du monde.

Tout en impressions, sans aucun pathos mais non sans malaise, on accompagne Nenette dans une succession de tranches de vie (à l’hôpital, dans un bar, une galerie d’art, le supermarché, chez le docteur, à la bibliothèque, au concert…) qui recèlent bien plus de richesse que ne semble le croire l’héroïne. Catherine Genest n’explique rien et nous laisse toute latitude pour interpréter les sentiments de Nenette.

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Petite, pâle et chétive, avec de grands yeux tristes et profonds, Nenette ne respire pas la joie de vivre et semble absorber tout le spleen de la ville. Elle s’arrête sur des détails qui nous sembleraient insignifiants. Par exemple, elle voit la ville qui fatigue « car ses couleurs s’exilent vers les égouts ». Comme elle le dit, elle cherche peut-être un peu trop profondément, au risque de se perdre. Étrangère à ce(ux) qui l’entoure(nt) – sentiment admirablement retranscrit, en représentant toutes les personnes que Nenette croise en silhouettes sans visages – elle erre dans sa vi(ll)e à la recherche de quelque chose qui semble constamment lui échapper.

Comme le titre l’indique, Nenette cherche un sens à sa vie, une réponse à son mal-être. Du moins, en donne t-elle l’impression. Mais le sait-elle vraiment ? Car la seule chose qu’elle verbalise, c’est la « recherche de la légèreté dans le métal » ! C’est peut-être pour cela qu’elle apprécie le concert des Electre Me, qui la met dans un état de plénitude, voire de béatitude… Le récit se termine d’ailleurs sur le portrait de Nenette en gros plan, les yeux fermés… A-t-elle enfin trouvé ? On reste perplexe…

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Une manière très personnelle de raconter en traits et en couleurs un récit sur la maladie, l’isolement, le mal-être. Catherine Genest s’est totalement appropriée l’outil bande dessinée pour le pervertir de l’intérieur, le pousser dans ses limites, dérangeant ainsi le lecteur dans ses habitudes. Elle bouscule les frontières entre fond et forme, dessin et écriture, art graphique et art plastique, sobriété et expressivité, chronique urbaine et journal intime…

Un album remarquable en tout point (papier de belle qualité, rendu superbe des couleurs…), édité par Jimmy Beaulieu et sa Mécanique Générale, qui nous propose une approche riche et différente de l’art neuvième, imposant le Québec comme un territoire incontournable de l’expression « par la bande » (après avoir lu cet article convainquant, j’éviterai dorénavant d’employer le terme « bédéesque »).

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http://cgenest.com/portfolio/

Mécanique générale

Chronique K.BD – Tintin au Congo

Chronique K.BD - Tintin au Congo dans Chroniques K.BD entete-tintin-au-congo

Œuvre polémique s’il en est, nous avons choisi d’aborder cet album dans le cadre de la thématique de novembre, consacrée à l’Afrique. Non par provocation, mais pour rappeler que cette deuxième aventure de notre reporter préféré reste figée, tel un fossile, dans cette époque trouble de la colonisation.  A ce titre, Benoit Peeters a raison, Tintin au Congo est un témoignage, malheureusement ni rare, ni unique, mais de loin le plus connu du grand public mondial. C’est pourquoi je pense, qu’il faut le laisser dans l’état (malgré ses nombreuses imperfections), ne pas le modifier et encore moins l’interdire. Pour ne pas oublier…

Synthèse de Mister Lunch.

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Lire l’article

Hors-séries en série…

Petite revue de presse tardive (mais on est pas pressé). Des hors-séries sortis en 2012, et de bonnes vieilleries…

Hors-séries en série... dans Presse et Revues inrocksfranquin1

Les Inrocks ont eu la bonne idée de sortir un hors-série consacré à Franquin. Rien à redire sur cette initiative car, d’une part, on ne parlera jamais assez de ce génie absolu du 9ème art. D’autre part, les inrocks nous proposent une hagiographie pour le moins pertinente de l’œuvre de Franquin. Bien sur, la rédaction n’évite pas certains écueils (liste exhaustive des albums, inventaires des personnages…), cependant, ils apportent un éclairage intéressant, en particulier par le biais des dossiers « Franquin et le goût de la modernité » ou « ligne claire & style atome ».
Il ont même la bonne idée de retranscrire un large extrait de l’entretien de 1985 avec Numa Sadoul.

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20 ans de résurrection pour Charlie. Belle performance ! Sans revenir sur leurs multiples affaires (Caricatures, Siné, Mahomet…) Charlie demeure pour moi (et je ne suis pas le seul) un véritable espace d’expressions libres et de folles créations. Enfin merde, un journal qui comprend les plumes de gens tels que Cavanna, Wolinski, Willem ou Cabu mérite d’être apprécié, lu et soutenu ! Un best-of de leurs meilleures choses (articles, couvertures, dessins…) est toujours réducteur, il faudrait bien plus de page (ce qu’ils feront avec l’ouvrage « les 20 ans » aux éditions les échappés).
Mais les perles contenues dans ce hors -série sont incontournables ! Ne boudons pas notre plaisir…

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Ils étaient annoncés par Christophe Goffette, l’ancien rédac’ chef, et sont tout de même sortis après son départ. Il aurait été dommage de ne pouvoir profiter de ces deux superbes hors-séries. L’idée de confronter « l’umour et bandessiné » fluidien à deux collectifs de fous, deux jalons de l’Humour mondial avec un grand h, est à la fois osée et jubilatoire.
Dans leurs formes, ces numéros sont un mélange réussi entre portraits des intéressés et bande dessinées maisons, chaque auteur revenant sur sa rencontre (et ses amours) avec ces deux bandes de comiques troupiers, à la fois créateurs et archétypes mêmes de l’humour génialement con ! Des maitres de l’absurde, dans ce qu’il a de parfois pas marrant…

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Entre les Monty Pythons et Groland, Fluide Glacial a trouvé des alliés de choix. De nombreuses filiations existent entre ces trois bandes. Par exemple, Terry Gilliam (ami de Christophe Goffette) a dessiné pour Pilote, avec son camarade Gotlib. Francis Kuntz – Kafka a collaboré à Fluide dans les années 80-90 avant de rejoindre l’équipe du Groland… Tous partagent et pratiquent cet humour grinçant et provocateur, pointant nos dysfonctionnements d’homo-sapiens occidentalisés, salutaire à toute démocratie qui se respecte !

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Trimestriel dieppois, qui a existé de 1983 à 2003, Sapristi était à la fois une revue généraliste, dressant un panorama de l’actualité « bédéphilique » dans la rubrique « dernière nouvelles du front ». Et en même temps, un ouvrage consacré à un auteur en particulier, qui signe la couverture.
Une sorte de hors-série permanent, composé d’un dossier complet sur l’auteur invité (interview, biographie, analyses de son œuvre…), et des chroniques d’albums parus dans l’année.
Pour ma part, je me suis procuré de vieux numéros, dont celui sur Loustal (n°33), très complet et richement illustré. Une somme qui m’a permis d’en apprendre sur cet auteur plutôt discret.
Une revue qui n’existe plus, et c’est bien dommage.

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Il fut une époque où, face au nombre croissant de revues de bande dessinée que l’on trouvait en kiosque, il fallait choisir entre le bon, le moins bon et le très bon. Même si je n’aimais pas trop (à suivre) ou Vécu et cette bande dessinée d’aventure réaliste (j’étais plutôt comique ou SF), je reconnais maintenant qu’il n’y a rien à jeter dans ce journal.
Aussi, chiner une reliure de ce type, datant de 1984, me permet de prendre la pleine mesure des talents réunis : Munoz et Sampayo, Masse (et ses folles planches colorées des deux du balcon), Rochette et son Claudius Vigne, Ceppi avec son anti-héros Stéphane, Ted Benoit et son Ray Banana… Sans oublier Boucq, F’murr, Regis Franc, Altan, JC Denis, Imagex, les jeunes Bezian et David B.
Bref, que du beau et du bon. De même du coté rédactionnel, où les chroniques et critiques sont riches et pertinentes. Le tout sous la conception graphique d’Etienne Robial. C’est dire… Une revue incontournable, même 30 ans après sa sortie.

Tintin au Congo – Hergé (Casterman, 1937)

Tintin au Congo - Hergé (Casterman, 1937) dans Chroniques BD tintincon

Bon, au delà des bruyantes polémiques, que reste-t-il de cette deuxième aventure de Tintin en ce 21ème siècle ?

1) Un témoignage des mentalités et des mœurs de son temps, à savoir la petite bourgeoisie bruxelloise, royaliste, colonialiste et conservatrice des années 20.  Le mot nègre est régulièrement employé dans la version de 1931. Bien qu’il n’avait pas la même connotation à l’époque, j’avoue avoir du mal à chaque fois que je lis ce terme péjoratif et dégradant. Tout comme l’est la posture paternaliste et condéscendante de Tintin envers ces « pauvres » congolais (ah, le coup du chapeau coupé en deux !). Hergé a eu beau atténuer les clichés colonialiste de l’album en le redessinant en 1946, rien n’y fait. Cela transparait à chaque case.

2) Un récit d’aventure confondant de naïveté, voire limite crétin à certains moments. Une fiction qui prend énormément de libertés avec la réalité du continent africain. Une accumulation de scènes incohérentes, reposant sur une chance insolente, qui amène nos deux héros à s’en sortir à chaque fois, contre toute logique narrative (voir le passage où les singes les aident en jettent des noix de coco contre le méchant).
Un univers qui se veut réaliste, mais qui n’est qu’un déroulement d’événements fantaisistes, une successions d’absconses situations  (quand Tintin se déguise en singe ou en girafe). Sans parler de cette manie pour le moins agaçante qu’ont Tintin et Milou à faire des commentaires sur ce qu’ils vivent, au moment même où ils le vivent (par exemple, quand Milou tombe à l’eau et le requin attaque Tintin).

3) L’œuvre de jeunesse d’un futur géant de la bande dessiné, qui essuie les plâtres de sa pratique de la narration séquentielle (en cela, la version originale est bien plus intéressante). Ce qui distingue Hergé de ses contemporains, et ce dont témoigne cet album, c’est l’utilisation des phylactères et la suppression des cartouches en dessous des dessins. Un procédé pour le moins nouveaux à l’époque, qui fera école. Autre particularité du jeune Hergé, c’est cette constante impression de mouvement. Très influencé par le cinéma, il n’hésite pas à décomposer les gestes de ses personnages de manière quasi chronophotographique, ce qui apportent un rythme soutenu à ses planches (voir la scène de combat en haut de la falaise).

4) Tintin est un des premiers héros à vivre des histoires « réalistes ». La plupart des séries contemporaines développaient des univers fantaisistes ou fantastiques (Little Nemo, Krazy Kat, Mandrake, Zig et Puce, Bibi Fricotin…) Le fait de choisir un héros reporter, allant à la découverte de pays exotiques, inscrivait les aventures de Tintin dans une réalité géographique et historique. D’un point de vue naïf et caricatural dans les premiers albums, c’est à partir du Lotus Bleu qu’Hergé effectuera un travail documentaire conséquent, qui apporta une réelle authenticité aux situations décrites, jamais démentie jusqu’à sa dernière aventure.

Pour conclure, je citerai Benoit Peeters dans Tintin et le monde d’Hergé : « Paradoxalement d’ailleurs, c’est peut-être dans ce côté stéréotypé que réside aujourd’hui le principal attrait de Tintin au Congo. Des missionnaires aux chasses aux lions, des mines de diamants aux crocodiles, l’album constitue un fort bon répertoire des clichés colonialistes. Et l’on finit par se dire que, si le livre n’a rien d’une peinture très authentique du Congo de l’époque, il constitue par contre un excellent document sur l’imaginaire africain qui occupait alors les esprits européens ».

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