Archives pour avril 2012

Rapport sur les aveugles – Alberto Breccia & Ernesto Sabato (Vertige Graphic, 1993)

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Breccia est un artiste unique, précieux. Peintre de l’indicible, de l’angoisse diffuse et du malaise ambiant, il est bien le seul à pouvoir s’atteler avec autant de maestria à l’adaptation en images des œuvres littéraires de Poe, Stoker, Lovecraft ou présentement, Ernesto Sabato.

Rapport sur les aveugles nous conte la descente aux enfers de Fernando Vidal Olmos, un homme obsédé par les aveugles et persuadé que ces derniers sont tous membres d’une société secrète qui, réunie dans les profondeurs de la terre, dirige les destinées du monde. Son enquête sur les traces de ces aveugles va insidieusement l’amener dans les tréfonds de la folie…

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Comme le précise très justement Carlos Sampayo en préface, Breccia – avec cette adaptation – ajoute de l’obscurité à un monde de ténèbres. « Son travail n’a pas la violence d’une protestation, c’est une patiente vivisection des sensations et sentiments personnels face à la lecture et peut-être a-t-il démarré sur la nécessité de pallier l’horreur qu’elle suscite. [...] Alberto Breccia, en adaptant des textes littéraires qui ont pour sujet l’aliénation, a choisi une zone de la sensibilité humaine qui, pour extrême qu’elle puisse être, n’en est pas moins possible. »

Tel un Matisse en négatif, Breccia découpe, déchire plutôt, des formes de différentes tonalités de gris pour les superposer, et ainsi créer des figures pour le moins inquiétantes. Ses personnages sont déformés, défigurés, torturés autant par leurs démons intérieurs que par le trait excessif de Breccia lui-même. Le noir est ici plus que jamais l’élément central de ses planches.

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Chaque case, chaque dessin doit être minutieusement scruté pour que les formes et les forces en présence puissent se dévoiler et prendre sens. Tout comme nous devons le faire lorsque nous regardons à travers le brouillard. Plongés en plein rêve éveillé, les formes s’évanouissent dès que nous focalisons sur elles.

Lire un album de Breccia n’est jamais sans conséquences, et ce Rapport sur les aveugles ne fait pas exception. Une longue descente dans les replis obscurs de l’âme humaine, nous obligeant à faire preuve tout à la fois de vigilance et de lâcher-prise. Des images féroces, corroborant l’idée que l’horreur peut parfois atteindre le sublime.

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Alberto-Breccia.net

Crrisp ! Collectif (l’employé du Moi, 2008)

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Crrisp ! est un ouvrage collectif réalisé à l’initiative de la maison d’édition l’employé du Moi. Ce livre rassemble une sélection d’histoires proposées sur le portail web Grandpapier.org. Les auteurs ont répondu à une invitation lancée par l’employé du Moi fin 2007 à produire sur le site un récit d’horreur, d’angoisse ou même éventuellement, à donner très franchement dans le gore.

Ça fait quelques années maintenant que je me balade régulièrement sur cette plate forme. J’y ai découvert d’excellents auteurs, que je retrouve ici avec grand plaisir, tels que Morgan Navarro, Joseph Falzon ou Guillaume Benoit.

Crrisp ! Collectif (l'employé du Moi, 2008) dans Chroniques BD swamp27-b74b4

Joanna Lorho, Eleni

Le thème n’est pas très original en soi, il est cependant assez vaste pour favoriser l’expérimentation et permettre à certains auteurs d’y glisser une bonne dose de peurs intimes et d’angoisses refoulées. L’horreur est ici présentée sous toutes les coutures : primaire, viscérale, psychologique, irrationnelle, quotidienne…

Un ouvrage généreux (400 pages), qui fait la part belle au graphisme pur, à toute la diversité du dessin crayonné. De l’épure d’un Bapton à « l’esthétique de la surcharge » d’un David Libens, du style humoristique d’un Jean Bourguignon au réalisme symbolique d’une Joanna Lorho, de traits façon gravure d’un Jeffrey Brown aux formes abstraites saisissantes d’un Bert, Crrisp ! est une belle réussite, donnant un aperçu plus que convainquant d’une génération de dessinateurs « indébandants ».

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Bert, Fleurs

Crrisp !

R.I.P. Jacques Carelman

R.I.P. Jacques Carelman dans Evenements culturels div071s

Jacques Carelman, Collage pour les « Mille et une Nuits »

Bon, ça commence à bien faire de devoir commenter l’actualité nécrologique. Jacques Carelman nous a quitté ce dimanche premier avril. Tu parles d’une blague !

Tout comme pour Moebius, je n’ai pas connu Carelman autrement que par ses œuvres. Et je le connais depuis très longtemps maintenant. C’est pourquoi j’en ai parlé dès le début de ce blog, qui est de loin l’article le plus lu et commenté de tous ceux que j’ai pu bafouiller. J’ai même eu l’immense honneur d’un commentaire de sa part. Il fut touché par mes propos passionnés et, venant d’un artiste de sa trempe, je dois reconnaître en tirer une certaine fierté…

Bon, ça fait quand même chier de reparler de lui à l’occasion de sa mort, et non pour l’une des nombreuses facettes de son œuvre prolifique, dont il me reste encore beaucoup à découvrir. M’enfin, c’est comme ça…

A bientôt Monsieur le Régent ! Et merci !

 objetsintrouvablesaveza dans Evenements culturels


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