Bilan provisoire, un titre tout à fait approprié, tant il est impossible de dresser un bilan exhaustif et définitif en matière de poésie dessinée. La variété des genres (fantastique, humoristique, politique…), des techniques (crayon, peinture, infographie…) et des époques (du début 20ème au début 21ème) – dont le dénominateur commun est le noir et blanc – nous démontre l’aspect ‘hors-modes’ de cette revue. Un choix éditorial heureux.
Jouissant d’un casting d’enfer (avec entre autres, Joko, Kiki Picasso, Captain Cavern, Killoffer, Willem, Muzo, Nicolas Topor, Medi Holtrop, Roland Topor, Loulou Picasso, Stéphane Blanquet, Olivier O. Olivier, Pacôme Thiellement, Moolinex, Placid, Vincent Sardon, Odilon Redon, Marcel Duchamp…), Bilan provisoire ne se limite pas à refléter son époque. Au contraire, de cette confrontation d’œuvres anciennes et contemporaines se dégage une cohérence et un enrichissement mutuel incroyables : une peinture de Scott Batty répond à un dessin d’Odilon Redon ; une planche de Willem fait écho à celle de Stéphane Calais ; les dessins de Nicolas Topor l’inscrivent dans une filiation évidente avec son père ; le trait d’Olivier O. Olivier évoque celui de Roland, son compagnon d’armes ‘paniques’ ; le « Crying Ghost » de Marc Brukert chante la sérénade à la cowgirl de Joko ; les formes clair-obscures de Killoffer illustrent à merveilles le poème Une exégèse dessinée de la genèse I de Pascal…
Bien que comprenant certains textes (récits illustrés, analyses ou interviews) cette revue se contemple, plus qu’elle ne se lit. Et toute la différence est là ! La contemplation fait appel à nos sensations, nos émotions. Elle nous emmène dans un état introspectif, proche de la méditation. La lecture est une activité plus consciente, intellectuelle. La poésie (en mots ou en images) ne peut que s’apprécier par contemplations répétées ‘ad vitam’, car le Beau se dérobe chaque fois que l’on tente de le cerner…
Les qualités formelles de Bilan provisoire se prêtent parfaitement à l’exercice. Sa couverture souple et son papier épais permettent d’y revenir à l’infini. Solide et généreuse (112 pages, plus un poster dépliant et une estampe signée de Placid), son impression en sérigraphie, ainsi que son grand format, rendent justice aux œuvres présentées et nous offre la possibilité d’y ‘plonger’ littéralement, et ainsi tenter d’en saisir la substantifique moelle…
Une revue qui ne s’oubliera pas de si tôt dans les rayons de ma bibliothèque…
Beaucoup moins poétique, mais prosaïquement dispo. gratuitement via issuu, vous pouvez lire un tout jeunôt fanzine, Zébra, de BD et illustrations : http://fanzine.hautetfort.com/archive/2012/04/07/lecture-zebra-n-2.html
merci pour le lien Zombi. Un petit fanzine ma foi fort sympathique…