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Archives pour février 2012

Suite bleue – Louis Joos & Frédéric Debomy (Le 9ème monde, 2001)

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Louis Joos est un passionné de Jazz depuis toujours. Il raconte en préface comment cette musique l’a sauvé de ce monde absurde et monstrueux, auquel il n’a jamais pu s’adapter.

Les textes de Frédéric Debomy (qui a entre autre été membre de l’équipe de rédaction de la revue PLG) entrent en parfaite résonance avec la philosophie de Joos. A savoir que l’Art est une bouée de sauvetage, permettant de rester à flot et ne pas sombrer dans les méandres de l’horrible normalité.

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Le virtuel prend le pas sur la réalité, transformant l’information en désinformation. Notre société, définitivement ‘de consommation’ et ‘du spectacle’, nous rend spectateurs et consommateurs de nos propres vies … L’hypocrisie des pays occidentaux envers l’Afrique, et la pseudo tolérance du pays des droits de l’Homme vis-à-vis de sa population d’origine étrangère…

Ces quatre histoires dénoncent les dérives de notre monde moderne, qui accentue l’incompréhension et l’incommunicabilité entre les individus. Ces personnages vivent en décalage par rapport au monde qui les entoure. Tout comme les textes en voix off le sont par rapport aux dessins.

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Un trait urgent soutenant des formes et des figures vives qui évoquent un Munoz. Un noir et blanc sale, charbonneux, servant des histoires allant à l’essentiel, reflétant les états d’âmes du narrateur : « Un cinéaste, peut importe lequel a dit : – On devient cinéaste parce que le monde qui nous entoure ne nous satisfait pas. Le besoin de faire se comporter d’une certaine façon des individus provient d’une incapacité à les accepter tels qu’ils sont… »

Un album broché d’une petite vingtaine de pages qui n’en demeure pas moins un grand album.

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Bilan Provisoire #1 (ABP-Edition, 2011)

Bilan Provisoire #1 (ABP-Edition, 2011) dans Presse et Revues sanstitremrd

Bilan provisoire, un titre tout à fait approprié, tant il est impossible de dresser un bilan exhaustif et définitif en matière de poésie dessinée. La variété des genres (fantastique, humoristique, politique…), des techniques (crayon, peinture, infographie…) et des époques (du début 20ème au début 21ème) – dont le dénominateur commun est le noir et blanc – nous démontre l’aspect ‘hors-modes’ de cette revue. Un choix éditorial heureux.

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Jouissant d’un casting d’enfer (avec entre autres, Joko, Kiki Picasso, Captain Cavern, Killoffer, Willem, Muzo, Nicolas Topor, Medi Holtrop, Roland Topor, Loulou Picasso, Stéphane Blanquet, Olivier O. Olivier, Pacôme Thiellement, Moolinex, Placid, Vincent Sardon, Odilon Redon, Marcel Duchamp…), Bilan provisoire ne se limite pas à refléter son époque. Au contraire, de cette confrontation d’œuvres anciennes et contemporaines se dégage une cohérence et un enrichissement mutuel incroyables : une peinture de Scott Batty répond à un dessin d’Odilon Redon ; une planche de Willem fait écho à celle de Stéphane Calais ; les dessins de Nicolas Topor l’inscrivent dans une filiation évidente avec son père ; le trait d’Olivier O. Olivier évoque celui de Roland, son compagnon d’armes ‘paniques’ ; le « Crying Ghost » de Marc Brukert chante la sérénade à la cowgirl de Joko ; les formes clair-obscures de Killoffer illustrent à merveilles le poème Une exégèse dessinée de la genèse I de Pascal…

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Bien que comprenant certains textes (récits illustrés, analyses ou interviews) cette revue se contemple, plus qu’elle ne se lit. Et toute la différence est là ! La contemplation fait appel à nos sensations, nos émotions. Elle nous emmène dans un état introspectif, proche de la méditation. La lecture est une activité plus consciente, intellectuelle. La poésie (en mots ou en images) ne peut que s’apprécier par contemplations répétées ‘ad vitam’, car le Beau se dérobe chaque fois que l’on tente de le cerner…

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Les qualités formelles de Bilan provisoire se prêtent parfaitement à l’exercice. Sa couverture souple et son papier épais permettent d’y revenir à l’infini. Solide et généreuse (112 pages, plus un poster dépliant et une estampe signée de Placid), son impression en sérigraphie, ainsi que son grand format, rendent justice aux œuvres présentées et nous offre la possibilité d’y ‘plonger’ littéralement, et ainsi tenter d’en saisir la substantifique moelle…

Une revue qui ne s’oubliera pas de si tôt dans les rayons de ma bibliothèque…

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Atelier de Bibliophilie Populaire

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What’s the news in Fouloude ?

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Une couverture d’Edika est toujours un plaisir (et la garantie de bonne vente du numéro !). Un dessin d’une grande sentimentalité (Edika est un sensible), dans lequel pointe malgré tout les détails absurdes et cons qui font la marque de fabrique du dessinateur ET du journal. Une couverture d’Edika (en moyenne une à deux par an) est indispensable pour conserver le fil avec « l’Umour Fluidien » originel.

« Fouloude Glôzial » évolue plutôt bien depuis ses débuts en 1975. Cette ‘continuité dans le changement’, tout en conservant l’esprit des fondateurs est la marque de fabrique du journal, et explique son incroyable longévité. Cependant, depuis l’arrivée du nouveau rédac’ chef Goffette (qui me semblait au départ une très bonne chose), on ne peut qu’observer une baisse de la qualité générale, des modifications dans la ligne éditoriale qui empêchent les lecteurs de s’y retrouver. L’apparition de nouvelles rubriques qui n’ont plus trop de liens avec l’esprit du journal (je ne suis pas contre les chroniques rock ou ciné, mais encore faut-il qu’elles s’inscrivent dans la logique  ‘Umour et Bandessinée’), de nouvelles séries plutôt médiocres, que ce soit Duc Béton de Conrad et Frissen ou la quête de Fluide de Frizou et Dubuisson. Sans parler de l’étonnant licenciement d’Eric Deup, pour un article (jamais publié) soi-disant diffamant envers la nouvelle direction du journal (tous les détails ici). Peut-être faut-il être indulgent, et prendre le temps de s’habituer à ces changements ?

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Heureusement, on trouve encore les incontournables Lindingre, Julien et Mo Cdm, Thiriet, James, Margerin, Gaudelette, Lefred-Thouron et bien sur Edika. Sans oublier les inaltérables rubriques de Frémion, Léandri, Casoar ou Fioretto. Espérons que cette baisse de régime ne soit que temporaire, et que le journal puisse renouer avec ses qualités intrinsèques. Je pensais que l’esprit sans concessions de Goffette s’adapterait bien à l’esprit fluidien, sans le dénaturer… Pourtant, Goffette a de bonnes idées, comme l’invité du mois. Dommage de n’y consacrer qu’une page en début de journal et ne pas, par exemple, les impliquer dans la conception des marges de la gazette, qu’ils aient la possibilité de commenter le contenu du journal… Dans son édito, Goffette annonce deux numéros spéciaux à venir sur/avec les Monty Python, puis Groland. Souhaitons que ces deux monstres étalons du genre puissent redonner du peps au journal…

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Mais revenons au génialement fou Edika. Il triture comme personne le langage BD et crée des mises en abyme de dingue, des histoires à tiroirs qui nous plongent littéralement « dans » le système structurel de la narration séquentielle (ça en jette comme formule !). Il nous balade entre les dimensions (la deuxième, la troisième, la quatrième…), incrustant ses personnages dans des décors photos ou les laissant se casser la gueule sur la rigidité du cadre ou de la planche. Un auteur qui joue et se joue des spécificités du médium, se mettant en scène en train de réaliser l’histoire qu’il est en train de nous raconter, toujours perturbé par ses personnages qui l’interpellent pour décider d’eux-mêmes, ou refuser, ce qui doit leur arriver. Un créateur qui se fait constamment débordé par ses créatures. C’est la dure vie d’un auteur. Une virtuosité graphique au service de délires narratifs, Edika arrive à décliner son savoir-faire sans donner l’impression de se répéter. A l’image du journal de Gotlib !

 « Dans les périodes de doute, c’est toujours à la référence Gotlib que l’équipe revient. Quand cette référence ne sera plus compréhensible par ceux qui font le journal, il n’y aura plus de journal. » (Yves Fremion, tirée du numéro spécial 30 ans de Fluide)

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Invitation à la Danse – Danijel Zezelj (Mosquito,1999)

Invitation à la Danse - Danijel Zezelj (Mosquito,1999) dans Chroniques BD 76149477

S’il faut citer de grands maitres du noir et blanc en bande dessinée, on pense aux brillantes figures du genre, tels que Hugo Pratt, Will Eisner, Alberto Breccia, Georges Pichard, Edmond Baudoin, Frank Miller, Jacques Tardi… Mais il ne faut pas être dupes, il en est d’aussi indispensables qui restent malheureusement dans l’ombre. Zezelj est clairement de ceux-là !

Ce sont deux articles (12) de Jean-Pierre Dionnet (sur son blog, qu’il n’a plus alimenté depuis un an, depuis la sortie du premier volume de sa saga Des dieux et des hommes !) qui m’ont attiré l’œil sur ce dessinateur exceptionnel.  Il n’est donc pas surprenant de voir Zezelj dessiner le troisième volume Des dieux et des hommes, qui vient de sortir chez Dargaud.

« Zezelj est encore un secret bien gardé, il oeuvra pendant le millénaire précédent mais il, on peut l’espérer, va enfin être révélé car il correspond pile aux temps passionnants que nous vivons désormais : il n’était par exemple pas dans les indispensables de l’année à Angoulême et il est édité depuis des années par ce formidable éditeur qu’est Mosquito.

Ce n’est certes pas un gamin. Il est né à Zagreb, en Croatie, dans une période troublée, et a été publié dès la fin des années 80. Là-bas d’abord, puis ensuite en Italie où il travailla pour Amnesty International et pour la télévision italienne et Federico Fellini que je cite, le remarqua immédiatement : « je suis fasciné par les perspectives menaçantes et fantomatiques de Zezelj et par la manière dont il utilise les histoires et les personnages pour exprimer une mélancolie générale et une destinée forcément fatale pour les personnages ».

Son dessin élégant, minimaliste, est digne des grands argentins des années 80, d’Alberto Breccia surtout, mais il est définitivement du troisième millénaire car il raconte, en nous faisant croire que c’est de la science fiction, ce qui se passe tous les jours, dans notre monde explosé. » (Dionnet, mars 2010)

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Cet Invitation à la danse, recueil de quatre nouvelles, constitue une très bonne porte d’entrée à l’univers de Zezelj, dont les références sont clairement affichées (Octavio Paz, Pasolini et Kafka). La puissance de son graphisme ne peut laisser indifférent. Ce contraste entre noirs intenses, parfois charbonneux, et blanc léger nous percute littéralement. Rarement la symbolique de ces non-couleurs n’aura été si subtilement employée : matière-lumière, présence-absence, Eros-Thanatos…

Zezelj joue sur les focales, entre des gros plans qui virent à l’abstraction, et des cadrages très cinématographiques, traités de manière quasi hyperréaliste. Son découpage vif apporte un rythme soutenu à des histoires urgentes.

El Sud, c’est l’histoire d’un déserteur qui sait à la veille de son exécution, grâce à la présence de sa bien-aimée, que la mort n’existe pas. Remarquable d’intensité, la véracité des scènes de combats se confronte à l’onirisme des sentiments partagés entre les amants.

Dans Le bouquet bleu (d’après une nouvelle d’Octavio Paz), Zezelj nous démontre toute sa virtuosité narrative. Un sombre quiproquo – un homme s’en sort in extremis, parce qu’il a la chance de ne pas avoir les yeux bleus ! – nous est raconté par une alternance de cases dessinées et de ‘cases textes’. Des doubles pages aux allures de damiers d’échiquier… Sur la dernière planche, un travelling avant nous emmène littéralement dans le papier, jusqu’au noir…

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Un attaquant de foot ne marque pas de but, car ça ne l’intéresse pas. Trois mafieux fomentent un mauvais coup. Deux marionnettes blaguent entre-elles. Un boxeur et son coach parlent métaphysique au coin d’un ring. Le parrain attend un message important. Un cartomancien reçoit une visite attendue. Un chat court jusqu’à 6, deux amants se disent au revoir dans un terrain vague. Un avion balance des poèmes… Il Volo – hommage à Pier Paolo Pasolini, est une succession de scènes magnifiques, sans liens, apparemment…

Un médecin de campagne est l’adaptation de la terrible nouvelle de Franz Kafka. Zezelj use d’une narration séquentielle plus linéaire, dans un genre expressionniste tranchant, qui sied à merveilles pour donner corps à l’univers absurde et fantastique de l’écrivain pragois.

Pour conclure sur cet ouvrage, une citation de Kafka lui-même, convenant parfaitement : « Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire  (…) Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois. » (Lettre de Kafka à son ami Oskar Pollak en 1904.)

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dzezelj.com


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