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Archives pour décembre 2011

Un américain en balade – Craig Thompson (Casterman, 2005)

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Après son voyage initiatique raconté dans Blankets, Craig Thompson s’ouvre à d’autres horizons avec cet ‘Américain en balade’. Un carnet de voyage dans lequel il nous raconte son périple de deux mois en Europe (France, Espagne, Suisse) et au Maroc. Ses dessins d’observations faits sur le vif (ou de mémoire, mais pas d’après photos) n’en sont pas moins introspectifs. ThomPson se met en scène et se laisse aller à des confessions sur ses sentiments envers son ex-petite amie, ses angoisses liées au décalage culturel vécu au Maroc, son ras-le-bol des séances de dédicaces et d’interviews à répétition, ses douleurs articulaires et ses maladies chroniques.  Ses moments de bonheur aussi, partagés avec ses amis dessinateurs (on trouvera des inserts de Blutch, Trondheim, Berberian et Burns), ou la belle Hillevi…

Son trait sensible, tout en arabesques, fait des merveilles. Et bien que ses dessins soient réalisés ‘in situ’, il s’y dégage la même virtuosité que dans ses planches d’albums plus structurés, réalisés sur sa table de travail. Malgré une narration plutôt décousue (une succession d’événements de diverses natures racontés avec la même intensité émotionnelle), c ’est un réel plaisir de retrouver ce dessin noir et blanc vif et précis, en particulier ses paysages sauvages (le désert, la montagne, etc.) ou urbains (il retranscrit superbement son admiration pour les œuvres de Gaudi). Ce sens aigu de la mise en page, qui en dit long sans un seul mot.

 Un américain en balade - Craig Thompson (Casterman, 2005) dans Chroniques BD unamericainenbalade3

Durant ce voyage, Thompson fut inspiré par les arbres et les chats. Il préfère parfois prendre du temps à représenter un félin des bas quartiers de la Médina que d’affronter la foule des touristes et autres faux-guides. Beaucoup de portraits – des plus humoristiques aux plus réalistes – jalonnent ce carnet. Ce qui corrobore cette impression dominante, à savoir que Thompson n’est pas un aventurier dans l’âme. Bien qu’il apprécie faire de nouvelles rencontres, il préfère être accompagné de ses amis. Il le dit lui-même : « Je suis un mauvais voyageur, qui ne cherche que paix et confort – et peut-être une compagnie… »

Ce carnet de voyage – qui semble être au départ une contrainte : projet qu’il ne pensait pas pouvoir aboutir, son éditeur lui imposant un délai de publication (et un nombre de page limité à 222, qui nous laisse sur notre faim !) – s’est vite transformé en un récit de l’intime. Thompson excelle dans l’art de la mise en scène (à distance ?) de ses ressentiments, l’un des meilleurs dans le genre…

craig2i dans Chroniques BD

Doot Doot Garden Blog

Rire contre le racisme – collectif (Jungle, 2006)

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Rire contre le racisme est un ouvrage collectif comme je les affectionne (un cadeau reçu lors d’un ‘petit noël entre amis’). Une belle brochette d’auteurs réunis autour d’un thème fédérateur, qui nécessite de se mobiliser… Rire contre le racisme, une déclaration d’intention ! Car l’humour demeure une arme redoutable pour lutter contre la connerie.

Margerin nous propose d’inverser les rôles, en se mettant dans la peau un français de souche qui subit toutes les discriminations quotidiennes (au travail, face à la police…) que vivent en général les personnes qui portent sur eux leur différence.

Florence Cestac nous raconte avec sa tendresse habituelle une joute verbale entre deux ados amis qui se termine par la défaite de l’un, lorsqu’il dérape et sort une vanne raciste.

Rias Sattouf se remémore les réflexions racistes (venant de tous horizons) qu’il a pu entendre depuis sa jeunesse. Ce racisme quotidien et inconscient qu’il est plus que nécessaire de dénoncer et ne pas banaliser.

Rico aborde le thème de la discrimination positive dans le milieu professionnel, ses limites et ses absurdités, en particulier quand son personnage, d’origine africaine, doit collaborer avec un blanc daltonien.

Binet nous emmène en classe de découverte avec des élèves de primaire. On y découvre surtout que la connerie se transmet très facilement de pères en fils. Heureusement que l’amitié est là pour contrecarrer tout ça !

Le texte ‘Xénophobie’ de Raymond Devos devrait être lu dans toutes les écoles de France et de Navarre. D’autant plus quand il est illustré par Moebius.

Avec deux dessins et une planche, Kichka nous amuse tout en balançant des vérités qu’il est bon d’entendre souvent (en particulier les stéréotypes véhiculés par les contes de fées).

Cabu fait appel à son beauf moustachu et facho pour dénoncer les difficultés d’intégration d’un jeune d’origine maghrébine ou les abus du travail clandestin.

En un dessin, Maïtena en dit long sur le racisme ambiant chez les bobos et corrobore l’idée que racisme et jalousie sont intimement liés.

Fab & Aurel illustrent une mésaventure de Toufik, le personnage d’Elie Semoun qui, après avoir subit la discrimination d’un videur de boite de nuit, se confronte à son propre racisme.

Jean-Philippe Peyraud adapte un sketch du génial Alex Metayer, ‘Hymne à la joie’, dans lequel un père de famille exprime à ses enfants sa fascination pour les allemands. Cependant, entre fascination et fascisme, il n’y a qu’un pas que la connerie franchit allègrement.

Luis Rego et Willem nous raconte ‘la journée d’un fasciste’ et éprouvent presque de la compassion pour ce petit être plus fragile qu’il n’y parait. Il n’est en effet pas si facile que cela de vivre son fascisme en toute tranquillité.

Lionel Koechlin met en scène un chien et un chat qui prennent conscience de la stupidité de leurs réflexions racistes.

Didge et Van Linthout mettent en image un sketch de Chevalier et Laspalès qui dénoncent par l’absurde, en accumulant les clichés racistes que l’on entend malheureusement trop souvent dans la rue ou au café.

Alex Metayer encore, adapté cette fois par le non moins génial Alfred. ‘Mohamed apprend le français’, ou du moins il essaye. Mais ce n’est pas facile de maitriser toutes les subtilités de la langue de Racine…

Jul nous apprend que le racisme ordinaire sévis également dans le monde de la bande dessinée.

Quelle  joie (jusqu’au cou !) de retrouver le trait magique d’Alexis, associé aux mots de son ami Gotlib. Ces deux gai-lurons ont trouvé une solution qui, si elle ne nous débarrasse pas du racisme de manière radicale, a le mérite de supprimer la souffrance de ceux qui en sont sujets…

Eric Cartier et Pierre Palmade aborde le racisme bourgeois qui accumule les clichés et les stéréotypes. Le personnage principal n’est pas raciste, puisque son ‘meilleur ami’ est maghrébin. Enfin, il ne sort pas tout le temps avec lui non-plus. Pourtant, il dit parfois des choses intelligentes…

Emmanuel Guibert illustre admirablement un texte de René Goscinny (‘Je ne suis pas raciste, mais…’) dans lequel ce dernier dresse une liste des « formules sournoisement amicales » utilisées par des ‘racistes prudents’…

En un dessin, Pétillon en dit long sur les désillusions des jeunes des cités.

Plantu lui, nous parle du décalage vécu par les jeunes issus de l’immigration, entre le discours d’un professeur et la réalité policière.

Zou adapte un texte de Michel Boujenah, qui nous raconte la vie tourmentée d’un enfant juif-arabe…

Cet album se referme sur une réflexion pertinemment absurde du chat de Geluck.

Rire contre le racisme est avant tout un spectacle comique (qui en est à sa 8ème édition). C’est pourquoi on retrouve des adaptations en bd de sketch écrits pour la scène. C’est d’ailleurs le point faible de cet album. Ces adaptations ne sont pas convaincantes. Ce n’est pas un exercice facile et seul Alfred s’en sort haut la main. Les éditions Jungle sont spécialisées dans ce genre d’ouvrages qui, il faut bien le dire, sont pour la plupart très mauvais (en particulier celui sur Desproges !). Celui-ci est tout de même bien meilleur, grâce à la présence de grands auteurs et dessinateurs de bande dessinée, qui relèvent le niveau.

The Adventures of Tintin : The Secret of the Unicorn(2011)

L’adaptation de Spielberg et Jackson, c’est encore Haddock qui en parle le mieux…

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Humbug – Arctic Monkeys (Domino Recording, 2009)

Humbug - Arctic Monkeys (Domino Recording, 2009) dans Plein les ouies arcticmonkeyscoverhumbu

ATTENTION : article partisan et réducteur !

On se demandait avec les amis : quel est le meilleur groupe anglais des années 2000 ? Celui qui restera ?

Il y a eu The Beatles durant les années 60 (avec les Rolling Stones, les Kinks, ou les Who). Pink Floyd pour les seventies (ou peut-être Led Zep’ ?), The Clash (au début) et The Smiths sur la fin des années 80 (à moins que ce ne soit The Cure ?)… Radiohead (ou Blur) pour les nineties…

Et durant les années 2000 ? Supergrass ? Trop vieux ! The Foals ? Trop jeune ! The Libertines ? Trop Camés ! Gomez ? Trop confidentiel ! The Coral ? Trop foutraque ! Pourtant si bons…

Cette kyrielle de « meilleur groupe du monde de la semaine » ne nous a pas convaincu. Pas de formation majeur qui, au-delà de surprendre avec un premier album prometteur, n’ait réussi à marquer l’essai d’un deuxième album remarquable. Les Franz Ferdinand et autres Bloc Party nous ont déçus avec leur second opus (pis encore avec la suite) alors qu’on avait bon espoir en eux…

La Grande Bretagne aurait-elle perdu sa capacité à générer de petites formations qui deviendraient des groupes d’envergure, originaux et influents ?  Le ‘Melting-pot musical’ des années 2000 a-t-il fait perdre tout repère d’un rock balisé et estampillé ‘So British’ ? Sachant que les ricains ont magistralement contribué au fameux ‘retour du Rock’ du début de la décennie avec The Strokes et The White Stripes… Où sont passées les richesses soniques du Shoegazing, la Pop classieuse de Liverpool, les délires acides du Madchester ou les ambiances mélancoliques du Trip Hop ? Noyés dans la soupe tiédasse de la Brit-pop ..?

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La réponse nous vient d’un troisième album. Non pas que je les découvre seulement maintenant, mais ce Humbug (sorti en 2009) me convainc qu’Arctic Monkeys est définitivement le meilleur groupe anglais des années 2000 ! Leurs prestations live (vues seulement en vidéo, dommage) nous démontrent l’évidence…

Humbug est un putaing d’album dans lequel il n’y a rien à jeter. On y retrouve la même générosité que sur les précédents : au minimum 3 idées par chanson, qui génèrent ces ruptures de rythmes si particulières (appuyées par la batterie ‘chirurgicale’ de Matt Helders). L’énergie des débuts est toujours intacte, les Arctic Monkeys rendent leur tribu au Punk (Potion Approaching ou Pretty Visitors), tout en remontant aux origines de l’Afro-beat (grande tendance des années 2000, voire Foals et autres Vampire Weekend..). Deux morceaux (Crying Lighting et Dangerous Animals) ont été produits par Josh Homme, dont le son et les ambiances fleurent bon le rock lourd made in US (entre Stoner et Métal). La section rythmique dégage un groove d’une efficacité remarquable (qui rappelle les grandes heures de l’Indie-Pop). Les guitares vives de Turner et Cook jouent souvent le contraste rythmique et lead, mais surprennent parfois à s’unir au service de la mélodie (My Propeller).

Des références évidentes et assumées (Il y a du David Bowie dans la voix mature d’Alex Turner sur Secret Door ou Cornerstone) alimentant des compositions inspirées, faisant la part belle à ces mélodies pop qui nous emmènent vers des contrées froides (ah, ce spleen new-wave de Dance Little Liar ou The Jeweller’s Hands !), que seuls les britishs savent nous conter (Portishead n’est pas loin..).

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Geluck enfonce le clou (Casterman, 2011) / Siné Mon dico illustré (Hoebeke, 2011)

Geluck enfonce le clou (Casterman, 2011) / Siné Mon dico illustré (Hoebeke, 2011) 9782203038455

Sous ses airs d’humoriste intello et bien propre sur lui (comme on peut le voir chez Druker), Geluck peut être un vrai salaud, capable de faire preuve d’un humour trash et engagé.

J’avoue avoir été surpris à l’époque de le découvrir dans la rédaction de Siné Hebdo. Cependant les dessins qu’il y publia (que l’on retrouve dans cet ouvrage) prouvent qu’il y avait toute sa place. Il y laisse de coté son chat pour se mettre directement en scène, et à nu, tant il s’exprime sans tabous ni concessions sur des sujets sensibles : la guerre, la peine de mort, Dieu, le racisme… Il aborde également des thèmes qui peuvent paraître dérisoires (les bonnes résolutions, les chanteurs de variété, les nuisances des motards..), ils ont toutefois leur importance dans ce monde de fou auquel nous participons. Géluck possède une plume succulente, avec cette manière de ne pas y toucher, tout en balançant des opinions – que je partage – aux antipodes de celles véhiculées par les médias dominants (genre France 1, TF2 ou Canal 3).

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Tout l’inverse de Siné l’enragé en fait qui, dans son indispensable Dico, se laisse aller à des moments de tendresse, lorsqu’il évoque ses artistes préférés, ses amis/chats disparus. Il lui arrive, parfois même, d’être indulgent. Non pas qu’il ait baissé sa garde, mais peut-être considère-t-il inutile de s’épuiser pour des choses qui ne vaille pas plus la peine de se répéter. Mieux vaut en effet qu’il s’acharne à nous parler des bonnes choses. Il le fait admirablement…

Vrais gentils et faux salauds, Geluck et Siné ne pouvaient que devenir bons amis, tant ils partagent de nombreux points communs. On ne peut que les remercier, grâce à eux, on devient moins con après les avoir lu.

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