Je récupère chez mon bouquiniste l’album de Caro Contrapunktiques, édité par l’association en 2007, qui compile ses bandes réalisées fin 70-début 80 (en fait, ses deux albums Tot et In Vitro) diffusées dans Métal Hurlant. A cette époque, Caro œuvrait dans la bande dessinée, avant de bifurquer vers le cinéma. Puis, en chinant dans les rayons fournis des « Mondes Perdus » (rue cauchoise à Rouen), j’acquière également le steak haché de Damoclès, un album de Fabcaro, qui se nomme en fait Fabrice… Caro ! Il est des coïncidences parfois marrantes. Pour le coup, je tente une chronique croisée : Caro Vs Caro.
Je ne sais s’ils ont un lien de parenté, et à vrai dire, on s’en fout ! Par contre ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a aucuns points communs entre ces deux dessinateurs. Ca saute aux yeux. Ils ne sont pas de la même époque, n’ont aucune similitude de style et n’œuvre pas dans le même genre. Seul le format court de leurs histoires les rapproche.
Tot
Caro est un expressionniste qui grave plus qu’il ne dessine. Ses histoires futuristes et sombres reflètent parfaitement cet esprit punk, paranoïaque et nihiliste, du début des années 80 (genre les Sex Pistols chez Orwell). Son style atypique et hors norme, croisement improbable entre Picasso, Otto Dix et Max Beckmann, fait de Caro un dessinateur underground comme on en compte peu dans nos contrées hexagonales. Cette réédition nous démontre que son graphisme n’a rien perdu de sa force.
Fabcaro lui, fait parti de cette génération d’auteurs des années 2000 qui mélangent humour et autobiographie. Il se met en scène dans de petites chroniques de la vie quotidienne, dans lesquels il ne se montre pas franchement sous son meilleur jour. Ce type de récit racontant les petits tracas de névrosés peuvent lasser à la longue. Excepté lorsqu’ils sont servis par le graphisme humoristique original et précis d’un Fabcaro.
In Vitro
Aucunes passerelles artistiques entre ces deux Caro donc. Cependant, ce qui les lie, à mon sens, c’est cette intégrité artistique (aux ambitions certes différentes) qui fait défauts à bon nombres d’auteurs de bande dessinée anciens et actuels. Non pas uniquement parce qu’ils éditent dans des revues et des maisons d’éditions indépendantes (Métal Hurlant et L’association pour Caro, Psikopat et La Cafetière pour Fabcaro), mais parce qu’ils vont, chacun dans leur genre, au bout de leur démarche, et cela se ressent à la lecture de leurs ouvrages.
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