Polina nous raconte le parcours d’une jeune danseuse en quête de sens, qui fuit parfois mais n’oublie pas d’où elle vient et reste fidèle à ceux qui l’ont accompagnée durant tout son apprentissage, en particulier son premier professeur, Mr Bojinski. Entre la Russie, Berlin et Paris, Polina se cherche. Elle est douée, besogneuse, mais ne semble pas ‘habité’ par la passion de la danse. Entre désillusions professionnelles et déboires sentimentaux, Polina trouvera la plénitude et la reconnaissance de la profession bien après le conservatoire, lorsqu’elle quittera le ballet de Laptar pour se lancer dans la création d’une pièce mélangeant théâtre et danse. Devenue célèbre, Polina décide de reprendre le travail commencé 10 ans plus tôt avec son prof Bojinski. Comme pour boucler la boucle et rendre son tribu à celui qui l’a formé.
Digne héritier de Blutch, avec cette impression de fait à la va vite (qui ne l’est pas, bien évidemment), Vivès dessine ses formes d’un trait vif d’une efficacité redoutable, usant de pleins et de déliés qui confèrent à son graphisme les formes d’une calligraphie particulière. Il fait preuve d’une économie de moyen lui permettant d’être au plus juste dans le rendu des postures et des mouvements de ses protagonistes. Ses planches sont d’une grande sobriété, avec ce gris neutre qui atténue le contraste noir et blanc. Ses décors vont à l’essentiel. Ils sont même inexistants lors des scènes de danse, comme pour ne pas parasiter la grâce et la sensualité dégagées par les danseurs.
On a beaucoup écrit sur cet album, sur le talent de Vivès, sa virtuosité graphique, sa maitrise de la narration qui, comme son personnage principal, est tout en impressions, en non-dits, développant une complicité particulière avec le lecteur. On entre dans l’intimité d’une danseuse, intimité artistique plutôt que sentimentale. Polina vieillie au fil de l’histoire et pourtant, son expression ne change pas. Elle reste cette jeune fille ingénue qui ne semble pas avoir conscience de son talent, mais qui arrive tout de même à prendre son destin en main.
Pour infos, le 23 Novembre paraîtra les Melons de La Colère de Bastien Vivès dans la Collection BD cul ! plus de visuels ici http://issuu.com/lesrequinsmarteaux/docs/melonsdelacolere !
merci pour l’info et le lien Thomas !