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Archives pour septembre 2011

Crevaison – Vincent Sardon (L’Association, 1998)

Crevaison - Vincent Sardon (L'Association, 1998) dans Chroniques BD pat3807062002

Cette patte de mouche me permet de découvrir l’univers graphique riche et plutôt déjanté de Vincent Sardon, illustrateur de presse et co-fondateur du fanzine Ego comme X (acte fondateur des éditions du même nom).

Un format qui convient parfaitement à l’aspect ‘miniature’ de ses planches. L’influence de l’art médiéval est plus qu’évident. Par l’utilisation d’une perspective non-euclidienne, donnant l’impression d’un espace ‘‘écrasé’’, dont tous les éléments (les murs, les sols, les meubles) sont représentés sur un même plan. Par l’usage de motifs géométriques simples (des papiers peints, parquets, carrelages, murs en briques, tuiles, etc.) créant un effet de mosaïque.

Sardon use d’une technique proche de la gravure expressionniste, dans laquelle les gris sont rendus par cette succession de motifs noirs sur fond blanc. Plus les traits sont rapprochés les uns des autres, plus les gris sont intenses. Ses planches sont cependant d’une grande lisibilité, malgré leur taille et cette surcharge de motifs. Aucune ligne n’est droite, tous les angles sont excessivement déformés. Des éléments qui contrastent avec les rondeurs humoristiques des personnages.

Crevaison, c’est le fait de crever, mais plutôt au sens figuré. Le jeune Henri est consigné dans sa chambre car il a traité son grand-père de vieux collabo. Ayant fini d’écrire ses 100 lignes de punition, il traverse la maison pour descendre jouer dans le jardin. Il trouve que tout est calme. En effet, nous découvrons au fil des pièces que les membres de sa famille on tous été décimés. Une variété de crime qui annonce l’œuvre d’un sérial killer en herbe plutôt créatif…

Une petite perle d’humour noir à la richesse picturale incroyable.

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Sardon sur Bedetheque

Presse en revues…

Presse en revues... dans Presse et Revues 4236003

Couverture double de Solé

J’apprends en lisant le dernier Fluide Glacial que Christophe Goffette est le nouveau rédacteur en chef de la revue, suite au départ de Thierry Tinlot, partit pour de folles soirées belges… Je suis d’abord agréablement surpris, Goffette est un bon, indépendant et sans concessions, et le savoir à la tête de Fluide n’annonce que du bon pour les mois à venir (en gros, ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera de la publicité dans le journal !)

Puis, un doute m’assaille, cette nouvelle fonction aurait-elle un lien avec l’absence dans les kiosques de la revue Brazil2 depuis juin ? Je prospecte un peu sur le net et apprend par Wikipédia l’arrêt de diffusion des revues Crossroad et Brazil, éditées par Bandits Company, la société indépendante fondée par Goffette en 2000. « Du fait d’une chute aussi imprévisible qu’irrémédiable des rentrées publicitaires, les magazines cessent leur parution en juin 2011, après environ 250 numéros publiés en toute indépendance. » Merde !

Bon, la bonne nouvelle, c’est le retour de Siné dans les kiosques, avec un mensuel qui « fait mal et ça fait du bien ». On y retrouve de nombreux chroniqueurs et dessinateurs de l’hebdo, réunis dans un 32 pages à la maquette bien foutu, claire et colorée. A 4euros 80, toujours sans publicité, c’est le prix de l’indépendance…

De son côté, Charlie Hebdo a fêté son 1000ème numéro le 17 aout dernier. 1000 numéros depuis sa reprise en 1991 ! C’est tout de même un exploit pour un hebdo satirique. Vu les nombreux chamboulements survenus dans la rédaction ces dernières années, ce n’était pas gagné. Tant mieux pour nous !

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La Fièvre d’Urbicande (les Cités Obscures) – Schuiten & Peeters (Casterman, 1985)

La Fièvre d'Urbicande (les Cités Obscures) - Schuiten & Peeters (Casterman, 1985) dans Chroniques BD citesobscures02

Cette histoire nous démontre que Pouvoir politique et Architecture ont toujours été intimement liés. Tous les gouvernements, en particulier les plus totalitaires, prouvent leur grandeur par des monuments et des projets urbanistes hors-normes, démesurés, se voulant éternels…

Montrer sa puissance, mais aussi organiser la vie de la cité. Les enjeux politiques sont toujours plus forts que les considérations esthétiques. L’urbatecte Eugen Robick fera les frais de cette conception. Il ne convainc pas le Rapporteur et ses Commissaires de construire un troisième pont qui, s’il harmoniserait la ville et permettrait une symétrie parfaite, créerait surtout la jonction entre deux rives, deux franges de la population que les autorités ne veulent pas voir se mélanger. Contrôler les quartiers, c’est contrôler les populations et ainsi protéger les intérêts des plus riches, des plus puissants.

Un mystérieux cube de matière inconnue, se développant rapidement en réseau,  permettra à Eugen de voir son projet se réaliser. Non pas de la manière qu’il l’aurait souhaité (la structure évolue de façon anarchique et ne correspond pas à ses choix esthétiques), le résultat allant au-delà de ce qu’il n’imaginait même pas. Cette situation exceptionnelle chamboule l’organisation sociale de la ville, ébranle les autorités impuissantes face à ce phénomène et bouscule les conceptions de Robick, qui semble remettre en question son « classicisme symétrique ». Ce nouvel attrait pour les arabesques est-il dû à sa rencontre avec Sophie ?

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Ce réseau de cube, mi-organique, mi-minéral, se développe de manière exponentielle. Mais dès qu’il a recouvert toute la ville, sa croissance s’est stoppée. Durant une période de neuf mois, ‘le réseau de Robick’ est utilisé par tous, comme s’il avait toujours été là. Non seulement les populations des deux rives communiquent et échangent, malgré les interdictions, mais tous ont investis la structure, aménageant des transports en commun, des ascenseurs, construisant des logements… Devenu indispensable, imposant un nouvel équilibre social, à tel point que les autorités décident de reconstruire une nouvelle structure après que le réseau ait repris sa croissance jusqu’à disparaître dans l’espace.

Le réseau de Robick peut être vu comme une métaphore anticipée du réseau internet. La matérialisation d’un espace virtuel, permettant à des individus qui n’ont a priori aucun lien entre eux (géographique, social…) de communiquer et d’échanger. Un réseau modifiant les comportements sociaux de manière irrémédiable…

François Schuiten dessine admirablement les villes, les édifices, les monuments… Il semble d’ailleurs plus à l’aise avec la pierre qu’avec la chair. Ses personnages sont aussi massifs et rigides que ses monuments architecturaux. Un graphisme magistral, d’un noir et blanc maitrisé, à la hauteur du scénario de Benoît Peeters. La fièvre d’Urbicande, deuxième volet de la série Les Cités Obscures, est une œuvre majeure, au-delà même du 9ème art. Un conte philosophique qui aborde les thèmes universels du pouvoir, du beau, de l’organisation sociale, d’humanisme. A (re)lire absolument.

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Une lecture k.bd

L’histoire du corbac aux baskets – Fred (Dargaud, 1993)

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Lorsque Fred convoque la Fontaine, Kafka et Freud dans une même histoire, cela donne le Corbac aux baskets, l’un de ses nombreux chefs-d’œuvre. Le corbeau n’est pas ici affublé de son traditionnel fromage, mais d’une paire de baskets. Doit-on en déduire qu’Armand sent des pieds ? En tout cas, selon son médecin, il sent le renard ! Un comble…

Tout comme Grégoire dans la Métamorphose, Armand se réveil un matin transformé en animal. En l’occurrence en corbeau, un volatile nuisible. De même que Kafka, Fred utilise la transformation anthropomorphique comme parabole symbolique, lui permettant de traiter de la différence. Une manière de dénoncer par l’absurde les discriminations et préjugés qui régissent encore et toujours les relations humaines.

Freud et la psychanalyse sont ici représentés par le docteur Verle Corbo, attifé d’un entonnoir sur la tête et d’un énorme stylo qui consomme du sept litre d’encre à l’heure. Car comme il le précise : « Entonnoir et gros stylo sont les deux mamelles du psychiatre ! ». Bien que psychiatre, Verle Corbo use du décorum et des méthodes propres à la psychanalyse (qui en prend ici pour son grade) : le bureau, le divan, la consultation payante comme principe thérapeutique, la prise de conscience, la libération de la parole, les jeux de mots, l’interprétation des rêves…

Fred est un électron libre dans le monde de la bande dessinée. Il ne semble avoir aucunes limites à ses délires narratifs et graphiques, jouant comme personne des codes plutôt rigides de la narration séquentielle. Entre rêve, réalité, hallucination ou allégorie, son histoire ne semble avoir ni queue ni tête, sans aucune logique spatiale ou temporelle. Pourtant, si on se laisse emporter par ses magnifiques planches colorées, par ce trait incisif et impérissable, sans chercher à rationaliser, tout devient cohérent. Cette folle histoire est lourde de sens.

C’est après un mois d’analyse, durant laquelle il raconte ses mésaventures (ses délires ?) qu’Armand guéri de son problème de mutation, qui serait survenu suite à l’explosion de la friteuse de Tchernobyl (?!)… S’il retrouve son physique d’origine après une bonne douche, ses difficultés d’intégration ne sont pas résolus pour autant. C’est la morale de cette histoire : qui est le plus discriminant ? Ce qu’on est réellement (un corbeau) ou ce qu’on donne à paraître (les baskets) ?  Le regard des autres ou son propre regard sur soi-même ?

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Une lecture k.bd

Folies Ordinaires – Bukowski / Schultheiss (Glénat, 1985)

Folies Ordinaires - Bukowski / Schultheiss (Glénat, 1985) dans Chroniques BD foliesordinaires

L’adaptation d’une œuvre littéraire en bande dessinée est un exercice souvent casse-gueule, qui ne donne que peu de résultats convaincants. Mais à ce jeu, ce Folies Ordinaires est une réussite. Bien qu’il use de plans et de cadrages cinématographiques, Schultheiss ne tombe pas dans les écueils du ‘storybording’ et utilise les spécificités propres au médium bande dessinée : lorsqu’il fait évoluer son personnage en diverses séquences dans un même décor. Lorsqu’il joue avec l’implication du lecteur, le mettant dans la peau du personnage…

Il n’y a quasiment aucune redondance entre les images et le texte original. Schultheiss explore les possibilités infinies de la mise en page, découpant ses planches de manière à apporter un dynamisme particulier aux histoires de Bukowski. Son graphisme noir et blanc, à base de hachures et quadrillages de traits, est en parfaite adéquation avec l’univers réaliste et sale de Buk. Pour sa première bande dessinée publiée, Schultheiss s’attaque avec talent à l’œuvre phare de Bukowski, en faisant preuve d’une maitrise narrative et d’une virtuosité graphique remarquables.

Je redécouvre grâce à cet album les Contes de la folie ordinaire, qui n’ont rien perdu de leur caractère subversif, en particulier la nouvelle ‘Henry Beckett’ dans laquelle le personnage principal, se réveillant un matin avec des taches vertes partout sur le corps, sort son fusil et fait un carnage sur la population. Désabusé, fainéant, alcoolique, obsédé, Buk se met en scène dans des histoires autobiographiques qui, à mon sens, sont à peine romancées et retranscrivent parfaitement les désillusions de cette génération paumée de l’Amérique d’après guerre.

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