Archives pour juin 2011

On a marché sur la Lune – Hergé (Casterman, 1954)

On a marché sur la Lune - Hergé (Casterman, 1954) dans Chroniques BD

Je suis sensible au Dessin depuis toujours. Je ne saurai dire précisément quelles ont été les portes d’entrée à cet art, entre les livres illustrés de ma petite enfance, les illustrations des livres scolaires, les dessins humoristiques qui paraissaient dans Ici Paris ou France Dimanche, ou les anciens numéros du magazine Pif gadget qui appartenaient à mon père, que je dévorais sans savoir lire…

Par contre, je sais précisément quand je suis tombé dans le monde extraordinaire de la Bande Dessinée. C’était à l’occasion de mon huitième anniversaire, un cadeau offert par une de mes tantes. Il s’agissait de « On a marché sur la lune ». C’est le premier album de Tintin que j’ai découvert, et par là même le premier album de bande dessinée que j’ai possédé. Je n’en étais pas peu fier de ce superbe livre, grand et coloré, à la couverture solide et brillante. J’ai du l’exposer sur mon étagère pendant plusieurs semaines avant d’oser me plonger dedans. L’admirer me suffisait. Je m’imaginais des tas de choses rien qu’en scrutant la couverture. Comment en sont-ils arrivés là ? Qui donc Tintin montre-t-il du doigt à Haddock ? Rentrent-ils à la fusée ou partent-ils en expédition ? Toutes ces questions qui trouveront une réponse dans cet album. Sauf qu’au fil de la lecture, un autre mystère apparait : Que s’est-il passé dans Objectif Lune ? Saurons-nous comment est entré le méchant dans la fusée ?

Une couverture pleine d’énigmes… Et cette quatrième de couverture regroupant tous ces albums, vus comme autant de promesses à de passionnants voyages immobiles… Qui n’a jamais inventé des histoires rien qu’en les contemplant, ou établit d’improbables corrélations entre eux ? Il me les fallait tous…

Commencer par le deuxième volet de l’épisode lunaire ne parait pas très malin. C’est toutefois un formidable exercice pour développer ses facultés d’invention. On a souvent reproché à la bande dessinée de « crétiniser » la jeunesse dans la mesure où, comparé à la littérature, elle offrirait tout sur un plateau et ne favoriserait pas l’imagination de ses lecteurs. Et bien j’en ai fait l’expérience inverse, et je ne suis surement pas le seul. Lire un fragment d’histoire (dessinée ou non) oblige à une formidable gymnastique intellectuelle. L’humain ne supportant pas le vide, nous comblons par nous même les manques de l’histoire.

Hergé a lui-même eu toujours conscience de cette implication de ses lecteurs. Lorsqu’il éditait ses histoires dans les hebdomadaires et les quotidiens de l’époque, il jouait subtilement de l’art du strip, puis de la page, tenant ses lecteurs en haleine à chaque dernière case. Chacun se faisait son propre film avant de connaitre la suite de l’histoire. Art de l’ellipse et du fragment, la bande dessinée en général, et Tintin en particulier, est un formidable médium pour développer la créativité de ces êtres en construction que sont les enfants et préadolescents. Et les adultes aussi, bien évidemment. « Connaissez-vous un écrivain que vous avez lu à sept ans et que vous lisez encore à quarante, que vous avez vu, sans le lire, avant le langage, et que vous expliquez longuement dans le doute qu’il soit compris ? » (Michel Serres)

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Le Guêpier – Ceppi (Casterman, 1984)

Le Guêpier - Ceppi (Casterman, 1984) dans Chroniques BD stephaneclementcouv01c

Initialement sorti en 1977 chez l’éditeur Sans frontière (puis chez les humanoïdes associés en 1978 et dans la collection un auteur (A suivre) de Casterman en 1984), cette première aventure de Stéphane – Le guêpier – est l’occasion pour moi de lire une histoire complète de Ceppi. Non pas que je le découvre maintenant, mais je n’accrochais pas à son style jusqu’alors. Et j’avais tord bien sur. Ceppi est un formidable dessinateur et raconteur d’histoire, qui a collaboré aux revues Metal Hurlant et (Asuivre) de la grande époque.

Ceppi a appris la BD au long des premiers albums et ça se sent. Le trait “amateur” se transforme très rapidement et devient plus solide, plus posé. On n’est pas dans le réalisme photographique mais plutôt dans une sorte de ligne claire précise. En résumé une série atypique mais passionnante servit par un dessin en totale adéquation avec son propos. Vivement conseillée à tous les amateurs de voyage…(bedetheque)

Ce qui étonne dans ce road movie, c’est cette absence de moralité. On suit le périple d’un loser qui accumule des actes délictueux pour tenter de survivre. Il participe à un braquage de banque qui tourne mal. Il menace l’employée, laisse le banquier pour mort et s’enfuit comme un lâche. Il trace la route pour atteindre la frontière italienne et se réfugie chez des gens accueillant auprès de qui il se fait passer pour quelqu’un d’autre. Pensant être loin de cette histoire de braquage, il tombe par un mauvais hasard sur l’employée de la banque qui menace de le dénoncer s’il ne lui remet pas l’argent du butin. Il agresse alors cette dernière, la séquestre durant plusieurs jours et l’abandonne à son sort pour s’enfuir de nouveau, en entrainant avec lui la jeune fille de ses hôtes… Bref, ce héros est un vrai salaud, qui agit mal en réaction à des événements qu’il ne maitrise pas. Cependant, on a de la compassion pour lui, on aimerait qu’il s’en sorte et prolonge sa route. Ce qu’il fera d’ailleurs, sur au moins treize albums…

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Collection Deux (éditions En Marge, 2011)

Collection Deux (éditions En Marge, 2011) dans Presse et Revues collection2

Ca y est, le deuxième numéro de Collection est disponible (ici). Même équipe, même format, mêmes exigences éditoriales, mêmes qualités formelles, c’est un réel plaisir de retrouver cette revue spécialisée autour du dessin contemporain. Et comme dans le premier numéro, toutes les formes et toutes les techniques sont abordées : collages et carnets de Paul Cox, planches de bd abstraites de Yûichi Yokoyama, encres sur papier de Françoise Pétrovicth, crayon sur papier carbone de Doublebob, mine de plomb sur feuilles de papier issues de livres anciens de Louise Despont, techniques mixtes sur carton de Gary Panter… Sans oublier la photographie, l’installation, la vidéo, la céramique, le livre…

Une revue qui remplit parfaitement sa fonction de « montreuse d’artistes » très peu visibles, refusant le cloisonnement des genres et l’étiquetage systématique. A l’exception de Jochen Gerner et Killoffer, que l’on retrouve dans une interview croisée forte intéressante (d’autant que ces deux auteurs sont relativement discrets), je ne connaissais aucuns des artistes présents dans ce numéro deux et c’est tant mieux ! J’aime découvrir et là, il y a de la matière…

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De vive voix (extrait), Paul Cox (2001-2003)

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? – Pierre Bayard (les Editions de Minuit, 2007)

Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? - Pierre Bayard (les Editions de Minuit, 2007) livrepaslu

Par cet essai au titre provocateur, Pierre Bayard s’attaque à un énorme tabou culturel. Les tenants de la bonne conduite culturelle considèrent que l’on DOIT avoir lu un livre pour en parler et ne pas le faire, est une trahison impardonnable faite à l’Œuvre et à l’Auteur. Oser affirmer alors que l’on peut parler d’un livre que l’on n’a pas lu est comparable à un blasphème ou pire encore, un aveu d’incompétence… C’est surtout un acte salutaire de désacralisation de l’œuvre écrite, une preuve courageuse d’honnêteté intellectuelle.

Nous connaissons tous des journalistes qui n’ont pas lu le livre de l’auteur qu’ils interviewent. C’est une pratique courante (mais inavouable) qui remonte à l’origine même du métier de critique littéraire. Oscar Wilde lui-même disait : « Je ne lis jamais un livre dont je dois écrire la critique ; on se laisse tellement influencer ».

Bayard nous dit qu’il n’est pas impératif d’avoir lu un livre en entier pour bien en parler. Car tout lire ne garantit pas de tout comprendre. A l’inverse, certaine lecture partielle permettent de mieux cerner l’ouvrage dans son ensemble. Il prend l’exemple du bibliothécaire (ou du libraire) qui ne peut avoir lu tous les ouvrages dont il dispose, mais peut tout de même les présenter à ses clients.

L’auteur évoque également sa propre expérience de professeur de littérature à l’université, quand il lui arrivait de commenter un livre qu’il n’avait jamais ouvert à des étudiant qui, heureusement pour lui, ne l’avaient pas lu non plus. Là aussi il fait preuve d’une grande honnêteté en avouant une pratique pourtant répandue dans le monde de l’enseignement. Etait-il pour autant un mauvais professeur, rien n’est moins sur…

Il n’y a pas de limite claire et nette entre avoir lu un livre et ne pas l’avoir lu. La non-lecture est un état d’entre-deux, dans lequel on distingue plusieurs niveaux. Bayard dresse ainsi la liste de ces différents états, entre les livres que l’on ne connaît pas, les livres que l’on a parcourus, les livres dont on a entendu parler et les livres que l’on a oublié. Ne pas avoir lu un livre n’interdit pas d’en parler, de pouvoir décrire son genre (roman, essai, recueil de nouvelles…) ou de le situer dans son époque, son courant littéraire. De parler de l’auteur, si l’on connait son œuvre…

Pour illustrer ses propos, Bayard s’appuie sur un certains nombres d’ouvrages, (auxquels il précise son niveau de lecture entre inconnu, parcouru, évoqué et oublié) et convoque Paul Valery, Umberto Eco ou Montaigne… Cet essai se divise en trois parties. La première nous présente des manières de ne pas lire, soit les quatre citées plus haut. Dans la deuxième partie, Bayard nous propose des situations de discours : dans la vie mondaine, face à un professeur, devant l’écrivain ou avec l’être aimé. Dans la troisième, il nous donne des conseils à propos des conduites à tenir, soit : ne pas avoir honte, imposer ses idées, inventer les livres et parler de soi…

Au-delà de la provocation, Bayard nous explique que lire, c’est surtout se confronter à l’oubli. C’est accepter l’idée que l’on ne se rappellera pas de tout et donc, par conséquence, que l’on ne pourra jamais décrire de manière juste et précise le livre que l’on vient de lire. On ne comprendra jamais le vrai sens de l’ouvrage ou les réelles intentions de l’auteur, mais seulement l’idée que l’on s’en fait.

Et c’est sans honte ni aucuns scrupules que je vous parle de ce livre, que je n’ai que partiellement lu, pour l’instant…


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