Katerine a depuis ses débuts développé un univers particulier, où l’absurdité de ses textes côtoie des arrangements « variété-rock » de très bonne facture. Sa musique fait un grand écart réussi entre alternatif et commercial. De Je Vous Emmerde à Parlez-Vous Anglais Mr Katerine ?, de Luxor J’Adore à Poulet n° 728120, ses chansons sont de véritables perles d’absurdité, dont on ne sait s’il faut les prendre au premier, deuxième ou trente-sixième degré.
Dans ce dernier album, il pousse l’absurdité au summum et frôle le conceptuel, tendance Dada et Art Naïf. Les mots ne sont plus essentiels pour dire des choses. Il signifie beaucoup par ces textes minimalistes : Bla Bla Bla est une ode à ceux qui parlent pour ne rien dire, Moustache aborde les thèmes du désir et de la frustration qui en découle, Musique D’Ordinateur nous rappelle que nous sommes envahis et conditionnés par les nouvelles technologies, etc.
Il s’amuse avec le rythme des phrases (La Banane), des mots (Philippe), des syllabes (Le Rêve), des lettres (Les Derniers Seront Toujours Les Premiers), du souffle (Moustache), des accords (La Musique)… Katerine fait même de la politique avec La Reine d’Angleterre, Liberté ou Juifs Arabes.
La forme est en parfaite adéquation avec le fond, à l’image de Bien Mal qui ne pouvait mieux convenir qu’avec cette musique tantôt rythmée, tantôt neurasthénique « à la Pink Floyd ». La qualité des arrangements et la richesse des mélodies ont de quoi rendre jaloux bon nombre de chanteurs et chanteuses de la scène française actuelle…
Mais j’arrête là, car l’erreur serait d’intellectualiser un album d’une grande sensibilité – qui n’a pas besoin d’explication de texte pour être apprécié à sa juste valeur – ou de chercher les motivations d’un artiste qui a simplement beaucoup d’humour et de talent. Salutaire !
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