Un jeune journaliste français du nom de François Merlot s’apprête à terminer un livre sur l’histoire des chansons les plus célèbres du XXème siècle : My Way, Besame Mucho ou Happy Living… Lors de ses investigations aux USA, il rencontre H.G. Slatters, le compositeur de ce standard mondial qui a fait sa fortune, afin de le questionner sur la genèse de sa création. L’auteur présumé de ce Classique lui avoue alors avoir « volé » cette mélodie à Tréviso, un musicien de second plan. Lors d’une soirée de beuverie, ce batteur alcoolique lui a improvisé au piano cette mélodie imparable, qu’il s’est empressé de noter avant de l’oublier. Mélodie dont l’auteur lui-même n’avait plus aucun souvenir une fois dessaoulé. Pris de remords à la fin de sa vie, Slatters missionne Merlot afin de retrouver Tréviso et ainsi réparer cette injustice.
Merlot est une sorte de Tintin moderne qui se laisse balader au rythme de ses recherches. Son enquête sur les traces de Tréviso l’amène à la rencontre de plusieurs personnes (le gérant de l’hotel (clin d’œil à Hitchcock), la serveuse du restaurant avec laquelle il flirt, le fils de Slatters, la fille de Tréviso, d’anciens musiciens et producteurs de jazz…). Il s’immisce dans des histoires de familles déchirées, de vies brisées, où les non-dits sont au cœur des relations. C’est fou tout ce qui a pu se passer comme événements autour de la création de cette chanson, au titre somme toute bien ironique.
Cette histoire confronte deux Amériques, celle des années 40 où tout était encore possible, et celle des années 2000 dans laquelle tout est figé. Le graphisme charnel de Götting crée une unité qui rend crédibles les passerelles narratives entre ces deux époques. Götting est un féru de Jazz et ce récit est une aubaine pour lui permettre l’illustrer cet univers haut en couleur. Il maitrise comme jamais l’art du noir et blanc, du clair-obscur, usant d’une palette de gris intenses et contrastés. Son trait épais crée une sorte de ligne-claire expressionniste d’une grande lisibilité, dans laquelle ses formes rondes et stylisées contrastent avec ces effets de matières brutes. Un album d’une grande classe.
0 commentaire à “Happy Living – Jean-Claude Götting (Delcourt, 2007)”