Ivars sévit depuis de nombreuses années dans les pages du Psikopat. Son style humoristique, aux formes rondes et caricaturales lui permettent de faire passer la pilule plutôt amère des thèmes qu’il traite (la dépression, le suicide, le voyeurisme, la perversion…). Car à la question peut-on rire de tout ? Ivars y répond par la positive (sans pour autant positiver), sans tabous. Et il ne nous épargne rien. Dans ce Bonheurs mélancoliques, il prend un malin plaisir à mettre ses personnages dans des situations malsaines et honteuses. Dans son album laissez nous vivre, il invente les manières les plus débiles pour mettre fin à ses jours, à l’image du chien qui cherche à se noyer dans sa collerette…
Malgré les apparences, Ivars a beaucoup de tendresse pour ces personnages qui agissent au gré de leurs pulsions. Et on prend un malin plaisir à les voir évoluer dans des situations catastrophiques et irréversibles (mieux vaut eux que nous !). Car se laisser aller à nos instincts les plus vils n’apporte que des ennuis. Ouf, la morale est sauve… Les maux de nos sociétés individualistes sont passés au crible de son humour ravageur et tendre à la fois. Ivars possède un sens de la chute cruelle et absurde, qu’on n’avait pas vu depuis le Pervers Pépère de Gotlib…
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