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Archives pour février 2011

La diagonale des jours – Edmond Baudoin & Tanguy Dohollau (éditions Apogée, 1995)

 

La diagonale des jours - Edmond Baudoin & Tanguy Dohollau (éditions Apogée, 1995) ladiagonaledesjours

La diagonale des jours est un ouvrage qui regroupe la correspondance dessinée des auteurs-illustrateurs Baudoin et Dohollau. Echange de sensibilité, de motifs (la femme en particulier), de réflexions sur le monde, l’ humanité, l’amour… Une ballade riche et contrastée dans l’intimité d’une relation artistique plutôt rare dans le monde du neuvième art.

Cette correspondance dessinée est née de l’admiration réciproque de deux dessinateurs. L’originalité de cette démarche n’échappe cependant pas aux règles du genre. Il n’y a pas de scénario préétabli : les auteurs abordent tout ce qui leur passe par la tête, au bout du pinceau ou de la plume. Ces dessins et dialogues, ces dialogues en dessins s’étendent de novembre 1992 à novembre 1994. (note de l’éditeur)

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Je me suis demandé au départ quel liens stylistiques, quels passerelles graphiques peut-il y avoir entre le pinceau du niçois et le crayon du breton. Tout semble les opposer. L’un ne jure que par le noir tranchant sur le blanc immaculé, l’instantanéité du geste et la prise de risque sans filet, là où l’autre grave méticuleusement des hachures grises sur des dessins réfléchis, très construits, d’un réalisme appliqué. L’un est dans le geste, l’autre dans la composition. Cependant, c’est avec surprise que je découvre dans un Circus de 1980 (n°33bis) une histoire de Baudoin intitulée le retour d’Armand, dont le graphisme ressemble étrangement à celui de Dohollau. A cette époque, Baudoin usait de ces hachures grises, de ce réalisme un peu maladroit. On sent cependant déjà chez lui une attirance pour les formes vives directes, les contrastes noir et blanc purs…

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Laissons la parole aux intéressés :  

« J.B. : Pour La diagonale des jours, c’est une démarche complètement nouvelle …

B. : Non ça c’était avec un ami, et on a correspondu réellement, et puis au bout de deux ans il m’a dit ça pourrait faire un livre, peut être … Et comme moi j’aime bien sa sensibilité … et c’est ma manière aussi, peut être, de me dire comme ça il va être édité et ça peut l’aider. Voilà, c’est un truc d’amitié.

J.B. : Pourtant c’est quand même vraiment nouveau la correspondance entièrement en bande dessinée …

B. : Au fond, moi j’ai l’impression de faire beaucoup de brouillons, beaucoup de trucs, et s’il y a d’autres dessinateurs pour une histoire comme ça, de correspondance sur le monde d’aujourd’hui et tout … ça peut donner des idées, donc pourquoi pas, hein ! … Qu’ils le fassent, qu’ils rentrent dedans, ça peut être bien.
Voilà, c’est une idée que je donne de manière de faire avec la bande dessinée … Mais je vais pas continuer, non.

J.B. : Ah bon,il n’y aura pas de suite ? …

B. : Non j’ai trop de choses à raconter avec moi même … comme ça … trop, trop … J’aurai pas assez du reste de ma vie pour raconter tout ce que j’ai à raconter … Malheureusement … Je le sais déjà …
J’ai rien, hein ! On m’a pas dit « vous avez un cancer, vous allez mourir » ! Mais je sais que je n’aurai pas assez de temps. » (Du9)

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« Ton roman graphique « Pas à pas, à l’écoute du silence«  est paru il y a peu de temps aux éditions Des ronds dans l’O. C’est l’histoire d’un dessinateur réputé, spécialisé en bande dessinée de science-fiction, qui décide de quitter Paris pour la Bretagne afin de trouver le calme nécessaire à la réalisation de son œuvre. Il y rencontre une femme, avec laquelle il se lie d’amitié. Peux-tu expliquer la genèse de ce roman, qui a la particularité de se présenter sous la forme d’une bande dessinée ?

J’avais envie de faire une histoire en bande dessinée depuis plusieurs années. En 1995 est parue une correspondance dessinée, La diagonale des jours, née d’un échange épistolaire avec Edmond Baudoin dont certains aspects faisaient penser à une bande dessinée (Baudoin étant lui-même un célèbre auteur de bandes dessinées). Depuis cette publication j’avais envie de faire une bande dessinée, mais je ne savais pas précisément ce que j’allais faire et comment j’allais la faire… J’étais pris par mon travail de librairie. Et puis il s’est trouvé que j’ai eu enfin du temps pour m’y consacrer. Au tout début, j’ai fait des brouillons d’histoires. Je voyais bien un personnage, un dessinateur…(source)

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edmondbaudoin.com

Tanguy Dohollau

The King Of Limbs – Radiohead (2011)

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Bon, The King of Limbs est à peine sorti qu’il fait déjà polémique. Bon album ou attrape-couillons ? Innovant ou réchauffé ? Il est vrai qu’à la première écoute, l’album déroute. On n’y sent pas de morceau fort. On se dit même qu’ils ne se sont pas foulés. Pas de chanson, peu d’instruments organiques (où est passé Phil Selway ? Ils ont enregistré les morceaux pendant qu’il travaillait sur son album solo ou bien ?) Un album qui semble plus dans la continuité de The Eraser que de In Rainbows. Après le figuratif (du « pompier » Creap à « l’impressionniste » Nude), Radiohead œuvre pleinement dans l’abstraction. Ce qui n’est pas pour me déplaire.

J’aime être bousculé dans mes habitudes d’auditeur et cet album ne m’a pas épargné. J’y ressens ce même mélange d’impressions, entre fascination et déception, que j’avais ressenti à la première écoute de Kid A. je me rappelle même avoir été plus déçu en découvrant Hail to the Thief que ce King Of Limbs

J’apprécie ces boucles rythmiques, ces superpositions décalés qui trouvent le sens que l’on veut bien leur donner. Il n’y a plus ces figures imposées du format chanson, mais un travail méticuleux sur la texture, les tessitures. Plus encore que sur leurs derniers albums, ils privilégient la forme. Et malgré les apparences, pas au détriment du fond. Car après plusieurs écoutes, on s’aperçoit qu’il y a des chansons derrière cet habillage sonore plutôt dépouillé et déroutant. De bonnes chansons d’ailleurs (Give up the Ghost, Lotus Flower, Codex, Morning Mr Magpie, Separator…)

Il est clair que ceux qui supportent mal les jérémiades du chanteur Yorke, ainsi que ces bidouillages de voix passerons leur chemin en courant. Les autres auront peut-être comme une impression de déjà entendu. Bien que Thom Yorke s’aventure ici vers des territoires peu visités jusqu’alors, tels que le gospel (Give up the Ghost) ou le chant classique (Feral), il ne peut non plus réinventer sa manière de chanter à chaque album. Il semble ici libéré de toute contrainte et n’avoir plus rien à prouver. Simplement chanter comme il l’entend.

Un album qui ne se laisse pas conter et qu’il faudra apprivoiser. Je me suis demandé sur le coup (comme certains sur les forums spécialisés) s’ils n’auraient pas d’abord diffusé l’album bis, composé de faces b et autres morceaux des sessions d’enregistrements (une pratique ancienne chez les gars d’Oxford, générant une riche discographie parallèle) avant de dévoiler le véritable album sur disque au mois de mars. Mais en l’état, ce dernier album me convient parfaitement et à le réécouter, je suis convaincu que c’est bien l’album principal. Un très bon album.

Reconnaissons à Radiohead ce talent (ce génie ?) de défricheur, permettant à un public rock « mainstream » de découvrir des univers musicaux très confidentiels. Un rôle de passeur que je trouve salutaire de leur part. Un immense groupe de rock se transformant en un curieux groupe d’abstract électro. Beau parcours, qui les rend à mes yeux toujours aussi intéressant et précieux.

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radiohead.fr

Chroniques des Inrocks

Mordillo Show

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Quelques grammes de finesse dans ce monde de brutes ! Guillermo Mordillo est un poète de l’humour dessiné. Chaque fois que je me replonge dans ses albums, en particulier Le Galion, Crazy Coyboy et Crazy Crazy, compilés dans l’ouvrage Mordillo Show (par l’éditeur italien Arnoldo Mondadori en 1991), j’y retrouve le même émerveillement que lors de mes premières lectures (à l’époque dans Pif Gadget), mais en découvre encore à chaque fois, tant on décèle dans cet humour à priori « gentiment enfantin », des niveaux de lectures bien plus adultes…

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Mordillo est autant à l’aise dans l’exercice du gag en dessin unique que pour nous raconter des histoires, toujours muettes. Il se situe dans un espace narratif intermédiaire entre la planche, le strip et l’illustration. Sans oublier le domaine de l’animation dans lequel il excelle également. Son graphisme rond et magnifiquement coloré, ses personnages aux « gros nez » tous semblables et pourtant tous uniques, ses animaux difformes mais très ressemblant (dont ses fameuses girafes), le style de Mordillo est rapidement devenu un langage universel. Un style associé à un humour subtil, tendre, parfois mordant, souvent absurde mais toujours juste, dénonçant bon nombre de nos travers d’homo sapiens. Ce qui a pleinement contribué à cette reconnaissance sans frontières… Un génie ce type.

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Mordillo.com

Les Gardes-Fous – Frédéric Bézian (Delcourt, 2007)

Les Gardes-Fous - Frédéric Bézian (Delcourt, 2007) dans Chroniques BD gardefous

Je commence par une longue citation d’un article de Thierry Groensteen, paru sur son blog en avril dernier, à propos de l’influence d’Egon Schiele sur un certain nombre de dessinateur contemporain, Bézian en particulier. Encore une fois, un texte de haute volée pour nous aider à cerner le graphisme de Frédéric Bézian : « Certaines sensibilités peuvent, sans doute, être réfractaires aux aspects morbides, convulsifs ou provocants des œuvres de Schiele. Mais je ne vois pas comment un amoureux du dessin pourrait ne pas être saisi d’admiration devant l’extraordinaire sûreté de son trait aigu et sa façon unique de traiter l’anatomie du corps humain en usant d’angles inédits, de postures insolites, en faisant saillir les muscles sous la peau et le squelette sous les muscles, en jouant de la maigreur, du regard et de la carnation (qu’il traite souvent dans une gamme de jaune, rouge et vert) pour exprimer le tragique de l’homme jeté nu dans le monde, aux prises avec le désir, la folie et la mort. » [...] « Toutefois, c’est sans doute Frédéric Bézian qui paraît son héritier le plus direct, non parce qu’il le copie, mais parce que son tempérament expressionniste le conduit, lui aussi (notamment dans la trilogie d’Adam Sarlech et dans Chien rouge chien noir), à désarticuler les corps, à en faire des sortes de marionnettes électrisées. On peut se sentir vrillé par son dessin comme par celui de Schiele, le ressentir physiquement, nerveusement, presque comme s’il s’agissait d’incisions pratiquées dans notre propre chair. L’œuvre de Schiele semble nourrie de la prémonition de cette mort qui allait l’emporter à l’âge de vingt-huit ans. Grand dessinateur et remarquable metteur en espace, Bézian sait, lui aussi, nous emporter dans sa danse macabre et proposer des images qui fascinent autant qu’elles inquiètent. »

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L’exagération des formes propre à l’expressionnisme renforce l’intensité dramatique des situations et colle au plus prêt de la psychologie torturée des personnages. Ses couleurs non-réalistes s’inscrivent pleinement dans les codes du genre, cependant, il se dégage de cet album une grande classe, une esthétique raffinée. L’expressionnisme de Bézian est moins « sale » que celui de Schiele…

La forme correspond ici parfaitement avec le fond. Personne ne semble très net dans cette histoire. Dans cette pseudo-chasse au sérial killer, tous paraissent suspects, et le dénouement de l’intrigue ne change en rien les suspicions que l’on peut nourrir envers les personnages. L’éditeur plutôt apathique qui ne semble pas en mesure de maitriser certaines pulsions destructrices. Sa femme plutôt effacée, qui semble subir les événements. Ce policier qui suspecte tout le monde mais dont on ne sait pas vraiment ce qui le motive. Le père énigmatique, un homme des bois qui l’est tout autant. Et cette apparition du sérial killer plutôt impromptue (et peu convaincante)… Bref, rien ne colle vraiment dans cette histoire. Qui est vraiment le tueur en série ? Qui jette le cendrier contre le miroir dans la scène d’ouverture ?

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Un récit qui évoque David Lynch (Lost Highway ou Mulholland Drive) avec cette manière de brouiller les pistes, cette difficulté à distinguer où se situe la réalité, le rêve, l’hallucination ou l’allégorie… Cette représentation de la villa, tout en perspectives, en obliques, sans aucuns angles droits – alors que son architecture est d’un grand classicisme, avec ses horizontales et ses verticales hors-normes – renforce cet aspect labyrinthique. On ne peut en situer les limites et bien qu’elle possède les qualités d’une forteresse, dont on accède uniquement par voie d’eau, ou par un tunnel que l’on entre-aperçoit qu’une fois, les personnages semblent aller et venir à leur guise. Cette villa peut être vue comme une sorte d’huis-clos mental, dans lequel les protagonistes représenteraient les différentes facettes d’une personnalité complexe.  Cette histoire illustrerait en fait les délires schizophréniques du narrateur. D’où ce titre de « Gardes fous » ?!

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Autre piste : tous ces personnages ne seraient en fait que les créations de l’esprit d’un écrivain cherchant l’inspiration (le fait que les protagonistes travaillent dans le monde de l’édition n’est certainement pas anodin). Cet album serait en fin de compte une épopée démiurgique dans laquelle Bezian nous entraine et réussi à nous perdre. Les écrivains (et par extension les scénaristes) qui gardent en eux les personnages qu’ils créent, possédant le droit de vie ou de mort sur eux, ne seraient-ils pas, d’une certaine manière, comparables à des schizophrènes ou des tueurs en série ? Le tueur fou de l’histoire, c’est Bézian…

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trailer de l’adaptation scénique et multimédia

Bézian sur bedetheque et BD selection

Ciné-concert John Carpenter (Le 12 février 2011 à l’Omnia)

Ciné-concert John Carpenter (Le 12 février 2011 à l'Omnia) dans Evenements culturels lbdc85584167e402cb3c90f

Soirée spéciale John Carpenter organisée par le cinéma Omnia et Le 106, ce samedi dernier. Une superbe occasion de voir The Fog et New York 1997 sur grand écran et dans leur jus, avec craquements, bandes qui sautent et une bande son qui parfois déraille. Apres visionnage de ces deux films, la soirée se poursuit par la projection du court-métrage qui sert d’introduction à la prestation du groupe Zombie Zombie. Un duo (claviers et batterie) qui revisite à la sauce « krautrock » la musique de Carpenter. Une musique électronique minimaliste dont l’intensité monte crescendo, reposant sur quelques accords répétitifs et la superposition de boucles rythmiques. Halloween, The Fog, New York 1997, Christine… Même The Thing, dont la BO n’est pas de Carpenter mais d’Ennio Morricone, est revisité par le groupe, dans le cadre du court métrage d’animation absolument génial : Driving this road until death sets you free, un remake de The Thing fait avec des GI Joe !

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La séance débute donc avec The Fog, troisième film du réalisateur, sorti en 1980. Un film « mineur » dans sa filmographie, mais qui concentre tout le savoir faire du Maitre : éléments fantastiques qui s’immiscent dans un quotidien des plus banal, ambiance oppressante qui monte crescendo, réalisation sobre, aux effets maitrisés. Film d’un grand classicisme (aucun second degré), tant dans sa forme que son contenu. Cette histoire de fantômes pirates, venus récupérer leur or volé cent ans auparavant par les descendant de la communauté d’Antonio Bay, s’inscrit dans la grande tradition de la littérature fantastique du 19ème siècle, avec les thèmes classiques de la trahison, du complot, du crime odieux, de la vengeance d’outre tombe… Le film s’ouvre d’ailleurs sur une citation d’Edgar Alan Poe. Le brouillard est ici un personnage à part entière, dont les apparitions rendent le climat de plus en plus intense, oppressant. Un film à l’esthétique vraiment superbe.

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New York 1997 est rapidement devenu un film culte, un des meilleurs dans le genre anticipation « post-apocalyptique », sorti à cette époque post-punk (1981), dont l’attitude nihiliste de Snake Plissken reflète parfaitement l’esprit. Dans ce film, Carpenter fait cette fois preuve d’ironie, de dérision. Une référence clairement affichée au Western, par la présence de Lee Van Cleef. Snake est l’archétype même de l’antihéros, individualiste, qui n’agit que dans son propre intérêt, ou sous contraintes. Le discours politique que sous-tend le film reste d’une effrayante actualité. Comment ne pas voir en ces prisonniers reclus sur l’île-prison une allusion directe aux exclus et aux opprimés de nos sociétés modernes. Sans parler de l’aspect « prémonitoire » de la scène d’ouverture où des terroristes détournent l’avion présidentiel pour s’écraser sur une tour. Un film fort, sans concessions, dont les ambiances nocturnes servent parfaitement la dimension « crépusculaire » du récit… 

Avec le temps, il s’avère que le cinéma de Carpenter, qui était à l’époque un cinéma de genre, est devenu un cinéma « classique », prisé par les intellectuels. Alors que ses intentions premières n’étaient certainement pas de devenir un artiste incontournable du 7ème art, mais un artisan produisant des œuvres honnêtes et efficaces. Mais l’un n’empêche pas l’autre et il est clair que « Big John » a permis d’apporter ses lettres de noblesses au genre fantastique, et influencera encore de nouvelles générations d’artistes…

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