Depuis cette première collaboration, Alfred et Olivier Ka n’ont cessé de produire de bonne chose ensemble (dont le magnifique Pourquoi j’ai tué Pierre). Il faut dire que le graphisme dynamique et précis d’Alfred convient à merveille pour illustrer l’univers loufoque et parfois dramatique de Ka. Des auteurs qui assument pleinement leurs cotés infantiles, entre naïveté et cruauté. C’est pourquoi Monsieur Rouge est une bd jeunesse qui s’adresse à tous les enfants, petits et grands…
Surréaliste, Monsieur Rouge joue avec les codes narratifs et iconiques de la bd en faisant interagir le fond et la forme. Par exemple quand Rouge s’endort, un morceau de la buche lui tombe sur la tête. Le symbole de la buche sciée (universellement reconnu pour signifier le ronflement) intervient directement dans l’histoire et devient l’élément déclencheur du gag. Rouge se cogne parfois le nez contre le coin de la case, il dessine un bonhomme qui prend vie et s’empare d’une gomme pour effacer son créateur. Il a même mis le feu à une page de l’album… Il déambule dans l’espace étroit de la page duquel il aimerait bien sortir, mais sera toujours confronté à ses limites physiques (dureté du cadre, fragilité du papier, du dessin…)
Entre dessins et photomontages, monsieur Rouge évolue dans un univers abstrait, dont les décors sont faits d’incrustation de motifs en liens directs avec l’histoire (feuille à carreaux sur lequel Rouge dessine, tapisserie fleurie quand il offre des fleurs, papier à musique sur lequel il chante, billet de train lorsqu’il voyage, catalogue de grande surface quand il fait ses courses… Dans le troisième album de la série (le génialement con Monsieur Rouge contre Docteur Slip !) les auteurs n’hésitent pas à se mettre directement en scène et interviennent dans le déroulement de l’histoire, pour démêler (au sens propre et figuré) un conflit entre Rouge et Slip…
Ces trois albums sont de petites perles d’absurdité graphique. Alfred et Ka sont des gamins qui réinventent les règles du Strip et s’amusent avec les possibilités infinies de la narration séquentielle.
Un bruit circule comme quoi les éditions Petit à Petit auraient mis la clé sous la porte. Ce serait bien dommage…
Ouaip ! Connaissais pas ! tacherai de les lire car ça donne envie.
Dernière publication sur carnet à dessins : Un tour de danse