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Archives pour janvier 2011

Aaarg… Je meurs – Collectif (Même Pas Mal éditions, 2009)

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Aaarg… Je meurs est un ouvrage collectif lancé par des éditions Même pas Mal (basées à Marseille), et dont le titre annonce la couleur. Un recueil composé de « gentillesses et méchancetés illustrées » par une bande de dessinateurs venant globalement du milieu alternatif. On y retrouve des réguliers du Psikopat, de MyWay ou Speedball (les fanzines de Chester) tels que Besseron, Olivier Texier, Mo Cdm, Cha, Loïs… Des auteurs adeptes d’histoires courtes (signées pour beaucoup par le scénariste Starsky), de gags en strips (les très perturbés Paf et Hencule) ou en dessins uniques (les MéFaits d’Olivier Texier), qui trouvent logiquement leur place dans ce genre de recueil à thème.

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Par Goupil Acnéique & Abraham Kadabra

Sales Bêtes ! Sales Gosses ! Un thème qui inspire des histoires plutôt trash et parfois dérangeantes, mais toujours sur le mode de l’humour (absurde et noir, of course). On pourrait reprocher à certains de ces dessinateurs de « mal dessiner ». Il est vrai que leur graphisme n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler « académique ». Point de jolis dessins dans ce recueil, mais des graphismes expressifs et contrastés. On sent derrière chaque trait une forte personnalité, entre les strips crades de Goupil Acnéique (fondateur du blogdamned), le noir et blanc minimaliste de Alph, ou celui très contrasté de Yann HxC (qui signe la couverture). Ainsi qu’une grande maitrise de toutes les composantes d’une histoire en bande dessinée : dialogues, narrations, découpages, mises en pages, graphismes… Des bandes parfaitement cohérentes entre leurs sujets et leurs formes.

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Feed-back par Alph

Ses qualités formelles (format livre, quadrichromie, papier de bonne tenue, couverture épaisse et souple…) se rapprochent plus d’une revue comme Lapin que du fanzine. La dimension underground est pleinement assumée par la présence de deux dossiers (bien foutus) consacrés à deux artistes-illustrateurs majeurs de la contre-culture US. Le new yorkais Eric Drooker (connu pour ses pochettes des disques The ghost of tom joad de Rage Against the Machine ou encore King for a day de Faith No More) dont les œuvres expressionnistes en noir et blanc sont d’une efficacité remarquable. Le californien Emory Douglas, activiste engagé et illustrateur officiel des Black Panthers. Deux artistes pour qui le dessin est une arme bien plus efficace pour revendiquer leurs droits (et changer les mentalités) que des Aka47…

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Eric Drooker

http://aaarg-je-meurs.blogspot.com/

DADA – La Bande Dessinée : un 9ème Art (éditions Arola et le CIBDI, 2011)

DADA - La Bande Dessinée : un 9ème Art (éditions Arola et le CIBDI, 2011) dans Presse et Revues 9782358800211175

J’avais déjà croisé cette revue à plusieurs reprise, et c’est ce numéro spécial bande dessinée qui m’a fait l’acheter. En m’informant un peu, je constate qu’elle est depuis longtemps devenue une revue incontournable pour ceux qui voudraient aborder l’art de façon simple et didactique, les jeunes en particulier, les curieux de la chose artistique en général. Dada est une référence dans le milieu éducatif, ayant reçu en 2010 le label de l’ANCP (Association Nationale des Conseillers Pédagogiques).

Ce spécial 9ème Art (couverture et illustrations de Serge Clerc) n’apportera rien de nouveau aux passionnés, si ce n’est une piqure de rappel (richement illustrée) sur les origines et l’évolution du médium, ainsi que certains focus sur des auteurs incontournables (Franquin, Kirby, Spiegelman, Sfar…). Par contre, les dossiers sur la fabrique d’une bande dessinée ou les ateliers en bandes nous proposent des exercices faciles à reproduire sur l’art du raccourci ou les expérimentations oubapiennes. Une manière concrète et ludique de comprendre les mécanismes de la narration séquentielle. Co-édité avec la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image, ce numéro sort à l’occasion du prochain festival d’Angoulême.

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Monsieur Rouge – Olivier Ka / Alfred (Petit à Petit, 2002 à 2004)

Monsieur Rouge - Olivier Ka / Alfred (Petit à Petit, 2002 à 2004) dans Chroniques BD monsieurrouge0125022003

Depuis cette première collaboration, Alfred et Olivier Ka n’ont cessé de produire de bonne chose ensemble (dont le magnifique Pourquoi j’ai tué Pierre). Il faut dire que le graphisme dynamique et précis d’Alfred convient à merveille pour illustrer l’univers loufoque et parfois dramatique de Ka. Des auteurs qui assument pleinement leurs cotés infantiles, entre naïveté et cruauté. C’est pourquoi Monsieur Rouge est une bd jeunesse qui s’adresse à tous les enfants, petits et grands…

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Surréaliste, Monsieur Rouge joue avec les codes narratifs et iconiques de la bd en faisant interagir le fond et la forme. Par exemple quand Rouge s’endort, un morceau de la buche lui tombe sur la tête. Le symbole de la buche sciée (universellement reconnu pour signifier le ronflement) intervient directement dans l’histoire et devient l’élément déclencheur du gag. Rouge se cogne parfois le nez contre le coin de la case, il dessine un bonhomme qui prend vie et s’empare d’une gomme pour effacer son créateur. Il a même mis le feu à une page de l’album… Il déambule dans l’espace étroit de la page duquel il aimerait bien sortir, mais sera toujours confronté à ses limites physiques (dureté du cadre, fragilité du papier, du dessin…)

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Entre dessins et photomontages, monsieur Rouge évolue dans un univers abstrait, dont les décors sont faits d’incrustation de motifs en liens directs avec l’histoire (feuille à carreaux sur lequel Rouge dessine, tapisserie fleurie quand il offre des fleurs, papier à musique sur lequel il chante, billet de train lorsqu’il voyage, catalogue de grande surface quand il fait ses courses… Dans le troisième album de la série (le génialement con Monsieur Rouge contre Docteur Slip !) les auteurs n’hésitent pas à se mettre directement en scène et interviennent dans le déroulement de l’histoire, pour démêler (au sens propre et figuré) un conflit entre Rouge et Slip… 

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Ces trois albums sont de petites perles d’absurdité graphique. Alfred et Ka sont des gamins qui réinventent les règles du Strip et s’amusent avec les possibilités infinies de la narration séquentielle.

Un bruit circule comme quoi les éditions Petit à Petit auraient mis la clé sous la porte. Ce serait bien dommage…

http://olivierka.blogspot.com/

Gribouillis – Baladi (L’Association, 2010)

 

Gribouillis - Baladi (L'Association, 2010) dans Chroniques BD gribouill9782844144119f

Baladi est actuellement l’un des auteurs qui pousse assez loin la réflexion sur les limites de la narration dessinée. Fidèle au principal enjeu de départ de l’Association – l’exploration du langage de la Bande Dessinée – Baladi poursuit ses expérimentations ludiques et accessibles, sur les potentialités narratives et surtout iconiques du médium. Il décortique les rouages de son vocabulaire et nous propose des réflexions justes et pertinentes sur la pratique (et la lecture) du dessin. Et par extension, sur la représentation de la réalité. Dessiner est un acte réel, pour un résultat (illustration, case, planche, album…) qui n’est qu’une copie du réel, possèdant malgré tout sa propre réalité…

Un dessin n’est qu’un agencement de traits organisés de manière à représenter un motif issu de la réalité (pour ce qui est de la figuration) ou de l’imagination (pour ce qui est de l’abstraction, du surréalisme, de l’onirisme…). Le tout suscitant des émotions, bien heureusement. La recherche du sens, d’une logique, détermine notre manière de lire un dessin. Un même agencement de traits peut représenter différentes choses. Par exemple, une case remplie de petits traits obliques symbolise la pluie, mais « on peut aussi dire que ce sont des petits traits » … C’est notre cerveau qui interprète les informations reçues et les organise, leur donnant du sens, toujours en lien avec notre bagage culturel, notre sensibilité, nos propres références, notre inconscient collectif… Baladi nous emmène donc sur ce terrain là, de manière subtile, et nous démontre les possibilités infinies de la représentation en deux dimensions.

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Après une scène d’ouverture où ce dernier use d’effets d’optique pour nous faire ressentir ce que vivent les personnages (une spirale représente les effets nauséeux d’une route sinueuse et bosselée), Baladi se met en scène à la manière de Rod Serling, le créateur de la 4ème dimension et nous fait pénétrer dans l’univers étrange de la 2D. C’est la magie du dessin. Sur un support plat (la feuille) on peut représenter du volume, de la profondeur, grâce à la perspective, aux contrastes clairs-obscures, aux jeux d’ombres… Mais aussi réussie soit-elle, cette troisième dimension n’existe pas « réellement ». Un dessin ouvrira toujours sur un univers en deux dimensions (abscisses et ordonnées). Un paradoxe avec lequel s’amuse Baladi, lorsqu’il focalise sur les vêtements des deux sœurs et en arrive à faire dialoguer des horizontales (du pull de l’une) et des verticales (de la robe de l’autre). Il jongle constamment entre la pseudo-représentation de la 3D (les personnages ou la voiture sont en « relief ») et de la 2D pure (des traits, des gribouillis). Un minimalisme qui, poussé à l’extrême dans certains détails, se rapproche parfois de l’hyperréalisme (comme l’a aussi expérimenté Trondheim à plusieurs reprises..).

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Baladi joue avec un double sens de lecture, entre le trait en lui-même, et ce qu’il représente. Il n’oublie pas pour autant qu’une bd, c’est aussi des situations, des personnages, des dialogues… C’est là la force et le génie de Baladi (qui maitrise ici parfaitement les contrastes noir et blanc), il ne se moque pas de ses lecteurs et ne cherche pas à nous embrouiller avec d’absconses expérimentations . Cette histoire de deux sœurs cherchant un raccourci qu’elles ne trouveront jamais (qui rappelle une autre série fantastique des années 60) sert de cadre à ses expérimentations. Et bien plus que ça encore. Cette aventure vécue par ces deux sœurs fait écho à notre propre expérience de lecteur : Ont-elles vu un vaisseau extra-terrestre, ou de simples traits dans le ciel ? Et nous, avons-nous lu une histoire dessinée, ou un savant agencement de traits ?

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Entre représentation et signification, abstraction et figuration, Gribouillis est un concentré de tout cela. Le tout dans une simple Mimolette de 32 pages…

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Le nouveau petit Alévêque illustré (Chiflet & Cie, 2010) / Les expulsables – Berth (Hoëbeke, 2010)

Le nouveau petit Alévêque illustré (Chiflet & Cie, 2010) / Les expulsables - Berth (Hoëbeke, 2010) aleveque9782351641231

C’est avec grand plaisir que je retrouve des collaborateurs de feu Siné Hebdo. Christophe Alevêque et Berth nous proposent deux ouvrages parfaitement représentatifs de leurs univers décalés, parfois trash mais ô combien nécessaires pour garder le sourire (et le moral) dans ce climat social plutôt morose. Un humour libérateur qui nous confronte à des réalités qu’on aimerait parfois oublier, mais qu’il est essentiel de combattre (le repli identitaire, les inégalités qui s’accentuent, les politiciens véreux, les libéraux voyous, les valeurs de fraternité et de laïcité de plus en plus bafouées, etc.)

Depuis la fin de l’aventure, Siné continu heureusement de semer sa zone sur internet. Il n’a pas rejoint l’équipe de La Mèche qui, pour ma part, n’aura pas réussi à remplacer l’hebdo de Bob. Je n’accroche pas vraiment aux choix éditoriaux du journal et bon nombre des collaborateurs de Siné Hebdo que j’apprécie (dont Siné lui-même) ne font pas partie de la rédaction. Gudule, Noel Godin ou Dédé la science ont trouvé refuge dans le Psikopat de Carali. D’autres sont repartis à leurs occupations (Michel Onfray, Jackie Berroyer ou Delfeil de Ton.) et continuent de publier des livres.

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Le nouveau petit Alévêque illustré est la mise à jour de son ouvrage sorti en 2009 (Lepetit Alévêque illustré). Comme ses illustres prédécesseurs Robert ou Larousse, Alévêque a « rebooter » son dico afin de coller au plus près de l’actualité. Toujours agrémenté d’illustrations de ses bons camarades. Ca fait plaisir de retrouver des dessins d’Aurel, Carali, Faujour, Large, Lindingre, Sergio, Pakman ou Siné, commentant l’actualité de leur regards vifs et acerbes.

Unitaléral, crise, diversité, pénibilité, virus, icône… Difficile de s’y retrouver dans ce langage aussi obscur qu’incompréhensible que les journalistes et les hommes politiques utilisent quotidiennement sans que personne n’y trouve rien à redire, une sorte de ronron médiatique repris au café du commerce. Personne? Non! Car Christophe Alévêque, grand défenseur de la liberté d’expression, résiste encore et a imaginé pour nous (avec la complicité d’Hugues Leroy) cette « traduction » savoureuse de 386 mots, lus et entendus un peu partout. Un décryptage plus que jamais indispensable de ce langage devenu automatique, vidé de son véritable sens, pour survivre à la médiocratie ambiante! Et quoi de mieux pour tenter de cerner la vérité qu’une bande de dessinateurs humoristiques qui en disent beaucoup plus par quelques traits de plume que bien des mots alignés dans un discours. L’alliance des deux fait la force de tous! (4 de couv’)

Berth publie Les expulsables, une série de strips qu’il avait débuté dans Siné Hebdo et a, actualité oblige, nécessairement prolongé dans cet album. Siné en fait la préface, extrait : Vous ne connaitrez de Berth que le bon coté avec ce livre. Il se penche, ici, sur la détresse humaine avec une délicatesse dont on l’aurait cru bien incapable, celle des sans-papiers en butte à la vindicte sarkosyste. Tout à coup, il se montre généreux, compatissant, chaleureux et ses dessins y gagnent en poésie. Son style à la Hieronymus Bosch évoque ici celui de Degas. On a la larme à l’œil. Ca nous repose de la bite au cul. Merci Berth, de ne pas être qu’un gros dégueulasse.

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Deux ouvrages qui font du bien et corroborent une chose : Siné Hebdo is not dead !

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