Jean-Christophe Menu aime concevoir, fabriquer et éditer de beaux livres, de belles bandes dessinées. Il suffit de consulter le catalogue de l’Association pour s’en rendre compte. Il est amusant, mais pas étonnant dans le fond, qu’il édite ce recueil sous son nom propre. Comme pour affirmer une complicité exclusive avec l’un de ses Maîtres (qui ne reconnaitrait pas Tardi comme un Maître ?
Les illustrations présentées dans ce carnet (réalisées entre mai 1996 et août 2001) sont de diverses natures (aucuns repères chronologiques, les dessins ne sont pas datés). Des dessins d’observations (en intérieur ou extérieur), des paysages urbains, des natures mortes, des délires sortis de son imagination, surréalistes et absurdes, des portraits (de belles femmes, d’hommes murs ou d’enfant), des nus, des réinterprétations de peintures romantiques, impressionnistes ou symbolistes (Caspar David Friedrich, Gustave Caillebotte ou Gustave Moreau). Tardi y est égal à lui-même, usant de son trait tremblotant, de ces volumes hachurés typiques, de cette incroyable maitrise du noir et blanc.
Chaque dessins nous racontent une histoire, de façon indépendante. Mais on peut y voir quelques enchainements, que nos habitudes de bédé-lecteur nous amènent à inventer. Alors qu’il n’y a certainement pas de liens voulus par Tardi. C’est la magie de ce genre de recueil d’illustrations, on s’invente des séquences là ou il n’y en a pas forcément (à ce titre, le 40 days dans le désert B est un régal). Une lecture libre, surréaliste…
On peut considérer ce carnet comme étant une somme de travaux préparatoires, d’études pour ses futurs projets, des essais, non pas de techniques, mais de motifs, de compositions. Sans pour autant donner une impression d’inachevé, de brouillon. Au contraire, ce recueil se suffit à lui-même et nous confirme que Tardi est avant tout un monstre de travail (il n’y a pas de mystère à la création, du travail essentiellement.). Etant numéroté, on peut espérer un jour peut-être, lire un deuxième volume de ces carnets…
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