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Archives pour décembre 2010

La légende d’Ignaqua – Jean Christophe & Hugo Druez (2010)

La légende d'Ignaqua - Jean Christophe & Hugo Druez (2010) dans Chroniques Ciné 1293656477600x600

La légende d’Ignaqua est un moyen métrage d’animation réalisé par un ami et son fils. Ce projet a duré plus de trois ans. Outre le travail de prise d’image en stop motion, nécessitant au minimum 12 images à la seconde (l’idéal étant 24), il a fallu créer les mouvements et les effets spéciaux. Intégrer les personnages dans des décors parfois en 3D, parfois en images réelles. C’est la grande richesse de ce moyen métrage, de nombreuses techniques ont été utilisées, mais plutôt que de donner une impression de patchwork ou de fourre-tout technique, le résultat est d’une grande cohérence esthétique. Et magique… JC a su utiliser, à chaque temps fort de l’histoire, la technique qui convient le mieux. Quand par exemple, il use d’un effet de caméra subjective avec image réelle lorsque qu’un des personnages (Vakama) tombe à l’eau. C’est bien vu car cela renforce l’intensité dramatique de la séquence en favorisant l’identification au personnage.

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Les héros Nokama et Vakama

Autre réussite, avoir su rendre vivant et chaleureux des robots en métal, pas particulièrement beaux. Gros travail encore une fois pour créer les expressions des visages et les mouvements les plus dynamiques et fluides possible. Le travail des voix est tout aussi important pour donner une âme à ces jouets en plastique. C’est là que les amis sont intervenus (l’ami Swamps en parle aussi sur son blog). J’ai pour ma part doublé le personnage de Vakama. Ce fut une expérience totalement enrichissante et bien fun. J’ai pris beaucoup de plaisir à rejouer les scènes, à trouver le ton juste en fonction des situations, parfois dramatique, parfois désinvolte, parfois candide, parfois prétentieux, parfois courageux… Bref, on s’est bien amusé à faire ça. Ca nous a permit d’entretenir notre âme d’enfant. Car le but principal de JC était de mener à terme ce projet avec son fiston qui, de fait, en devenait le directeur artistique et surtout le directeur de conscience. Son rôle aura été de contribuer à conserver cet aspect ludique et infantile. C’est un film qui s’adresse aux enfants de tous âges, et JC a su conserver cette dimension tout au long de sa réalisation. On peut voir d’ailleurs dans certaines scènes les personnages évoluer dans des décors qui semblent factice, des décors de jouet. Ce qui confirme ce sentiment.

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Le bon Hydraxon

Deux jeunes Matoran, Vakama et Nokama, tombent par hasard sur un masque de Toa. Le vieux Turaga de leur village leur raconte alors la légende d’Ignaqua et leur confit la mission de remettre le masque à son seul destinataire, le prince Hydraxon. Mais ce dernier est le prisonnier du vil Maxilos, qui cherche à s’emparer du masque afin de contrôler les 4 éléments et ainsi devenir le maitre absolu. S’en suit alors une quête effrénée pour libérer Hydraxon et sauver le mondeJC a crée une histoire originale, sans trahir la « mythologie » des Bionicle (la présence des 4 éléments, l’évolution des personnages en Matoran – Toa – Turaga… Il y a intégré des éléments narratifs issus d’autres séries, en particulier Stars Wars et le Seigneur des Anneaux. Une histoire sympathique, dont les ressorts narratifs sont parfaitement maitrisés. Il n’y a pas de longueurs ou d’incohérence dans le scénario. Mais ce que je retiendrai du film, ce sont ses grandes prouesses techniques.

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Le vil Maxilos

J’ai pu voir évoluer ce projet au fil des années, et me rendre compte du travail de Titans qui a été réalisé.Pas moins d’une dixaine de logiciels ont été exploités. Outre les prises de vue en stop-motion, la création des décors en 3d ou à partir d’images réelles. Il y a eu tout ce travail en amont sur le scénario, les dialogues, le découpage, le séquençage, le choix des plans… Tout en respectant les règles cinématographiques de bases (règle des 360°, champ contre-champs…) ainsi que le rythme de l’histoire. L’incrustation des effets spéciaux (car il y a de nombreux combats et poursuites), le travail du son, des effets sonores. L’intégration de la musique et des doublages, qui contribuent au dynamisme du film. Bref, tous ces éléments qui, dans les milieux professionnels, sont réalisés par différentes équipes ont été ici menés de bout en bout, et de manière remarquable pour un amateur, par un seul homme. Chapeau l’ami ! Et merci de nous avoir fait partager cette superbe aventure ! 

 

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Trailer du film

Le lien du film sur Vimeo

Interview de JC par le site officiel francophone Bionifigs

Into the Wild – Sean Penn (2007)

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Into the Wild nous raconte l’histoire vraie de Christopher McCandless, un jeune homme de 22 ans promis à un bel avenir, qui décide de tout plaquer et de partir à l’aventure jusqu’en Alaska. Sean Penn s’est appuyé sur ce fait divers (qui fut aussi un livre de Jon Krakauer) pour nous offrir un film sensible et émouvant. Il ne porte aucun jugement et décrit sur un mode impressionniste la quête initiatique d’« Alex Supertramp ». L’histoire nous est racontée en voix off par la sœur de Christopher. Sean Penn illustre les étapes de son parcours, de ses rencontres, de ses souvenirs… 

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Penn n’explique rien, ne justifie rien des actes d’Alex. Il s’attache seulement à retranscrire le plus sincèrement possible les émotions vécues et les sentiments partagés par les personnages. Un cinéma du sensible (et non de la sensiblerie), s’appuyant sur la force des images (des splendides décors naturels) et des situations, nous emmenant à la rencontre de personnages émouvants, authentiques… La réalisation est magistrale. Tous les éléments se combinent à merveilles, entre la photographie (magnifiques couleurs et lumières naturelles), la narration (entre récit en voix off, flash back et situations présentes), les dialogues (d’une vraie justesse), les personnages (tous attachants), l’interprétation des acteurs (tous remarquables),  la musique (les chansons d’Eddie Vedder créent une résonnance particulière avec les situations vécue par Alex), tout sonne juste, précis, en accord parfait. On suppose en amont, un véritable travail d’orfèvre, méticuleux, pour un résultat d’une fluidité et d’une légèreté déconcertante. 

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Bien plus que la retranscription d’un fait divers un peu particulier, Sean Penn nous offre un conte philosophique. Les rencontres que peut faire Alex ne sont pas anodines. Les personnes qu’il croise au hasard de ses pérégrinations correspondent en fait à ceux qu’il quitte, ce qu’il fuit : une mère, une sœur, un père… Non par rancœur ou une quelconque forme de revanche, mais par choix délibéré. Son changement de patronyme nous prouve qu’il cherche plutôt à fuir de lui-même, à s’échapper de ce qu’il était ou ce qu’il devait devenir. Les rencontres qui balisent ce parcours initiatique lui permettent de tester sa détermination à pouvoir se détacher des autres et partir seul dans la nature. Son ambition première semble, non pas de vivre en ermite, mais de renouer un contact perdu avec la nature. Ce qui ne veut pas dire retourner à l’état de nature, mais bien de (re)trouver sa véritable humanité. Car Alex part peut-être seul, mais il emmène avec lui son amour (et l’amour) des autres, auprès desquels il laissera une empreinte indélébile (ses derniers mots sont significatifs, lorsqu’il écrit que le bonheur ne peut qu’être partagé). 

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Alex part à l’aventure sans véritablement anticiper ce dont il aurait besoin pour sa survie. Il se prépare tout de même physiquement et ses multiples rencontres l’aident à organiser au mieux son périple dans le grand nord (on lui offre des bottes, un fusil, du matériel de pêche…). Alex est porté par une motivation qui le dépasse. Une sorte de transe « lucide » qui ne le quittera jamais, alimentée par ses lectures et ses fantasmes. Il est en paix avec lui-même et le monde qui l’entoure. Ou du moins cherche-t-il à l’être, avant d’aboutir « into the wild ». Cet appel de la nature peut être vu comme la métaphore d’une accession à une forme de sagesse, de plénitude éternelle, basée sur la contemplation de la nature sauvage et l’envie d’y vivre en osmose… Cette arrivée dans les grandes étendues d’Alaska donne lieu à des scènes surréalistes, entre la présence du Magic Bus (que fait ce bus de Fairbanks City abandonné en pleine nature ? On peut le voir comme un signe, une présence de la civilisation), ou sa rencontre avec le grizzli, l’autre prédateur des lieux. Vivre en harmonie avec la nature suppose pour l’homme de trouver sa place dans un écosystème impitoyable…

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Une noble quête, qui peut paraître vaine à notre époque, mais à laquelle Alex croit, et cherchera à atteindre coute que coute. C’est pourquoi la fin de son périple n’est pas dramatique. Au contraire, il aura été au bout de ses rêves, de sa quête, et sa mort en devient secondaire, anecdotique (même si pour la famille de Christopher, c’est un véritable drame). C’est en cela que Penn a su se démarquer du fait divers pour nous proposer une fable qui transcende son sujet. Une œuvre sublime, sans idéalisme ni misérabilisme… C’est rare.

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http://www.intothewild.fr/

Allociné pour les photos

Sur la piste avec Blanc-Dumont – Olivier Cassiau (Petit à Petit, 2000)

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Sympathique collection des éditions Petit à Petit, Aficionado nous propose de découvrir un auteur dans son intimité. Des albums au format à l’italienne, une mise en page claire, efficace, remplis de photo de l’artiste prises dans son atelier ainsi que diverses illustrations retraçant son parcours. Cela nous permet d’observer ce que peut être le quotidien d’un acharné de travail, qui se restreint maintenant à ne dessiner qu’une planche par semaine. Il aborde les difficultés et les contraintes liées à cette profession : le temps qu’il n’a pu consacrer à sa famille, les sentiments de doute et de solitude qu’il ressent parfois devant sa table à dessin.

Je n’ai jamais vraiment aimé la bd réaliste (je suis bien incapable de lire un Largo Winch ou un XIII…) et les albums de Blanc-Dumont ne font pas exception. Cependant, je ne peux que m’incliner devant le talent d’un dessinateur tel que lui. J’ai toujours eu de la sympathie pour « Blanc-Du » et ai toujours aimé ses illustrations (j’apprends d’ailleurs qu’il a travaillé avec Jean-Jacques Annaud sur « le nom de la rose »). J’apprécie son graphisme d’une grande classe et ses couleurs toujours parfaites (c’est sa femme qui œuvre à la coloration de ses planches).

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Blanc-Dumont a créé les personnages de Colby (sur un scénario de Greg) et de Jonathan Cartland (scénario de Laurence Harlé). Ce dernier est un peu l’antithèse du lieutenant Blueberry : Humaniste et défenseur de la cause des indiens, alors que Blueberry est individualiste et pense avant tout à sa survie. « J’ai toujours évité de faire le parallèle entre Cartland et Blueberry. Blueberry est né dans l’esprit de Charlier avec le cinéma d’après-guerre, celui de John Ford et John Wayne, puis celui de Sergio Leone. Ma génération est plutôt celle de « Little Big Man » ou de « Jeremiah Johnson ». Un cinéma qui rend hommage aux Indiens, qui cultive le mythe de l’anti-héros. Comme Cartland. C’était ma conception du western, des chroniques de l’ouest et du héros malgré lui ». 

Blanc-Dumont n’est pas Giraud. Son graphisme est plus académique, plus sage peut-être. Ce qui les réunit, c’est ce traitement quasi hyperréaliste et ce sens du détail irréprochable. Sans omettre ce goût partagé pour les enchainements de plans très « cinématographiques » (que le genre western semble irrémédiablement imposer). Que ce soient pour les décors, les costumes ou les accessoires, Blanc-Du s’appuie sur une documentation riche et précise. Sa passion des chevaux (il en possède plusieurs) fait de lui un des meilleurs dessinateurs équestres de la Bande Dessinée. Il ne pouvait y avoir d’autre dessinateur pour reprendre la série de la Jeunesse de Blueberry. Non seulement, les aficionados du lieutenant n’ont pas criés au scandale, mais dans le fond, qui d’autre que Blanc-Dumont aurait pu s’atteler aussi aisément de cette lourde tache. Il fallait un artiste de cette trempe.

Cet album est sorti à l’occasion du 5ème festival de BD de Darnetal (en 2000) dont Michel était l’invité principal et avait réalisé l’affiche. Une bien belle manière de rendre hommage à cet artiste aussi discret que talentueux.

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L’artiste dans son atelier

Blanc-Dumont sur bedetheque

Mon album de l’immigration en France – Collectif dirigé par José Jover (Tartamudo éditions, 2003)

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Mon album de l’immigration en France, un titre qui annonce clairement le contenu. En effet, cet ouvrage, conçu sous la direction de Bérengère Orieux et José Jover, retrace l’histoire contemporaine de l’immigration en France.

Après un rappel des textes fondateurs de notre république (qu’il est bon de relire souvent), les auteurs dressent un panorama de l’immigration moderne, de la révolution industrielle des années 1830-1860 à nos jours. Abordant ses diverses formes (de l’immigration choisie aux réfugiés politiques…), ses origines (immigration juive, africaine…) et les grandes étapes de son histoire (du besoin de mains d’œuvres de l’après guerre à la décolonisation…) qui font la richesse de notre pays. « La France est un grand carrefour où, depuis des siècles, se sont superposés et mêlés des hommes et des femmes aux origines très diverses. La France d’aujourd’hui est le fruit de ce brassage de populations et de cultures. » (4 de couv’)

Outre l’aspect didactique des textes de présentation des chapitres, les auteurs ont privilégié les témoignages de personnalités publiques (artistes, écrivains, politiciens, citoyens) pour nous raconter leurs histoires d’immigrés. Je retrouve avec grand plaisir la verve de François Cavanna, qui nous raconte le décalage vécu par son père à son arrivé, entre sa condition de pauvre en Italie et la vie aisée en France. Yves Frémion qui, en tant qu’estimé docteur es-bande dessinée, nous dresse un panorama complet de la représentation (pas très gratifiante) de l’immigré dans les illustrés du XXème siècle. Avec son style inimitable (et son humour à la fois tendre et mordant) Gudule nous rappelle qu’il n’est pas facile d’être le nouveau de la classe. Surtout quand on est un lutin de vingt centimètres de haut. Il faut supporter les sarcasmes et l’indifférence de certains camarades. Heureusement, il y a toujours des gens plus intelligent que d’autres… Luis Rego nous raconte son départ douloureux du Portugal, mais nécessaire pour ne pas se retrouver à faire la guerre en Angola. Son arrestation et ses trois mois de prison lorsqu’il y est retourné (avec les Charlots). Puis sa libération et son retour définitif en France, sa vraie terre d’accueil…

Les ressources documentaires sont d’une grande richesse, entre photos d’époques, vieilles affiches et publicités. Le tout ponctué d’illustrations des excellents José Jover, Jef Martinez, PEF et même Farid Boudjellal (oui, le fondateur des éditions Soleil, qui nous raconte la bande dessinée comme moyen d’intégration).

Un ouvrage très intéressant et vraiment bien conçu, qui se lit d’une traite et n’est pas seulement réservé aux jeunes. Généreux, intelligent et d’utilité publique, bon nombre de personnes devraient le posséder dans leur bibliothèque…

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http://tartamudobd.wordpress.com/

Milady 3000 – Magnus (Ansaldi éditions, 1986)

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Roberto Raviola (1939-1996) alias Magnus, est connu de tous pour son adaptation des 110 pilules, ou pour sa série rétro-porno-futuriste Necron. Des œuvres actuellement (et justement) rééditées. Dans ce Milady 3000, il a temporairement abandonné cette dimension pornographique pour se lancer dans un Space-Opéra digne des grandes séries de l’âge d’or de la bande dessinée de Science Fiction (Flash Gordon ou Buck Rogers). Cet album nous permet de prendre la pleine mesure du talent graphique, de l’art de la mise en scène de Magnus.

Magnus est un excellent dessinateur réaliste, maitrisant parfaitement les règles anatomiques (aussi bien pour les formes que les postures et mouvements des personnages). Les couleurs flashy, presque psychédéliques de Bigi Silvana contrastent avec ce trait noir épais caractéristique, et soutiennent parfaitement ces formes toutes en arabesques, charnelles et puissantes. Elles contribuent au décorum « Space-Opéra » de l’album. Ces planches de grand format vous happent littéralement.

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Esthète de l’érotisme (façon Manara ou Serpieri) ou tâcheron de série B « horrifico-pornographiques », Magnus se balade tranquillement entre ces deux pôles, sans aucuns complexes. Ayant fait ses armes dans la bande dessinée d’exploitation, œuvrant dans de nombreuses revues « de gare » (au format poche), du genre des productions Elvifrance ou Edifumetto : Satanik, diabolik, Tex… Cette expérience a certainement contribué à forger ce style direct, ce graphisme explicite et lisible, ces mises en page allant à l’essentiel, toujours au service de l’histoire.

Un vaisseau débarque sur la place-forte du duc (la base spatiale de l’altesse Nicolas, duc d’Asie) avec à son bord, la courtisane impériale Nastasia Felina Bosmanova accompagnée de son fidèle serviteur, l’androïde Uer. Mais cette milady n’est pas ce qu’elle prétend être. Il s’agit en fait de la redoutable Paulina Romana, comtesse Zumo, qui s’est infiltré dans cette place-forte pour kidnapper le prince Edo…

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Magnus n’est pas reconnu pour la qualité de ses scénarii – alors qu’il possède un sens de la mise en scène et des dialogues remarquables. Cependant, ce Milady 3000 nous démontre le contraire. Point de bêtes enchainements de séquences prétextes à des scènes scabreuses (comme dans Necron par exemple), cette histoire (qui serait vaguement inspiré d’un récit d’Isaac Asimov) est bien rythmée, sans temps morts ni situations abracadabrantesques (enfin, ça reste de la SF !).

Point de pornographie dans cet album, certes, mais un érotisme diffus plane tout au long de l’aventure. On retrouve ici les obsessions de Magnus, en particulier cette confrontation entre les corps décharnés, mortifiés des hommes et la plastique superbe, fraiche et vivante des femmes, toujours plus fortes que les mâles qui les entourent (ce qu’on retrouve dans Necron ou les 110 pilules). On ne se refait pas…

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Magnus sur bdzoom

Milady 3000 sur rocbo

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