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Archives pour novembre 2010

Harv & Bob – Harvey Pekar / Robert Crumb (Cornelius, 2010)

Harv & Bob - Harvey Pekar / Robert Crumb (Cornelius, 2010) dans Chroniques BD blogharvbobc1

Forte actualité pour les éditions Cornelius en cette fin d’année. Leur rentrée américaine se termine avec la publication de l’unanimement génial ToXic de Burns (un auteur dont on ne lit plus beaucoup de critiques négatives). Les festivités avaient débuté par la sortie de ce Harv & Bob de Crumb et Pekar. Harvey Pekar est un auteur underground qui nous était encore totalement inconnu il y a peu. La réédition par les éditions ça et là de son œuvre phare American Splendor compte pour beaucoup dans cette reconnaissance. Ainsi que cet album, qui complète le travail anthologique de l’oeuvre de Crumb, magistralement orchestré par Cornelius.

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Pekar est un artiste loser comme seuls les Etats-Unis savent en produire (et s’en seraient certainement bien passé, tout comme Bukowski ou Fante). Issu de la classe populaire, habitant dans une ville fantôme, vivant dans un quartier pauvre, Pekar n’a trouvé comme seule alternative à la tristesse de sa vie que de la raconter. Et, ô magie de la littérature (et de la Bd), ce qui n’est qu’une suite d’événements du quotidien, tristes et banals devient (quand le talent est là bien sûr) des récits passionnants, remplis d’un humour tendre, jamais cinique. L’anecdotique devient universel. Pekar est un simple employé de bureau, collectionneur compulsif de vieux disques de Jazz (passion commune avec Crumb, faisant surement d’eux les premiers spécimens connus de geeks) qui décide de se lancer dans l’autoédition. Grand amateur de bande dessinée, il a surtout l’idée géniale de demander à de nombreux dessinateurs de mettre en image ses récits (le plus célèbre étant Crumb bien sûr). D’ailleurs, Pekar nous raconte leur rencontre dans « The Young Crumb Story », à l’époque ou ce dernier n’était pas encore devenu la figure de proue du mouvement underground. Cette histoire est une petite perle, nous permettant de constater que Crumb sait mettre son art au service des autres. Car il reste fidèle au point de vue de Pekar, sans tirer la couverture pour lui. A aucun moment ce récit ne devient autobiographique (alors que Crumb dessine Crumb). Il soutient pleinement la subjectivité de Pekar sur lui-même. Crumb n’est ici qu’un personnage secondaire…

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Crumb est excellent, comme toujours. Ca devient même fatiguant de chercher à décrire le style particulier d’un monstre du dessin, d’un artiste de cette trempe qui transforme tout ce qu’il dessine en œuvre d’art. Ces planches ont été réalisées entre 1976 et 1983. On distingue à peine une évolution dans son style tant Crumb a rapidement abouti à son vocabulaire pictural, composé de ces volumes hachurés, charnels, de ce noir et blanc contrasté, proche de la gravure, de ce style semi-réaliste (enfin, des personnages caricaturaux dans des décors très réalistes)… Pekar le dit lui-même : Crumb « dessine mieux que n’importe qui sur cette planète ».

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Harvey Pekar, 1939 – 2010

http://www.crumbproducts.com/

TINDERSTICKS – Théâtre des Arts (11 novembre 2010, Rouen)

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Stuart A. Staples

 Premier concert de l’année, enfin. Et pas des moindre. Tindersticks ! Un groupe que je connais depuis leur superbe album Curtains (1997) et qui ne cesse de me plaire. Avec l’ami David, on est sorti de ce concert sur un petit nuage, illuminés. Le seul mot qui me vient pour qualifier leur prestation est : la classe ! La grande classe, dans tous les sens du terme. Classieux, tant dans leurs attitudes (ils sont tous tirés à 4 épingles) que par l’interprétation impeccable de leur chansons. Classique, dans la mesure où la présence d’un groupe rock dans le superbe Théâtre des Arts ne faisait pas tache du tout et nous démontre que le rock peut être aussi de la grande musique. L’univers musical des Tindersticks (avec ces arrangements de cordes et de cuivres) a tout à fait sa place dans un opéra. L’acoustique y est parfaite. J’ai ressenti beaucoup de frissons le long de l’échine…

La Classe, car Tindersticks nous a, en plus de nous émouvoir, donné une grande leçon de maitrise. Maitrise des instruments (ils sont tous multi-instrumentistes, jonglant entre guitares, basse, batterie, claviers, xylophone, violoncelle, saxos, tambourins, triangle…) ainsi que des voix (les chœurs – portés par les nouveaux musiciens – étaient parfaits et se complétaient admirablement avec le timbre grave de Stuart Staples). Maitrise aussi des variations d’intensités. La puissance du groupe vient de là, bien plus que du son en lui-même. Ils usent subtilement de l’art du fondu.

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Neil Fraser

Malgré ce que l’on pourrait croire à l’écoute de leurs albums, Tindersticks n’est pas un groupe triste ou déprimant. Ils dégagent beaucoup d’émotions, de chaleur. On les sent touchés par nos sollicitations. Grand monsieur que Stuart Staples, humble, authentique, impliqué (et quel pas de danse !). Il chante moins basse que je ne l’aurai imaginé. Sur les quelques morceaux que je connaissais, il les a interprété un ton au dessus. Une orchestration aux petits oignons, entre harmonie et distorsion. Un mur du son sur certains morceaux (3 guitares, basse et violoncelle) mais toujours constructif, soutenant la mélodie. Pas de bruit pour rien. Au contraire, tout est à sa place, impeccable…

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Dave Boulter

Un set représentatif de leur univers, dans lequel ils nous ont interprété de nombreuses chansons de leur dernier album, que j’ai découvert ici. Magnifiques.

1- Falling Down A Mountain

2- Keep You Beautiful 

3- Marbles

4- Sometimes It Hurts 

5- She Rode Me Down 

6- Raindrops 

7- Bathtime 

8- Marseilles Sunshine (de circonstance en ce 11 novembre)

9- The Other Side of the World 

10- Tyed 

11- Black Smoke 

12- Factory Girls 

13- A Night In (1er rappel) 

14- Harmony Around My Table (2ème rappel)

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(les photos ne viennent pas de ce concert)

 « Entouré de ses fidèles acolytes que sont Dave Boulter et Neil Fraser (clavier et guitare), Stuart A. Staples nous offre du nouveau dans l’univers Tindersticks. Falling Down the Moutain, leur dernier album (4 clefs Télérama), est un disque de folk-blues accessible à tous et surtout à ceux qui avaient lâché le groupe dans sa période trop sombre. Autour de sa voix de crooner toujours aussi envoûtante, Stuart A. Staples et son groupe nous offrent aujourd’hui un horizon élargi, magnifique et sans maniérisme où les chansons, d’une éminente classe, s’habillent d’arrangements raffinés et où la mélancolie prend la forme du bonheur. 

Stuart Staples – chant, guitare // David Boulter – orgue, piano // Neil Fraser – guitare // Dan McKinna – basse, chœurs // Earl Harvin – batterie, chœurs // David Kitt – guitare, chœurs // Andy Nice – violoncelle, saxophone » (source)

http://www.tindersticks.co.uk/

Pilules Bleues – Frederik Peeters (Atrabile, 2001)

Pilules Bleues - Frederik Peeters (Atrabile, 2001) dans Chroniques BD pilulesbleuesco

En une petite vingtaine d’albums sur quinze ans, Frederik Peeters est devenu un des auteurs les plus intéressants de sa génération. Un auteur complet (dessinateur, scénariste, coloriste…) qui développe un univers pictural des plus singuliers, mille fois copié… A l’aise dans de nombreux registre (fantastique, autobiographique, polar, dramatique ou fantaisiste), il sait adapter son graphisme (qui évolue au fil des productions) aux besoins de ses projets.

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Pilules bleues fait parti de ces quelques bande dessinées qui ont fait grandir le médium, l’emmenant vers des territoires qui ne semblait pas le concerner (récit dramatique à la première personne, abordant des thèmes de société …). On pourrait le définir comme un roman graphique car c’est un récit long, autobiographique et réalisé en noir et blanc. Mais ce n’est pas suffisant pour le qualifier ainsi. Pour moi, Pilules bleues est une bande dessinée des plus traditionnelle : les séquences sont fluides, clairement enchainées, même si Peeters use parfois d’ellipses et de cadrages décalés. Ses dessins ne sont pas qu’illustrations, ils évoquent parfois ses divagations mentales (avec la présence pachydermique de rhinocéros et de mammouths). Son style semi-réaliste et sa maitrise du noir et blanc contrasté apportent une légèreté qui convient à merveille pour « dédramatiser » le récit.

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Raconter la maladie n’est jamais évident, surtout par le biais d’un médium qui n’a que rarement permit d’aborder ce genre de thématique. Pilules bleues est un album sensible, qui aborde un thème grave (le sida), sans jamais sombrer dans le pathos. La mort est à peine évoquée, seule la peur de la contamination préoccupe le couple. Un récit émouvant qui prône l’espoir, la victoire de la vie sur la maladie. Peeters a fait le choix de nous raconter son histoire par le petit bout de la lorgnette, privilégiant la subjectivité de son point de vue. Il croit en son récit, et nous aussi pour le coup (j’avoue avoir eu quelques aprioris sur cette Bd qui se sont vite dissipés… Un bien bel album.

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http://frederik.peeters.free.fr/

Le Monde Diplomatique en Bande Dessinée (Hors-série, 2010)

Le Monde Diplomatique en Bande Dessinée (Hors-série, 2010) dans Presse et Revues 1289134349

Couverture de Joe Dog

Le Monde Diplomatique sort un hors série « bande dessinée ». Bon, je me dis : encore une revue non-spécialisée qui profite de l’engouement général des médias pour le 9ème Art (un engouement modéré il est vrai, mais bien présent), pour dresser un panorama qui se voudrait le plus complet possible. Et d’en refermer les pages souvent avec déception, tant ces hors série se ressemble un peu tous, au fond (entre Beaux Arts, les Inrocks, Lire, Marriane, le Nouvel Obs, etc). Même catalogue des albums incontournables, mêmes présentations des grands auteurs, même classification des différents genres… Bref, même vision objective du médium.

C’est donc avec circonspection que je feuillette ce Monde Diplo, mais je constate rapidement (dès la lecture de l’édito) que ce hors série de parlera pas de bande dessinée. La bd n’est pas le sujet, ni un thème d’analyse, mais le médium, un moyen de transmettre de l’information. Et pas d’informations sommaires, illustrées par un grands dessinateurs, mais de vrais reportages séquentiels. La narration particulière (dans son rapport au temps) de la bande dessinée convient parfaitement pour rendre compte d’événements qui se sont déroulés sur de longues périodes (par exemple, Le long hiver de la Corée raconté par Juhyun Choi ou l’histoire de Cheikh Mansour par Stamboulis & Costantini).

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Si l’on en croit Monsieur Vandermeulen (professeur de sémiotique comparée) dans l’édito, ce qui n’est pour l’instant qu’un hors série deviendra à partir de janvier 2011 (lancement pour Angoulême) la nouvelle formule du journal. Afin de « renouveler l’attraction des analyses par trop déprimantes de nos rédacteurs ». On retrouve dans ce numéro des auteurs connus et reconnus (Fabrice Neaud, Jochen Gerner, Max Le Roy, Lisa Mandel, Joe Dog ou Morvandiau) et en découvre de nouveaux très talentueux. (Voir le sommaire en détail)

Enfin une revue nous proposant un hors série bd original, qui ne mise pas sur la popularité du médium, mais l’utilise intelligemment pour répondre à sa principale mission : nous informer sur l’état du monde. Tout en nous donnant un aperçu de la diversité de l’art invisible, de ses différents styles et techniques, grâce à la présence d’auteurs de différents horizons (entre les pictogrammes de Jochen Gerner et le roman-photo de Jarry & Ruffin, les expérimentations phylactériennes de Morvandiau ou le style coloré de Mazen kerbaj… La revue XXI avait ouvert la voie avec son reportage en bande dessinée (sans oublier France Info qui collabore depuis de nombreuses années avec des bédessinateurs). Le Monde Diplomatique nous démontre que c’est une très bonne voie…

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Lire le très bon article de Xavier Guilbert sur Du9

 

Réminiscences – Ptoma (éditions Emmanuel Proust, 1999)

Réminiscences - Ptoma (éditions Emmanuel Proust, 1999) dans Chroniques BD ptoma

Réminiscences est un drame en cinq actes, racontant le parcours de Phoenix, boxeur et grosse frappe, vivant dans le Chicago de 1930 à 1949. Du ring à la fusillade… Un prologue muet, montrant la « bête » Phoénix dans toute son horreur. La deuxième partie s’ouvre sur une scène de cauchemar. Phoénix est hanté par de nombreux démons. C’est à ce moment qu’il commettra l’irréparable. S’ensuit alors sa quête de rédemption. Mais pourra-t-il se racheter ? Difficile quand on ne respecte pas le contrat et qu’on bute les hommes de main du boss… Chaque chapitre commence par une citation (de Michel Bataille, Gall, James Ellroy (qu’il a adapté à plusieurs reprises), Batavia et Barjavel) qui annonce la couleur : « Le « monstre » est une anomalie effroyable mais il est aussi peut-être, celui qui doit exister » (Michel Bataille in « Gilles de Rais »)

« Chicago, années 30. Un tueur sans morale qui idéalise la violence prendra conscience trop tard de sa pitoyable destinée. Quelles indéchiffrables motivations le poussent sur la voie du crime ? Et que signifie ce rêve étrange, qui ne lui laisse aucun répit, mettant en scène un épouvantail et un petit garçon bien seul pour l’affronter ? »

« Ptoma : sous ce pseudonyme se cache un auteur belge de 27 ans adepte de la « ligne sombre ». En trois bandes – six cases par planche -, sa narration va à l’essentiel, donnant du rythme et du suspense à cette hallucinante descente aux enfers. » (Quatrième de couverture)

Au première abord, on a comme une impression de déjà vu, entre les graphismes de Jack Davis (contes de la crypte), Burns, Mezzo, mais surtout Miller… Phoenix ressemble physiquement (et moralement) à Marv… Mais si Miller dessine à la machette (aux traits tranchants), Ptoma use plutôt de la faucille, générant des formes plus rondes. Cependant, ils partagent le même traitement du noir et blanc sans concessions, aux ombres incisives, aux contrastes puissants. Une maitrise digne de gravures expressionnistes du début du 20ème siècle.

Ptoma possède un style à la limite du réalisme, dont les proportions et attitudes des personnages sont excessives. Ces formes vous percutent. Les scènes de baston sont d’une efficacité redoutable, on ressent la violence des coups portés.

Une mise en scène vive, aux effets maitrisés, bien que chaque page contienne chacune six cases de tailles identiques. Cette structure en gaufrier est une véritable cage, retenant une bête qui ne demande qu’à se jeter sur vous ! Une fois encore, une contrainte peut devenir un atout. Pas de mise en page de dingue donc, pas de planche déchainées, déstructurées façon Kirby ou Mc Farlane. Il se dégage un certain classicisme dans l’enchainement des séquences, qui évoque le rythme des vieux films policiers…

Réminiscences est un bon premier album, aux influences marquées mais assumées, qui annonce un auteur prometteur (content de voir dans la revue Kramix qu’il évolue plutôt bien, et en couleur…), à l’univers singulier, qui le rapproche de nombreux auteurs de Comics et Graphic Novel. Ce n’est donc pas un hasard s’il est édité dans la collection Petits Meutres des éditions Emmanuel Proust qui, par exemple, diffuse actuellement la série The Last Days of American Crime.

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Ptoma sur Bedetheque

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