Les dessins de Carlos Nine nous donne une petite idée de ce que produirait un croisement contre nature entre les délires visuels d’un Tex Avery et l’univers Dantesque d’un Jérôme Bosch. Le tout situé dans une ambiance Polar année 50… Une vraie cour des miracles, qui nous rappelle le Freaks de Tod Browning. Une succession de personnages monstrueux, exécutés avec une finesse et une sensibilité plastique qui contraste fortement avec les sujets et les thèmes abordés. Ses difformités en arrivent à dégager assez de sensualité (par un subtil travail des couleurs réalisé par l’auteur lui même) pour devenir supportables, attirantes, fascinantes…
Je cite le texte de FredGri, tiré du très bon site sceneario.com, qui a su trouver les mots justes pour commenter cette œuvre hors-normes : « Parker, Pirker et Babously sont trois détectives habitués aux affaires de famille. Retrouver une fille fugueuse, une femme infidèle c’est leur quotidien. Mais dans ce monde très bizarre le moindre suspect prend des figures de héros de dessins animés et les fantasmes prennent de droles de visages. Nos trois détectives vont alors devoir plonger en plein délire toonesque. »
« Le monde de Carlos Nine est tout de suite très particulier.
Tout d’abord son sens de la narration est complètement décalé, il oblige le lecteur à se laisser mener par le bout du nez dans ces pages complètement hallucinantes, il n’y a pas de cases à proprement dit, parfois meme il illustre littéralement telle ou telle expression. C’est un voyage dans un monde qui se balance entre le non-sens, les polars et les références aux dessins animés de notre enfance, le tout avec une pointe de cruauté.
Mais ce qui est le plus poignant, le plus envoutant c’est la richesse et la beauté du graphisme de Nine. Ici tout, ou presque, est expérimentation au service d’un nouveau langage plus ludique, plus fou. Les personnages et les objets se déforment, on flotte dans l’aquarelle la plus pur puis on passe de temps à autre à du crayon. Là, plus de références figuratives, plus de repère, dans ce chef d’œuvre passé complètement inaperçu (Nine explique qu’en fait les libraire ne savaient pas ou le ranger, du coup il s’est vite retrouvé dans les bacs des soldeurs) nous rencontrons un artiste explorateur anti conventionnel !
Bien évidemment cet album demande aux lecteurs de jouer le jeu, mais là aucune démarche intellectuelle, aucune prétention de cracher sur le passé, non juste un auteur qui s’amuse, c’est un plaisir à chaque page, une vraie explosion graphique. C’est en tout cas avec cet album que j’ai découvert une école plus personnelle d’artiste, ce Sud-Américain n’a pas fini de faire parler de lui, soyez en sur !
Alors surveillez bien vos bouquinistes, ca en vaut le coup. » (FredGri, avril 2003)
Entre rééditions et créations, Nine est toujours prolifique. Voir sur son site carlosnine.com/
Carlos Nine sur bedetheque et sur Stuart Ng Books
hé ! hé !
celle là, je l’ai depuis longtemps ! je te l’ avais d’ ailleurs pas prêtée à l’ époque.En tout cas, good choice amigo !
viva carlos nine !
Je crois bien en effet…
C’est Mon livre de chevet, avec lequel j’ai concilié mon goût des classiques et de l’underground.
Une sorte d’hommage à Popeye (Olive en pin up est fabuleuse) et à Mickey (on y croise Horace et d’autres verions déviantes).
Ce fut ma découverte de Carlos Nine et malheureusement, je ne l’ai jamais trouvé aussi bon que dans ce livre.
Il faut dire que la volupté de l’aquarelle ajoute beaucoup au plaisir de lecture.
Un bijou malheureusement épuisé… je crois !
Le canard qui aimé les poules m’a déçu, je trouve « Pampa » illisible. Comme-ci le découpage classique en cases de bande dessinée étouffait la puissance de ses dessins.
Excellent choix de chronique encore une fois !
Je suis d’accord avec toi Lionel, j’ai eu l’occasion de feuilleter ces autres albums que tu cites et je n’ai pas accroché, pas autant qu’avec ce « Meurtres et Châtiments »… Et merci !