Il y a d’abord Wilhelm Busch, le créateur de Max und Moritz, qui fut l’un des précurseur de l’art invisible. Plus récemment Ralf König, que l’on croise régulièrement dans les page de Fluide Glacial ou encore, Jens Harder, qui a raflé de nombreux prix (mérités) avec son superbe Alpha. Bref, même s’ils ne disposent pas d’une forte notoriété internationale, nombre d’auteurs s’exportent et jouissent d’une reconnaissance dépassant les frontières de nos cousins germains. Schultheiss est de ceux-là.
Night Taxi est sorti en 1990, chez la toute jeune maison d’édition Delcourt. L’histoire de Léo, cette conductrice de taxi ne croisant que des clients louches, qui se retrouve envoutée par une amulette mystérieusement oubliée dans sa voiture, n’est pas la principale réussite de cet album. Ce sont les indéniables qualités graphiques et picturales de Schultheiss (ainsi que l’ambiance étrange qui se dégage de ces pages) qui nous incitent à aller au bout de cette aventure urbaine, sous influence vaudou…
« La ville n’a qu’une réalité : celle que tu lui donnes. Et peu importe que ce que tu vois existe aussi, ou non, pour les autres. Tu sens les événements à fleur de peau, comme le flux, comme des morsures dans ton coeur. Tout est véridique : Léo, Franky, les désaxés, le Diable. Ils sont en moi, comme je suis en eux. Je les aime. J’aime ces nuits à la frontière du rêve. J’aime Hambourg. » (Matthias Schultheiss)
Pour ce Night Taxi, Schultheiss n’utilise plus le style noir et blanc hachuré de ses débuts (il a commencé très fort avec son adaptation des Contes de la folie ordinaire de Charles Bukowski), influencé par Moebius ou Bilal. Son travail de modelage de la matière par la couleur, ses formes soutenues par un trait de contour, ses contrastes clair-obscurs puissants ou l’expressivité de ses visages font plutôt référence à son voisin transalpin Liberatore. Mais en plus stylisé, cubiste… Schultheiss est un auteur singulier, à l’esthétique riche et intense. Il vient de sortir un nouvel album, après presque 20 ans d’absence, qui s’annonce bien bon : Le voyage avec Bill.
Commentaires récents