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Archives pour septembre 2010

Autobio – Cyril Pedrosa (Fluide Glacial, 2008)

 Autobio - Cyril Pedrosa (Fluide Glacial, 2008) dans Chroniques BD autobio21042008124645

Le titre annonce la double couleur : Autobio nous raconte les (mes)aventures quotidiennes d’une famille soucieuse des valeurs écologiques et du développement durable. Une famille bien de son temps : le troisième millénaire (qui sera écolo ou ne sera pas !). Sauf que vivre au quotidien en respectant les préceptes de l’éco-citoyenneté, du tri sélectif, de la nourriture bio ou du commerce équitable n’est pas si évident que cela. C’est même plutôt contraignant. Il leur faut composer avec le cynisme ambiant, l’incompréhension de leur entourage (le papy qui pollue, le voisin qui désherbe…) et quelques démons intérieurs (difficile de résister aux fameuses saucisses cocktail). Sans oublier la peur sucitée par le film d’Al Gore ! Bref, un combat de tous les instants…

Pedrosa se met en scène avec sa famille, dans un style humoristique vif, fluide et coloré. C’est drôle, finement observé et mine de rien, Pedrosa en dit long sur nos rapports plutôt ambigus avec la cause écologique, entre préoccupations et indifférences… Le catalogue de Fluide Glacial ne cesse de se renouveler. Pedrosa assure la relève… Le tome 2 est sorti en 2009.

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Pedrosa sur Bedetheque

 

15ème Festival de la Bande Dessinée (Darnetal, 2010)

15ème Festival de la Bande Dessinée (Darnetal, 2010) dans Evenements culturels 2012201009visuelnormand

Quinze ans déjà que le festival Normandiebulle fait la joie des petits et des grands amateurs de bande dessinée de l’agglo rouennaise. L’invité d’honneur de cette année est Olivier Boiscommun, qui signe l’affiche du festival. Comme d’habitude, on se ballade entre les stands de vendeur de bd d’occasions (un bon moyen pour compléter ses collections…), les expos d’auteurs (Boiscommun bien sur, mais aussi des auteurs de la collection Sorcières des éditions Dupuis ou les pin-up de Jean-Baptiste Andréae) et les tables de dédicaces. Pas de dédicace pour moi cette année, car à vrai dire, un seul auteur m’intéressait, mais il ne venait que le dernier jour. Je n’ai donc pas pu rencontrer Olivier Besseron, dommage. Mais je ne suis pas rancunier, j’ai quand même acheté un de ses albums :  De véritables contes de fées,  tome II. J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pensai de ce dessinateur (voir Haute Couture).  Je laisse la parole à l’éditeur (the Marvellous Requins Marteaux) pour nous présenter cet album :

« Après Haute Couture, De Véritables Contes de Fées, Toulouse septembre noir et Claude et Jérémie, Besseron frappe à nouveau chez les Requins Marteaux dans la collection Plombage avec le tome 2 de ses « véritables contes de fées ». Dans ce recueil, il rassemble avec justesse des histoires courtes pour la plupart pré-publiées dans Psikopat, My Way et Sushi Bondage… Le quotidien y est saisi avec précision. D’un trait maîtrisé et avec le souci du détail, l’auteur nous ballade de cafés, en parcs, en passant par un cour de tennis. Mais dans tous ces lieux anodins, voilà que les protagonistes semblent laisser échapper comme un soupçon de folie ordinaire. De la série tv au blogeur à la prostituée qui se rêve en star, du chanteur-lover violement rembarré à l’homme aux cheveux gras, tous les personnages sont confrontés à un quotidien tourné en dérision, et où la désillusion fait rage. Ce sont des histoires chargées d’humanité que nous présente Besseron, des histoires qui sont autant de gags corrosifs, caustiques, et finalement toujours réjouissants : de véritables contes de fées qu’on ne peut oublier. »

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Ne pas manquer dans le cadre du festival, plusieurs expositions organisées dans l’agglo avec en particulier deux tables rondes. Une première sur « l’humour décalé et la censure dans la presse des 1960s à nos jours », avec projection du film Choron dernière et présence du co-réalisateur Eric Martin ainsi que monsieur Delfeil de Ton (samedi 2 octobre à 17h // Bibliothèque Saint Sever à Rouen // renseignements 02 32 81 50 30). Une autre autour de « Flaubert, illustré et adapté en bande dessinée » avec la présence de monsieur Philippe Druillet. S’il vous plait ! Et aussi Luc Duthil, Daniel Bardet, Daniel Casanave et Yvan Leclerc. (du 4 au 8 décembre // Médiathèque F Mitterrand de Canteleu // 02 35 36 95 80)

Le fond de l’air est frais… – Fred (Dargaud 16/22, 1978-79)

Le fond de l'air est frais... - Fred (Dargaud 16/22, 1978-79) dans Chroniques BD 1284892129

J’imagine maitre Fred descendre de son arbre, en arracher une branche (morte bien sur, il ne ferai pas de mal à un arbre), la tailler et l’utiliser comme crayon. Cela expliquerai son style « à la hache », brut et chaleureux, comme le bois. Une âme d’enfant dans un corps de bucheron. Un enchanteur qui, pour arriver à nous émerveiller de la sorte, doit surement s’émerveiller lui même de ses trouvailles narratives et esthétiques. Une liberté créative qu’on ne trouve guère ailleurs que dans une salle de dessin de cours élémentaire.

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Un maitre de l’absurde. Mais un absurde ancré dans la tradition française, plus proche du surréalisme que du non-sens à l’anglo-saxonne. Ce sont les situations et les postulats qui sont décalés par rapport à la réalité, et non les attitudes et réactions des personnages. Les protagonistes réagissent et évoluent de façon normal dans un environnement qui ne l’est pas. Par exemple, dans l’histoire intitulée « Une demande en mariage », un homme se réveille avec une trompe d’éléphant à la place du nez (certainement à cause de la choucroute qu’il a mangé la veille). Il ne s’en étonne qu’à moitié et décide d’aller tout de même au rendez-vous prévu avec les parents de sa future femme. Ces derniers ne relèvent même pas la difformité de leur futur gendre et se comportent comme si de rien n’était. Ce décalage permet à Fred de pointer du doigt nos propres (dys)fonctionnements. En fait, cet environnement absurde met en exergue nos comportements conditionnés d’égoïstes urbains (voire l’histoire « Weekend », où les autorités annoncent par hauts parleurs aux classes laborieuses qu’ils doivent partir en weekend !). Il y a toujours une pointe de satire chez Fred, qui use parfois d’un humour cruel et noir. Il n’a pas co-fondé Hara-kiri par hasard. Fred dessine aussi pour dénoncer, pour nous renvoyer à ce que nous sommes : d’absurdes homo sapiens.

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Sous sa forme classique (album « Dargaud » regroupant diverses historiettes) Le fond de l’air et frais est aussi un album expérimental. Fred joue, et se joue des codes narratifs du médium. Ces expérimentations sont maintenant devenues de grands classiques. En particulier lorsqu’il s’amuse avec ses lecteurs, nous faisant lire ses planches dans n’importe quel sens (de droite à gauche, de bas en haut, de façon circulaire…) voire carrément en nous enfermant dans une planche à la lecture sans fin. Mais ces effets -qui favorisent la complicité avec le lecteur- sont toujours au service de l’histoire et n’entravent en rien à sa compréhension. Il a même inventé une histoire qui se lit en recto-verso. Dès la première case, il faut tourner la page pour y lire l’envers. Une histoire de représentant sonnant à la porte d’un roi, dans laquelle Fred expérimente une sorte de champs contre-champs qui fait appel à la bonne volonté du lecteur pour que l’effet fonctionne (et qu’on ne triche pas !). Et ça marche ! On a vraiment l’impression de voir ce qui ce passe en coulisse, de connaitre enfin l’envers du décors. Le lien avec le monde du théâtre est ici plus qu’évident… Dès la première histoire (« Interférence »), Fred expérimente la rétroactivité de la lecture, nous obligeant à bousculer nos habitudes. Pour comprendre cette histoire, il faut à la fois lire chaque case dans la continuité de la précédente et de la suivante, tous en les lisant chacune de façon indépendante. Si nous ne faisons pas cette « gymnastique » de lecture, nous ne pouvons en saisir toute la subtilité. Fred utilise aussi le photo-montage (encore l’école Hara-kiri) pour nous raconter sa traversée de la Manche à bord de sa table à dessin ! Nous découvrons grâce à lui que de nombreux petits métiers bien utiles ont maintenant disparus : marchants de papa à barbe, lécheur de timbres de campagne, tailleur d’ombres, réparateur de miroir…

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De nombreux adjectifs et autres superlatifs ont été employé pour décrire le génie de Fred : poétique, magique, merveilleux, enfantin, onirique, fantastique… La liste est sans fin…

Je vous invite fortement à lire le dossier complet « Retour sur Fred », du dernier numéro en date de la revue Neuvième Art (n°15, janvier 2009).

Fred sur bdparadisio

Fred sur bedetheque

Breakdowns – Art Spiegelman (Casterman, 2008)

Breakdowns - Art Spiegelman (Casterman, 2008) dans Chroniques BD artspiegelman

Cet album grand format, sous-titré Portrait de l’artiste en jeune %@~*!, est un recueil des premières publications d’Art Spiegelman, à l’époque où il était diffusé dans les comix underground (bien avant d’avoir fondé la revue Raw). L’ouvrage est découpé en trois partie. La première, servant de prologue, a été réalisée récemment. Spiegelman nous raconte en bande dessinée la genèse de sa passion des comics et de sa vocation d’artiste. Comme de nombreux auteurs de sa génération, il pris conscience de (et dans la gueule) la puissance et la subversivité du dessin humoristique dans les pages de Mad Magazine. Il ne nous cache rien de ses sentiments familiaux et nous raconte des histoires que la plupart aurait préféré oublier et encore moins raconter dans un ouvrage. Mais on le sait, les souffrances des uns sont bien plus intéressantes que leurs plaisirs. Et se raconter de la sorte possède des vertues thérapeutiques indéniables.

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La deuxième partie est l’anthologie en elle même, regroupant tous ses travaux édités entre 1972 et 1977, dont une première ébauche de Maus (3 pages qui préfigurent les 300 de son chef-d’oeuvre). Un livre dans le livre, relié par une couverture souple et cartonnée. Ce recueil fut publié en 1978 en grand format luxueux car Spiegelman avait « besoin de voir [ses] histoires dans un autre cadre que les publications underground où elles avaient vu le jour« . Breakdowns marque la volonté d’un auteur de bd d’être considéré (et se considérer lui-même) comme un artiste à part entière. En dernier lieu, la postface dans laquelle Spiegelman retrace, avec moultes détails et dessins d’époque, le contexte de l’aventure Breakdowns : « J’envie le jeune artiste, buveur d’encre au regard fou, qui a fait, il y a trente ans, les histoires rassemblées dans Breakdowns. Lorsqu’on parcourt aujourd’hui ce mince volume, il est dur de comprendre le contexte – voire le manque de contexte – dans lequel ce jeune artiste a commencé d’explorer les possibilités qu’il entrevoyait dans ce mode d’expression qu’il aimait. J’admire son ambition, son enthousiasme, sa détermination – et sa minceur ! Il était tout feu tout flammes, à l’écart et méconnu, mais avait l’arrogance de croire que son livre occuperait une place centrale dans l’histoire du Modernisme. Le désintérêt de la plupart des lecteurs et des autres auteurs de BD ne fit que le renforcer dans sa conviction de tenir quelque chose d’absolument neuf. Dans le milieu de la BD underground, qui s’enorgueillissait de briser les tabous, il brisait l’ultime tabou : il osait se donner le nom d’artiste et nommer art son travail. »(Art Spiegelman)

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Dessinateur underground, inspiré par Crumb pour la dimension autobiographique de ses récits, Art est avant tout un plasticien, un esthète qui maitrise diverses approches picturales, entre expressionnisme en noir et blanc, psychédélisme coloré, humoristique, hyperéalisme ou stylisation façon cubisme… Un auteur qui pousse le langage du médium dans ses retranchements et propose une réflexion sur le sens même de la narration séquentielle (il joue beaucoup avec l’implication du lecteur, le rapport au temps…).

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Spiegelman explore les possibilités techniques et esthétiques du récit dessiné. Il s’inspire sans complexes des avant-gardes artistiques (expressionnisme, cubisme, surréalisme, pop-art, sans oublier ses fréquentes références à Picasso…) et peut aisément changer de style d’une case à l’autre afin d’illustrer au mieux les changements d’émotions de ses personnages. Dans l’histoire « The malpractice suite », il utilise des cases de comics standards (genre production Elvifrance) et les détourne en prolongeant le dessin hors-cadre. Artiste oubapien avant l’heure, il termine l’histoire « Cracking Jokes » par une « itération iconique » (utilisation de la même case et du même texte) sur presque deux planches… « Mais si les pages gagnées de haute lutte que notre morveux suffisant assembla dans Breakdowns ont été parmis les premières à ouvrir à la bande dessinée les portes des librairies, des bibliothèques, des musées et des universités aujourd’hui, le morveux en question ne courait pourtant pas à l’époque après la respectabilité culturelle. A partir du moment où les autres auteurs eurent laché leurs démons bariolés dans le médium, jusqu’ici gentillet, de la BD, il put se concentrer sur la grammaire de ce langage et mettre le doigt sur ses propres démons. Grand Art et art mineur. Mots et images. Fond et forme… Tout cela peut paraître sec et académique, mais – MERDE ! – à cette époque-là, c’était pour moi une question de vie ou de mort. » (Art Spiegelman)

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édition de 1977

Le terme « breakdown » peut s’interpréter comme « rupture », « défaillance ». C’était surtout le moyen idéal pour Spiegelman d’extérioriser ses névroses et obsessions (personnelles et artistiques) et ainsi éviter le fameux « nervous breakdown ». Ceux qui comme moi ne connaissaient Art Spiegelman qu’à travers Maus, découvriront grâce à ce Breakdowns un auteur à multiples facettes, maitrisant tous les styles et toutes les techniques (encres, fusain, crayons, peintures) de l’art invisible. Un bel ouvrage, complet, magistral, pour un auteur incontournable du 9ème art.

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auto-Spiegelman…

Art Spiegelman sur Bedetheque

Collection – Une revue autour du dessin contemporain (éditions En Marge, 2010)

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Je crois bien que c’est Phil Casoar qui en a parlé dans sa rubrique mensuelle de Fluide, ou peut-être Willem dans Charlie, je ne sais plus… Toujours est-il que dès avoir appris l’existence de cette revue spécialisé dans le dessin sous toutes ses formes, je l’ai rapidement commandé chez mon libraire (mais récupéré tardivement). Celle-ci possède les mêmes exigences éditoriales qu’une revue d’art, en particulier au niveau de la qualité de reproduction des oeuvres. Son petit format n’entrave en rien le plaisir de contempler les oeuvres présentés, de les observer, de les scruter dans leurs moindres détails…

Collection dresse un panorama assez complet du dessin contemporain. Toutes les techniques y trouvent leur place, du traditionnel crayon (noir et blanc ou couleurs) au photomontage (classique ou numérique) ainsi qu’une présentation d’oeuvres bousculant les frontières entre texte et dessin… Point de critiques ou d’analyses d’oeuvre. Collection est une revue bilingue (français-anglais), collectif de dessinateurs nous présentant d’autres dessinateurs par le biais d’entretiens passionnants et passionnés, ainsi que par la diffusion de certaines de leurs oeuvres. Ils organisent également des expositions… « Envisager le dessin par de multiples entrées, explorer les possibilités du médium, de l’art contemporain au graphisme en passant par la bande dessinée, telle est la volonté de la revue Collection. Tous dessinateurs, nous recherchons le dialogue avec des artistes pour comprendre les enjeux de leurs travaux. [...] Sous d’apparents grands écarts, des liens se tissent entre les articles. [...] Nos affinités artistiques, nos goûts en commun et notre curiosité ont guidé nos choix pour ce premier numéro qui privilégie l’idée d’une promenade. » (morceaux choisis de l’éditorial).

Au sommaire de ce premier numéro, on trouve des dessinateurs connus tels que Charles Burns, Ruppert & Mulot ou Fanny Michaëlis (déjà croisé sur le site Grand Papier) et d’autres moins. J’y ai d’ailleurs découvert des artistes absoluments géniaux, pour la plupart adeptes de l’auto-édition, que dorénavant je ne manquerai pas de suivre. En particulier les dessinateurs Ludovic Boulard Le Fur, Ricardo Lanzarini ou Christian Aubrun.

Collection est une revue annuelle. Dommage, on en voudrait bien plus. D’un autre coté, sa rareté la rend d’autant plus précieuse… Vivement le numéro 2 en janvier prochain !

Collectionrevue.com

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