Petite virée parisienne en cette journée du 29 mai avec l’ami Swamps, qui voulait à tout prix voir l’exposition de Frank Cho à la galerie 9ème Art, dans le neuvième arrondissement de Paris. Je profite de la proximité pour lui proposer d’aller également au musée Gustave Moreau. Les horaires d’ouvertures nous ont imposé l’ordre des visites : ce sera Moreau d’abord, puis Cho ! L’esthétique de la surcharge colorée face au noir et blanc épuré.
La maison-musée Moreau est une belle curiosité. Un très bel endroit. Nous visitons en fait la maison familiale de Gustave, dans laquelle il vécu d’abord avec ses parents, puis avec sa mère, et enfin seul, jusqu’à sa mort. Le premier étage donne sur ses appartement (sa bibliothèque, son bureau, sa chambre). C’est une impression bizarre que de se promener dans ses murs. On s’imagine le croiser au coin d’une porte… Le deuxième étage est composé d’une grande pièce, très haute de plafond, plutôt lumineuse, qui devait être son atelier. S’y trouve le superbe escalier conçu par Albert Lafon, qui donne accès à une autre grande pièce, moins haute, mais toute aussi imposante. Toutes ses grandes compositions y sont accrochées. On constate d’ailleurs qu’il travaillait sur plusieurs à la fois.
Bon nombres de ses tableaux sont inachevés. On se rend compte grâce à cela comment procédait Moreau. Il semblait poser la couleur d’abord, à grand coups de pinceaux « malhabiles » afin d’avoir une vision d’ensemble des contrastes, de la composition. Puis par dessus, il esquisse, dessine les formes. Ensuite il travaille la matière, la lumière, les ornements… Ce qui crée un style particulier, involontaire, de formes dessinée en aplats sur des volumes colorés. Proche de ce qu’a pu faire par la suite un Raoul Dufy… Sont également exposés ses sculptures, de petits formats qui devaient lui servir d’étude pour les postures, les mouvements de ses personnages. Son musée vaut également pour la richesse de ses dessins et esquisses, qui sont habilement rangées sous verre, dans des coffrages en bois, le long des murs sous les fenêtres. Moreau est un dessinateur virtuose. Peintre emblématique du symbolisme, ses thèmes font directement références à la mythologie grecque et romaine. Il faut avoir révisé ses cours pour comprendre la portée symbolique de ses tableaux (Prométhée, Salomé, Oedipe…). Etonnamment, il arrive parfois de tomber sur des toiles naturalistes, représentant un paysage de montage, une rivière…
Autre lieu, autre époque, autre conception artistique : Frank Cho, qui exposait à la galerie 9ème Art du 27 mai au 16 juin. Une expo-vente comprenant une bonne centaine de dessins et planches originales du dessinateur, réparties dans l’unique salle de la petite galerie. L’occasion pour moi de découvrir cet auteur qui a revisité les grands classiques du comics : Thor, Hulk, Conan, les Fantasic Four… Précis, méticuleux, Cho bosse à l’ancienne, à l’encre sur papier. Ses quelques dessins en couleurs aquarelles démontrent une grande maitrise. Mais surtout, j’ai apprécié son trait, à la limite de la ligne claire (en aplat, peu d’ombres…), qui apporte une grande clarté (le blanc domine!) à des composition pourtant chargée, mettant en scène de nombreux personnages. Il représente des scènes de batailles épiques, titanesques, mais toujours lisibles, jamais saturées… Des oeuvres d’une classe folle !
La surcharge des formes, des couleurs de Moreau fit face à l’économie des traits et des motifs de Cho. On peut cependant observer quelques similitudes entre ces deux oeuvres. Ils ont tous les deux un goût prononcé pour l’épique et les personnages mythologiques. Deux esthétiques opposées mais agréablement complémentaires…
tiens ! c’est bizarre, j’ai l’impression d’avoir vécus ce périple parisien…………..!
eh ! mais c’est toi ! mitchul ! je me disait bien que je t’avais reconnoit !
bon, elle était bien, cette virée, faudra remettre ça à la prochaine ocaze.
T’inquiêtte pas pour la ligne claire, elle fait son petit bonhomme de chemin aux usa. Malheureusement elle est massacrée par l’utilisation abusive de logiciels de colo , et souvent, là, c’est le drame.
Sans problème l’ami ! Qu’on se tienne à l’affut de nouvelles chouettes expos !
Pour la ligne claire, je ne désespérait pas de voir un jour les ricains avoir bon goût !!